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PRÉCIS HISTORIQUE

De la Révolution du 31 Mai 1793; Déchéance des GIRONDINS, des BRISSOTINS, etc.

Neque lex eft justior ulla,

Quam necis artifices arte perire fua.

Compte rendu de 22 Députés à leurs Commettans.

FRANÇAIS,

LORSQUE la représentation nationale ceffe d'être libre, & que la vérité eft étouffée, le temple des loix doit être fermé; & alors, ne pouvant remplir notre mandat, le premier de nos devoirs eft celui de vous inftruire. Nous nous bornons à des faits évidens, & nous vous laiffons le foin d'en tirer les conféquences.

Une loi avait ordonné, dans les fections de Paris, la formation de comités de furveillance, fur les étrangers & gens fufpects. Cette loi a été éludée au lieu de comités de furveillance, on avait créé, de la maniere la plus illégale, des comités révolutionnaires qui étaient contraires à l'intention & à la lettre de la loi.

Les comités révolutionnaires ont créé un comité central, compofé d'un membre de chaque comité de fection. Cette commiffion centrale a délibéré fecrétement; enfuite elle a fufpendu les autorités conftituées; elle a pris le nom de conseil révolutionnaire du département de Paris, & s'eft invefti, ou plutôt a ufurpé un pouvoir dictatorial.

Une commiffion extraordinaire avait été créée dans le fein de la convention, pour dénoncer les actes illégaux & arbitraires, des différentes autorités conftituées de la république; pour découvrir et poursuivre les complots tramés contre la liberté et la sûreté de la représentation nationale, & pour faire arrêter ceux qui leur feraient dénoncés comme chefs de conjuration. Les comités révolutionnaires font venus le 27 Mai, ont entouré la convention d'hommes armés, & ont demandé la fuppreflion de cette commiflion. Leur demande eft décrétée par affis & levé, & le lendemain rappor tée par appel nominal, jusqu'à ce que le comité eût fait son rapport; (mais on a conftamment refufé d'entendre fon rapporteur.) Le 30, le conseil révolutionnaire vint intimer à la convention l'ordre de fupprimer la commiffion extraordinaire. Au milieu des pétionnaires armés, couverts des huées & des rugiffemens des tribunes, entourés de canons, quelques membres décretent la fuppreffion de la commiffion. Le 31, on bat de nouveau là générale; le tocfin fonne; on tire le canon d'alarme. A ce fignal, tous les citoyens prennent les armes, & reçoivent l'ordre de fe rendre autour de la convention. Quelques députations viennent demander le décret d'accufation contre trente-cinq membres de la convention : l'affemblée, qui avait unanimement improuvé cette pétition faite dans le mois d'Avril par quelques fections appuyées de la municipalité, & qui l'avait déclarée calomnieuse, la renvoie cependant à l'examen de fon comité de falut public, pour en faire fon rapport fous trois jours. Le premier Juin, vers les trois heures du foir, le confeil révolutionnaire fait marcher la force armée pour inveftir le palais national; il fe préfente dans la nuit à la barre, & demande le décret d'accufation contre les dénon

cés. La convention paffe à l'ordre du jour, motivé fur le renvoi, & ordonne aux pétitionnaires de dépofer au comité de falut public, les preuves des délits imputés aux accufés.

Depuis le 30, les barrieres avaient été fermées, les administrateurs des poftes fufpendus, les journaux arrêtés, les paquets ouverts, les lettres décachetées & recachetées enfuite avec un fceau portant cet exergue : révolution du 31 Mai 1793; ou avec un autre fceau du comité de salut public.

Le comité de falut public, attendait des preuves pour faire fon rapport, lorfque le dimanche 2 Juin, le confeil révolutionnaire fe préfente de nouveau à la barre, & demande, pour la derniere fois, le décret d'accufation contre les dénoncés. L'affemblée paffe à l'ordre du jour, mais alors les pétitionnaires font figne aux fpectateurs de fortir & de courir aux armes, pour obtenir par la force ce que la juftice défendait d'accorder. A midi, le tocfin fonne; la générale bat; les citoyens font forcés de prendre les armes & d'obéir au chef que le confeil révolutionnaire leur avait donné; ils fe portent en armes autour de la convention : plus de cent pieces de canon entourent le palais national; des grils à boulets rouges font placés aux Champ-Elysées; la garde de la convention, ainsi que les vrais citoyens, font confignés dans les corps de garde; les canons font braqués à toutes les avenues; les portes font fermées; la configne eft donnée de ne laiffer fortir aucun député, & de tirer fur le premier qui voudrait regarder à travers les croifées ; Duffaulx, le vénérable Dussaulx, eft indignement frappé; Boiffy d'Anglas a fa chemife déchirée; un grand nombre d'autres font infultés par des vils fatellites qui les repouffent à toutes les iffues; les bataillons, qui depuis plufieurs jours devoient être partis pour la Vendée, arrivent

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