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DES BOULEVARDS,

PROVERBE.

VOUS

SCÈNE IRS.

LE COMMANDEUR, M. MODILLON.

M. MODILLON ( roulant des plans).

ous voyez bien, Monsieur, que d'après tous nos arrangemens, ce salon-ci sera superbe.

LE COMMANDEUR (en robe de chambre).

Et je verrai dans les carrosses tout le monde qui passera sur les Boulevards, monsieur Modillon ?

M. MODILLON.

Oui, monsieur le Commandeur, et cela sans être vu, si vous le voulez: le dos à la fenêtre, en lisant, vous n'aurez qu'à lever les yeux sur la glace qui sera vis-à-vis de vous.

LE COMMANDEUR.

Il est vrai qu'il n'y a rien de si agréable.

M. MODILLON.

D'autant mieux que dans le même instant, si vous êtes las du bruit de la ville, l'autre côté du salon vous offre la campagne la plus riante et la plus

tranquille, et que vous voyez le tout ensemble, si

vous le voulez.

LE COMMANDEUR.

Je comprends cela. Le jardin sera un peu petit,

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Il est vrai on ne s'y promène que dans les boues de la ville, et aux risques et périls de sa vie; mais cela est amusant.

M. MODILLON.

J'oubliois de vous dire que votre jardin sera vert dans toutes les saisons.

Comment cela?

LE COMMANDEUR.

M. MODILLON.

Je le ferai tout en portiques de treillages peints en

vert..

LE COMMANDEUR.

Vous avez raison; mais j'y voudrois des espaliers et des cerisiers d'Angleterre, en plein vent. Herb M. MODILLÓN. T

Tout cela sera sur la petite terrasse. im og al mLE COMMANDEUR.

i

Fort bien! fort bien ! l'appartement de ma nièce, comme nous avons dit, aurà les boudoirs et les garde-robes ajustés et peints.

Dorés.

Cela sera cher.

M. MODILLON.

LE COMMANDEUR.

M. MODILLON.

Non; cela ne peut pas aller bien haut.

LE COMMANDEUR.

A la bonne heure! je veux qu'elle se plaise autant que moi dans cette maison; c'est une veuve de vingt ans, et qui est charmante, parce qu'elle a tous les caprices, toutes les fantaisies, et même les nerfs des femmes de Paris. Je l'aime passionnément; je voudrois seulement qu'elle se remariât.

M. MODILLON.

Cela viendra; et l'appartement du second...

LE COMMANDEUR.

Sera pour son mari: un militaire se trouve toujours bien logé.

M. MODILLON.

On pourroit bâtir à côté de l'appartement de madame la Baronne...

LE COMMANDEUR.

Non, non, je veux bien dépenser vingt mille francs pour tous les changemens; mais voilà tout. Ah ça, quand aurai-je des ouvriers?

M. MODILLON.

Dans une heure, vous saurez cela.

LE COMMANDEUR.

Le plus tôt vaudra le mieux.

M. MODILLON.

Eh bien ! demain peut-être.

LE COMMANDEUR.

Vous me ferez grand plaisir. Adieu, monsieur Modillon.

SCÈNE II.

LA BARONNE, LE COMMANDEUR,

LE COMMANDEUR,

Il n'y aura pas une plus jolie maison à Paris! Ah! ma nièce, je viens de faire des arrangemens!...

LA BARONNE.

Pourquoi donc, mon oncle?

LE COMMANDEUR.

Pour cette maison-ci. Elle sera délicieuse ! elle ne me coûte que cinquante mille francs, mais je ne la donnerois pas pour cent. Ne trouvez-vous pas la position charmante ?

LA BARONNE.

Comme cela. Il seroit plus convenable de demeurer au faubourg Saint-Germain.

LE COMMANDEUR.

Oui mais ceci est plus riant; et vous verrez, quand j'aurai dépensé encore ici vingt mille francs, ce que cela deviendra. Vous n'en voudrez jamais. sortir.

LA BARONNE,

Il faudra que je rende mes trois loges de spectacle; n'est-ce pas ?

Je ne dis pas

LE COMMANDEUR.

cela.

LA BARONNE.

Je crains le bruit, le tumulte, et l'on n'a que cela ici: joignez-y la poussière, les mauvaises odeurs...

LE COMMANDEUR.

Votre appartement donne sur la campagne, et vous avez une vue charmante.

LA BARONNE.

Je me lève tard, je sors de bonne heure, ainsi la vue m'est égale.

LE COMMANDEUR.

Mais quand vos nerfs vous tourmentent ?

LA BARONNE.

Je ferme mes jalousies.

LE COMMANDEUR.

Vous aurez un meuble superbe qu'on vient de m'indiquer, et que je vais aller voir. Adieu, mon cœur. (Il la baise au front.) Ma nièce, si vous vouliez vous déterminer....

LA BARONNE.

A quoi, mon oncle?

LE COMMANDEUR.

A vous marier, vous ne sauriez me faire un plus grand plaisir; le chevalier vous aime, je ne crois pas qu'il vous déplaise, et il me convient très fort.

J'aime ma liberté.

LA BARONNE.

LE COMMANDEUR.

Les femmes sont-elles gênées à Paris? Au contraire, elles y règnent en souveraines. Pensez à tout cela.

J'y penserai.

LA BARONNE.

LE COMMANDEUR.

J'ai de quoi vous assurer une fortune, qui sans cela seroit perdue. Je vous laisse y réfléchir.

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