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CAPITULUM XL.

Qualiter Constantinus rex Britonum, antequàm Romam accessisset, invasit Galliam tàm inferiorem quàm superiorem.

Ex historia Britonum, et Almerici (1).

POSTQUAM Constantius, rex Britanniæ, ex propriâ uxore Helenâ, quæ fuerat filia Cælis ducis Colcestriæ, Constantinum filium genuisset, exiit cùm undecim anni præterissent, ipse Constantius apud Eboracum, Britanniæ civitatem, morti subjacuit, regnumque filio donavit. Qui, ut solio honoris potitus est, cœpit intrà paucos annos probitatem maximam habere, leoninam feritatem ostendere, justitiam inter populos tenere, latronum rapacitatem hebetare, tyrannorum sævitiam conculcare, pacemque ubique renovare. Eâ tempestate erat quidam tyrannus Romæ, vocabulo Maxentius, qui quosque nobiles, quosque probissimos cives exhæreditare conabatur, pessimâque tyran

(1) Voyez Geofroi de Monmouth, de Origine et gestis Britannorum (lib. II, c. 3), d'où ce chapitre est tiré. Alméric ne m'est pas connu d'ailleurs; il sera encore cité dans la suite, peut-être faudrait-il lire Albéric, dont la chronique est connue.

stantin l'héritage d'un royaume légitimement acquis. HUGUES DE FLEURY. Constantin fut, par la permission divine, élu empereur dans la Bretagne, pendant que Galère Maximin régnait encore en Orient.

CHAPITRE XL.

Constantin, roi des Bretons, avant de se rendre à Rome, envahit la Gaule inférieure et la Gaule supérieure.

Histoire des Bretons, et histoire d'Alméric.

CONSTANCE, roi de la Bretagne, onze ans après la naissance de Constantin, que lui avait donné Hélène, sa femme, et fille de Cæl, duc de Glocestre, mourut à Yorck, cité bretonne, et laissa le trône à son fils. Celui-ci, devenu maître du royaume, commença, au bout de quelques années, à montrer, avec la plus grande vertu, un cœur de lion, et à maintenir la justice au milieu de ses peuples, à contenir la rapacité des voleurs, à refréner la méchanceté des tirans, et à rétablir la paix en tous lieus. En ce tems dominait à Rome un tiran nommé Maxence, qui employait tous les moyens de s'emparer des biens des nobles, et qui opprimait la république par le plus exécrable despotisme. Ses exactions augmentant de jour en jour, toutes les victimes de ses pillages accouraient épuisées en Bretagne, vers Constantin, qui les accueillait avec honneur. Enfin le grand nombre des réfugiés qui se trouvaient auprès de lui parvinrent à lui faire partager la

nide rempublicam opprimebat. Incumbente igitur ipsius sævitiâ, diffugiebant exterminati ad Constantinum in Britanniam, et ab ipso honorificè excipiebantur. Denique cùm multi tales ad eum confluxissent, incitaverunt eum in odium adversùs prædictum tyrannum. Igitur his et aliis incitatus Constantinus maximam congregavit armatorum multitudinem, quam tribus avunculis Helenæ, fratribus Cælis, ducis Cornubiæ, Johelino videlicet et Trahero necnon et Mario, commisit regendam. Qui imperium invadendo, primitùs Galliam intraverunt : Constantinus partes neustrasianas, Johelinus, Traherus necnon et Marius Galliam inferiorem, Romanis diffugientibus, invaserunt. Constantinus brevi valdè tempore Neustrasianos cum totâ superiori Gallià subjugavit; Johelinus verò et Marius primò Rodoniam, de hinc Belvacum et Ambianas, armorum virtute subjecerunt. Ob hinc Morianam civitatem obsidentes, tandem se liberè reddidit. Deindè civitatem Tornacensem obsidentes, Marius ab una parte, videlicet à parte comitatûs Menapiorum, in loco qui à Mario adhùc Mairia dicitur; Johelinus verò à parte comitatûs Nerviorum aut Bracbatensium, quod idem est, in loco qui dicitur Jolain (1) à Johelino, dictam obsederunt civitatem. In quâ obsidione comitatum Menapiorum atque Bracbatensium multipliciter laceraverunt : nam Templum-Martis, quod metropolis erat comitatûs Menapiorum, solo coæquaverunt, residuum patriæ tributarium faciendo. In comitatu verò Nerviensi civitates

(1) Jalain, village à 3 lieues à l'ouest de Bavai.

haine qu'ils portaient au tiran. C'est pourquoi, excité par leurs instances, l'empereur rassembla une grande armée, dont il confia le commandement à Johélin, à Trahère et à Marius, tous trois oncles d'Hélène et frères de Cal, duc de Glocestre. Ces généraux envahirent l'empire en entrant par la Gaule. Constantin s'avança dans la Neustrie, tandis que Johélin, Trahère et Marius se répandirent dans la Gaule inférieure, abandonnée par les Romains, qui prenaient la fuite de tous côtés. Constantin subjugua en peu de tems la Neustrie et la Gaule supérieure; Johélin et Marius firent d'abord la conquête de Rouen, puis de Beauvais et enfin d'Amiens. Ils mirent aussi le siège devant Moriane, qui se rendit à discrétion. Alors marchant sur la ville de Tournai, Marius du côté du comté des Ménapiens, dans un lieu qui de lui a pris le nom de Mairie; Johélin du côté du comté des Nerviens ou Brabançons, dans un lieu nommé, à cause de lui, Jolain, ils, formèrent le siège de la ville. Pendant ce siège le comté des Ménapiens et celui des Brabançons eurent beaucoup à souffrir: Famars, la métropole du premier, fut rasée, et ce qui resta des habitans du pays fut rendu tributaire. Dans le comté des Nerviens les villes d'Ablatone, de Chièvre, de Port-des-Belges et les autres places fortes, en un mot tout le pays jusqu'à la mer fut conquis. Enfin Tournai elle-même fut contrainte de capituler et de payer tribut. Cependant les Romains qui habitaient à Famars et à Bavai, ayant rassemblé leurs richesses, se retirèrent à Trèves. Johélin et Marius, après avoir soumis Tournai, pressèrent le siège de Famars avec vigueur; le premier était campé dans un lieu nommé en français Goieul et situé sur l'Escaut; le second, du côté opposé, à Ma

Ablatoniæ, Serviæ, Portûs-Belgorum, necnon aliorum oppidorum, usque ad mare omnia sibi subjecerunt. Tandem Tornacenses, pactionibus intervenientibus, se tributarios reddiderunt. Intereà Romani in FaniMartis et civitate Octoviâ existentes, thesauros recollectos Treverim transtulerunt. Johelinus et Marius, subjectâ civitate Tornacensi, Fanum-Martis Johelinus in loco qui gallicè dicitur Goieul (1), suprà ripariam Scaldi, Marius in oppositum in loco, qui dicitur Marech (2), suprà fluvium Hunioli (3), ferociter obsederunt. Quæ civitas, consilio Romanorum usa, se ipsam unà cum totâ patriâ Constantino se tributariam reddidit; et hoc idem fecit Octovia. Ab hinc Galliarum superiorum partes petentes, ipsi cum Constantino adierunt Romam; subjugavitque illam sibi, et post、 modùm monarchiam totius mundi obtinuit. Tres autem avunculos Helenæ, Johelinum videlicet et Traherum necnon et Marium, ipsos in senatorium ordinem promovit. ACTOR. Hæ et enim historiæ, Treberorum videlicet et Britanniæ, necnon et Eusebii, videntur discrepare de ortu et progenie Helenæ et famâ, matre Constantini; sed quicquid dicat Eusebius, tenendum est ipsam semper suis temporibus extitisse sanctis

simam.

(1) C'est sans doute le village de Noyelle, situé près de la Selle et près de l'Escaut.

(2) Maresche, à 5 lieues ouest de Bavai.

(3) Le Honeau, qui se jette dans la Haine, au-dessus de Condé. Maresche est sur la Rouelle et près du Honeau,

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