Page images
PDF
EPUB

peuple s'accordent à dire qu'au moment où brilla la lumière divine et retentit une voix céleste, le corps du saint se tint debout sur ses jambes, prit sa tête dans ses bras et la porta, avec l'aide d'en haut, du lieu de sa décollation à celui de son tombeau. Par l'inspiration du Seigneur, qui soumet ses serviteurs à des épreuves modérées et les glorifie sans mesure, les fidèles qui s'étaient convertis à la voix de l'heureux martir, s'empressèrent de préparer avec dévotion des aromates et des linges précieux, y enveloppèrent le corps du saint, et l'ensevelirent avec soin dans un sépulcre de pierre proprement disposé et digne des restes d'un si grand homme. De tout tems comme aujourd'hui il s'y opère quantité de miracles, qui sont trop nombreux pour être susceptibles d'être décrits. Au moment de la sépulture de saint Piat, la faveur divine éclata si vivement sur lui, que les exécuteurs eux-mêmes sentirent une odeur d'aromates, et qu'un parfum délicieux descendant du ciel réjouit le cœur et les sens de tous ceux qui étaient présens. Surpris et flattés d'un tel prodige ils entonnèrent magnifiquement les louanges de Dieu, en disant : « Quel dieu est aussi grand que le nôtre, qui glorifie d'une manière si éclatante le saint qui a « souffert la mort pour sa cause?» Alors s'étant prosternés sur la terre du martire, ils s'écrièrent: « Nous « croyons et nous confessons que tu es le vrai Dieu, « Fils unique du Père, qui es descendu du ciel pour « faire notre salut. » Le lieu du tombeau du bienheureux Piat se nomme Séclin. Le saint pontife Eloi, en y arrivant, y chercha le sépulcre du saint, et l'ayant découvert à l'aide de Dieu, il trouva le corps dans un état de conservation parfait, comme si le martire avait eu lieu tout récemment. Il trouva aussi dix clous

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

illos decem ferreos clavos reperit, quibus Dei martyr candentibus per ungulas digitorum traditur excruciatus. Hos decem clavos beatus Eligius ad populum palàm protulit, et immane tormentum, quod scriptura non pandit ipsum clavorum signis beatum martyrem protulisse, prodidit, et beatissimum corpus de priori monumento honorificè translatum in meliùs compositam et honoratiùs decoratam sepulturam recondidit. Qui beatus episcopus gloriosum martyrem multo amore et honore prosequens, ecclesiam ejus antiquam dejiciens, ampliorem atque decentiorem ædificare profecit, clericos instituit, beneficia delegavit, ut cultus divini officii ex more ibi celebraretur, ad laudem et gloriam sanctæ Trinitatis, amen.

CAPITULUM XXXIX.

De morte Diocletiani et Maximiani, et divisione imperii inter Constantinum et Galerium (1).

Ex Ecclesiastica Historia.

Er quoniàm Dominus tradiderat familiam suam castigari paucis, cruenti verò immanitatis ministri desævierunt in multis. Adest continuò ultrix Dei dextera, et illos qui primò, dùm pacem servarent Ecclesiæ, cum omni prosperitate imperium gubernave(1) Vinc. de Beauv. XIII, 160 et 161.

de fer ensevelis près de lui, et qui, rougis au feu, servirent, dit-on, à lui brûler les ongles des doigts. Saint Eloi étala ces dix clous devant le peuple, et lui fit voir aussi un énorme instrument de torture, qu'on ne dit pas, au reste, avoir servi au supplice du saint martir. Ensuite il transféra avec pompe le corps du bienheureux Piat du monument qu'il occupait d'abord, dans un autre mieux construit et mieux décoré; et poussant encore plus loin l'amour et le respect qu'il avait pour lui, il abattit son ancienne église pour en construire une autre plus vaste et plus convenable, dans laquelle il établit des clercs, et qu'il dota noblement, afin que l'office divin y fût célébré suivant l'usage reçu, et à la louange et à la gloire de la sainte Trinité. Ainsi soit-il.

CHAPITRE XXXIX.

Mort de Dioclética et de Maximien, et partage de l'empire entre Constance et Galère.

Histoire ecclésiastique.

DIEU ayant donné à un petit nombre de personnes 1. le soin de punir son troupeau, les ministres de sa vengeance exercèrent leur barbarie sanglante sur une foule de personnes. La main vengeresse de Dieu se montra partout; elle entraîna dans un tel changement de fortune ceux qui d'abord, pendant qu'ils laissaient l'Eglise en paix, avaient gouverné l'empire avec un bonheur

rant, in tantam rerum permutationem deduxit, ut Augustus ille in id vanitatis atque amentiæ perveniret, quo depositis cum collegâ pariter Augusto regni insignibus, privati et plebeii post imperium viverent. HUGO. Igitur Diocletianus ab invito exegit Maximiano, ut simul purpuram imperiumque deponerent, ac junioribus in republicâ constitutis, ipsi in privato habitú consenescerent. Itaque sub unâ die Diocletianus apud Nicomediam, Maximianus verò Mediolanum, deposuerunt imperium. Tunc Galerius Maximinus et Constantius Augusti in duas procurationes, Orientis scilicet et Occidentis, primi romanum imperium diviserunt; et Galerius Maximinus Illyricum, Asiam et Orientem tenuit; Constantius verò, vir summæ mansuetudinis et civilitatis, Galliâ tantùm et Hispaniâ contentus, Galerio cæteris partibus cessit. EUSEBIUS in Chronicis. Galerius cœpit anno Domini ccc, mundi verò IVMCCLXIII, solusque biennio tenuit imperium. Itaque neque ex consortii rabie regnum suum piorum sanguine maculaverat, neque orationum domos et conventicula nostrorum, imitatus Maximiani vesaniam, hostili vastatione destruxerat ; quin potiùs cultores Dei venerationi habuit et honori. Undè et meritò religiosus pater religiosiorem filium suum Constantinum regni benè parti reliquit hæredem. HUGO FLORIACENSIS. Hic Dei nutu constitutus est imperator in Britannia, adhuc regnante Maximino Galerio in partibus orientalibus.

parfait, que l'empereur lui-même en vint à ce point de vanité et de démence, de déposer, avec son collègue, les insignes impériaux, et de vivre avec lui, au sortir de la plus haute dignité, comme de simples sujets et de simples hommes du peuple. HUGUES DE FLEURY. Dioclétien exigea de Maximien, qui s'y refusait, qu'ils déposâssent ensemble la pourpre impériale, et qu'après avoir mis des jeunes gens à la tête de la république, ils vieillissent comme les autres particuliers. Le même jour donc que Dioclétien abdiqua l'empire à Nicomédie, Maximien l'abdiqua à Milan. Ce fut alors que les empereurs Galère Maximin (1) et Constance partagèrent pour la première fois l'empire romain en deux parties, en empire d'orient et en celui d'occident. Galère Maximin obtint en partage l'Illirie, l'Asie et l'Orient; Constance ne retint pour lui que la Gaule et l'Espagne, et céda le reste à son collègue. CHRONIQUE D'EUSEBE. Galère commença son règne en l'an 300 du Seigneur et 4263 du monde, et occupa seul le trône pendant deux ans. Quant à Constance,' étranger à la manie d'étendre son gouvernement aux dépens de celui de son collègue, il ne souilla pas ses mains du sang des justes; il ne détruisit pas en ennemi, comme l'avait fait Maximin, les maisons consacrées à la prière et les assemblées des fidèles ; au contraire, il honora et respecta les adorateurs de Dieu, et mérita, par sa religion, de laisser à son fils Con

(1) Galère s'appelait Maximien, et ne doit pas être confondu avec Maximin II qui vivait de son tems, qui fut nommé césar l'an 305 et auguste l'an 308. Il paraît que Jacques de Guyse ne les a pas bien distingués, et qu'il donne ici et dans la suite le nom de Maximin à

Galère.

« PreviousContinue »