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Lome 2.

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Jean Baptiste de Belley ·

Fremy Pinx, et Sculp

va ainsi au nombre des prélats qu'on appelait Feuillans, par allusion à la feuille des bénéfices dont le cardinal de la Rochefoucault disposait. On nommait Théatins ceux du parti contraire, parce qu'ils suivaient les principes d'un ancien théatin, l'évêque de Mirepoix. La même année, M. de Belloy remplaça le célèbre Belsunce, évêque de Marseille, mort le 4 juin. L'esprit de conciliation du nouvel évêque apaisa les troubles excités dans le diocèse par son prédécesseur, au sujet de la bulle Unigenitus. Le respectable Belsunce avait montré en cela trop d'inflexibilité, il avait manqué de cette douceur apostolique qui eût rendu plus mémorable encore et plus touchante sa belle conduite durant la peste dont Marseille éprouva les ravages. Bientôt la bonté, la sagesse, la justice de M. de Belloy opérérent tout ce qu'on s'était promis de son administration vraiment paternelle. Durant la révolution, pour se soustraire aux suites des mesures prises contre les ecclésiastiques, ce prélat quitta son église, et vécut retiré à Chambly, dans la province où il était né; il y passa paisiblement des jours difficiles pour beaucoup d'autres. En 1801, voulant aplanir les difficultés relatives au concordat, il sacrifia le premier son titre d'évêque, pour donner l'exemple de la soumission au gouvernement. Cette conduite remarquée du premier consul, rappela les grandes qualités de M. de Belloy, et le fit juger digne d'occuper le siége de Paris. Il y fut nommé en 1802; et en 1803, il

reçut le chapeau de cardinal. Il exerça ses hautes fonctions avec autant de dignité que de sagesse. Sa vieillesse patriarcale lui laissait encore les avantages dus à une excellente constitution. L'empereur, étonné de lui voir une santé si robuste dans un âge si avancé, lui dit un jour, «< vous » vivrez jusqu'à cent ans, mon» sieur le cardinal. - Eh! pour» quoi, répondit gaiement M. de » Belloy, votre majesté veut-elle » que je n'aie plus que quatre ans å » vivre ?» M. de Belloy, néanmoins, n'atteignit pas cet âge. En 1808, il fut attaqué d'un catarrhe qui l'enleva le 10 juin : il avait quatre-vingt-dix-huit ans et huit mois. L'empereur, par suite de l'estime qu'il portait au caractère de ce prélat, permit que par une exception toute particulière, on le placât dans le caveau des archevêques ses prédécesseurs, et il voulut même qu'on lui élevât un monument.

BELOE (GUILLAUME), fils d'un faïencier de Norwick, dans le comté de Norfolck. Après avoir étudié à l'université de Cambridge, il fut nommé, en 1791, vicaire de Carlsham. Il exerça pendant quelque temps les fonctions de sousbibliothécaire du muséum britannique, obtint ensuite un canonicat à l'église de Saint-Paul, et enfin fut nommé recteur d'Allhallows. M. Beloe a publié : 1o unc Ode à miss Boscawen in-4°, 1783; 2°la traduction de l'Enlèvement d'Hélène, d'après le grec de Coluthus, avec des notes, in-4°, 1786; 3° des poèmes et traductions, in-8°, 1788; 4° la traduction de l'Histoire d'Hérodote, avec des

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notes, 1791, 4 vol. in-8°; 5° la traduction des Épîtres d'Alciphron, in-8°, 1791; 6° les Nuits attiques, traduites d'Aulugelle, 1795, 3 vol. in-8°; 7o des Mélanges, 1795, 3 vol. in-8°, renfermant divers morceaux de poésie, des apologues orientaux, et des extraits classiques; 8° la traduction des Mille et une nuits, d'après le texte français de Galland, 4 vol. in-12; 9° celle de Joseph, d'après l'ouvrage de Bitaubé, 2 vol. in-12; 10° des Anecdotes concernant la littérature et les livres rares, 18 1806 et 1812, 6 vol. in-8°. M. Beloe a rédigé, conjointement avec M. Robert Nares, le Critique anglais (British critic). Enfin c'est à leur réunion avec MM. W. Tooke et Morrison, que l'on doit le Dictionnaire biographique, publié à Londres, 15 vol. in-8°. M. Beloe est membre de la société des antiquaires de Londres, et de plusieurs autres sociétés savantes.

BELOSELSKY (LE PRINCE), né à Saint-Pétersbourg, en 1757. Ce prince, dont l'éducation avait été fort soignée, pensa, dès sa jeunesse, que des succès littéraires pouvaient ajouter à l'éclat d'une naissance illustre pensée noble qui le guida toujours dans la carrière des lettres, et le rendit constamment le protecteur de tous ceux qui s'y livraient. L'impératrice Catherine II estimait les talens du prince de Beloselsky, elle l'envoya à la cour de Turin; mais le ministre des affaires étrangères, qui n'avait aucune teinture des lettres, prenant pour un défaut l'élégance du style dans lequel le prince Beloselsky rédigeait ses dépêches, le rappela.

Le prince fut peu affecté d'une disgrâce qui lui donnait les moyens de se livrer plus librement à ses goûts. Il avait composé des vers français, et même une tragédie dans cette langue; il devait publier les éloges historiques des grands hommes que la Russie a produits : ce projet n'a malheureusement pas reçu son exécution. Le prince Beloselsky avait le talent de la poésie française, autant qu'un étranger peut y atteindre, et Voltaire a parlé de ses productions avec éloge. Mais ce qui ajoute à l'estime qu'il doit inspirer, ce sont ses vertus privées, et l'hospitalité qu'il donna à des Français expatriés : sa maison était l'asile des muses et du malheur. Il mourut à Saint-Pétersbourg, vers la fin de 180g.

BELOT (MADAME), plus connue sous le nom de Mme de Meyniëres, née en 1726, et morte à Chaillot en 1805, est auteur d'ouvragés estimables. Voici les principaux Réflexions d'une provinciale sur le discours de J. J. Rousseau, touchant l'inégalité des conditions, 1756, in-8°. L'abbé Sabatier a dit beaucoup de bien de cet ouvrage. 2° Observations sur la noblesse et le tiersétat, 1758, in-12; plusieurs bonnes traductions de l'anglais, savoir: 5° Histoire de la maison de Tudor, de Hume, 1763, 6 vol. in-12; 4° Histoire de la maison de Stuart, 1776,6 vol. in-12. M. Prévost avait publié une traduction de cet ouvrage en 1760. Il paraît que c'est la même, et que Madame Belot n'a fait que la retoucher. 5o Histoire de la maison de Plantagenet, 6 vol. in-12;

6° Mélanges de littérature anglaise, 1759, 2 part. in-12. Cette dame épousa, en secondes noces, le président Darey de Meynières, qui mourut vingt ans avant elle.

BELPUSI (THOMAS), chevalier napolitain, ancien adjudant du génie, et aide-de-camp du général en chef Bonaparte, en Italie, était doué d'une intrépidité remarquable. Son attachement aux principes de la révolution francaise le porta à seconder de tous ses moyens celle qui eut lieu à Naples, en 1798. Après l'installa tion du nouveau gouvernement, il obtint le commandement d'une légion qui devait marcher à la rencontre de l'armée du cardinal Ruffo, réunie vers Bénévent. Cette ville lui ayant fermé ses portes, il commençait à la bombarder quand les troupes royales parurent et le contraignirent par leur nombre à lever le siége. Obligé de retourner à Naples, il défendit quelque temps cette capitale contre les efforts des Calabrois; mais son parti ayant succombé, malgré la vaillance du chef, la vengeance de la cour le fit excepter de la capitulation accordée aux Français. Jeté dans un cachot, Belpusi paya, peu de temps après, de sa tête, l'amour qu'il portait à sa patrie. L'étatmajor de la garde nationale napolitaine marcha au supplice avec lui. Naples serait-elle destinée à revoir encore la sanguinaire réaction de 1799! et peut-elle en perdre la mémoire dans la généreuse révolution dont les états du Midi donnent un si bel exemple à l'Europe?

BELSHAM (N.), historien anglais et l'un des partisans les plus vigoureux de l'opposition. Zélé défenseur des intérêts du peuple, M. Belsham a toujours fait preuve d'un patriotisme non équivoque. Ses ouvrages sont écrits avec clarté et empreints d'une teinte philosophique qui les rend dignes des lumières du siècle. Mais quelque estime qu'inspirent les talens honorables de M. Belsham, on peut reprocher à ce publiciste de manquer parfois d'impartialité et très-souvent de politesse dans sa critique. Cet oubli des convenances donne à ses ouvrages un caractère passionné, interdit à l'historien. M. Belsham, qui a écrit sur la révolution française, paraît n'en avoir pas bien saisi les causes, ce qui est peu excusable. Mais le célèbre Fox semble l'avoir jugé lorsqu'il disait, à propos des Mémoires du règne de Georges III, « comment » un homme, avec les yeux ou» verts, peut-il écrire de cette ma>nière ? »>

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BELSUNCE (LE COMTE DE), de la même famille que le célèbre évêque de ce nom, naquit en Périgord, et prit le parti des armes. Il se trouvait, en 1790, major en second au régiment de Bourbon, en garnison à Caen, lorsque trois grenadiers, l'ayant accusé de leur avoir fait enlever une médaille qu'ils portaient en signe de récompense pour avoir bien méri– té de la patrie, des attroupemens se formèrent autour de son logement. Il parvint à en sortir, et se réfugia à l'Hôtel-de-Ville; mais la foule en fureur l'y suivit, l'en arracha sous les yeux des magis

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