PERSONNAGES. BOURDEUIL. DAME-JEANNE, femme de charge. PROVERBE. SCÈNE IRE BOURDEUIL, FRANÇOIS. BOURDEUIL (Gen robe de chambre. ) FRANÇOIS! François! FRANÇOIS.: Eh bien! eh bien! me voilà, ce n'est pas la peine de crier si fort. BOURDEUIL. Je le voudrois bien; car cela me fait grand mal à la poitrine. FRANÇOIS. Que ne prenez-vous patience! BOURDEUIL. Tu fais bien tout ce qu'il faut pour m'y accou tumer. FRANÇOIS. Ce n'est donc pas ma faute, si vous ne vous corrigez pas. BOURDEUIL Si tu faisois raccommoder ma sonnette, je ne serois pas obligé de t'appeler.. FRANÇOIS. Ah! oui, je ferai raccommoder votre sonnette, pour que vous sonniez à tous les quarts d'heure! Je n'aurois pas un moment de repos. BOURDEUIL. Mais, est-ce que je ne te paie pas pour me servir? FRANÇOIS. Oui, mais non pas pour me tuer à votre service. BOURDEUIL. Et tu ne fais jamais la moitié des choses que je te demande. FRANÇOIS. Parce que vous m'en demandez trop. Trop? BOURDEUIL. FRANÇOIS Sans doute! je connois mieux vos besoins que vous. BOURDEUIL. Tu me fais toujours déjeuner plus tard que je ne veux. FRANÇOIS. C'est pour que vous ayez plus d'appétit, et par conséquent plus de plaisir. BOURDEUIL. Il aura toujours raison! FRANÇOIS. Il faut bien que chacun ait son tour. BOURDEUIL. 'Ah ça! il faut que tu ailles savoir des nouvelles de madame d'Alainval, Bon! elle se porte mieux que vous: FRANÇOIS. BOURDEUIL. Elle étoit malade hier au soir. FRANÇOIS. Vous croyez cela! vous ne connoissez pas les femmes, à votre âge. Elle aura eu une querelle avec son mari, elle aura dit que ses nerfs la tour mentoient. BOURDEUIL. C'est une femme trop sensée pour cela. FRANÇOIS. Oui, trop sensée ! Vous la connoissez bien! BOURDEUIL. Sais-tu qu'elle est ma nièce? FRANÇOIS. Pardi! vous ne me l'apprendrez pas; je connois mieux votre famille que vous. BOURDEUIL. Eh bien ! pourquoi ne veux-tu pas y aller? elle a toutes sortes de bontés pour toi. FRANÇOIS. Je me soucie bien de ses bontés; voilà quelque chose de bien rare! Quand ces Dames-là prennent garde à nous autres, il semble que c'est une grande faveur qu'elle nous font. |