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fubitement, & s'emparent des couloirs & des poftes intérieurs de la falle. On leur diftribue des affignats & du vin : c'était eux qui devaient égorger vos repréfentans; & ils l'auraient fait, fans que la garde nationale eût pu l'empêcher. Les affiégeans font munis des meilleures armes, tandis que les fections fe plaignaient d'être dépourvues; enfin le palais national n'eft plus qu'une prifon où les représentans du peuple font menacés, infultés, avilis & outragés. On demande que le comité de falut public, pour calmer l'égarement du peuple qui inveftiffait la falle,'faffe fon rapport: Barrere monte à la tribune ; &, parlant au nom de ce comité, il propofe que les membres dénoncés, & contre lefquels on n'a fourni aucunes preuves de délit, foient invités à fe fufpendre de leurs fonctions: quelquesuns se prêtent à cette mesure. On décrete que le commandant de la force armée fera mandé à la barre pour y rendre compte dé fa conduite, & de qui il tient les ordres qu'il a reçus : ce décret n'est pas exécuté. Deux factionnaires menacent un député : on décrete qu'ils feront traduits à la barre la force s'oppose encore à l'exécution de ce second décret. Alors, on demande que la féance foit levée, & que le Temple des loix foit fermé: on leve la féance, le préfident marche à la tête de la convention; il ordonne aux fentinelles de fe retirer; la convention parvient jusqu'au milieu de la cour fans trouver de réfistance, mais arrivée là, le commandant de la force armée lui ordonne de rentrer le préfident lui dit que la convention n'a aucun ordre à recevoir; qu'elle tient fes pouvoirs du peuple Français ; & que le peuple Français peut feul lui commander. Le commandant Henriot tire fon fabre, fait ranger fa cavalerie en bataille, ordonne aux canonniers de pointer leurs canons: fes foldats font prêts à faire feu..... Le pré

fident rétrogade; les députés le fuivent dans tous les rangs; ils fe préfentent avec lui aux différentes iffues; mais toutes étaient fermées & défendues par du canon. Enfin, l'affemblée ne pouvant fe retirer, elle reprend sa séance; que difons-nous? elle rentre dans fa prifon, & quelques membres décretent que Genfonné, Guadet, Briffot, Gorfas, Pétion, Vergniaud, Salles, Barbaroux, Chambon, Buzot, Biroteau, Lidon, Rabaut, Lafource, Lanjuinais, Grangeneuve, le Hardy, le Sage, Kervelegan, Gardien, Boileau, Bertrand, Vigée Mollevaut, La Riviere, Gomaire & Bergoin, feront mis en état d'arreftation chez eux, & pourquoi........? Nous ne devons pas laiffer ignorer que Couthon, fur la propofition de Marat, demande qu'on ajoute à ce nombre Valazé & Louvet, & quelques membres y confentent; car la plupart n'ont point participé à cette humiliante délibération. Après le décret figné, une députation fe préfente pour témoigner fa fatisfaction fur le décret rendu, et vient offrir un nombre égal des citoyens pour fervir d'ôtages aux députés mis en état d'arreftation.

Français, qui voulez être libres & républicains, voilà des faits que l'on n'oferait pas même nier: nous ne vous les repréfentons qu'en maffe, & nous éloignons des détails plus atroces encore. La repréfentation nationale emprifonnée, avilie, délibérant fous les poignards d'une faction audacieufe, n'existe plus. Ne laiffez pas ufurper vos droits plus long-temps; ne laiffez pas l'exercice de la fouveraineté nationale en de telles mains; fauvez la liberté, l'égalité fainte, l'unité & l'indivifibilité de la république: fans elles, la France eft perdue. Repouffez avec horreur toutes propofitions tendantes au fédéralisme; ralliez-vous, ferrez-vous preffez-vous de toutes parts, vous pouvez encore fauver la chofe publique. La chose publique ré

fide dans la France entiere; elle n'eft pas resserrée, concentrée, comme on le voudrait, dans les feuls murs de Paris. Vos représentans détenus ne pourront y parler; qu'importe, ils fauront mourir dignes encore de vous, dignes d'eux-mêmes, trop heureux fi la patrie fe fauve après eux. Lorfque le moment des vengeances nationales fera arrivé, Français, n'oubliez jamais que Paris n'est pas coupable; que les citoyens de Paris ignoraient les complots dont on les rendait eux-mêmes les aveugles inftrumens; non ce n'est pas fur Paris que la main terrible & toute puiffante de la nation doit s'appéfantir, mais fur cette horde de brigands, de fcélérats qui fe font emparés de Paris, qui dévorent Paris & la France, qui ne peuvent vivre que de crimes, & qui n'ont plus de falut que dans le défespoir même du crime. Adieu.

Paris, le 7 Juin, l'an deuxieme de la
République Française.

Extrait du rapport de S. JUST, sur la faction de BRISSOT, PÉTION et ROLAND, à la séance du 8 Juillet 1793.

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.....Aucun de ceux qui avaient combattu le 10 Août, ne fut épargné. La révolution fut flétrie dans de ses défenseurs, et de tous les tableaux personne consolans qu'offraient ces jours prodigieux, la mali,, gnité n'offrit au peuple Français que ceux de Septembre; tableaux déplorables sans doute, mais on ne donna point de larmes au sang qu'avait versé la cour? Et vous aussi, vous avez été sensibles aux agonies du 2 Septembre et qui de nous avait ,, plus droit de s'en porter les acousateurs inflexibles, ou de ceux qui, dans ce tems-là, jouissaient de l'autorité, et répondaient seuls de l'ordre public, et de la vie des citoyens, ou de nous tous qui arri;

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5, vions désintéressés de nos déserts? Pétion et Manuel étaient alors les magistrats de Paris. Ils répondaient à „, quelqu'un qui leur conseillait d'aller aux prisons, qu'ils ne voulaient point risquer leur popularité. Celui qui voit ,, égorger sans pitié est plus cruel que celui qui tue. Mais lorsque l'intérét a fermé le cœur de magistrats du peuet les a dépravés jusqu'à prétendre conserver leur popularité en menageant le crime, on en doit conclure qu'ils méditaient un crime eux-mêmes; », qu'ils ont dû conspirer contre la république, car ils n'étaient pas assez vertueux pour elle; ils ont dû ,, déplorer les forfaits qu'ils ont laissé commettre, pour n'en pas être accusés; ils ont dû jouer l'austérité pour adoucir l'horreur de leur conduite, et tromper leurs con,, citoyens.

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Accusateurs du peuple; on ne vous vit point le 2 9 Septembre entre les assassins et les victimes, quels,, qu'aient été les hommes inhumains qui verserent le sang vous en répondez tous, vous qui l'avez laissé répandre! Morande est-il assassiné, disait Brissot? Morande était son ennemi, Morande était dans les prisons. Les mêmes assassins ont provoqué des loix de sang contre le peuple; les mêmes assassins ont provo,, qué la guerre civile. L'épouvante se reproduisait sous toutes les formes...... 9,

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ERRATA du Tome 11.

Page 285. On lit à la note, Mad. la Princesse de Tarente eft le feul & dernier rejetton de l'ancienne maifon de Châtillon, &c. lifez, Madame la Princeffe de Tarente, & fa fœur, Madame la Ducheffe de Cruffol, font les derniers rejettons de l'ancienne maifon de Châtillon.

Page 325. Le comte Alex. de la Rochefoucault qui avait passé la journée auprès du Roi, lifez, le Comte François de la Rochefoucault.

Nouvelles Anecdotes sur les prisonniers d'Orléans massacrés à Versailles, à ajouter à la page 351.

Lorsque les prisonniers arriverent à Versailles, les soldats qui les avaient escortés, disaient hautement au peuple: quand est-ce donc que vous commencez? Ils

ne voulaient pas les massacrer en route, parce qu'alors rien n'aurait pu les disculper. A Versailles ils étaient plus à leur aise, et ils provoquaient les assassins.

Un des prisonniers ayant su en chemin, qu'on devait les transférer à Versailles trouva moyen de donner des ordres à un tapissier de cette ville de faire porter un lit pour lui dans une des loges de la menagerie. La commune de Versailles s'y opposa, en disant au Tapissier, qu'il n'y en avait pas besoin. Effectivement, il n'y avait pas le plus léger préparatif de fait pour recevoir les 53 prisonniers. Ni vivres, ni lits, ni paille, rien n'était prêt. On était assuré du massacre; et le choix d'un dimanche pour leur entrée à Versailles confirmait encore cette certitude.

M. le Duc de Brissac, attendant son tour pour être massacré, eut la présence d'esprit d'ordonner à un de ses gens qu'il apperçut d'aller recommander à Mad. la Comtesse du Barry, à qui il était tendrement attaché depuis la mort de Louis XV, de quitter pendant quelque tems sa maison de Luciennes, parce qu'il prévoyait qu'on y porterait ses membres déchirés. Les cannibales n'y manquerent pas.

Ils burent pendant toute la soirée dans les cabarets de Versailles, ayant sur la table les membres et les têtes de leurs victimes. Quinze jours après le massacre, on vit de ces bourreaux qui conservaient encore dans leurs poches, certaines parties du corps des prisonniers.

On assure que M. d'Abancourt, ministre de la guerre, tua quatre hommes avant de succomber sous le nombre des assassins. Ce M. d'Abancourt était un beau, brave, et honnête jeune homme, qui n'avait accepté le ministere, ainsi que M. de Ste. Croix, que pour obéir aux ordres positifs du Roi.

Les deux MM. de Montgon, se cacherent plusieurs jours, et plusieurs nuits dans le parc de Versailles. Ils firent demander un passeport à Pétion. Celui-ci le refusa. Il exigeait à la fin de Septembre, que ces deux jeunes gens vinssent se reconstituer prisonniers à l'Abbaye.

Ces nouveaux détails m'ont été donnés par un témoin oculaire depuis l'impression du récit qui précede.

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