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ou 3 de París (1), porte aujourd'hui le nom de Nîmes, Elle était sur la grande route qui conduisait en Espagne, et que Strabon (2) dit être incommode en hiver, comme étant fangeuse et inondée par les rivières; ce que les historiens de Languedoc (3) entendent de la ville même de Nîmes, plutôt que de la route, Cependant le texte de Strabon ne laisse aucun doute à cet égard.

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«La ville de Nîmes,» dit-il, « est située sur la route qui conduit de l'Ibérie (l'Espagne) en Italie; route «< assez belle en été, mais qui devient très-mauvaise pendant l'hiver et le printems, à cause du déborde<< ment des fleuves, et de la boue qui en résulte. On << passe ces fleuves sur des bacs ou sur des ponts << pierre ou de bois. Les inondations qui embarrassent « et qui dégradent les chemins proviennent des tor<< rens qui se précipitent des Alpes, quelquefois jus« que vers l'été, après la fonte des neiges.

D

de

Nîmes est une ville très-ancienne, et M. Sabbathier, de Castres, écrivait, l'an 1783, qu'on pouvait lui trouver environ trois mille quatre cents ans de durée depuis sa première fondation, dont il ajoute que l'on fesait honneur à Némausus, fils d'Hercules de Libie, vers l'an 1715 avant notre ère (4).

Je serais tenté de croire que les Volces sont les

(1) Notice de l'ancienne Gaule, par d'Anville. Paris, 1760, p. 476, art. Némausus.

(2) Livre IV, p. 187.

(3) Tome I, p 58.

(4) Voyez le tableau histor. et géograph. du monde. Paris, 1810, IV, 232, J'y entre dans quelques détails sur ce sujet.

mêmes que les Volsques, qui dès le règne d'Ancus Martius (1), l'an 624 avant notre ère, occupaient une partie de la campagne de Rome depuis Pasiano, le cap d'Anzio, Vellétri, et une petite partie de la terre de Labour. Il est naturel qu'ayant leur port à Narbonne, ils aient voulu en avoir un en Italie, et celui d'Antium leur convenait parfaitement. Dans TiteLive (I, 53), Sextus, fils de Tarquin-le-Superbe, parle des Volsques comme d'une nation chez laquelle il peut trouver un asile contre les fureurs de son père.

CXXV. VOLEMUM, est un mot dont se servaient les Gaulois pour exprimer ce qui était bon et grand. Quidam autem volemum Gallica lingua bonum et magnum intelligunt (2).

Z.

CXXVI. ZUTHOS en grec, en latin ZUTHUм, boisson faite avec de l'orge, n'était en usage que dans les provinces où les fruits étaient les plus rares. C'est Osiris qui la donna aux peuples dont le terroir ne convenait point à la vigne. Diodore de Sicile, qui nous apprend cette particularité, fait mention du zuthos en trois endroits différens, comme on a pu le voir à l'article Cervisia (art. XXXIX). Il avait

(1) Dionysii Halic. Antiquit, roman. lib. III, p. 529, dans l'é dition de Leipsick, 1774.

(2) Isid. l. XVII, Origin. c. v.

peut-être puisé ce fait dans Hérodote qui, en décrivant l'Egipte où il avait été, dit (1):

« Parmi les Égiptiens que j'ai connus, ceux qui <<< habitent aux environs de cette partie de l'Égipte « où l'on sème des grains, sont sans contredit les

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plus habiles, et ceux qui, de tous les hommes, cul<< tivent le plus leur mémoire. Voici quel est leur régime ils se purgent tous les mois pendant trois « jours consécutifs; ils ont grand soin d'entretenir << leur santé par des vomitifs et des lavemens, per<< suadés que toutes nos maladies viennent des alimens << que nous prenons : d'ailleurs, après les Libiens, « il n'y a point d'hommes si sains, et d'un meilleur << tempérament que les Égiptiens. Je crois qu'il faut << attribuer cet avantage aux saisons, qui ne varient << jamais dans ce pays; car ce sont les variations dans <«< l'air, et surtout celles des saisons qui occasionnent «<les maladies. Leur pain s'appelle callestis: ils le « font avec de l'épeautre. Comme ils n'ont point de vignes dans leur pays, ils boivent un vin fait avec « de l'orge. » οἴνῳ δ ̓ ἐκ κριθέων πεποιημένῳ διακρέωνται.

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Comme le vin était rare en Égipte, du moins dans la partie destinée à la culture du blé, on y avait suppléé par une boisson que l'on fesait avec de l'orge, et que l'on peut appeler, par cette raison, de la bierre. Le houblon étant inconnu dans ce pays, les Égiptiens y ajoutaient du chervi et du lupin, qui lui donnaient de l'amertume, de même que la racine d'une plante

(1) Livre II, ch. 77.

qui venait d'Assirie, que Saumaise (1) croit être le gingidion. C'est Columelle qui nous fait connaître ce mélange par ces vers (2):

Jam siser, Assyrioque venit quæ semine radix
Sectaque præbetur madido satiata lupino;
Ut Pelusiaci proritet pocula zythi.

« Semez le chervi et cette racine produite par une graine d'Assirie que l'on sert coupée par morceaux, << avec des lupins détrempés, pour exciter à boire la «bierre de Pélusium. >>

Au reste Strabon ne dit pas, comme le prétend M. de Pauw (3), que la manière de brasser la bierre variait beaucoup en Égipte, mais qu'elle y était préparée d'une manière particulière, et il ajoute : « C'est << une boisson commune à beaucoup de peuples, et <«< chacun la fait par des procédés différens (4). »

Ce vin d'orge, ou bierre, dit M. Larcher, s'appelait en grec, en un seul mot, Beútos, comme nous l'apprend Athénée (5), qui rapporte un vers de Triptolême de Sophocles, tragédie actuellement perdue, où ce mot se trouve employé. Mais Athénée ajoute qu'Hellanicus distinguait le ẞpúros fait avec des racines, du vin d'orge que buvaient les Thraces. Ainsi

(1) Salmas. Exercit. ad Solinum, cap. L1, p. 820, quem et confer de homonymis Hyles Iatricæ, cap. xv.

(2) Columella, lib. X; de cultu hortorum, vers 114.

(3) Recherches philosophiques sur les Égyptiens et les Chinois, tome I, sect. ui, p. 149.

(4) Strabon, liv. XVII, p. 824.

(5) Deipnos. lib. X, cap. XIV, p. 447. B.

M. Larcher semble n'avoir pas lu tout le chapitre d'Athénée qu'il cite.

Diodore de Sicile (1), ainsi qu'on l'a vu à l'article Cervisia (art. XXXIX), nous apprend aussi que les Égiptiens fesaient avec de l'orge une boisson qu'ils appelaient zuthos, qui était peu inférieure au vin par son odeur agréable. Eschile avait fait la même remarque dans la tragédie intitulée les Suppliantes (2), ainsi qu'Hécatée de Milet (3), tous deux antérieurs à Hérodote.

Les Grecs, qui buvaient d'excellent vin, reprochaient aux Égiptiens, dans le passage d'Eschile, d'être des buveurs d'orge. Le héraut des fils d'Egiptus dit au roi des Pélasges à Argos: « Vous voulez la guerre? <«< la force et la victoire seront pour les hommes. >> Le roi lui répond: « Tu en trouveras ici, des hommes, << et que n'abreuve point un vin fait avec de l'orge. »

Εὑρήσετ ̓ ἐ πίνοντας ἐκ κριθῶν μέθυ.

»

Si donc les Gaulois apprirent d'un peuple étranger l'usage de la bierre, ce ne fut pas des Grecs, mais des Égiptiens. C'est ce qui résulte encore de la dénomination de vin d'orge donnée à la bierre par Eschile et par Hérodote, tandis que les Égiptiens la désignaient par le seul mot de zuthos. Mais il faut lire en entier le chapitre d'Athénée cité plus haut, si l'on veut étudier à fond cette matière.

(1) Livre I, § 34.

(2) Vers 958, dans l'avant-dernière scène.

(3) Athénée, lib. X, cap. xiv, p. 447, B. dans l'édition de Casaubon, et ch. 67 dans celle de Schweighaeuser.

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