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appelée mille-feuilles. C'est encore Dioscorides I) qui nous fait connaître ce nom qu'il dit donné par Gaulois. Μυριόφυλλον Γάλλοι Βελιουκάνδας.

XXVIII. BENNA, chariot ou fourgon à deux roues, garni d'osier. BENNA lingua gallica genus vehiculi appellatur, undè vocantur Combennones in eâdem BENNA sedentes. De benna s'est formé le diminutif benellus, duquel dérive le vieux mot français bennel ou benneau, qui signifie tombereau. On lit dans Monstrelet (2), sous l'an 1408 :

<< Et entre temps que ces choses étoient dites et faites, maître Sansien le Leu, et le messager de << Pierre de la Lune (3), qui avoient apporté les lettres << dessus dites au roi, tous deux arragonnois, mitrés et « vêtus d'habillements où étoient figurées les armes << d'icelui Pierre de la Lune renversées, furent amenés << moult honteusement et déshonnêtement sur un << BENNEL (4) du Louvre, en la Cour du palais, et « prestement, en près le marbre, au pied des grands dégrés, fut un échafaudis levé, sur lequel tous deux «< furent mis, et montrés moult longuement à tous «< ceux qui voir les vouloient, et avoit écrit èsdites

"

(1) Livre iv, chap. 110.

(2) Livre 1, chapitre 46, dans l'édition de M. Buchon. Paris, 1826.

(3) C'est l'antipape Pierre de Lune, qui, en 1394, avait pris le nom de Benoît xu.

(4) Ici et plus bas, l'édition de 1826 écrit bannel. C'est une faute d'impression. Toutes les anciennes éditions écrivent bennel, et ce mot est donné de cette manière par Ménage dans son Dictionnaire étymologique, à l'article Bennel où le passage de Monstrelet est rapporté.

:

« mitres Ceux-ci sont déloyaux à l'église et au roi, « et après furent ramenés au Louvre sur ledit BENNEL, «< comme dessus. » Ce mot BENNEAU est encore en usage dans le Boulonais et en Normandie. Nous disions anciennement BENNE, comme disent encore à présent les Allemands, ainsi que l'a remarqué Cluvérius au premier livre de sa Germanie, chapitre 8. Hodiè apud Germanos genus carri, id est, vehiculi duarum rotarum dicitur BENNE. Scaliger sur les Catalectes Belgarum fuit BENNA, quá etiàmdum hodiè utuntur : quin et apud eos hodie genus carri, itemque apud Helvetios EIN BENNE VOCAtur (1).

Ce mot signifiait aussi un endroit propre pour la pêche: Cum Piscatoria (dans Aimoin) quæ appellatur BENNA : et dans Helgaud, qui a fait la vie du roi Robert, Eccè venientes ad portum Sequanæ, quæ dicitur Caroli BENNA, hoc est piscatoria quæ erat difficultate transmeabilis.

On le trouve aussi quelquefois signifiant un panier ou une corbeille : Coxit panes, et carnes et accepit cervisiam in vasculis proùt potuit, quæ omnia in vase, quod vulgò BENNA dicitur, collocavit (2).

XXIX. BRACA, BRACCA, ou BRACHA, est un certain vêtement ou plutôt haut-de-chausse de nos anciens Gaulois; il en est fait mention dans la vie d'Alexandre Sévère par Lampridius, dans celle d'Aurélien par Vopiscus, et dans Ammien Marcellin,

(1) Dict. étym. de Ménage, art. Bennel.

(2) Voyez Surius, in vitá S, Remigii, xш januarii.

livre XVI, où il appelle les soldats gaulois bracatos. On appelle encore aujourd'hui ce vêtement BRAGUES ou BRAGUIer dans la Gaule Narbonnaise, et ce mot a beaucoup de rapport avec celui de broeck qui est flamand, et de breache qui est anglais. Diodore de Sicile dit en termes exprès que ces bracæ étaient en usage et qu'on les appelait ainsi dans la Gaule Narbonnaise (1), qui en prit le nom de braccata (2). C'est ce que dit Vossius, qui prétend que le mot braca appartient à la langue parlée par les constructeurs de la tour de Babel. Il est du moins certain que les Gaulois s'en servaient, ainsi que le prouve une ancienne épigramme rapportée par Suétone dans la vie de Jules César :

Gallos Caesar in triumphum ducit, iidem in curiá

Galli bracas deposuerunt, latumclavum sumpserunt (3).
Le Gaulois, par César, amené comme esclave,
Quitte au sénat sa braic, et prend le laticlave.

Ducange croit que la braie ou braca était la partie de l'habillement qui couvrait les cuisses, et que ce vêtement avait reçu ce nom parce qu'il était trop court (4). On voit que BRAIE OU BRAYE et BRAYETTE sont la même chose que brague et braguette. A Paris on dit braïette: dans les provinces on dit braguette. C'est un diminutif de brague (5).

(1) Diodore de Sicile, v. 3o.

(2) Voyez Vossius, 1, 2.

(3) Suétone, Julius Cæsar, chap. 80.

(4) Note de Maurice Levesque sur Suétone. Paris, 1808 I, 152. (5) Dict. étym. de Ménage, art. Braguette.

XXX. BRANCE, espèce de blé blanc assez commun en Dauphiné. Les paysans l'appellent aujourd'hui Blanche (1). Les Romains l'appelaient sandalum, c'est ce que nous dit Pline: Galliæ quoque suum genus farris dedere, quòd illic BRACEM vocant, apud nos sandalam nitidissimi grani (2). On voit que l'éditeur Franzius, que je cite ici, écrit Brace et sandalam au lieu de Brance et sandalum qu'on lit dans d'autres éditions. Il en donne les raisons dans ses notes où il s'appuie sur plusieurs manuscrits. Teissier écrit Brance, et soupçonne que la brance de Grenoble est la touzelle des départemens méridionaux (3).

XXXI. BRIGUMUM, herbe que les Grecs appelaient A'prepoía; c'est l'armoise ou herbe de Saint-Jean (4). Pline (5) dit qu'elle est employée dans les maladies des femmes et qu'elle s'appelait autrefois Parthénis, mais qu'Artémise, épouse du roi de Carie, sans doute en reconnaisance du bien que lui avait fait cette plante, voulut qu'elle portât son nom. Ce naturaliste est ici dans l'erreur selon le père Hardouin; car Hippocrates, qui était plus ancien qu'Artémise, femme de Mausole, fait mention de l'armoise sous le nom d'Artémise. Mais on compte dans la famille d'Hippo

(1) Voyez Chorier, Histoire du Dauphiné,

(2) Pline, livre xvi, chap. 11, édition de Franzius, Lipsia, 1787. vi, 60.

(3) Nouveau cours complet d'agriculture. Paris, 1809. II, 484. (4) Marcellus de Medic. c. 26.

(5) Livre xxv, chap. 7 dans les anciennes éditions et 36 dans celle de Franzius.

crates, sept médecins de ce nom qui ont vécu dans des tems différens et les ouvrages publiés sous son nom appartiennent à plusieurs de ces médecins (1). Ainsi c'est peut-être le commentateur qui se trompe et non l'auteur ancien, ce qui arrive assez souvent.

XXXII. BRIVA, mot celtique qui signifiait un trajet ou plutôt un pont, comme on le voit en plusieurs places qui retiennent encore aujourd'hui leur ancien nom. Brives surnommée la Gaillarde à cause de l'élégance de ses constructions, et qui était autrefois dans le bas Limousin, est aujourd'hui le chef-lieu d'une sous-préfecture dans le département de la Corrèze. Elle est d'une haute antiquité, et, selon la tradition, doit son origine à un temple de Saturne qui s'élevait au milieu de son enceinte actuelle. Son nom latin est Briva Curetic, parce qu'il y avait un pont sur la Corrèze. C'est Grégoire de Tours (2) et Aimoin (3) qui lui donnent le nom de Brivam Curretiam vicum. De même Briva-Isura ou Brivisura, c'est-à-dire Pons Isura signifie Pont de l'Oise ou Pontoise, chef-lieu d'une sous-préfecture dans le département de Seine et Oise; cette ville est ancienne, et a un pont sur l'Oise. Brioude, ville très-ancienne de l'Auvergne, aujourd'hui chef-lieu d'une sous-préfecture dans le département de la Haute-Loire, a reçu son nom de la même manière: en effet près de cette ville, à la vieille Brioude, on admirait autrefois sur l'Allier un

(1) Biographie universelle, art. Hippocrate, xx, 410. (2) Livre vil, c. 10.

(3) Aymoinus, livre 1, ch. 61.

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