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M. le comte d'Ecquevilly appelait les communs dans l'armée de Condé, sacrifiaient leur fortune et leur sang à la patrie. Le commencement de sa carrière avait promis cependant un homme digne de la servir. Chef de division des armées navales, en 1781, il s'était emparé, le 11 septembre de cette même année, de la frégate anglaise the Fox (le Renard), après un combat opiniâtre. Il rentra en France dès que le gouvernement consulaire en ouvrit les portes à l'émigration, et mourut dans la retraite.

BEAUMONT (CHRISTOPHE LOUIS-AMABLE, COMTE DE), fils du précédent, a montré le même zèle pour la même cause. Il est né en 1776. A la première abdication en 1814, il arbora le premier, à Villeneuve-d'Agen, la cocarde blanche, quoique cette ville fût alors occupée par le maréchal Soult. Au retour de Napoléon en 1815, il se mit à la tête d'une trentaine de cavaliers, et tenta de rejoindre le duc d'Angoulême : mais il fut obligé de se diriger sur l'Espagne, où S.A.R.se retirait elle-même. Chargé ensuite de missions confidentielles et périlleuses, il en fut récompensé par la croix de SaintLouis et le grade de major de cavalerie.

BEAUMONT (MONTMORENCYLUXEMBOURG-TINGRY, DUG DE). Avant la révolution, il était capitaine des gardes-du-corps; il est aujourd'hui pair de France.

BEAUMONT-LABONINIÈRE (MARC-ANTOINE, COMTE DE), issu d'une famille de Touraine, dont quelques biographes contestent l'antiquité, mais sur laquelle nous

n'élèverons point ici de discussion héraldique. Il entra, en 1777, au nombre des pages de la reine Marie-Antoinette, fut nommé capitaine de cavalerie en 1788, et croyant pouvoir associer sa destinée à celle d'une patrie dont la liberté allait renouveler l'énergie, il devint colonel en 1792. Il se distingua dans les premières guerres de l'indépendance française, et fit la campagne de 1799 en Italie, où il fut fait général de brigade, après avoir été blessé d'un coup de feu à l'épaule, sous Vérone. Devenu beau-frère du maréchal Davoust, il fut fait général de division en 1803; se battit avec éclat dans les champs d'Austerlitz, d'léna, d'Eylau, et, le 14 août 1807, entra au sénat-conservateur. En 1809, il eut le commandement d'un corps d'observation cantonné dans le cercle d'Augsbourg. Après cette campagne, il fut nommé grand'croix de l'ordre militaire de Bavière, premier chambellan de Madame, mère de l'empereur, et grandofficier de la légion-d'honneur. Dès la première restauration, le roi lui donna la croix de SaintLouis, et l'appela à la chambre des pairs. Après la bataille de Waterloo, le lieutenant-général Beaumont commanda une des divisions sous Paris.

BEAUMONT - LABONINIÈRE (ANDRÉ, COMTE DE), frère du précédent, ancien page de Louis XVI, fut chevalier d'honneur de l'impératrice Joséphine, qu'il ne quitta qu'à la mort de cette princesse. En 1810, il avait été nommé membre du corps-législatif par le département d'Indre

et-Loire, et était encore membre »rieure est entièrement de cet arde ce corps en 1814. >> tiste. » Plus ces éloges sont mé

BEAUMONT-DE-CARRIÈRE rités, plus la justice veut que

(LE BARON), a fait avec gloire pres-
que toutes les campagnes qui rem-
plissent les dernières et merveil-
leuses pages
de l'histoire de Fran-
ce. Aide-de-camp de Murat, il le
suivit en Italie et en Egypte. Co-
lonel du 10 régiment de chas-
seurs, il fit, en 1805, la campagne
d'Autriche. Les journaux ont rap-
porté une singulière action de cet
officier. A l'affaire de Wertingen,
il se précipite au milieu des en-
nemis, et enlève un capitaine de
cuirassiers. Nommé général de
brigade après la bataille d'Auster-
litz, il passa ensuite dans l'armée
d'Espagne, où il se signala, par-
ticulièrement à l'affaire d'Alca-
von. Il était, en 1813, général
de division à l'état-major de la
grande-armée. Il mourut à la fin
de la même année.

BEAUMONT (ETIENNE), architecte à Paris, avait été chargé de la construction de la salle du tribunat, qui siégeait au PalaisRoyal. Cette salle fixa l'attention du jury chargé de décerner les prix décennaux : « La salle du tri>>bunat, dit la commission dans » son rapport, mérite d'être citée >> honorablement elle est regar» dée comme la plus parfaite de >> celles qui ont été construites » pour des autorités constituées, >> depuis la révolution; elle est en >> même temps noble, simple, et » d'un style pur. L'architecte qui »> l'a dirigée, est M. Beaumont. >> La commission a voté à l'una»nimité une mention honorable » pour la salle d'assemblée du tri»bunat, dont la décoration inté

nous les rendions à celui à qui ils appartiennent de droit. Ce n'est pas sur les desseins de Beaumont que la construction et la décoration de cette salle avaient été faites, mais sur ceux de M. Huyot, qui depuis a remporté le grand prix d'architecture, et a été appelé ensuite à remplir la chaire de professeur à l'académie (Voyez HUYOT). Le ministre de l'intérieur, le conseil des bâtimens civils, et le préfet du département de la Seine, avaient, pendant longtemps, chargé Beaumont de diriger beaucoup de travaux publics d'une grande importance; mais cet architecte ayant ensuite perdu plusieurs de ses attributions, mourut, dit-on, de chagrin, vers 1815.

BEAUMONT (J. T. BARBER), major anglais, chef du corps des tirailleurs du duc de Cumberland, et directeur de l'institution de la Providence, à Londres. On a de lui: 1°Voyage dans la partie mėridionale de la principauté de Gatles, et dans le comté de Montmouth, in-8°, 1803; 2° Considérations sur les meilleurs moyens d'assurer la défense intérieure de la Grande-Bretagne, in-8°, 1805, publié sous le nom de Barber; 5o l'Arcanum de la défense naturelle, ouvrage anonyme (par Hastatus), in-8°, 1808. C'est depuis quelque temps seulement qu'il a pris le nom de Beaumont.

BEAUNIER (STANISLAS), né à Vendôme, membre de la société d'agriculture de Blois. On trouve fondu dans son Traité-pratique

sur l'éducation des abeilles, 1816, son mémoire couronné, en 1801, par la société d'agriculture de Paris.

BEAUNOIR (ALEXANDRE-LOUISBERTRAND-ROBINEAU, DIT), né à Paris, le 4 avril 1746. Son père était notaire et secrétaire du roi. Alexandre Robineau changea de bonne heure son nom en celui de Beaunoir qui en est l'anagramme, et sous lequel il fit paraître quelques morceaux de poésie légère, assez agréables, et quelques pièces pour les petits théâtres. Une place qu'il obtint à la bibliothéque royale lui persuada de renoncer à ces occupations, et le détermina même à prendre le petit collet. Cependant il ne tarda pas à le quitter, à cause de la piè

се

intitulée l'Amour quêteur. L'archevêque de Paris lui avait enjoint de la désavouer, ou de renoncer à son titre d'abbé. M. Beaunoir n'hésita point, et il partit pour diriger le théâtre de Bordeaux. Cette entreprise n'ayant pas réussi, il se retira dans la Belgique, en 1789, à l'époque où ce pays semblait ouvrir la carrière des révolutions. La liberté avec laquelle il manifesta ses sentimens monarchiques lui attira des désagrémens, dont il se vengea en publiant un drame intitulé Vandernoot, et une espèce d'histoire de la révolution du Brabant, qui a pour titre les Masques arrachés, ou Vie privée de L. E. Henri Vandernoot et Van Cuper, de S. E. le cardinal de Malines, et de leurs adhérens, 2 vol. in-18, 1790. Après avoir rédigé pendant quelque temps le Vengeur, journal opposé à la révolu

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tion française, M. Beaunoir quitta la Belgique, et voyagea en Flandre, en Hollande, en Allemagne, en Prusse et en Russie. Il s'arrêta dans ce dernier pays, et il entreprit à Saint-Pétersbourg la direction des trois spectacles de la cour. Rentré en France, en 1801, il entretint une correspondance littéraire avec plusieurs étrangers, particulièrement avec Jérôme Bonaparte devenu roi de Westphalie. Parmi les ouvrages nombreux que cet auteur a publiés, le premier de ses titres est la création de la famille des Pointus, dont l'ácteur Volange a fait presque tout le succès; on cite encore Fanfan et Colas, pièce qui ne manque ni de naturel ni d'intérêt, et que M. Beaunoir a donnée, ainsi que quelques autres, sous le nom de sa femme. Enfin, il a rédigé les Annales de l'empire français (1805), travail auquel M. Dampmartin a pris part.

BEAUPOIL DE SAINT-AULAIRE. (Voyez SAINT-AULAIRE.)

BEAUPRE (PELLET DE), adopta les principes de la révolution, et quitta l'état ecclésiastique pour se livrer aux affaires administratives. En septembre 1792, le département de l'Orne le nomma à la convention. Après avoir voté la mort de Louis XVI, il demanda le sursis jusqu'à ce que la famille de ce prince fût hors d'état de rien entreprendre contre la république. Il passa, avec les deux tiers des conventionnels, au conseil des cinq-cents, d'où il sortit le 1er prairial an 6. Là paraît se terminer sa carrière législative.

BEAUPUY (NICOLAS), membre de l'assemblée législative, du con

seil des cinq-cents et du sénatconservateur, naquit à Mussidan, département de la Dordogne, d'une famille distinguée, moins orgueilleuse de l'ancienneté de sa noblesse que de son dévouement à la patrié et du sang qu'elle a versé pour elle. Du côté de sa mère, il comptait Montaigne au nombre de ses aïeux. Le genre d'illustration que dut lui donner le nom de l'immortel auteur des Essais, était le plus beau à ses yeux. Partisans des idées philantropiques, ses parens l'élevèrent dans leurs principes; ils les développèrent bientôt chez lui. Dès qu'il fut homme, il voulut être utile. Beaupuy, qui n'avait que 17 ans lorsqu'il termina ses études, passa du collège à l'armée, et entra comme sous-lieutenant dans le régiment de DauphinDragons, en 1777. Beaupuy n'était pas courtisan. Son avancement fut peu rapide; et après vingt-deux ans de service, il n'était que major. Il occupait encore ce grade lorsque la révolution éclata. La nouvelle organisation de l'armée lui fit obtenir, en 1790, celui de lieutenantcolonel dans le régiment de Mestre-de-Camp-Dragons, où il servait depuis quelque temps. Persuadé que le but de la révolution était de détruire les abus, il n'avait pas attendu que le succès des événemens assurât son triomphe pour se déclarer en sa faveur. Il était l'aîné de cinq frères qui, tous, animés des mêmes sentimens, se vouèrent à la défense de la liberté, pour laquelle trois d'entre eux devaient mourir. Dès que les Français purent se nommer ci

T. II.

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toyens, Beaupuy fut successivement commandant de la garde nationale de sa commune, maire, enfin membre du directoire du département de la Dordogne. Le vœu public, qui le portait à des fonctions civiles, ne se trouvait point en harmonie avec les opinions des officiers de son corps, opposés à la cause populaire. De là, quelques désagrémens qui l'engagèrent à donner sa démission, le 27 juillet 1791, après vingtquatre ans de service. Il n'y avait que peu de temps qu'il avait renoncé à la carrière des armes lorsqu'il fut nommé à l'assemblée législative, où il devint bientôt membre du comité militaire. Il rendit de grands services dans cette place, qu'il occupa pendant tout le cours de la session, surtout lorsqu'il fut envoyé, après les événemens du 10 août 1792, au camp de Châlons. Les factions qui, dans l'assemblée législative, préludaient déjà aux funestes journées qui détruisirent, au sein de la représentation`nationale, la liberté des opinions, seule garantie des droits des citoyens, n'eurent aucune influence sur Beaupuy. Il ne connut jamais d'autres intérêts que ceux de la vérité et de la justice, ni d'autre parti que cclui de son devoir. On ne peut se populariser qu'en flattant les passions de la multitude; l'impartiale équité du sage produit presque toujours un effet contraire et Beaupuy ne fut point réélu la convention nationale: mais il en fut dédommagé, lorsque, de retour dans ses foyers, l'estime et la reconnaissance de ses concitoyens le portèrent de nouveau

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aux premières fonctions munici pales. Une coalition menaçait alors la liberté de la France, et déjà l'étranger campait sur notre territoire. Tandis que ses premiers défenseurs couraient aux frontières, Beaupuy, retenu à son poste par des fonctions non moins dangereuses, se faisait remarquer par son zèle et sa fermeté à maintenir l'ordre et la tranquillité intérieure. Toujours membre du directoire du département de la Dordogne, et président de l'administration du district de Mussidan, sous le gouvernement républicain, il sut, par sa prudence, écarter le régime de la terreur du territoire protégé par son administration. Le comité révolutionnaire de Mussidan (car il y en avait un aussi dans cette ville) fut toujours sous son influence. Il crut, pour servir son pays, devoir accepter la présidence de ce comité. L'estime et la gloire ont remplacé pour lui le mépris et l'horreur attachés à ce titre, et la postérité n'apprendra pas sans admiration que, pendant qu'une faction furieuse proscrivait des milliers de citoyens, et faisait répandre sur les échafauds des flots du sang français, dans un petit coin de terre situé vers la Dordogne, il n'y eut, grâce au courage d'un homme de bien, ni suspects, ni arrestations, ni supplices. Cependant cette conduite fut jugée criminelle par le gouvernement d'alors le vertueux magistrat fut dénoncé et suspendu de ses fonctions; mais la chute des oppresseurs de la France lui permit bientôt de les reprendre. Nommé commissaire du di

rectoire-exécutif, en floréal de l'an 5, il employa, pour apaiser quelques dissensions qui s'étaient élevées parmi ses administrés des moyens qui lui concilièrent l'estime de tous les partis. Ils lui en donnèrent une preuve au mois de germinal an 7, lorsque l'assemblée électorale du département de la Dordogne, s'étant de nouveau divisés, les deux factions l'élurent membre du conseil des anciens au corps-législatif. Ennemi de l'intrigue et du mensonge, sa franchise et sa loyauté se montrèrent dans ce conseil comme elles s'étaient montrées à l'assemblée-législative, et lui méritèrent, à juste titre, la confiance de ses collègues. Membre de la commission des inspecteurs, il coopéra à la révolution du 18 brumaire, et fut alors appelé à concourir à la rédaction de l'acte constitutionnel. Tant de services rendus à la patrie ne restèrent pas sans récompense. Beaupuy fut nommé au sénat-conservateur. Plus heureux du retour de l'ordre, plus touché de la gloire de son pays que des avantages qu'il retirait de sa nouvelle dignité, il jouissait modestement des honneurs qui y étaient attachés, quand le désir de revoir des compatriotes qui lui avaient donné tant de marques de confiance et d'estime, l'engagea à faire un voyage à Mussidan: il n'en revint pas, et mourut peu de temps après son arrivée, à peine âgé de 52 ans, le 2 jour complémentaire de l'an 10. Pour donner une juste idée de son courage et de son impartialité, nous citerons le fait suivant. Lorsqu'en 1792, on propo

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