Page images
PDF
EPUB

PERSONNAGES.

Madame CLAIRFOND.

Madame D'IVRY.

AGATHE, fille de Madame CLAIRFOND.

VALTRAI.

LONGINEAU.

La scène est chez Madame Clairfond.

PROVERBE.

SCÈNE IRE.

Madame CLAIRFOND, Madame D'IVRY.

Madame CLAIRFOND.

AH! Madame, vous voilà donc enfin de retour de la campagne! je suis charmée de vous revoir.

Madame D'IVRY...

Je n'irai plus à la campagne qu'avec vous, Madame; je ne trouve point de maison où l'on s'amuse comme dans la vôtre.

Madame CLAIR FOND.

Ah! Madame, ne dites donc pas cela.

Pourquoi?

Madame D'IVRY.

Madame CLAIRFOND.

[ocr errors]

Parce que, depuis que vous êtes partie, il nous est tombé ici un homme de province, qui m'est recommandé par mon oncle, et qui est l'homme le plus ennuyeux que vous puissiez jamais imaginer.

Madame D'IVRY.

Il ne connoit donc que vous à Paris, pour votre malheur?

Madame CLAIR FOND.

Il avoit des lettres de recommandation pour beau

coup de personnes; mais il faut qu'on lui ait fait fermer la porte partout, à cause de l'ennui qu'il inspire, et dont il ne se doute seulement pas.

Madame D'IVRY.

Et que ne lui fermez-vous aussi la vôtre?

Madame CLAIR FOND.

Cela m'est impossible: je craindrois de fâcher mon oncle, dont ma fille attend toute sa fortune.

Madame D'IVRY.

Cela est embarrassant. Il faudra pourtant bien que nous trouvions quelques moyens de vous en délivrer.

Madame CLAIR FOND.

Valtrai croit toujours avoir trouvé le secret de l'éloigner de nous, et il ne peut pas y réussir.

Madame D'IVRY.

Et parle-t-il quelquefois, cet ennuyeux ?

[blocks in formation]

De vieilles histoires, que tout le monde sait, dont il rit tout seul, et qui ne finissent

[blocks in formation]

pas.

Madame CLAIRFOND.

Dans l'hôtel garni qui est tout près d'ici.

Madame D'IVRY.

Il faut l'envoyer chez lui, et lui prêter des livres.

Madame CLAIRFOND.

Il ne peut pas souffrir la lecture; il dit qu'il n'en a pas besoin pour être instruit.

Madame D'IVRY.

Que fait-il donc toute la journée?

Madame CLAIRFOND.

Il reste ici; et lorsque nous sortons, il nous suit partout.

Madame D'IVRY.

Et vous l'appelez?

Longineau.

Madame CLAIRFOND.

Madame D'IVRY.

Oh! laissez-nous faire. Il faudra bien que, Valtrai et moi, nous parvenions à vous en défaire.

Madame CLAIRFOND.

Voici justement Valtrai.

SCÈNE II.

Mad. CLAIRFOND, Mad. D'IVRY, VALTRAI.

VALTRA I.

QUOI! madame d'Ivry est de retour!

Madame CLAIRFOND.

Oui, vraiment; et elle prétend qu'elle vous aidera à nous débarrasser de monsieur Longineau.

VALTRAI.

D'abord, vous ne le verrez pas de la journée.

Madame CLAIRFOND.

Seroit-il bien possible?

Madame D'IVRY.

Qu'avez-vous donc fait

pour cela?

VALTRAI.

Je sors de chez lui à l'instant. Je l'ai arrêté comme il alloit venir ici; je lui ai dit que madame Dur

ville, qui demeure au faubourg Saint-Antoine savoit qu'il étoit à Paris, et le faisoit chercher partout, étant la plus grande amie de son père.

Madame CLAIRFOND.

Mais si elle ne le connoît pas?

VALTRAI

Cela ne fait rien; c'est une femme qui donne à jouer, qui fête tous les provinciaux nouvellement débarqués; elle sera charmée de le faire tomber dans ses filets; elle le fera jouer, lui donnera à souper, le fera jouer encore et même gagner, et il ne rentrera que fort avant dans la nuit. Ainsi, nous en voilà défaits pour le reste de la journée au moins.

Madame D'IVRY.

Et vous croyez qu'il ira chez cette femme?

VALTRAI.

Je vous dis que je viens de le voir partir à l'instant.

Madame CLAIRFOND.

Allons, nous respirerons donc aujourd'hui tout à notre aise.

VALTRAI.

Je l'avois fait demander cette après-dînée par un mystificateur, qui en a été si fort ennuyé, qu'il a abandonné la partie. Longineau alloit entrer ici, quand je lui ai conseillé d'aller chez madame Durville.

Madame CLAIRFOND.

Cela est bon pour aujourd'hui; mais à l'avenir?

Madame D'IVRY.

Nous trouverons d'autres moyens; n'est-ce pas Valtrai?

« PreviousContinue »