Page images
PDF
EPUB

tion plus haut Banks et le docteur Solander furent dangereusement malades. Enfin l'expédition quitta Batavia le 27 décembre de la même année; et, après avoir relâché au cap de Bonne-Espérance, elle arriva dans la rade des Dunes, le 21 juin 1771, et prit terre à Déal le même jour. A son retour en Angleterre, Banks fut accueilli avec un vif intérêt par ses compatriotes. Les savans surtout lui surent gré du noble motif qui lui avait fait entreprendre son voyage, des observations qu'il avait consignées dans son journal, et des trésors dont il avait enrichi l'histoire naturelle. Quelque temps après, le gouvernement voulant renouveler la même entreprise, Banks se présenta des premiers pour ce voyage; mais ses amis le détournèrent de donner suite à ce projet, alors il se borna à offrir des conseils et des instructions aux nouveaux voyageurs. Cependant la passion de Banks pour les voyages et pour l'histoire naturelle ne s'était pas éteinte. Il résolut de visiter l'Islande, où il avait l'espérance de découvrir et de recueillir beaucoup de curiosités naturelles. Il loua un navire, et fit voile pour cette île avec son ami le docteur Solander, et un nouveau voyageur, le docteur Vontroil, savant ecclésiastique danois. Les Hébrides, qui forment un groupe d'îles à l'occident de l'Ecosse, se trouvaient sur leur passage. Les navigateurs s'empressèrent de les visiter. Ils y remarquèrent surtout la magnifique grotte de Staffa, qui se compose d'un immense lit de rochers taillés en colonnes rangées

par couches les unes sur les autres. Ce phénomène, qui, jusqu'alors avait échappé à tous les regards, éveilla la curiosité des savans de l'Europe, dès que Banks en eut donné la description; et, depuis cette époque, beaucoup de voyageurs se sont empréssés de le visiter. Les trois naturalistes étant arrivés en Islande, examinèrent avec soin les montagnes volcaniques, les sources d'eau chaude, les rochers de silex, les animaux, les végétaux, et tout ce qui leur parut digne de fixer leur attention; ils emportèrent une riche collection d'objets et d'individus des plus curieux. Le docteur Vontroil, à son retour en Danemark, remit les observations de Banks au gouvernement, qui en profita pour améliorer l'agriculture et le commerce de l'Islande. Revenu en Angleterre, Banks vécut alternativement dans son domaine de Lincoln, et à Londres, dans la société des gens de lettres et des hommes les plus distingués. En correspondance avec les philosophes les plus célèbres de l'Europe, il s'occupait sans relâche à rassembler des matériaux pour l'histoire naturelle, et s'attachait particulièrement à appliquer cette science aux usages ordinaires de la vie. En 1777, sir John Pringle s'étant démis de la présidence de la société royale de Londres, la considération publique et le suffrage des académiciens appelèrent Banks à ce poste honorable, qui exige d'éminentes qualités. Il fut bientôt après, en 1781, élevé à la dignité de baronnet. Après avoir exercé pendant quatre ans, à la satisfaction de tous ses confrères, les fonctions

occupé, jusqu'à sa mort arrivée en 1810, de lui donner un supplément considérable, que son successeur, sir Robert Brown, ne tardera pas sans doute à terminer et à publier. Les instructions de Banks ont dirigé la plupart des

de président, auxquelles il avait été réélu annuellement, Banks fut en butte au blâme des membres les plus distingués. Ils lui reprochaient d'introduire dans leur société des hommes qui n'avaient d'autre mérite que la naissance et la fortune, tandis qu'il en ex-voyageurs anglais qui, depuis plus cluait les savans, les gens de lettres, et les auteurs de découvertes. On lui reprochait encore sa qualité d'étranger, son aversion pour les mathématiques, et sa trop grande prépondérance, que l'on qualifiait de despotisme. Plusieurs membres proposèrent même de faire scission, et le docteur Huton donna sa démission de secrétaire. Mais enfin les mécontentemens s'apaisèrent, la scission n'eut point lieu, et le président conserva son poste. Ce n'est pas seulement comme président de cette société, que Banks a rendu de grands services aux sciences. Depuis long-temps sa maison était le rendez-vous des hommes les plus distingués par leurs talens. Tous les dimanches, elle était ouverte aux savans nationaux et étrangers, qui y discutaient les nouvelles relatives aux sciences et aux lettres, et qui s'y communiquaient mutuellement leurs recherches et leurs découvertes. Son riche cabinet d'histoire naturelle, et sa bibliothèque, la plus complète de l'Europe dans cette partie, étaient également ouverts à tous les amateurs, quelle que fût leur qualité ou leur situation. Le catalogue de cette bibliothéque, dressé en latin par Jonas Dryander, qui avait la garde de ce dépôt précieux, formait déjà, en 1800, cinq volumes in-8°, et l'auteur s'est

de quarante ans, ont tenté de faire des découvertes; et c'est lui qui a, pour ainsi dire, fondé l'association africaine. On doit à Banks le succès avec lequel l'arbre à pin a été transplanté dans les îles d'Amérique; on lui doit aussi la prospérité de la colonie anglaise à la Nouvelle-Galles méridionale. Enfin, il a donné des preuves d'un patriotisme éclairé, en améliorant les races de brebis, en desséchant les marais du Lincolnshire, et en perfectionnant les instrumens aratoires. Pour le récompenser de ces utiles travaux, le roi'd'Angleterre le nomma membre actif de son conseil privé, et chevalier de l'ordre du Bain, honneur qui, jusqu'alors, n'avait été accordé qu'aux princes, aux pairs et aux généraux. On a de Banks une foule de mémoires sur l'histoire naturelle, l'agriculture et les arts, qui sont imprimés dans les Transactions philosophiques, dans l'Archæologia, et dans les autres collections périodiques, anglaises ou américaines. Il a aussi publié séparément, sur les maladies du blé un opuscule intitulé: A short account of the cause of the disease in corn, called by farmers the Blight, the Mildew, and the Rust, 1805, in8°, avec figures. Nous ne devons pas omettre de dire que c'est aux vives instances de Banks que les

de Saint-Pétersbourg. En général les groupes et les sujets un peu compliqués ne paraissent pas aussi favorables au talent de cet artiste, que les figures isolées, où il montre du goût et de la correction.

BANNAKER (BENJAMIN), Afri

Français durent la restitution des papiers relatifs au voyage de l'infortuné Lapeyrouse, lesquels étaient tombés au pouvoir du gouvernement Anglais: procédé à la fois noble et généreux, qui porta l'institut de France à s'associer, comme membre étranger, sir Banks, dont il appréciait d'ail-cain, astronome et mathématileurs tout le mérite. Cet illustre cien, dans le Maryland, ne reçut savant était grand, bien fait et ro- pas une éducation différente de buste. Un esprit supérieur et un celle des autres nègres cepengrand fonds de savoir acquis par dant il sut se faire remarquer par l'étude et par les voyages, ren- sa politesse, par ses manières adaient sa conversation aussi inté- gréables et plus encore par ses ressante qu'instructive. Attaqué connaissances profondes en made la goutte depuis environ vingt thématiques et en astronomie. Il ans, Banks n'a eu aucune autre n'avait eu, pour se guider dans infirmité jusqu'à sa mort, arrivée ses études, que les ouvrages de au mois d'août 1820, dans la 8ome Fergusson et les Tables de Tobie année de son âge. Mayer; mais il possédait ce que les plus habiles maîtres ne donneraient pas, une exactitude et une patience qui, sans être le génie, mènent quelquefois à de grands résultats. Bannaker aimait singulièrement la lecture de l'Écriture-Sainte; il avait autant de modestie que de savoir et de talens: aussi a-t-il cru ne devoir publier que ses Éphémérides sur le Maryland et les états voisins. Ses autres traités sont manuscrits; il les a légués, avec sa bibliothéque, à un de ses amis. Bannaker mourut en 1807.

BANKS (THOMAS), célèbre sculpteur anglais, est né vers 1750. Après avoir étudié en Angleterre les principes du dessin et de la sculpture, il voyagea en Italie pour se perfectionner dans son art, par l'étude des beaux modèles de l'antiquité. Deux de ses ouvrages, Caractacus et Cupidon, lui ont assigné un rang honorable parmi les statuaires du second ordre. En 1779, il quitta Rome, où il avait fait ses statues, et transporta à Londres celle de l'Amour, son meilleur ouvrage, dans l'espérance de le céder à quelque riche amateur. N'ayant pas réussi, il partit en 1781 pour la Russie, où il obtint la protection de l'impératrice Catherine II: cette princesse fit placer la statue de l'Amour, qui avait encore accompagné son auteur, dans les jardins de Czarskozelo, maison de plaisance de S. M., à huit lieues

BANTI (LA SIGNORA), célèbre cantatrice italienne, surnommée la

virtuose du siècle, à cause de là belle voix dont la nature l'avait douée, était née en 1757 à Crema, ville de la Lombardie vénitienne. De Vismes rapporte dans ses Mẻmoires, qu'en 1778, époque où il était entrepreneur - général de l'Opéra, il fut un soir émerveillé

d'entendre une voix à la fois éclatante et mélodieuse dans un café des boulevarts: c'était celle de la signora Banti. Le lendemain, il fit venir chez lui cette cantatrice, qui après avoir entendu deux fois un des airs les plus difficiles et les plus brillans de Sacchini, le chanla aussitôt avec une justesse et un goût admirables. De Vismes l'engagea dès lors pour la troupe de l'Opéra-Buffa, qui était également sous sa direction, dans la salle de l'académie royale de musique. La signora Banti débuta entre le second et le troisième acte de l'opéra français d'Iphigénie en Aulide, en chantant un air italien, et reçut des applaudissemens unanimes. Elle obtint bientôt de pareils suffrages sur les principaux théâtres de l'Europe, de l'Italie même, et pendant neuf années, elle fit les délices des Dilettanti de l'Opéra - Buffa de Londres. La signora Banti mourut à Bologne le 18 février 1806, dans

on y trouve la critique des membres de l'Athénée de cette ville, et de plusieurs hommes de lettres des départemens du Midi. En 1795, M. Baour publia une traduction en vers de la Jérusalem délivrée. Cet ouvrage fut plus critiqué que loué. M. Baour, revenant à son premier genre, publia bientôt et successivement les satires réunies depuis sous le titre des Trois mots, et adressées à M. Despaze, qui était satirique et gascon comme lui. Il faut l'avouer, les jugemens injustes, les sarcasmes non mérités, dont ces trois pièces sont remplies, sont souvent exprimés en vers piquans. Une lutte s'établit à cette époque entre M. Baour et le poète Lebrun, et le public s'amusa beaucoup de leurs épigrammes, qui se succédaient avec une singulière rapidité. M. Baour-Lormian avait dit :

Lebrun de gloire se nourrit:
Aussi voyez comme il maigrit.

sa 50e année: on ouvrit son corps Son célèbre adversaire répondit pour rechercher les causes physi-sur-le-champ: ques de la grande étendue de sa voix, et l'on reconnut que ses poumons étaient extraordinairement volumineux.

BAOUR-LORMIAN (LOUISPIERRE-MARIE-FRANÇOIS), fils d'un imprimeur, est né à Toulouse vers l'an 1772. Il aima la poésie dès sa première jeunesse, mais le genre satirique paraissait avoir le plus d'analogie avec son caractère. On peut juger de ses talens à cet égard, et de sa facilité, par le Recueil des Satires toulou saines, auxquelles paraît avoir contribué M. Trajan Tajan, avocat et journaliste à Toulouse;

Sottise entretient l'embonpoint;
Aussi Baour ne maigrit point.

Les imitations en vers des poèmes attribués à Ossian, valent mieux que ces saillies, et obtinrent à M. Baour d'honorables encouragemens; il en témoigna sa reconnaissance au général Bonaparte, en célébrant ses victoires durant les campagnes d'Italie. M. Baour travailla ensuite pour le théâtre. En 1807, il donna la tragédie d'Omasis, ou Joseph en Egypte. Cette pièce, où se trouve un rôle des plus heureusement conçus, celui de Benjamin, renfer

me des beautés de style : elle obtint un grand succès, quoiqu'elle manque généralement de la force dramatique; mais la grâce rachète presque tout. Quelques années après, M. Baour fit donner Mahomet II, autre tragédie, où le même défaut n'est pas racheté par les mêmes beautés. Cet ouvrage obtint peu de succès. L'auteur, depuis, s'est occupé principalement à refaire sa traduction de la Jérusalem, qu'il ne reprit cependant que d'après le conseil de l'abbé Delille. Les opinions ne sont pas encore fixées sur le degré d'estime dû à cet important ouvrage, auquel on ne peut contester le mérite d'une versification savante et mélodieuse. Quant à celui de la fidélité, c'est autre chose : l'abbé Delille ne s'en pique pas toujours, quand il traduit Milton; mais il tâche d'indemniser le lecteur des sacrifices qu'il fait subir au texte, par les beautés dont il l'enrichit. M. Baour, qui prend souvent les mêmes licences, les rachète-t-il par les mêmes indemnités? Telle est la question à résoudre. Au reste, il n'a pas de censeur plus sévère que lui-même on le voit par la différence qui existe entre cette nouvelle édition et la première. On a encore de lui : le Rétablissement du culte, poèine in-8°, 1802; les Fêtes de l'hymen, poème à l'occasion du mariage de Napoléon et de Marie-Louise. Cet ouvrage est suivi du Chant nuptial, in-8o, 1810, les Veillées poétiques et morales, qui ont eu trois éditions; un poème en quatre chants, sous le titre de l'Atlantide ou le Géant de la montagne bleue, suivi de Rustan,

ou les Vœux, et de trente-huit Songes en prose, in-8°, 1812; la Jérusalem délivrée, opéra en cinq actes, 1813; l'Oriflamme, opéra en un acte, fait conjointement avec M. Étienne, en février 1814; enfin beaucoup de pièces dans le recueil intitulé Hommages poétiques, ou dans celui qui a pour titre l'Hymen et la naissance. M. Baour-Lormian a été nommé, pendant les cent jours, membre de l'institut, à la place du chevalier de Boufflers; cette nomination a été confirmée le 21 mars 1816: à la fin de cette même année, il adressa une Épître au roi.

BAPTISTE aîné, comédienfrançais, ne doit pas, comme l'avance une Biographie, sa célébrité au mauvais rôle qu'il joua dans la mauvaise pièce de Robert, chef de Brigands, ni à celui du Capitaine, dans le drame médiocre des Deux Frères de Kotzebue, mais à son intelligence et à une excellente méthode de déclamation. Sa taille très-haute et toujours disproportionnée auprès de celle de ses interlocuteurs, est un défaut physique dont la malveillance de quelques journalistes a cruellement abusé contre cet acteur estimable à tant d'égards. En 1816, il était professeur au Conservatoire. La scène française lui doit quelques bons élèves.

BAPTISTE cadet, un des meilleurs acteurs comiques français de la dernière époque. Sa charge est spirituelle, et sa niaiserie piquante. Il débuta au théâtre Montansier, passa au théâtre de la République, s'engagea à Feydeau, puis entra aux Français. A la vieille tradition du Malade imaginai

« PreviousContinue »