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Deux palais. Obé

lisque chargé d'inscriptions et de sculptures. Travaux de M. Rawlinson. Premières dynasties assyriennes.

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Depuis les brillantes découvertes de M. Botta à Khorsabad', l'attention du monde savant est fixée sur cette province de la Mésopotamie, et un archéologue anglais de mérite, M. Layard, qui avait déjà traversé ces contrées et pressenti les riches trésors qu'elles renferment, est allé exécuter de nouvelles fouilles qui ont été couronnées d'un grand succès. Nous extrayons du Quarterly Review l'article suivant sur les recherches de M. Layard:

«Khorsabad, n'est pas le seul endroit qui ait été exploré par l'activité des européens; un anglais, M. Layard (avec l'aide et l'appui de sir Stratford Canning dont on connaît le zèle pour l'avancement des arts et des sciences, et à qui le Musée britannique doit de posséder les marbres d'Halicarnasse) est allé continuer les mêmes recherches sur un autre point avec un succès signalé. M. Layard est

Voir ce que nous avons dit des découvertes faites à Korsabad par MM. Botta et Flandin, dans notre t. xi, p. 122, et de celles de M. Layard dans notre t. xiv, p. 240.

1

connu par un article inséré dans le Royal Geographie Society où l'on trouve également les premiers écrits du major Rawlinson. L'œu vre du premier de ces archéologues, est une description du Khuzistan et des tribus sauvages de cette province de l'empire per san: elle décèle, chose très-rare chez un européen, une connais sance intime du langage, des mœurs et de la manière de vivre de ces peuplades; elle dénote une grande puissance d'observation, beaucoup d'activité unie à un esprit d'exacte investigation et des connaissance: générales très-étendues.

» S'il est utile au progrès de ces découvertes que, celui qui les entreprend, n'ignore rien de la nature et des habitudes des Arabes, pour pouvoir s'identifier en quelques sorte avec eux et en obtenir une coopération cordiale, certes M. Layard nous paraît réunir au plus haut degré toutes les qualités nécessaires pour réussir. Nous croyons aussi que M. Layard est dans les termes d'une intime amitié avec M. Botta.

» A environ 6 heures de Mossoul, 18 milles plus bas, sur la ri vière, se trouve un monticule qui porte le nom traditionnel de Nemroud; il s'élève sur les limites des ruines d'une ancienne ville. Cette ville, selon M. Ritter, qui a écrit après M. Rich, est la Larissa mentionnée dans l'Anabasis de Xénophon, comme une ville déserte avec une haute pierre de forme pyramidale. Nos archéologues étaient, à ce qu'il paraît, jaloux d'assigner une plus haute antiquité à la Larissa des Grecs, puisqu'ils voulaient à toute force que ce fût Resen qu'on trouve dans le livre de la Genèse et qui fut bâtie par les Assyriens: « Et Resen, entre Ninive et Chale, est elle-même une grande ville'." Mais quand nous saurons mieux ce qu'il y a à Nemroud, nous pourrons asseoir nos conjectures sur des bases plus certaines et partant avec plus de chances de succès.

» Nemroud occupe un grand espace, dix fois aussi considérable que celui de Khorsabad et composé de monticules artificiels dont le plus grand, sans doute celui dont parle Xénophon, a environ 1,800 pieds de longueur, 900 de largeur et 60 à 70 de hauteur. C'est sur ce monticule que M. Layard a commencé ses fouilles. En creusant à une certaine profondeur, on a mis d'abord au jour des chambres en

1 Genèse, x, 12.

marbre blanc dépourvues de sculptures, mais couvertes d'inscriptions cunéiformes. Quelques fragmens, toutefois, semblaient déjà promettre qu'à la fin les sculptures feraient leur apparition, et il semblait évident que le monticule avait été un magnifique palais devenu la proie des flammes ou détruit par un ennemi, ou par quelque Sardanapale.

» Une grande partie du marbre précédemment découvert avait été calcinée et réduite en chaux, et la terre était mêlée avec une quantité immense de charbon de bois.

»De plus riches trésors attendaient M. Layard. Le premier morceau de sculpture qui s'offrit à ses regards était, croyons-nous, un taureau gigantesque, mais malheureusement sans tête. Il a 14 ou 15 pieds de hauteur. Nous présumons que c'est d'un autre taureau que M. Layard parle comme de la première de ses grandes découvertes, quand il dit :

>> La tête humaine d'un grand taureau ailé vient d'être mise » au jour, à la grande stupéfaction des Arabes, qui accourent » en foule pour le voir, convaincus que c'est le vieux Nemrod lui» même sortant des régions infernales. La tête seule a 5 pieds de >> hauteur; vous pouvez donc vous faire une idée de la grandeur du » corps. Le tout est taillé dans un seul bloc de marbre. »

>> Venaient ensuite deux grands lions ailés avec des têtes de marbre, hauts de 11 pieds et longs de 11 pieds et demi. M. Layard les présente comme des échantillons extraordinaires de l'art assyrien. Puis apparurent les bas-reliefs représentant des scènes de chasse et de combats. Le Roi est monté sur un charriot traîné, à toute vitesse, par trois chevaux que guide un cocher. Il envoie une flèche à un lion qui s'apprête à se lancer sur le charriot. Un second lion frappé de plusieurs traits est foulé sous les pieds des cheveaux.

» Dans un autre bas-relief, le Roi est également représenté debout sur son charriot, donnant la chasse à des taureaux sauvages, œuvre inférieure à celle qui précéde, quant à la conception et à la vigueur.

>> Dans les tableaux de batailles, le Roi et ses guerriers se montrent sur leurs chars. Quelques-uns des chevaux sont blessés, les autres se cabrent ou vont au grand galop. Deux charriots portent des étendards avec des figures qui ressemblent à des armoiries. Sur un troisième

on voit une tour mobile sur ses roues et un bélier poussé contre les murs d'un château-fort défendu par des guerriers dans des attitudes différentes. Le Roi est au nombre des assiégeans; ici le Roi reçoit des captifs, là il est triomphant ; entouré de musiciens, d'eunuques et de guerriers, il fait des libations sur un lion mort. Dans un appartement, vous assistez à une procession de saltimbanques ou à quelque chose de semblable. Dans un autre, un homme de 7 pieds 7 pouces de hau teur, a deux singes: celui-ci se tient sur ses épaules, celui-là est debout sur ses jambes de derrière. M. Layard assure qu'ils sont d'un très-beau style. Nous sommes heureux d'ajouter que celles de ces pièces qui pouvaient être enlevées avec le plus de facilité, ont été expédiées en Angleterre.

» Dans une lettre à la date du 27 juillet 1846, M. Layard annonce qu'il a ouvert 10 chambres, et qu'à mesure qu'il avance, les sculptures deviennent plus fines et plus parfaites. Outre ces sculptures, M. Layar a mis au jour, sur le monticule et dans d'autres endroits, une collec tion presque Pompéïenne de curiosités plus petites : des lampes, des poignards, des idoles, des ornemens en cuivre, des figures en ivoire et des vases sculptés. Il y a des quantités de briques peintes dans un endroit tout en plancher, dont les couleurs, principalement la verte et la jaune, sont encore fraîches et brillantes. On remarque aussi des échantillons d'armures, et notamment un casque pointu comme ceux qui figurent dans les sculptures, avec 16 petits lions en bronze de toute beauté et extrêmement bien exécutés, trouvés tous ensemble sous un grand taureau renversé. Les découvertes qui couronnent l'œuvre de M. Layard, sont annoncées dans une de ses lettres du 28 décem bre 1846. Laissons parler ce savant :

l'un

« Pendant le dernier mois, les découvertes ont été du plus baut » intérêt. J'ai mis au jour deux palais d'époques différentes, » contemporain des édifices de Khorsabad, et l'autre d'une date an» térieure ; on s'est servi des marbres du deuxième pour construire » le premier, et quelquefois même on a sculpté de nouveau sur le » revers. J'ai déjà treize paires de lions et de taureaux gigantesques ailés, avec des têtes humaines; mais la découverte la plus remarquable est peut-être celle d'un obelisque noir d'environ 7 pieds de » hauteur que je crois être un des plus intéressans monumens de

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l'antiquité si, peut-être, il n'en est l'unique en ce genre. Il a 20 >> bas-reliefs et porte une très-longue inscription contenant plusieurs » noms de personnes et d'endroits. Ce monument avait probablement » été érigé pour célébrer la conquête de quelque pays, de l'Inde ou » d'une partie de l'Afrique ; car avec les prisonniers amenés devant » le Roi, il y a des animaux qui ne peuvent appartenir qu'à l'une de » ces parties du globe, notamment l'éléphant, le rhinocéros, le lion, » le dromadaire, plusieurs espèces de singes et d'orangs-outangs, le » cerf, le bufle, le cheval, etc. On y voit, en outre, divers produits, » probablement ceux des pays subjugués. »

>>

>> Toutes ces figures, au nombre de 80, sont admirablement dessinées et en parfait état de conservation.

>> Pour revenir aux inscriptions, nous sommes heureux d'apprendre, par les dernières nouvelles, que M. Rawlinson se considère comme ayant fait de grands progrès dans l'art de déchiffrer les caractères babyloniens. Pour le moment, il ne s'agit que de la lecture des noms propres, de sorte que nous ignorons jusqu'à quel point il peut avoir résolu le grand problème de la lecture des caractères généraux. Suivant un correspondant du Malta-Times, les inscriptions de Khorsabad sont en caractères cunéiformes, et par conséquent les mêmes que ceux de la seconde colonne de Van et du monument de Bisutun. S'il en est ainsi, et que les ruines soient assyriennes, on ne peut dès lors supposer que les inscriptions soient mèdes; ce qu'on croyait mède ne serait qu'une forme assyrienne. Les études de M. Rawlinson ont porté sur des briques babyloniennes, et son séjour à Bagdad en a mis à sa disposition une grande quantité. D'après ses interprétations, des inscriptions qui ne varient que peu, attribuent à Nabuchodonosor, fils de Nabonassar, la fondation de Babylone, ce qui s'accorde avec le livre de Daniel. M. Layard aussi dit qu'il partage l'opinion de M. Rawlinson et reconnaît les noms des premières dynasties assyriennes dans les inscriptions des plus anciens bâtimens de Nemroud et les noms des rois des secondes dynasties dans celles de Khorsabad. »

1 N'est-ce pas là Babel la grande que j'ai bâtie pour le siége du royaume, par ma grande force et pour la gloire de ma magnificence. Daniel, iv, 27.

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