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brider Bournonville, s'il lui prenait une seconde fois fantaisie d'aller attaquer Trêves.

Le reste de ces renforts appartiendra à M. de Clairfayt, et lui composera vers le 15 Février, une armée de 60000 hommes, avec lesquels il ne lui sera pas difficile de balayer toute la vermine patriotique. Clairfayt est toujours près Juliers, retranché derriere la Roer, riviere marécageuse; ainsi, avec ses 15,000 hommes, Clairfayt aura arrété, pendant deux mois, Finvasion des barbares.

Beaulieu, avec une armée volante, rode dans les Ardennes, depuis Bastogne, Marche-en Famine jus qu'auprès de Namur, enlevant tous les corps éparpillés ou peu vigilans. Il est à croire qu'il se prépare à couper les derrieres de l'armée en retraite, tandis que Clairfayt F'attaquera de front; les dispositions du pays sont telles que ce qui échappera aux sabres des hussards, n'échappera pas aux fourches des paysans.

L'armée patriotique est dans un état pitoyable. Des bataillons entiers n'existent plus ; d'autres ne consistent qu'en 60 hommes. Ailleurs, des compagnies sont réduites à trois hommes; l'infanterie est perdue; la cavalerie tient encore un peu; mais la campagne d'hiver, le défaut de soin et de remonte la perdra. Le Général Steigel a eu la cuisse cassée le 21 Janvier.

La Hollande recrute 50 hommes par compagnie de régimens Suisses, et 20 par compagnie de régimens nationaux, total 12,000 hommes. L'Electeur de Cologne, Evêque de Munster, lui donne de plus 2500 hommes, et le Prince de Waldeck un régiment. Les mouvemens de la Hollande sont combinés sur ceux de la Prusse et de l'Angleterre. L'armée de Wesel couvrira sa frontiere et fera taire les freres et amis d'Amsterdam.

Les ordres sont donnés pour que 100,000 hommes de troupes Autrichiennes se mettent en marche des états de l'Empereur. Ainsi les 68,000 hommes actuellement en route, ces nouvelles colonnes, ce qui existait déja dans te Luxembourg, le Brigsaw et Juliers, les troupes Autrichiennes qui sont dans le Piémont, formeront un total de 250,000 hommes pour l'Empereur.

Le Roi de Prusse agira avec 150,000 hommes. Le contingent d'Hanovre sera de 16,000 hommes; celui de Saxe 16,000, celui de Hesse et de Darmstadt de 18,000, celui de Baviere et de Wirtemberg 12,000; total 62,000 hommes.

Les troupes du Piémont et d'Espagne monteront à plus de 50,000 hommes.

Si l'Angleterre, l'Espagne et la Hollande combinent leurs flottes, ce sera encore plus de 100,000 matelots à ajouter aux listes ci dessus.

Il est toujours question de 25,000 Russes, commandés par le Général Suvarow, qui doivent se rendre sur le Rhin; et l'on ajoute que, parmi ces Russes, sont des régimens d'un aspect effroyable et d'une férocité inouie.

Voilà donc près de 650,000 hommes, destinés à fondre sur la France au printems prochain.

La nomination du frere du Duc de Brunswick au commandement de l'armée de Wesel, prouve que la confiance du Roi de Prusse dans ce Généralissime n'est pas du tout altérée. Le projet est toujours de réduire Mayence par misere. Les patriotes ont fait autant de mal que Louvois au Palatinat, ils ont déja arraché, pour se chauffer, toutes les vignes de ces coteaux tant célébrés par les muses Germaniques.

L'Angleterre est la seule puissance qui ait su attaquer la France. On ne doit croire à la force des armées, qu'autant qu'on les fera précéder de mesures capables d'affaiblir le monstre que l'on veut dompter, et l'Angleterre a seule vu où il fallait le frapper. C'est aux assignats qu'il faut déclarer la guerre ; à ces assignats, avec lesquels les patriotes ont acheté jusqu'ici le bled, le fer, l'or, et le secret de leurs ennemis, avec lesquels ils les acheteraient eux-mêmes : si d'un bout de l'Europe à l'autre, 'on s'accordait pour les proscrire, si toute communication maritime était interceptée depuis Archangel jusqu'à Malthe, alors la république n'aurait ni un sac de bled, ni un cheval, ni un bœuf, ni un boulet et certes, avant 6 mois, les trois millions de républicains armés, noyés dans un océan de papiers et de murmures, tomberaient aux genoux des puissances coalisées, et donneraient leurs armes pour un morceau de pain.

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VERS

Pour être mis au bas des Portraits de la Famille

Royale de France.

Par le Comte Alex. de Tilly.

Pour le Portrait de Louis XVI,

Il ne fut que mourir, aimer & pardonner

S'il avait fu punir, il aurait fu regner.

Pour celui de Louis XVII.

Retrace-nous les traits, & l'ame de ta mere,
Echappe aux affaffins, & venge un jour ton pere.
Pour celui de la Reine.

Toi, qui de tes malheurs as rempli l'univers,
D'un Trône enfanglanté, toi, dont la chute étonne,
L'Europe en pleurs s'indigne de tes fers,

Et la postérité te rendra ta couronne.

Pour celui de Madame Royale,

Vous avez tout l'éclat, & la fratcheur nouvelle
De la Reine des fleurs,

Puiffiez-vous à l'abri des Autans deftructeurs
Vivre plus qu'elle.

Pour celui de Madame Elisabeth,

De la religion n'écoutant que la voix,
Sa piété fut douce, indulgente, fincere;

Hélas! elle mourra deux fois,
Puifqu'elle furvit à fon frere.

Moralité.

Vous qui fixez ces traits, & du cœur & des yeux,
Ofez, en les voyant vous trouver malheureux!

Pour le portrait d'un monstre qu'on appella le
Duc d'Orléans.

Son fiecle épouvanté frémit de fa naiffance :
Nos neveux confondus nieront fon existence.

1

RÉFLEXIONS SUR L'EXIL,

Traduites de Bolingbroke, et dédiées aux malheureux Français expatriés.

La diffipation d'efprit & le tems font les remedes fur lefquels la plupart des hommes comptent dans leurs afflictions. Mais le premier de ces remedes n'a qu'un effet paffager; le fecond eft tardif, & tous les deux font indignes de l'homme fage. Devons-nous nous fouftraire à nous-mêmes afin d'éviter nos malheurs, & follement imaginer que nos maux font finis, parce que nous crouvons les moyens de les foulager un inftant; ou bien attendrons-nous du tems, ce médecin des brutes, une guérison lente & incertaine? Attendrons-nous pour être heureux que nous puiffions oublier nos miferes, & devrons-nous à la faibleffe de nos facultés la tranquillité qui devrait être le produit de leur force? Non, fachons mettre à la fois devant nos yeux toutes nos peines préfentes & paffées, fachons les vaincre au lieu de les fuir, ou d'en atténuer le sentiment par une longue & ignominieuse patience. Au lieu de palliatifs, ufons du tranchant & du cauftique, fondons la plaie, afin d'en venir à une cure immédiate & radicale.

Le fouvenir d'anciennes infortunes fert à fortifier l'efprit contre les plus récentes. Celui-là doit rougir de ne pouvoir supporter les douleurs d'une feule bleffure, qui promene fa vue fur un corps cicatrifé, échappé à tous les combats où il s'eft expofé. Que les foupirs, les larmes & la faibleffe de céder aux moindres coups de la mauvaise fortune foient le partage de ces malheureux, dont

l'ame eft énervée par une longue fuite de prof pérités, tandis que ceux qui ont vécu des années entieres dans le malheur, le foutiennent avec une conftance noble & invariable contre les plus cruels événemens; la mifere non interrompue produit ce bon effet par fes tourmens continuels, c'eft qu'elle endurcit à la fin.

:

Tel eft le langage de la philofophie heureux T'homme qui acquiert le droit de le tenir ; mais ce droit ne s'obtient point par des difcours pathétiques. Notre conduite peut feule nous le donner: c'eft pourquoi, bien loin de nous prévaloir de nos forces, la méthode la plus sûre eft d'avouer notre faibleffe, & de nous appliquer fans perte de tems à l'étude de la fageffe. Ce fut le confeil que l'oracle donna à Zenon, & c'eft le feul moyen d'affurer notre tranquillité au milieu de tous les accidens auxquels la vie humaine est exposée. La philofophie a, je le fais, fes hafards auffi bien que la guerre : & parmi fes enfans, plufieurs font devenus moins que des hommes, en cherchant à s'élever au-deffus. Les moyens de prévenir ces dangers font faciles & sûrs. C'eft une bonne regle de bien examiner, avant de nous attacher à une fecte mais je penfe que c'en eft une meilleure encore de ne nous attacher à aucune. Ecoutons-les toutes avec une parfaite indifférence fur le côté où gît la vérité, & quand on a pris fon parti, que l'on s'y tienne avec refpect. Recevons avec reconnaiffance les fecours de tous ceux qui ont cherché à corriger les vices des hommes, à fortifier leurs efprits; mais choififfons pour nousmêmes, fans nous foumettre entierement à perfonne. Ainsi, afin de citer en exemple la tecte dont j'ai déja fait mention, quand nous aurons mis à l'écart les maximes étonnantes, & tous les paradoxes du Portique, nous trouverons dans

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