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du volume toutes ces raisons deviennent affirmatives, et se résolvent par l'assurance que la vie de Jésus est un composé de mythes réunis en différens tems, et qui lui ont été appliqués à peu près comme on a rapporté à Hercule toutes les hautes actions dont l'antiquité a eu connaissance.

Pour le moment, et dans l'article suivant, nous ne nous occupons que des raisons extrinsèques contre l'authenticité des écritures.

Or, pour procéder à cet examen avec cette impartialité dont nous faisons profession, voici ce que nous nous proposons de faire.

1° D'abord nous citerons le texte même des objections de Strauss. Nous désirons donner cet échantillon de ce fameux ouvrage pour faire voir quelle est la manière et quelle est la force des raisons d'après lesquelles le docteur réformé conclut audacieusement que l'évangile n'est pas authentique.

2° Pour prouver cette authenticité, nous avons recueilli toutes les preuves de l'authenticité des évangiles qui se trouvent dans les écrivains des trois premiers siècles, soit chrétiens, soit juifs, soit paiens. Nous donnerons en particulier les différens textes des évangiles cités par ces écrivains, avec les variantes qui s'y trouvent. C'est ainsi que nous ramènerons la discussion, des termes vagues où l'ont jetée les idéologues allemands, sur le terrain historique, qui est le seul où l'on puisse marcher avec quelque consistance. Nous avons pensé que ces documens seraient reçus avec gratitude de nos abonnés, qui y trouveront réunis des textes qu'ils ne pourraient avoir à leur disposition qu'avec beaucoup de peines et de frais dans une vaste bibliothèque.

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DISSERTATION SUR LES AMAZONES,

OU COMPARAISON de ce que nous en apprennent les livres et LES MONUMENS CHINOIS ET INDIENS,

Avec les documens que nous en ont laissés les Grecs.

Nouveaux détails sur les Centaures. Pays des Amazones d'après les livres chinois ;-probablement les bords de la mer Caspienne.-Leurs noms chinois expliqués par les récits des Grecs.-Leur glaive à deux tranchans.-Les Amazones dans l'Inde.—Explicatiou des symboles que leur attribuent les Indiens.—De leurs boucliers.-De leur origine Tartare

A Monsieur le Président de la société royale de géographie de la Grande-Bretagne et d'Irlande.

MONSIEUR LE PRÉSIDENT,

16 août 1839.

Etant bien aise de conserver la priorité de mes idées, j'ai eu l'honneur de vous adresser un aperçu sur les anciens Centaures, peuples de la race Slave ou Sarmate, mentionnés déjà, dans le Chan-hay-king, livre chinois de géographie mythologique qu'on fait remonter à plus de 2,000 ans avant notre ère, et qui ils sont figurés avec deux pieds de chevaux Ma Ty, E exactement comme on représentait Chiron le centaure, dans les plus anciennes sphères célestes. En ce moment, je vous adresse de nouveaux calques relatifs aux Amazones, voisines des Centaures, et peut-être de la même race.

Je vous ferai observer d'abord, que votre moine Bacon, cité par Bergeron, dans son ouvrage sur les Tartares, les met à l'est du Caucase, vers les terres des Chorasminiens, et dit : « C'est » là qu'au rapport de Pline, étaient autrefois les Amazones

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1 Voir dans les Annales, t. xix, p. 94, la Dissertation sur les Ting-ling ou Centaures et leurs figures d'après les livres chinois; tirée à part. 2 Tome 11, p. xi.

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La carte de tous les

Ty, ou Scythes du Nord, donnée dans

l'Encyclopédie japonaise, nomme ce pays Mou, nom des Amazones, et M. Klaproth y reconnaît le Kharizme où kouaresme, pays de Khiva.

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tuant leurs enfans mâles, mais nourrissant de leur mamelle unique, les centaures et les minotaures, monstres épouvantables qui les suivaient partout comme leurs mères.» Les belles frises de Phigalie du British museum, et les métopes du Parthénon, dues à lord Elgin offrent, en effet, outre les Amazones d'une beauté divine, des Centaures, qui comme elles, et avec elles, combattent les Grecs.-Certains de ces centaures barbus ont une assez belle figure; mais à Phigalie surtout, il en est, au nez écrasé, à l'air féroce, qui assomment et mordent avec fureur leurs adversaires grecs, et qui m'ont rappelé ces cosaques de diverses races', que nous avons vus à Paris, en 1814.

Dès mon arrivée à Londres, en 1830, et en visitant le British il me fut évident, que ces belles frises représentaient une invasion antique, de peuples du Nord-Est de l'Asie, en Grèce. Justin nous décrit avec détail cette invasion des Scythes et des Amazones en Grèce; dans son liv. 1, ch. 4, il nomme Panasagore', le fils du roi des Scythes ou des Centaures, qui accompagna avec un corps nombreux de cavalerie, les Amazones dans leur invasion en Attique. Plutarque et d'autres auteurs les citent également, et Pausanias décrit cette guerre avec des détails assez étendus. Il est donc évident, que les Centaures, ou la cavalerie scythe, étaient partout les auxiliaires des Amazones de la race caucasique et slave ( comme ils sont maintenant encore les auxiliaires des Russes plus civilisés qu'eux ), et il est clair aussi qu'ils occupaient des pays voisins de celui des primitives Amazones, pays de steppes, tels que la Sarmatie et la Sibérie, et propres à la cavalerie.

-

J'ajouterai, d'après M. Klaproth ', que les Ting-ling, à pieds de

• Voir ceux qui sont figurés aussi sous la forme symbolique des Centaures, avec leur barbe courte, épaisse et rousse, et leur teint sale et bronzé, sur les beaux vases étrusques de la collection du savant traducteur de Tacite, M. Panckoucke. Quant à ceux des frises de Phigalie ils sent armés de la massue, comme dans le dessin tiré de l'Encyclopédie japonaise, que nous avons publié.

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M. le comte Ad. de Mailly, qui a fait avec distinction la campagne de Russie, nous écrivait récemment que dans les pays slaves, les mots Pan et Ban signifient seigneur; et M. le comte de Sorgo de Raguse nous dit que Pana-sa-gore, en slave, peut se traduire par seigneur d'au-delà de la montagne (Gora). De là vient aussi Bannat, seigneurie.

3T. 1, Mémoires sur l'Asie.

chevaux', dont j'ai entretenu la Société de géographie, offraient plusieurs tribus, dont une, plus civilisée, était appelée en langue des Ou-sun (nation célèbre de l'Asie centrale, Gryphons d'Hérodote), la tribu des vieillards vénérés, ou des hommes à intelligence forte, sens de Ting-ling; de sorte que c'est dans cette tribu que devait se trouver Chiron et les autres centaures habiles en médecine, en astronomie et dans les lettres; ce peuple, chez qui les Grecs de l'âge héroïque, étaient envoyés pour s'instruire, soit dans l'art de la guerre, soit en politique, soit même dans les lettres, ayant dû le premier se livrer à l'étude des hierogly. phes, prétendus chinois, mais qui ont été l'écriture de la race slave, et qui ont engendré nos alphabets grecs, romains et illyriens', ainsi que nous l'avons montré ailleurs.

Ceci bien compris et entendu, j'arrive maintenant aux détails positifs et entièrement nouveaux que donnent les livres antiques conservés en Chine, sur les Amazones. Et habitué, à l'Ecole polytechnique, à marcher appuyé sur des faits, j'adresse à la société royale de géographie, les calques faits par moi 3, à défaut d'autres moyens de publication, des Amazones, telles que les offrent les monumens grecs les plus authentiques (voir pl. I, fig. C et D), les monumens indiens d'Eléphanta (voir fig. B et le n° 9), et enfin les textes des Encyclopédies et autres ouvrages de géographie antique, conservés en Chine et au Japón, de la même manière que les colonies anglaises de l'Amérique, y ont apporté, y lisent et y conservent les livres de leur patrie primitive, l'antique Albion.

J'ai fait, dans les notes “, une traduction littérale de l'un des

1 On les met dans le pays de Mahing, c'est-à-dire, du pays où l'on ne marche qu'à cheval; or, dans toutes les langues du nord, horse ou rosse est le nom du cheval. Le nom des anciens Roxolans ou Russes se rattachait sans aucun doute à ces peuples de Ros, Thubal et Mosach, c'est-à-dire aux Russes et Moscovites qui, suivant Ezechiel (prophétie contre Tyr), venaient des pays du nord, montés sur leurs chevaux, vendre, sur ce marché célèbre, du fer, ce qui suppose les arts, et des esclaves fruit de leurs pillages.

• Voyez mon Essai sur l'origine des lettres et des chiffres, Paris, 1826, chez Treuttel et Wurtz; ouvrage qui n'a pas été réfuté.

3 Voyez les divers calques reproduits sur la planche à la fin de l'article. 4 Voir le texte et la traduction ci-après, p. 30.

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textes, et je suis étonné que M. Klaproth, parlant des deux royaumes des Amazones de l'Inde et traduisant ce qu'en disent les livres chinois, n'ait en rien mentionné ces Amazones de la Tartarie, que nous figurent les encyclopédies chinoises et japonaises, et qui sont retracées, aussi avec une seule mamelle, et vêtues de fourrures à taches rondes (voir no 1 ), dans l'ouvrage précieux et admirable, intitulé Pian-y-tien, ouvrage que possède la bibliothèque royale à Paris, et que malheureusement on ne traduit pas.

J'invite les membres de la Société géographique que ces notes intéresseront, à lire le morceau asscz court de M. Klaproth sur les Amazones orientales 2, titre qu'elles portent en chinois, bien que l'Inde soit évidemment à l'Ouest de la Chine actuelle.

Ce titre seul, comme celui donné au Tong-king ( royaume d'Orient), montre que ces relations ou ces livres supposés chinois, n'ont pas été composés en Chine, mais bien vers la mer Caspienne. Là, on pouvait en effet, concevoir des Amazones occidentales, Siniu koue, celles de la Sarmatie, et celles de l'Arabie et de l'Asie - Mineure, pays nommé Ta

tsin, ou aussi appelé Hay sy, c'est-à-dire, ouest de la mer; car ces contrées sont à l'ouest de la mer Caspionne (et suivant nous, le nom Asia, n'a pas d'autre origine).

Et là aussi, quand, avec les Albanais et les peuples du Caucase, des colonies guerrières d'Afghans ou de Patans, eurent été s'établir, vers le Caboulistan et le Baltistan, des Amazones du Caucase, durent les accompagner et former le royaume des Amazones orientales, dont nous parlent les livres Chinois, livres apportés du centre de l'Asie, je le répète, et qui les mettent dans l'Inde, c'est-à-dire à l'orient de la Perse.

Mais ces Amazones orientales, n'étaient dans l'Inde, qu'à une époque comparativement moderne, et l'empire de la Chine,

fondé seulement sous les 秦 Tsin et sous les 漢 Han, ne

les mentionne, que sous les dynasties Souy et Tang, c'est-àdire au plutôt en l'an 586, après J.-C. On les voit ensuite, se

1

Magasin asiatique, t. 1, p. 235.

Hi Tong

niu koue, royaume des femmes d'orient.

III SÉRIE, TOM. 1.-N° 1. 1840.

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