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liolum miræ pulchritudinis, perstringens fulgore oculos, in modum caracallarum, sed absque cu

cullo.

Ce fut l'empereur Caracalla qui porta cette espèce d'habit des Gaules à Rome, où il en fit une grande distribution au peuple, et il voulait qu'on vînt le saluer ainsi vêtu. Il le portait lui-même fort souvent, et voulait aussi que les soldats le portassent. C'est ce qui fit donner à ce prince le nom de Caracalla ou Caracallus, comme les auteurs l'appellent souvent, et surtout les Grecs. Au contraire, le peuple romain appelait cet habit une Antoninienne, parce que le prince qui l'avait donné avait pris le nom d'Antonin. Mais il avait changé quelque chose à la manière dont on le portait dans les Gaules. On prétend qu'il était composé de plusieurs pièces cousues ensemble, et qu'il descendait jusqu'aux talons, en sorte qu'il avait rapport à nos soutanes. Il y en avait de plus courts surtout hors de Rome; ceux qui étaient longs auraient été incommodes pour des soldats. Les historiens disent sous l'an 212 de notre ère, que Caracalla se concilia l'amour du peuple en lui donnant ces habits. Il était naturel que le peuple, qui craignait peu la cruauté de ce prince, se réjouît de sa prodigalité (1).

XXXVII. CARROCO, poisson dont parle Ausone, poète de Bordeaux (2), et qu'Élie Vinet croit être le même que celui que l'on appelle aujourd'hui

(1) Tillemont, Histoire des empereurs. 111, 125.

(2) Epist. w.

créac ou esturgeon (1). En effet la pêche de ces poissons se fait à Bordeaux avec une espèce de tramaux dérivans, connus sous le nom de créadiers. Elle commence en quelques endroits en février, et dure jusqu'en juillet et août, et même plus tard; en d'autres à la Notre-Dame de mars et dure jusqu'en septembre (2).

XXXVIII. CATEÏA se trouve dans l'Énéide de Virgile (3):

Teutonico ritu soliti torquere cateias.

Et leurs bras font voler an milieu des alarmes
Ces pesans javelots lancés par les Teutons.

Servius explique ainsi ce mot: Cateia gallica tela sunt: unde et Teutonicum ritum dixit. Ce mot n'est plus en usage. Guillaume Marcel ne l'a retrouvé que dans CATE, machine dont on se servait encore dans le douzième siècle pour jeter des pierres dans les villes assiégées. Voyez Catel dans son Histoire de Toulouse, à l'endroit où il parle de la mort du comte de Montfort. Mais Servius n'a pu confondre une machine de guerre avec une espèce de javelot. Au reste le nom de Teutons commun à toutes les nations germaniques n'est point celui des Celtes ni des Gaulois.

XXXIX. CERVISIA, cervoise, aujourd'hui appelée la bierre, est une boisson encore en usage dans quelques provinces des Gaules, et très-commune en An

(1) Hist. natur. des poissons, par Lacépède. Paris, 1819. 11,

252 et 313.

(2) Encyclopédie, art. Créadiers.

(3) VII, 741.

gleterre où l'on en fait une consommation énorme. Pline (1) en parle en ces termes ex üsdem (frugibus) fiunt et potus, zythum in Ægypto, cælia et ceria in Hispania: cervisia et plura genera in Gallia, aliisque provinciis. « Si les blés font la princi« pale nourriture de l'homme, il a encore trouvé le « moyen d'en composer différentes sortes de breu«vages, comme le zythum en Egipte, le célia et le « céria en Espagne, et la cervoise ou bierre dans les « Gaules et plusieurs autres provinces. >> H ajoute : « l'écume de toutes ces espèces de boissons est un cos<< métique utile pour les femmes; il rend leur teint « uni; il entretient son éclat et sa fraîcheur. » Cambden (2) croit que le mot cervoise venait de keirch qui signifiait l'avoine dont on la fesait; il pense donc' que ce mot était gaulois. C'est ce que dit aussi Vossius dans ses étimologies. On appelle cervoisiers les marchands de bierre ou brasseurs (3). Dans le livre des Cestes, attribué à Jules Africain, on lit (4) : Πίνουσι γοῦν ζύθος Αἰγύπτιοι, κάμον Παιόνες, Κελτοί βερβησίαν, σίκερα Βαβυλώνιοι, au lieu de βερβησίαν, il faut lire xepổnσlav, comme l'observe Ménage (5).

«

Diodore de Sicile regarde le zythum, en grec zuthos des Egiptiens, comme n'étant autre chose que la

(1) Hist. nat. 1. xx11, c. 25, à la fin du livre.

(2) Géographie Britannique.

(3) Encyclopédie, art. Cervoisiers.

(4) P. 299.

(5) Dict. étym. art. Cervoise, où il rapporte un grand nombre d'autres passages.

bierre; il dit en effet (1): « En faveur des peuples <«< dont le terroir n'est pas propre à la vigne, Osiris <«< inventa une boisson (zuthos) faite avec de l'orge, << et qui, pour l'odeur et la force, n'est guère différente «< du vin. » Il répète plus bas (2) que les Égiptiens font avec de l'orge une boisson qu'ils appellent zythum et dont l'odeur et la saveur sont presque aussi agréables que celles du vin.

Dans un autre endroit (3), ce même auteur dit que « Dionusos,» appelé par les Latins Bacchus, «fut << celui qui inventa le zuthos, boisson composée d'orge << et presque aussi bonne que le vin : il en gratifia les peuples qui habitent des contrées peu propres à la <«< culture des vignes. » On s'est donc bien évidemment trompé lorsqu'on a voulu (4), en se fondant sur une étimologie, que Diodore de Sicile eût pris du pour de la bierre.

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cidre

Les déclamations d'Ammien Marcellin, de Julien, de Dioscorides, de Galien et d'Avicenne, contre la bierre des Gaulois, ne prouvent pas plus contre cette boisson, que les épigrammes de Piron. Il est certain qu'un ami des vins délicats et légers de la Bourgogne, doit médire de l'épaisse et lourde boisson que l'on appelle bierre, et que celui qui sacrifie au Bacchus de la Champagne et de Falerne, peut négliger

(1) Liv. 1, chap. 20.

(2) Id. chap. 34.

(3) Livre iv, chap. 2.

(4) Notice sur l'agriculture des Celtes et des Gaulois. Paris, 1806, p. 13.

les autels du Bacchus de la bierre, quoiqu'on assure que ce dernier a régné en France long-tems avant l'autre (1).

Il n'est pas démontré que nos ancêtres, scrutateurs de la nature dans ses moindres parties, n'aient pas employé le houblon, qui croît spontanément dans plusieurs de nos provinces. Les Gaulois, ainsi qu'on vient de le voir dans un passage de Pline, ont inventé l'emploi de l'écume ou du levain de la bierre comme un cosmétique.

Aristote, Sophocles et Théophraste parlent de la bierre et de l'ivresse qu'elle occasione. Les Espagnols, du tems de Polibe, buvaient de la bierre (2). Cette boisson était employée, chez les Francs, avant leur entrée dans les Gaules. Les Belges, leurs voisins, en fesaient un grand usage; mais il ne faut pas croire que l'Aquitaine, la Provence et les villes commerçantes de l'occident de la Celtique, fussent privées dę vin, comme le grand nombre des écrivains l'a supposé, d'après la défense de Domitien. C'est dans les contrées éloignées des ports de mer, dans l'intérieur de la Belgique, sur les rives du Rhin, qu'une coupe de vin se vendait un esclave. Un des plus ardens partisans des Gaulois, élude les passages qui pouvaient être favorables à l'ancienne culture du raisin dans les Gaules, pour conserver à nos Gaulois une philosophie répulsive de toute mollesse, que

(1) Notice sur l'agriculture des Celtes et des Gaulois. Paris, 1806, p. 13 et 14.

(2) Id. p. 14.

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