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VALTRAI ( à Madame d'Ivry.)

Sûrement; aidé par vous, Madame, qui avez de la gaité dans l'esprit, et l'imagination la plus

vive...

Madame CLAIRFOND.

Tout cela est fort bien; mais, Valtrai, je vous réponds que vous n'épouserez pas ma fille, tant que Longineau sera à Paris.

VALTRAI.

Pourquoi cela? songez donc qu'il nous sera d'un grand secours pour recevoir les visites qu'on nous fera au sujet de notre mariage.

Madame D'IVRY.

Il a raison, Valtrai.

Madame CLAIRFOND.

Ce seroit un ennuyeux de plus, et il m'a dégoûtée, pour la vie, de cette espèce de gens-là.

Madame D'IV RY.

Que vois-je! Ne seroit-ce pas là ce monsieur Longineau?

Madame CLAIRFOND.

C'est lui-même. Que nous disiez-vous donc ?

VALTRAI.

Nous allons savoir pourquoi il n'est pas allé chez madame Durville.

SCÈNE III.

Mad. CLAIRFOND, Mad. D'IVRY, VALTRAI, LONGINEAU.

LONGINEAU.

MADAME Durville, bon! vous ne savez pas?

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J'ai rencontré un de mes amis, que je connois parce que nous avons été au collége ensemble: c'est un garçon qui a de l'esprit; mais beaucoup plus que moi, car il me corrigeoit toujours mes thêmes.

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Son père étoit grand ami du mien; ils s'étoient pourtant battus pour une demoiselle... Attendez que je cherche son nom.

Madame CLAIRFOND.

Cela nous apprend-il ce qui vous a arrêté?

LONGINE AU.

Non; mais c'est pour vous dire que je dois avoir grande confiance en mon ami: d'abord il n'est pas menteur; car il m'a fait donner bien souvent le fouet au collége, en convenant que c'étoit lui qui me corrigeoit mes versions.

VALTRAI.

Mais, madame Durville? Nous direz-vous ?...

LONGINE AU.

Ah! je la connois beaucoup, et sûrement j'irai la voir un jour, si je puis quitter ces Dames, et me priver de leur compagnie.

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Parce que... Je m'en vais vous le dire, attendez donc !

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Je rêvois en chemin que je reviendrois peut-être fort tard, et pas assez tôt pour être de retour ici à souper, ne voulant pas me faire attendre.

Madame CLAIR FOND.

Il ne faut pas vous gêner, on ne vous attendra jamais.

:

LONGINE AU.

Oui mais moi je suis fort aise d'être ici je m'y plais, et je suis toujours charmé de pouvoir vous amuser, J'étois donc sur le point de m'arrêter en chemin pour revenir, lorsque j'ai rencontré mon ami Gaursin; c'est son nom. Après nous être embrassés, il m'a demandé des nouvelles de mon père et de toute notre ville. Je lui ai dit que j'allois chez madame Durville. Madame Durville! m'a-t-il dit; elle est à la campagne pour un mois. Vous ne sauriez croire le plaisir qu'il m'a fait;

aussi l'ai-je bientôt quitté pour venir retrouver ces. Dames, avec qui je m'amuse bien plus qu'ailleurs.

Madame D'IVRY.

Cela est fort heureux.

LONGINEAU.

Ah! Madame, vous ne me connoissez pas; mais je dis la vérité, parce que je suis ici à mon aise, et je vois le plaisir que j'y fais, grâce à la bonté de çes Dames; et si vous êtes de leur société, Madame, je suis sûr que cela n'y gâtera rien."

Madame D'IV RY.

Cela est bien honnête à vous, monsieur Longineau.

LONGINE AU.

Point du tout, Madame, je n'ai point de mérite à cela. D'ailleurs, j'ai toujours aimé la société des Dames. Voilà comme j'étois à Troyes!

Madame D'IVRY.

Vous aimez donc à jouer, car en province...

LONGINE AU.

Non, Madame, je n'y jouois jamais; mais j'y contois des histoires qu'on trouvoit toujours char

mantes.

Madame D'IVRY.

On aime donc les histoires à Troyes?

LONGINE AU.

Les miennes, Madame. Vous allez voir, vous allez voir.

Madame CLAIRFOND.

Ah! je vous en prie, monsieur Longineau, ne nous contez pas d'histoires.

LONGINE AU.

Non. Mais c'étoit seulement pour faire voir à Madame, que j'y réussissois si bien, qu'il y avoit un avocat, de beaucoup d'esprit, qui disoit toujours que j'aurois été bon pour endormir les jaloux ; et ce talent-là est fait pour plaire aux Dames, comme vous le comprenez bien.

Madame D'IVRY.

Assurément.

SCÈNE IV.

Mad. CLAIRFOND, Mad. D'IVRY, AGATHE, LONGINEAU, VALTRAI.

Madame D'IVRY.

AH! voilà mademoiselle votre fille! Bonjour, mon cœur; mais, mon Dieu, comme vous êtes triste?

AGATHE.

Ma mère en sait bien la raison.

Madame CLAIRFOND.

Je vous entends; ce n'est pas ma faute: prenezvous-en à Valtrai.

LONGINEAU.

Je serois bien faché que ce fût la mienne; car je suis toujours bien aise de voir Mademoiselle, et j'espère qu'elle me le rend bien.

AGATHE.

Comment, monsieur Valtrai! vous m'aviez dit que nous ne reverrions pas monsieur Longineau de la journée.

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