Page images
PDF
EPUB

La croix des prélats - commandeurs a la colombe des deux côtés, parce qu'ils n'ont que l'ordre du Saint-Esprit, & non celui de faint - Michel.

ESPRIT, (Saint-) ORDRE DU SAINT-ESPRIT DU DROIT DESIR, ordre de chevalerie inftitué à Naples dans le château de l'Euf en 1352, par Louis d'Anjou dit de Tarente, Prince du fang de France, roi de Jérufalem & de Sicile, & époux de Jeanne prem. reine de Naples. Les conftitutions de cet ordre étoient en vingt-cinq chapitres, dont voici le préambule dans le ftyle de ces temps-là: « Nous Loys, » par la grace de Dieu, roi de Jérufalem & de Si»cile, allonneur du Saint- Efprit; lequel jour par » la grace nous fumes couronnés de nos royaumes, » en effaucement de chevalerie & accroiffement » d'honneur, avons ordonné de faire une compa» gnie de chevaliers qui feront appellés les cheva» liers du Saint- Efprit du droit defir, & lefdits che»valiers feront au nombre de trois cents, defquels » nous, comme trouveur & fondeur de cette com"pagnie, ferons princeps, & auffi doivent être tous nos fucceffeurs, rois de Jérufalem & de Sicile, &c. »

Mais la mort de ce Prince qui ne laiffa point d'enfans, & les révolutions dont elle fut fuivie, firent périr cet ordre prefque dès fa naiffance. On ne fait comment les conftitutions en tombèrent entre les mains de la république de Venife, qui en fit préfent à Henri III. lorfqu'il s'en retournoit de Pologne en France. On dit que ce prince en tira l'idée & les ftatuts de l'ordre, qu'il inftitua enfuite fous le nom du Saint-Efprit; & que pour ne pas perdre le mérite de l'invention, il remit ces conftitutions du roi Louis d'Anjou au fieur de Chiverny, avec ordre de les brûler; ce que celui-ci ayant cru pouvoir négliger fans préjudice de l'obéiffance due à fon fouverain, elles fe font confervées dans fa famille, d'où elles avoient paffé dans le cabinet du président de Maifons, & M. le Laboureur les a données au pu

blic dans fes additions aux mémoires de Caftelnau. Mais en comparant ces ftatuts avec ceux qu'Henri III. fit dreffer pour fon nouvel ordre du Saint- Efprit, on n'y trouve aucune conformité qui prouve que ceux-ci foient une copie des premiers. (G)

ESSONNIER, f. m. double orle qui couvre l'écu dans le fens de la bordure. C'étoit autrefois une ei. ceinte où l'on plaçoit les chevaux des chevaliers en attendant qu'ils en euffent befoin pour le tournoi, & avant que le tournoi fût ouvert. Il y avoit dans cette enceinte des barres & des traverses pour Jes féparer les uns des autres.

ESSORANT, TE, adj. fe dit des oifeaux, & particulièrement de l'aigle pofée de profil en prenant fon effor.

Gon de Vaffigny, d'azur, à une aigle de profil & efforante d'or. (Pl. VI. fr. 302.)

ESSORÉ, ÉE, adj. fe dit de la couverture d'une maifon ou d'une tour, quand elle eft d'un autre émail que celui du corps du bâtiment.

Cafanova, en Espagne; d'azur, à une maison

[blocks in formation]

ETIENNE (l'Ordre de faint), de Tofcane, fut inftitué, le 2 août 1554, par le grand duc Côme de Médicis, à l'occafion d'une victoire qu'il venoit de remporter à Marciano.

Le Pape Pie IV confirma cet ordre par une bulle du premier février 1561.

Les chevaliers s'obligèrent de défendre les côtes de Tofcane des defcentes & des incurfions des Turcs & des Maures de barbarie.

La croix de cet ordre eft à huit pointés émaillée de gueules, attachée par trois chaînons à une chaine le tout d'or. (Voyez planche XXV, fig. 47.) (G. D. L. T.)

ÉTINCELANT, TE, adj. fe dit des charbons & des flammes d'où il paroit fortir des étincelles. On appelle écu étincelant celui qui en paroît femé.

Bellegarde des Marches, en Savoie; d'où eft forti le grand chancelier de Savoie, Janus de Bellegarde, porte d'azur à la fphère de feu en fafce, courbée d'un angle du chef à l'autre, rayonnante & étincelante vers la pointe de l'écu d'or, au chef de même chargé d'une aiglette de fable. (Pl. VII. fig. 384.) ETOILE, marque qui caractérise les ordres de la jarretière & du bain.

L'ordre de l'ÉTOILE, ou de Notre-Dame de l'étoile, eft un ordre de chevalerie inftitué ou renouvellé par Jean, roi de France, en l'année 1352; ainfi nommé, à caufe d'une étoile qu'il portoit fur l'eftomac.

D'abord il n'y eut que trente chevaliers, & de la nobleffe la plus diftinguée; mais peu à peu cet ordre tomba dans le mépris, à caufe de la quantité de gens qu'on y admit fans aucune diftinction : c'eft pourquoi Charles VII, qui en étoit grandmaître, le quitta & le donna au chevalier du guet de Paris & à fes archers. Mais d'autres traitent tout cela d'erreur, & prétendent que cet ordre fut inftitué par le roi Robert en 1022, en l'honneur de la fainte Vierge, durant les guerres de Philippe-deValois, & que le roi Jean fon fils le rétablit.

Le collier de l'ordre de l'étoile étoit d'or à trois chaines, entrelacées de roses d'or émaillées alternativement de blanc & de rouge, & au bout pen

doit une étoile d'or à cinq rayons. Les chevaliers portoient le manteau de damas blanc, & les doublures de damas incarnat; la gonnelle ou cotté d'armes de même, fur le devant de laquelle, au côté gauche, étoit une étoile brodée en or. Les chevaliers étoient obligés de dire tous les jours une couronne ou cinq dixaines d'Ave Maria, & cinq Pater, & quelques prières pour le roi & pour fon état. Ce qui prouve que cet ordre a été inftitué par Robert, & non par le roi Jean, c'est qu'on trouve une promotion de chevaliers de l'étoile fous le premier, fous Philippe - Augufte, & fous faint Louis. 2°. Il ne paroît pas que, Charles VII ait avili, comme on prétend, l'ordre de l'étoile; puifque trois ans avant la mort il le conféra au prince de Navarre, Gafton de Foix, fon gendre. Il est bien plus probable que Louis XI ayant inftitué l'ordre de faint Michel, les grands, comme il arrive ordinairement, afpirèrent à en être décorés, & que celui de l'étoile tomba peu à peu dans l'oubli.

Juftiniani fait mention d'un autre ordre de l'étoile à Meffine en Sicile, qu'on nommoit auffi l'ordre du croiffant. Il fut inftitué en l'année 1268 par Charles d'Anjou, frère de faint Louis roi des deux Siciles.

[ocr errors]
[blocks in formation]

ETOILE, f. f. meuble de l'écu, représentation d'une étoile dont on charge fouvent les pièces honorables: elle diffère de la molette ou roue d'un éperon, en ce qu'elle n'eft point percée comme la molette.

L'étoile eft ordinairement compofée de cinq rayons ou pointes ; quand il y en a fix ou huit, comme parmi les Italiens & les Allemands, il faut Pexprimer en blafonnant.

Sur les médailles, les étoiles, comme fymboles Téternité, font une marque de confecration & de deification. Le père Jobert, dans fa Science des médailles, dit qu'elles fignifient quelquefois les

enfans des princes régnans, & quelquefois les enfans morts & mis au rang des dieux.

Tarteron, d'or, au crabe ou fcorpion de fable, au chef d'azur, chargé de trois étoiles d'argent. (Pl. VII. fig. 347. )

Morien, en Weftphalie; d'argent, à la bande baftillée de trois pièces à plomb de fable, & en chef d'une étoile à fix raies de gueules. (Pl. III. fig. 149.)

Affas, dans les Cevennes ; dont étoit le chevalier d'Affas fi connu par fon généreux dévouement à l'affaire de Cloftercamp en 1760; d'or, au chevron d'azur, accompagné en chef de deux pins de finople, & en pointe d'un croiffant de l'émail du chevron, au chef auffi d'azur, chargé de trois étoiles du champ.

Geliot, d'azur, à trois étoiles d'or pofées en pal. (Pl. VII. fig. 375.)

Châteauneuf, d'or, à une étoile à huit rais de gueules. (Fig. 376.)

Des Baux, de gueules, à une étoile à seize rais d'argent. (Fig. 377-)

ÉTOILE, EE, adj. La croix étoilée ou en étoile eft celle qui eft formée par des étoiles difpofées en

croix.

ÉTOLE, ordre de chevalerie inftitué par les rois d'Arragon. On ignore le nom du prince qui en fut l'inflituteur, le temps de fa création, auffi bien que le motif de fon origine, & fes marques de diftinction: on conjecture feulement qu'elles confiftoient principalement en une étole ou manteau fort riche, & que c'eft de là que cet ordre a tiré fon nom; les plus anciennes traces qu'on en trouve ne remontent pas plus haut qu'Alphonfe V, qui commença à régner en 1416. Juftiniani prétend que cet ordre a commencé vers l'an 1332.

ÉTOLE D'OR, (ordre militaire à Venife) ainfi nommé, à cause d'une étole d'or que les chevaliers portent fur l'épaule gauche,& qui tombe jusqu'aux genoux par-devant & par derrière,& qui eft large d'une palme & demie. Perfonne n'eft élevé à cet ordre, s'il n'eft patricien ou noble Vénitien. Juftiniani remarque qu'on ignore l'époque de fon inflitution.

ÉTRIER, f. m. meuble d'armoiries repréfentant l'étrier qui fert à monter à cheval.

L'ufage des étriers n'étoit point connu du temps des anciens tournois ni des croifades; on se servoit alors de fautoirs qui étoient des cordons couverts d'une riche étoffe.

Bourdelet de Montalet, d'azur, au chevron d'or, accompagné de trois étriers de même. (Pl. X. fig. 512.)

EUCINA, ordre de chevalerie qui fut établi, felon quelques-uns, l'an 722, par Garcias Ximenés, roi de Navarre. Sa marque de diftin&tion étoit, à ce que l'on dit, une croix rouge fur une chaine; & s'il étoit vrai qu'il eût exifté, ce feroit le plus ancien de tous les ordres de chevalerie; mais on en doute avec fondement.

ÉVIRÉ, adj. fe dit d'un lion ou autre animal dont rien n'indique le fexe.

EXCELLENCE,

[ocr errors]

EXCELLENCE, f. f. eft un titre d'honneur qu'on donne aux ambassadeurs & à d'autres perfonnes qu'on ne qualifie pas de celui d'alteffe, parce qu'ils ne font pas princes, mais qu'ils font au deffus de toutes les autres dignités inférieures.

En Angleterre & en France on ne donne ce titre qu'aux ambaffadeurs mais il eft fort commun en Allemagne & en Italie. Autrefois ce titre étoit réservé pour les princes du fang des différentes maifons royales; mais ils l'ont abandonné pour prendre celui d'alteffe, parce que plufieurs grands feigneurs prenoient celui d'excellence.

Les ambaffadeurs ne font en poffeffion de ce titre que depuis 1593, quand Henri IV, roi de France, envoya le duc de Nevers en ambaffade auprès du pape, où il fut d'abord complimenté du titre d'excellence. Dans la fuite on donna le même nom à tous les ambaffadeurs réfidens dans cette cour, d'où cet ufage s'eft répandu dans les autres.

Les ambaffadeurs de Venife ne jouiffent de ce titre que depuis 1636, temps auquel l'empereur & le roi d'Efpagne confentirent à le leur donner.

Les ambaffadeurs des têtes couronnées ne veulent point donner ce titre aux ambaffadeurs des princes d'Italie, où cet ufage n'est point établi.

La cour de Rome n'accorde jamais la qualité d'excellence à aucun ambaffadeur quand il eft eccléfiaftique, parce qu'elle la regarde comme un titre féculier. Les règles ordinaires & l'ufage du mot excellence ont varié un peu par rapport à la cour de Rome. Autrefois les ambaffadeurs de France à Rome, donnoient le titre d'excellence à toute la

[ocr errors]

famille du pape alors régnant, au connétable Colonne au duc de Bracciano, & au fils aîné de tous ces feigneurs, de même qu'aux ducs Savelli, Cefarini, &c.... mais à préfent ils font plus réservés à cet égard; cependant ils traitent toujours d'excellence toutes les princeffes romaines.

aux

La cour de Rome de fon côté, & les princes romains donnent ce même titre au chancelier, miniftres & fécrétaires d'état, & aux préfidens des cours fouveraines en France, aux préfidens des confeils d'Espagne, au chancelier de Portugal, & à ceux qui rempliffent les premiéres places dans les autres états, pourvu qu'ils ne foient point ecclés fiaftiques.

Le mot excellence étoit autrefois le titre que portoient les rois & les empereurs : c'eft pourquoi Anastase le bibliothécaire appelle Charlemagne fon excellence. On donne encore ce titre au fenat de Venife, où après avoir falué le doge fous le titre de féréniffime, on qualifie les fénateurs de vos excellences.

Le liber diurnus pontif. rom. traite d'excellence les exarques & les patriciens.

Les François & les Italiens ont renchéri fur la fimple excellence, & en ont fait le mot excellentiffime & excellentiffimo, qui a été donné par plufieurs papes, rois, &c. mais le mot excellentiffime n'eft plus d'ufage en France. Wiquefort & Chambers. (G)

EXTRACTION, f. f. defcendance, généalogie, Voyez GÉNÉALOGIE.) Il faut prouver la nobleffe de fon extraction pour être admis dans quelques ordres de chevalerie, dans de certains chapitres, &c.

Hiftoire. Tom. 1.

FAILLI, IE, adj. fynonime de rompu, & qui se

dit des chevrons faillis ou rompus dans leurs montans: (Voyez au mot CHEVRON, l'article CHEVRON ROMPU, & voyez les armes de Meynier d'Oppède, pl. 4, fig. 205.)

FANON, f. m. meuble de l'écu repréfentant un large braffelet reffemblant au fanon ou manipule des prêtres & des diacres; c'étoit anciennement une manche pendante qu'on portoit près du poignet droit pour ornement.

Le fanon étoit fort en ufage en Allemagne, & c'eft de là que le terme de fanon eft venu; il fignifie chez les Allemands une pièce d'étoffe.

De Clinchamp de Caudecofte de Bellegarde, à Lizieux & à Evreux en Normandie; d'argent à trois fanons de gueules.

FASCE, f. f. une des pièces honorables de l'écu qui fe pofe au milieu horisontalement, & qui fépare le chef d'avec la pointe.

Béthune, d'argent à la fafce de gueules. ( Pl. II. fig. 100.)

La fafce occupe, felon les uns, le tiers, felon les autres les deux feptièmes de l'écu; on en peut voir les proportions pl. XXVIII. fig. 3.

Il y a quelquefois deux, trois ou quatre fafces dans l'écu, alors les diftances font égales aux fafces. (Voyez les armes des maifons d'Harcourt & de Saint-Chamans, pl. III, fig. 126 & 127. Voyez auffi pl. XXIX. fig. 10 & 11.)

Lorfqu'au deffus du nombre de trois les fafces font en nombre impair, elles s'appellent trangles en nombre pair burelles ; mais on varie fur ce point, & les auteurs héraldiques ne conviennent pas abfolument entre eux fi la différence des trangles & des burelles tient au nombre pair ou impair, ou à la largeur plus grande ou moindre de la pièce.

La fafce repréfente, dit-on, l'écharpe que les chevaliers portoient autrefois en forme de ceinture. FASCÉ, ÉE, adj. fe dit d'un écu divifé en fix ou huit parties égales de deux émaux alternés dans le fens de la fafce.

De Cruffol, fafcé d'or & de finople de fix pièces. (Pl. III. fig. 128. Voyez auffi pl. XXX. fig. 18 & 19.)

Si l'écu étoit divifé en dix fafces, de deux émaux alternés, il s'appelleroit burelé. (Voyez les armes de Luzignem ou Luzignan, pl. III. fig. 130.)

Les mots fafce & fafcé viennent du latin fafcia, qui fignifie une bande ou bandelette de toile, mais qui n'a aucun rapport, quant à la position, avec ce qu'on appelle en Blafon une bande; mais on appelle fafcés une bande, un chevron, un pal divifés en fafces.

Quelques-uns écrivent face & facé, & dérivent ces mots de facies, parce qu'en effet cette pièce fe préfente en face dans l'écu.

FAUCILLE, f. f. meuble qui entre dans quelques écus.

Haudt, d'argent, à trois faucilles de gueules, rangées en fafces. (Pl. X. fig. 555.)

FAUCON, f. m. oifeau de proie qui fe trouve fur plufieurs écus.

On dit du faucon, chaperonné, longé, grilleté perché, dans le même fens que de l'épervier. (Voyez ces mots, & voyez EPERVIER.)

Selon plufieurs auteurs, le faucon a été ainfi nommé, quafi falcatus, parce que fes ongles courbés & pointus imitent la courbure & la pointe de la faulx.

Falcos de la Blache, en Dauphiné; d'azur, au faucon d'argent.

Claviere de Saint-Roman, de Saint-Barthelemile-Phin, en Vivarais; de gueules, au dextrochère d'argent, portant deux faucons, l'un à dextre, de finople, l'autre à feneftre de pourpre, longé d'azur, les têtes affrontées.

FAULX, f. f. meuble d'armoirie repréfentant une faulx.

On dit emmanché du manche de la faulx, quand il est d'un émail particulier. "

On nomme ranchier le fer d'une faulx. Voyez pour les faulx pl. X. fig. 553, & pour les ranchiers ou fers de faulx pofés l'un fur l'autre en fafce la fig. 554.

FAUX, FAUSSE, adj. fe dit des armoiries qui ont.couleur fur couleur ou métal fur métal. Ón les appelle plus communément armes à enquérir ou enquerre. (Voyez au mot ARMES l'article ARMES A ENQUÉRIR. Voyez auffi le mot ENQUERRE.)

FEMME, f. f. Les figures humaines étant admifes dans le Blafon, des figures entières de femmes, ou feulement des têtes de femmes fe trouvent quelquefois fur les écus.

Andelberg, en Suède; d'argent, parti de gueules à une femme de carnation, habillée à l'allemande, les manches retrouffées, les mains pofées fur le ventre, partie de l'une en l'autre. (Pl. VIII. fig. 440.)

Grammont, d'azur, à trois buftes de reines de carnation, couronnées d'or à l'antique. (Fig. 441.)

FENDU EN PAL, DUE, adj. fe dit d'une croix fendue de haut en bas, & dont les parties font placées à quelque diftance l'une de l'autre.

FER, f. m. fe dit de plufieurs fortes de fers qui fe trouvent dans les écus, tels que les fers de lance, de javelot, de pique, de flèche; il fe dit auffi des fers à cheval. Ceux-ci font ordinairement repréfentés la pointe en-haut; & lorfque les clous font d'un émail différent, on dit des fers qu'ils font cloués de tel émail.

Ferrier, d'argent, à trois fers de pique d'azur. (Pl. IX. fig. 501.)

Millet, d'or, à trois fers de flèche, de fable.

.

Frefnay, d'hermine, à la fafce de gueules, accompagnée de trois fers de cheval d'or, trois en chef & un en pointe. (Pl. X. fig. 504 & 519.).

FER DE FOURCHETTE, croix à fer de fourchette ou fourchetée, eft une croix qui, à chacune de fes extrêmités, a un fer recourbé tel que celui dont les foldats fe fervent ou fe fervoient pour attacher leurs moufquets. On peut voir la différence de la croix four-hée à la croix fourchetée, ou croix à fer de fourchette, en comparant, pl. IV. les figures 179 & 180. FER DE MOULIN, f. m. eft une pièce de l'écu, qu'on fuppofe représenter l'ancre de fer qui foutient la meule d'un moulin.

FER D'OR (Chevalier du). Les chevaliers du fer d'or, & écuyers du fer d'argent (car ils réuniffoient ces deux titres), étoient une fociété de feize gentilshommes, en partie chevaliers, & en partie écuyers.

Cette fociété fut établie dans l'église de NotreDame de Paris en 1414, par Jean, duc de Bourbon, qui s'y propofa, comme il le dit lui-même, d'acquérir de la gloire & les bonnes graces d'une dame qu'il fervoit. Ceux qui entrèrent dans cette fociété, se proposèrent auffi de fe rendre par-là recommandables à leurs maîtreffes. On ne fauroit concevoir un plan plus extravagant d'actions de piété & de fureur romanefque, que celui qui fut imaginé par le duc de Bourbon.

Les chevaliers de fa fociété devoient porter, auffi bien que lui, à la jambe gauche, un fer d'or de prifonnier pendant à une chaîne. Les écuyers en devoient porter un femblable d'argent. Le duc de Bourbon eut foin d'unir étroitement tous les membres de fon ordre; & pour cet effet, il leur fit promettre de l'accompagner, dans deux ans au plus tard, en Angleterre,pour s'y battre en l'honneur de leurs dames, armés de haches, de lances, d'épées, de poignards, ou même de bâtons, au choix des adverfaires. Ils s'obligèrent pareillement de faire peindre leurs armes dans la chapelle où ils firent ce vœu, qui eft la chapelle de Notre-Dame de Grace, & d'y mettre un fer d'or femblable à celui qu'ils portoient, avec la feule différence qu'il feroit fait en chandelier, pour y brûler continuellement un cierge allumé jufqu'au jour du combat.

Ils reglèrent encore qu'il y auroit tous les jours une meffe en l'honneur de la Vierge, & que s'ils revenoient victorieux, chacun d'eux fonderoit une feconde meffe, feroit brûler un cierge à perpétuité, & de plus, fe feroit repréfenter revêtu de fa cotte d'armes, avec toutes fes armes de combattant; que fi par malheur quelqu'un d'eux étoit tué, chacun des furvivans, outre un fervice digne du mort, lui feroit dire dix-fept meffes, où il affifteroit en habit de deuil.

Cette fociété, pour comble d'extravagance, fut inftituée au nom de la fainte Trinité & de faint Michel, & elle eut le fuccès qu'elle méritoit. Le duc de Bourbon alla véritablement en Angleterre, à peu près dans le même-temps qu'il avoit marqué;

mais il y alla en qualité de prifonifier de guerre, & il y mourut au bout de dix-neuf ans, fans avoir pu obtenir fa liberté. Voyez, fi vous êtes curieux, de plus grands détails, l'Hiftoire des ordres de chevalerie du P. Héliot, tom. VIII, chap. v, c'est-à-dire, le recueil des folies de l'efprit humain en ce genre bifarre, depuis l'origine du Chriftianifme jufqu'au commencement de notre fiècle. Article de M. le chevalier DE JAU COURT.

FERMAIL, f. m. & FERMAUX au pl. Ce vieux mot fignifie les agraffes, crochets, boucles garnies de leurs ardillons, & autres fermoirs de ce genre dont on s'eft fervi anciennement pour fermer des livres,& dont l'ufage a été tranfporté aux manteaux, aux chapes, aux baudriers ou ceintures, pour les attacher. On les a auffi nommés fermalets ou fermaillets, & ils faifoient alors une espèce de parure, tant pour les hommes que pour les femmes.

Les fermaux font ordinairement représentés ronds & quelquefois en lofange, ce qu'alors il faut fpécifier en blafonnant. Quelques-uns appellent un écu fermaillé, quand il est chargé de plusieurs fer

maux.

Stuart, comte de Buchan, portoit de France à la bordure de gueules fermaillée d'or; on dit maintenant femée de boucles d'or.

J'ai avancé tout à l'heure que le FERMAIL étoit autrefois une espèce de parure. Joinville, décrivant une grande fête, qu'il appelle une grand'court & maifon ouverte, dit: » Et à une autre table man"geoit le roi de Navarre, qui moult eftoit paré » de drap d'or, en cotte & mantel, la ceinture, » fermail, & chapel d'or fin, devant lequel je » tranchoie «. Selon Borel, le fermail étoit un crochet, une boucle, un carquant, & autre atifet de femme. Mais on voit par cet endroit de l'hiftoire de Joinville, que les hommes & les femmes fe fervoient de cette parure, que les hommes mettoient tantôt fur le devant du chapeau, & tantôt fur l'épaule en l'affemblage du manteau. Auffi lifonsnous ces paroles dans Amadis, liv, 2: » Et laiffant " pendre fes cheveux, qui étoient les plus beaux que » nature produit onc, n'avoit fur fon chef qu'un fer» maillet d'or, enrichi de maintes pierres pré» cieufes «. Surquoi. Nicod ajoute » Et il a ce » nom, parce qu'il ferme avec une petite bande, » laquelle eft appellée fermeille ou fermaille; & » quant aux femmes, elles plaçoient leur fermail » fur le fein «.

Il eft dit dans Froiffard, c. 154: » Et fi eut pour » le prix un fermail à pierres précieufes, que ma» dame de Bourgogne prit en fa poitrine «. Voyez Ducange.

(Cet article eft de M. le chevalier de Jaucourt, & il eft refté entièrement tel qu'il étoit.)

Nous y ajoutons pour exemple les armes de la maifon de Mallet de Graville, de gueules, à trois boucles ou fermaux d'or, pofés deux & un. (Pl. X. fig. 516.)

L'auteur de la partie du Blafon, dans le fupplé

« PreviousContinue »