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quoique l'histoire ne nous indique pas l'époque de sa ruine, on peut cependant être fondé à la dater de la ligue commandée par Vercingétorix (1). La ville romaine se trouvait sur le bord opposé de la Loire (2).

Ainsi la cité gauloise qui est la première, était située sur des hauteurs, ce qui justifie la terminaison celtique dunum: dont il est fort inutile d'aller chercher le sens dans le bas-breton comme l'a fait La Tour d'Auvergne (3), qui dit que dans la langue celtique, dun n'exprime point une élévation, mais down ou dufu, c'est ainsi qu'il écrit, un lieu profond ou enfoncé (4). C'est précisément ce qui prouve que la terminaison dunum n'est pas prise dans le basbreton appelé ici langue celtique, mais dans l'ancienne langue véritablement celtique, ainsi l'a dit Clitophon.

que

Quant à Uxellodunum, nous avons prouvé (art. LI, p. 12) que c'est le puech d'Issolu, défendu de tous côtés par des rochers escarpés, où l'on ne peut monter qu'en grimpant, comme le dit César. Rien ne ressemble moins à un lieu profond ou enfoncé.

Noviodunum ou Noviomagus, aujourd'hui Noyon dans le département de l'Oise, arrondissement de Compiègne, est située sur une pente douce qui fait face au midi, sur la petite rivière de Verse, qui à un quart de lieue de là se jette dans l'Oise (5).

(1) Cæsar, de Bello Gallico, l. VII, c. 15.

(2) Dictionnaire par Dufour. p. 13.

(3) Origines gauloises, p. 288.

(4) Voyez Du Cange, gloss. au mot dunum, éd. de 1773.

(5) Dictionnaire des Gaules et de la France, par l'abbé Espilly. 1768. V, 266.

Cette pente douce suffit pour justifier la terminaison dunum. J'en ai parlé ci-dessus, page 19.

J'y ai parlé aussi, page 18, de Noviodunum Eduorum, aujourd'hui Nevers, chef-lieu du département de la Nièvre. Cette ville est située fort avantageusement, sur le penchant d'une colline, à la rive droite de la Loire (1).

Au même endroit, j'ai fait mention de Noviodunum Biturigum qui est Neuvy-sur- Baranjon ou Nouan-le-Fuzelier, dont la position ne m'est pas

connue.

Enfin j'ai parlé à la page 19 de Noviodunum Suessionum qui est Soissons, chef-lieu du département de l'Aisne. Elle est située sur la rivière d'Aisne, dans un vallon agréable et fertile (2). C'est sans doute sur la partie élevée de ce vallon que la ville a été bâtie primitivement selon l'usage des Celtes.

Lugdunum Batavorum, dont Ptolémée fait mention comme d'une ville déjà célèbre de son tems, et que l'Itinéraire d'Antonin donne pour capitale à la Germanie, en l'appelant Lugdunum ad Rhenum caput Germaniæ, est en effet située dans une plaine et entourée de tous côtés de canaux, de prairies et de jardins. Son enceinte renferme cinquante îles. Mais elle a sur le bord du Rhin, un château qui était autrefois une forteresse construite sur une élévation de terres rapportées. Cette espèce de colline a au bas

(1) Dictionnaire des Gaules et de la France, par l'abbé Expilly, 1768, p. 165.

(2) Géographie de Mentelle. Paris 1803 VI, 268.

T. V. II PART.

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trois cens toises de circonférence, et cent quarante à ́son sommet. Ce château communément appelé le Burght, n'est qu'une seule enceinte de pierres sans maisons. Il est bordé en dehors de plusieurs arbres fruitiers. La figure de l'enceinte est ronde. On y monte par un escalier d'environ cinquante marches; sa muraille est fort épaisse et a en dedans vingt-et-un piés de hauteur. Il y a tout à l'entour une galerie voûtée, au-dessus de laquelle on a une très-belle vue qui s'étend sur la ville et la campagne. Dans le voisinage du château, on voit une pierre fameuse par son ancienneté qui approche de celle du château. On la nomme la pierre bleue (1). La colline sur laquelle est construit le château, paraît avoir donné le nom de Lugdunum à l'ancienne enceinte auprès de laquelle a été bâtie la ville qui a conservé le même nom.

J'ai parlé plus haut (2) de Vellaunodunum, dont je n'ai pas fixé la situation actuelle. MM. Le Tors, Maillard et l'abbé Le Beuf ont eu divers sentimens sur la position de cette ancienne ville. Voyez le catalogue de leurs écrits dans la Bibliothèque des auteurs de Bourgogne. Quant à dunum, ces trois auteurs n'y trou vent aucune difficulté, et disent qu'il signifie collis ou oppidum in colle (3). Deux savans, dom Toussaint Duplessis, bénédictin, et l'abbé Le Beuf, se sont exercés sur ce mot celtique. Le recueil de leurs dis

(1) Le grand Dictionnaire géographique, par La Martinière. Paris 1768. III, 8ro. Art. Leyde.

(2) Art. LI, p. 20 de ce volume.

3) Mélanges historiques et philologiques par Michault, Paris 1754. II, 236

sertations critiques a été imprimé à Paris (1). Au ou aug, veut dire pré. Aven ou aun, car nos ancêtres étaient grands mangeurs de voyelles, c'est prairie, et quelquefois marécageux: de là le nom de Aulnes ou Aunes, dont Virgile dit :

Fluminibus salices, crassisque paludibus Alni
Nascuntur.

Georg. II, 110.

« L'aune (aime) un marais dormant, le saule une «< onde pure.»

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Ce mot latin vient de la langue des Celtes: vell, vallis irrigua et fertilis. Ainsi Vellaunodunum est une ville située sur une colline élevée au milieu d'une plaine fertile et arrosée, in colle imminente regioni irriguæ et pratensi (2).

Voyez aussi sur ce sujet La Martinière qui cite Du Chêne et Vigenère (3).

Avant de terminer cet article, je donnerai ici la liste alfabétique de toutes les villes dont j'ai parlé et dont les noms latins finissent par dunum. Je citerai la page pour ceux dont j'ai fait mention précédemment, et une étoile désignera ceux dont je me suis occupé ici.

Augustodunum. 12.
Cæsarodunum. 20. *.

Castellodunum. 18.

Dumbarton. 264.

(1) Chez J. B. de L'Espine, 1736. in-12.

(~) Mélanges par Michault. II, 236 et 237.

(3) Le grand Dictionnaire. Art. Vellauno dunum. ~

Duneden. 264.

Juliodunum. 20.

Lugdunum. 11.

Lugdunum Batavorum. *.

Melodunum. 18.

Noviodunum ou Noviomagus. 19.

Noviodunum duorum. 18. *.

Noviodunum Biturigum. 18. *.

Noviodunum Suessionum. 19.

Segodunum. 20.

Uxellodunum. 13. *.

Vellaunodunum. 20.

Virodunum. 18.

Quatorzième règle: Attention qu'il faut donner à la justesse des métaphores.

CLXXIII. 14° On a vu dans l'article précédent l'attention qu'il fallait faire à la signification des mots employés dans la formation des étimologies. C'est cet examen attentif de la chose, qui peut seul éclairer sur les rapports et les analogies que les hommes ont dû saisir entre les différentes idées, sur la justesse des métaphores et des tropes, par lesquels on a fait servir les noms anciens à désigner les objets nouveaux. Il faut l'avouer; c'est peut-être par cet endroit que l'art étimologique est le plus susceptible d'incertitude. Très-souvent le défaut de justesse et d'analogie ne donne pas droit de rejeter les étimologies fondées sur des métaphores: C'est ce que nous avons dit plus haut (art. CXXXVI) en traitant de

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