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dant, ou on les coupe avec une faucille ou une faux. Ces deux manières ont des avantages et des inconvéniens qui probablement se compensent. Il semble que si, comme l'assurent les cultivateurs, et comme la théorie l'indique, la maturité est nécessaire pour obtenir une abondante et une bonne fécule, il faudrait n'ôter que les feuilles qui se sont affaissées sous leur propre poids, qui ont commencé à jaunir, c'est-à-dire les plus basses, et laisser celles du centre jusqu'à ce qu'elles soient à leur tour parvenues à maturité.

On fait ainsi, pendant l'été, trois et quelquefois quatre coupes de pastel, suivant que le sol est plus fertile et la saison plus favorable (1).

LXV. GOUGE, outil de menuisier; est un ciseau à biseau concave pour creuser en rond; les maréchaux s'en servent aussi. Son nom vient de Guvia, mot gaulois. Isidore évêque de Séville, au dix-neuvième livre de ses Origines (2), au chapitre où il parle des ouvriers en bois, de lignaris, s'exprime ainsi : Canterium Gallia, Guvia. Vitruve n'emploie cependant pas en ce sens le mot canterium ou cantherium, par lequel il désigne un chevron, pièce de bois qui descend depuis le faîte jusqu'au bas de la couverture d'un bâtiment.

La Gouge est encore aujourd'hui appelée gwef en bas-breton. Les Espagnols l'appellent aussi Guvia.

(1) Nouveau cours complet d'agriculture. Paris, 1809, article Pastel où l'on trouvera de plus grands détails.

(2) A la fin du chapitre 19.

Ils disent Guvia de carpentero. Ménage déduit ainsi l'étimologie: guvia, gubja, GOUGE. On voit que l'i voïelle est devenu consonne suivant lui (1).

LXVI. GOURD, en latin GURDUS. Quintilien (2) dit que ce mot signifiait un homme matériel et stupide, et qu'il était originairement espagnol: Gurdos, quos pro stalidis accipit vulgus, ex Hispania duxisse originem audivi. Aulu-Gelle reproche à Labérius de s'être servi de plusieurs mots qui n'étaient pas véritablement latins (3), et cite gurdus comme étant de ce nombre. En effet Labérius dans sa comédie intitulée Cacomemnon, avait dit :

Hic est, inquit, ille GURDUS quem ego
Me abhinc duos menses ex Africá
Venientem excepisse tibi narravi.

« Voilà ce sot personage, gurdus, que je reçus, « comme je vous l'ai dit, à mon retour d'Afrique, il a y a deux mois. >>

Guillaume Marcel croit que ce mot n'était pas moins en usage dans les Gaules. En effet quelquesuns de nos écrivains du moyen âge s'en sont servis, entre autres Sulpice Sévère et Abbon, abbé de Fleury-sur-Loire, dans la description du siège de Paris, en ces termes :

Pugna adolet, ponunt animas cum sanguine Gurdi.

(1) Dictionnaire étimologique. Paris, 1694, art. Gouge. (2) Livre I, chap. 1x.

(3) Noctes atticæ, XVI, 7.

et ailleurs :

Estibus accingunt carpentum arentibus arcis,
Ante fores Gurdi miserandæ gramine plenum.

où un Glossateur a fait cette note: GURDI; id est stulti et hic norimanni intelliguntur. On dit encore aujourd'hui gourd et s'engourdir dans la même signification.

Le mot gurdus a été pris dans les derniers tems par les Latins, comme nous prenons en France le mot gourd pour celui qui a les membres engourdis. Les Gloses d'Isidore de Séville disent GURDUS, lentus, inutilis. C'est de ce mot, en cette signification, que nous avons fait le verbe gourdir, et son composé engourdir, qui est le plus en usage.

Aujourd'hui gordo en espagnol, signifie gras. Le mot gordon, en espagnol, désigne un gros grasset. Voyez Vossius dans son Traité de vitiis sermonis, livre II, chapitre 8.

H.

LXVII. HEMATITES. Guillaume Marcel donne ce nom à la fleur du tournesol sur l'autorité d'un livre de nominibus, virtutibus, seu medicaminibus, herbarum, dont l'auteur est Lucius Apulée, philosophe platonicien du second siècle; d'autres l'attribuent au médecin peu connu Apuléius Celsus; mais il doit être d'un auteur plus ancien que ce dernier: sur l'Hæmatitès, voyez plus bas l'article Héliotrope.

LXVIII. HÆSUS. C'est ainsi qu'écrit Lactance en parlant d'une divinité gauloise que Lucain appelle Hésus. Voyez ce dernier mot.

LXIX. HALUS ou ALUM est une herbe merveilleuse pour les blessures (1); les Latins l'appelèrent par cette raison consolida et ensuite alum. Guillaume Marcel dit que c'est la consyre ou consolide grande.

La consolide ou plutôt la consoude, en latin symphytum, est une plante à racine vivace, épaisse, fibreuse, noire en dehors, à tige anguleuse, fistuleuse, rameuse, rude au toucher, velue, haute d'un à deux piés, c'est-à-dire de 3 à 6 décimètres, à feuilles alternes, lancéolées, décurrentes, rudes au toucher; velues, souvent longues de six à huit pouces ou 16 à 21 centimères, et larges de trois à quatre pouces, ou de 8 à II centimètres; à fleurs rougeâtres ou d'un brun jaunâtre, disposées, dans les aisselles des feuilles supérieures, en épis unilatéraux et recourbés.

Cette plante, qu'on appelle la CONSOUDE OFFICINALE, ou plus communément la grande consoude, croît dans les bois et les prés humides, le long des ruisseaux, et des rivières ombragées. Elle fleurit pendant une partie de l'été. Sa racine, qui est visqueuse et astringente, jouit d'une grande réputation comme spécifique dans la phthisie, les fluxions de poitrine, les crachemens de sang, ainsi que pour consolider les plaies, affermir les hernies, etc., etc.

(1) Apuleius, de virtut. herbarum, cap. LIX.

Malgré ce genre d'utilité, qui se rapporte directement à l'homme, la consoude est presque toujours une plante que les cultivateurs doivent détruire; car quand une fois elle s'est emparée d'un pré, elle s'y multiplie au point de nuire à la production des autres herbes, et quoique les chevaux et les bœufs. la mangent quand elle est jeune, son abondance diminue de beaucoup la valeur du foin que l'on espère de ce pré. Pour la détruire, il suffit d'en couper la racine entre deux terres avec une pioche, la portion restante ne repoussant plus dès que les bourgeons du collet en seront séparés (1).

Quant à l'alum des Latins, c'est ce que nous appelons la Bugle, dont le vrai nom latin est ajuga. Ce genre de plantes n'a d'intérêt pour le cultivateur que par l'abondance, dans certains lieus de quelques espèces qu'il contient. On compte une douzaine de bugles. Deux seulement ont des propriétés médicinales.

La BUGLE IVETTE, en latin Teucrium chamæpitys; c'est le nom que lui donne Linné. Cette plante a les feuilles trifides, linéaires, entières, et les fleurs jaunes, latérales, solitaires et sessiles. Elle est annuelle, et se trouve quelquefois en très-grande quantité dans les lieus secs et pierreux, surtout dans les jachères; souvent elle n'a que deux à trois pouces, de cinq à huit centimètres de haut; lorsqu'on la froisse, elle exhale une odeur aromatique, analogue à celle du camphre.

(1) Nouveau cours d'agriculture. Paris, 1809, art. Consoude.

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