0 DERNIER TABLEAU DE PARIS, OU RECIT HISTORIQUE DE LA RÉVOLUTION DU 10 AOUT 1792, Des Causes qui l'ont produite, des événemens qui Dans ces murs tout sanglans, des peuples malheureux Unis contre leur Prince, et divisés entr'eux, Par J. PELTIER, de Paris, Auteur des Actes Troisième Edition, revue et corrigée. Chez l'Auteur, Hôtel la Sabloniere, Leicester-fields. Et chez ELMSLY, Libraire dans le Strand. Avril 1794. Fre 1334.38.23 HARVARD COLLEGE LIBRARY FROM THE LIBRARY OF COMTE ALFRED COULAY DE LA MEURTHE эт a DERNIER TABLEAU DE PARIS. RÉCIT HISTORIQUE De la Révolution du 10 Août, des Causes qui l'ont produite, des Evénemens qui Pont précédée, et des Crimes qui l'ont suivie. J'AI INTRODUCTION. 'AI tracé le tableau de la Révolte du 10 Août; j'ai promis celui de l'Anarchie qui l'a fuivie & des malheurs de tout genre qui ont été la conféquence de cette anarchie. La multitude des faits qui ont rempli les 40 jours qui fe font écoulés jufqu'au 20 Septembre, fera le fujet de ce nouveau travail, plus douloureux encore que pénible. Obligé dans cette funeste abondance, de me borner aux traits principaux, j'effayerai de faifir ceux qui appartiennent plus particuliérement à l'histoire de nos mœurs. On fera affez tôt de ces compilations froides & indigeftes, où l'on trouve tout, excepté ce que Tome II. A le fentiment y cherche. Je n'ambitionnerai point cette précision mathématique de dates, & de pieces officielles, qui font le fublime de la pédanterie. Je ferai rapidement l'hiftorique de cette fanglante époque, & je ne m'appefantirai que fur les circonftances qui pourront infpirer l'horreur ou la pitié. Une feule larme que j'aurai arrachée à la fenfibilité de mon lecteur, me paraîtra préferable aux vains applaudiffemens de toute une académie. Familles infortunées, qui avez vu tomber dans cette révolution fous le fer des affaflins, des têtes qui vous étaient fi cheres, c'est à vous que cette derniere partie de mon ouvrage eft dédiée. Refpectable Penthievre, toi, dont foixante ans de vertus méritaient moins de malheurs fur le bord de ta tombe; aimable & infortunée fille de Cazotte, qui moins heureufe que ton émule, la jeune Sombreuil, n'arrachas ton pere au massacre, que pour le voir traîner au fupplice; vous tous, en un mot, qui regrettez un pere, un ami, un époux, tombés fous la faux de l'anarchie & de la profcription, accueillez mon écrit; je le compofai pour vous & par vous; pénétré du fentiment qui brifait vos cœurs, je pris la plume, & mes pleurs effacerent bien fouvent mes dernieres pensées. On a déja vu par quelle férie de fatalités, le Roi & fa famille avaient été conduits du trône conftitutionnel dans les abymes de la captivité; cinq mois ont fuffit, & ce malheureux prince a achevé de fubir tout ce que la destinée de plus horrible, tout ce que le courroux célefte peut épuifer de vengeances fur la tête du plus grand criminel. |