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MÉMOIRES INÉDITS DE CHARLES-NICOLAS COCHIN sur le comte de Caylus, Bouchardon, les Slodtz, publiés d'après le manuscrit autographe avec introduction, notes et appendice par M. Charles Henry. Paris, Baur, 1881.

M. Charles Henry est un chercheur heureux. Ses nombreuses publications, aussi intéressantes que variées, en font foi. En attendant que les lecteurs du Cabinet Historique apprennent à le connaître plus amplement, je me fais un plaisir de leur annoncer son dernier livre.

Les Mémoires de Cochin sont conservés au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale sous le n° 1874 des nouvelles acquisitions françaises. MM. de Goncourt, qui en soupçonnaient l'existence dans notre grand dépôt littéraire, l'y avaient vainement cherché, comme le prouvent divers passages des deux écrivains cités par M. Henry (p. 12 et 13). La partie qui concerne le comte de Caylus, comprend les pages 26-81, avec les remarques personnelles de Cochin qui font suite aux Mémoires proprement dites; celle qui concerne Bouchardon, va de la page 83 à la page 112, avec les remarques; celle qui concerne les Slodtz va de la page 113 à la page 143, aussi avec les remarques. Naturellement ce sont les questions relatives à l'art qui y dominent. M. Henry n'a pas cru devoir apprécier ces Mémoires au point de vue artistique, et s'est contenté de donner des éclaireissements sous forme de notes claires, intéressantes, qui prouvent qu'il s'est conscienscieusement préparé à sa tâche d'éditeur. La seule critique qu'on puisse adresser à M. Henry, c'est d'avoir écrit son introductien dans un style un peu trop fleuri.

M. Henry ne saurait être trop loué pour le soin qu'il a apporté à l'Appendice. Il a publié le testament de Cochin, dont l'original est conservé dans l'étude de Me Cabaret, et celui de de RénéMichel Slodtz, conservé aux Archives nationales; un catalogue des mss. provenant du comte de Caylus; un catalogue des mss. renfermant de ses œuvres inédites ou rarissimes. Cette biographie dénote de longues recherches. Une table alphabétique des noms des personnes termine le volume.

Les Mémoires de Cochin ont paru sous les auspices de la Société de l'histoire de l'art français. Un pareil patronage est la meilleure garantie de l'intérêt et de l'excellente exécution de la publication.

Les conditions matérielles de ce livre, la beauté des caractères ét du papier, en font un volume qui s'adresse aussi bien aux bibliophiles qu'aux érudits.

Ulysse ROBERT.

SUR LA PERTE DE BARCELONNE EN 1652

ET AUTRES

DOCUMENTS

SUR LES ÉVÉNEMENTS DE CATALOGNE DE 1651 A 1660 (1).

Les documents que nous publions concernent les événements survenus en Catalogne de 1652 à 1660; ils sont au nombre de onze, dont trois en français et huit en catalan. Deux pièces sont signées par Louis XIV; une par M. de Marca, archevêque de Toulouse; quatre par le Maréchal de La Mothe-Houdancourt; une par le Maréchal d'Hocquincourt, une par le Chancelier Français de Catalogne et deux par le Gouverneur général de Roussillon.

Parmi ces documents, il convient d'en signaler un d'une façon particulière, comme présentant un caractère d'intérêt général; c'est la déclaration du Roi adressée en 1653 aux habitants des principales villes de Catalogne et de Roussillon pour expliquer l'abandon de Barcelone (2) par la France, et pour annoncer un envoi

(1) Ces documents, qui sont inédits et inconnus, font partie des Archives départementales de l'Ariége (série E); ils ont été donnés en 1879 par M. de Coma, ancien architecte diocésain à Pamiers, originaire d'une famille de Roussillon.

(2) Barcelonne, qui s'était donnée à la France sous le règne de Louis XIII en 1640 avec le reste de la Catalogne, fut obligée après quinze mois de siège de capituler et d'ouvrir ses portes aux Espagnols le 15 octobre 1652.

CABINET HIST.- 1881.

DOC.- 8

de troupes sous les ordres du Maréchal d'Hocquincourt, nommé vice-roi de Catalogne.

Les autres pièces, qui sont rédigées sous forme d'instructions ou de lettres de service, sont curieuses, mais n'ont trait qu'à des faits de détail et sont relatives à l'administration du Roussillon pendant les années, qui ont précédé la réunion de cette province à la Couronne. On y trouve des indications intéressantes sur la situation de la contrée et sur les agissements du gouvernement français.

On voit quels étaient les procédés auxquels avaient recours les agents de Louis XIV pour maintenir l'ordre et la sécurité à l'intérieur, surveiller les menées des ennemis de l'Etat, pourvoir à l'approvisionnement des troupes et créer des ressources financières.

Des bandes de Miquelets ravageaient les montagnes du Vallespir; des brigands dépouillaient les voyageurs au Perthuis et en d'autres passages. Pour mettre fin à ces déprédations, on nomma un commissaire extraordinaire muni de pleins pouvoirs, et à qui les officiers de justice étaient obligés de prêter leur concours. (Pièces nos 5, 6, 8 et 11.)

Les menées des partisans de l'Espagne, dans les provinces nouvellement soumises à la France, n'étaient pas sans causer quelque inquiétude à l'administration de Louis XIV. Il y avait donc lieu de surveiller la conduite des personnes suspectes, de les empêcher de nuire et de renseigner les autorités sur leur compte. Aussi le chancelier français de Catalogne chargea-t-il un agent de le tenir au courant de ce qui se passerait, de prendre des informations sur les paroles et les actes des ennemis de Etat, et même de procéder à leur arrestation. (Pièces * 3 et 6.)

provisionnement des troupes n'était pas le sujet ait le moins de préoccupations au gouverneur

de la province. Le Roussillon devenait terre française; aussi était-il d'une bonne politique, pour gagner l'esprit des habitants, de ne pas agir comme en pays conquis. Il convenait de pourvoir aux besoins de l'armée en coupant court aux désordres qui n'auraient pas manqué de se produire, si les soldats avaient été obligés de vivre aux dépens des paysans. Dans ce but, le gouverneur établit à Arles-sur-Tech un intendant chargé de rassembler tout ce qui était destiné à l'armée de Catalogne et de requérirles bêtes de somme nécessaires aux transports. (Pièces nos 4 et 7.)

L'argent n'était pas toujours abondant dans les caisses du Trésor; cependant, le cas se présentait où il fallait promptement faire face aux besoins de la situation. En pareille occurrence, les biens des ennemis de l'Etat étaient une ressource toute trouvée. Le 14 août 1653, le Maréchal d'Hocquincourt, reconnaissant que le moyen le plus expéditif pour réunir sans retard douze cents doublons d'or était de se les procurer aux dépens des ennemis du Roi, prescrivit à Raphael Pont, capitaine du château de Bellegarde, d'opérer le recouvrement de cette somme en vendant ou en engageant les biens de quelques bourgeois d'Arles, coupables du crime de lèsemajesté au premier chef. (Pièce no 10.)

Nous avons divisé les documents en deux parties : la première comprend les textes en français, la seconde, ceux en catalan. Nous avons conservé dans la transcription l'orthographe de l'original. Chaque pièce est précédée d'une analyse destinée à en faire connaître let sujet et à mettre en relief les principaux passages.

F. PASQUIER,
Archiviste de l'Ariège.

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