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« le gui, qui est reçu en bas dans une casaque blanche (sago candido). Ensuite ils immolent les victimes,

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« et prient Dieu de vouloir bien leur rendre utile et

«

profitable le présent qu'il leur a fait. Ils croient que «< ce gui donne la fécondité à tous les animaux sté<< riles auxquels ils en font prendre, et que c'est un <<< antidote contre toute sorte de poison; tant la superstition, le plus souvent, a d'empire sur l'esprit « des peuples, pour leur faire respecter les choses les plus frivoles! >>

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Le mot Deus, par lequel Pline désigne Dieu dans ce passage, et qui était celui qu'employaient les Latins, ressemble au Zeus des Grecs et à l'Hésus ou Hæsus des Gaulois (art. LXXI). Dom Martin (1) en Pline du nom indéconclut que l'être appelé ici fini de Dieu est Hésus ou Ésus, puisque Ésus et Deus sont deux termes conversibles l'un dans l'autre, pothèse qui s'accorde encore mieux avec le grec Zeus.

par

hi

Ce Dieu dont parle Pline fesait choix du chêne pour y faire croître le gui; le chêne même, indépendamment du gui, était aussi sacré que le gui, quoiqu'à leur égard le gui fût ce qu'il y avait de plus sacré au monde, en quelque genre que ce pût être (2). C'est pour cela que les Druides choisissaient exprès les bois de chênes pour y faire leur séjour; qu'ils ne fesaient aucun acte de religion sans qu'il y entrât des feuilles de chêne; enfin, qu'ils étaient persuadés que

258.

(1) La Religion des Gaulois. Paris, 1727, I, (2) Nihil habent Druidœ..... visca et arbore in quá gignatur, si modo sit robur, sacratius. Pline.

T. V. II PART.

tout ce qui naissait et croissait sur le chêne était envoyé du ciel. On ne peut guère douter, après cela, 'Ésus ne fût le Dieu que les Gaulois honoraient dans le chêne; si donc l'on s'en rapporte à eux, Ésus opérait dans le chêne, et dans le gui qui naissait sur cet arbre, toutes les merveilles qu'il leur plaisait d'in

qu

venter.

Mais pourquoi aller chercher si loin ce que nous avons si près de nous? Qu'on jette les ieux sur la face de la cathédrale de Paris, qui représente Ésus (1); elle est une image mistérieuse, mais sensible, de la description que Pline fait de la cérémonie du gui de chêne. Ésus est ici auprès du chêne, sur lequel il a fait naître le gui, qu'il a fait descendre du ciel; il le coupe lui-même, le distribue, et y attache le degré de bonheur dont il veut favoriser ceux entre lesquels doit tomber cette plante salutaire.

CXXIII. VITRUM, dans Vitruve, est employé comme signifiant le pastel. Voyez Glastrum (art. LXIV).

CXXIV. VOLCE, nom latin des Volces, qui ont eu une grande puissance dans la Celtique. Deux peuples auxquels ce nom était commun, l'un dîstingué par le surnom d'Arecomici, l'autre par celui de Tectosages, occupaient tout l'intervalle qu'il y a du Rhône à la Garonne dans cette contrée, qui fut depuis appelée la province Narbonnaise. J'ai parlé plus haut des Tectosages (art. CX). Je n'ai donc plus ici qu'à m'occuper des Arecomici. On voit que les Volcæ composaient l'ancienne province connue sous le nom de (1) On la trouvera gravée ici avec le plus grand soin.

Languedoc. Les Tectosages étaient les habitans du haut Languedoc, et les Arecomici ceux du bas.

Les Volca Areçomici étaient voisins du Rhône, et s'étendaient le long de la mer dans ce que l'on nommait, avant la révolution de 1789, le bas Languedoc. Lorsque Annibal, l'an 218 avant notre ère, traversa la partie méridionale de la Gaule, pour passer en Italie, les Arecomici n'étant point bornés par le Rhône, possédaient des terres au-delà de cette rivière. C'est d'eux qu'il faut entendre ce que dit Tite-Live sous le nom de Volcæ, qu'ils étaient établis sur l'une et l'autre rive du Rhône: In Volcarum pervenerat agrum (Annibal), gentis validæ, colunt enim utramque ripam Rhodani (1). Alors apparemment un peuple de moindre considération, les Cavares (2), alliés aux Marseillais Phocéens, ne possédaient pas la rive droite du Rhône, comme cela est arrivé depuis sous le gouvernement des Papes.

La chaîne du mont Cébenna séparait les Arecomici dans les terres, d'avec les Ruteni et les Gabali. Il est beaucoup plus difficile de savoir à quoi s'en tenir sur les limites du côté des Tectosages. Selon Strabon, livre IV, page 186, Narbonne était le port des Arecomici. Autrefois Narbonne était sur l'Aude (Atax), et l'étang de la Rubine lui formait un très-bon port. Le cours du fleuve ayant été détourné depuis, la mer

(1) Tite-Live, XXI,

26.

(2) D'Anville, nomme ici les Anatilii peuple plus méridional et plus moderne. Aëria, rendue célèbre par le passage d'Annibal, est donnée aux Cavares par Strabon.

s'est retirée, et Narbonne a perdu l'importance qu'elle avait au siècle de Strabon (1).

Ptolémée donne une telle extension aux Tectosages, que non-seulement Narbonne, mais encore Béziers, et Cesséro sur l'Araur, appartiennent aux Tectosages. D'Anville pense qu'en ceci il faut distinguer les tems. Avant que les Romains eussent fait de Narbonne la capitale de leur première province conquise dans la Gaule, cette ville pouvait être des Arecomici plutôt que des Tectosages, comme on doit l'inférer de Strabon. Mais, élevée à cette dignité, Narbonne a dû se trouver indépendante du corps politique de l'un comme de l'autre des deux peuples Volcæ, et prendre un territoire distinct et séparé. Il existe un indice non équivoque de ce territoire dans une position de Fines, entre Carcassonne et Toulouse. Mais comme il ne se distingue point par un nom de peuple qui lui soit propre, Ptolémée, qui n'est point arrêté par cette distinction, adjuge plutôt Narbonne et quelques autres villes aux Tectosages qui se présentent les premiers dans l'ordre de sa description, qu'aux Arecomici qui les suivent, et dont le district paraît ainsi réduit à celui de la capitale, ou de Nemausus en particulier, et n'être point celui de la nation en général. Quand on considère en même tems que les limites du territoire de Narbonne, en s'avançant vers Toulouse, selon cette opinion de Fines dont je viens de parler, ne sont point vraisemblablement ceux des Tectosages, qui se trouveraient ainsi extrêmement resserrés; on (1) Note de M. Gossellin dans la traduction française de Strabon.

est persuadé qu'une ligne de division entre les Arecomici et les Tectosages serait téméraire et trop hasardée sur une carte (1).

On peut seulement dire que les Arecomici étaient à 44 degrés de latitude, et 22 degrés de longitude, comptés de l'île de Fer, c'est-à-dire à 2 degrés de longitude de Paris (2).

Nîmes, en latin Nemausus, et en grec Néuavoos, était, selon Strabon (3), la capitale des Arecomici. Quoique bien inférieure à Narbonne pour le commerce, ajoute-t-il, et pour le nombre des étrangers que ce commerce attire, Nîmes surpasse cette dernière ville par une nombreuse population de citoyens (4); car elle possède vingt-quatre bourgs, tous bien peuplés et habités par la même nation : ils lui paient des contributions, et d'ailleurs ils jouissent du droit des villes latines; en sorte que ceux des habitans de Nîmes qui parviennent à la questure ou à l'édilité sont censés Romains: c'est pourquoi ce peuple n'est pas non plus soumis aux gouverneurs envoyés de Rome. C'est encore Strabon qui nous apprend tous ces détails.

La capitale des Arecomici, qui est située à 44 degrés de latitude et 23 degrés de longitude de l'île de Fer,

(1) Notice de l'ancienne Gaule, par d'Anville. Paris, 1760, p. 717 et 718, art. Volcæ arecomici.

(2) Id. p. 716.

(3) Livre IV, p. 186.

(4) Et non par les avantages du gouvernement, comme ont traduit d'Anville et Brequigny. Voyez la note de la traduction française de Strabon. Paris, 1809, II, 30.

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