Page images
PDF
EPUB

98

de lettres en pensent, c'est là ce qu'on en dira quand le président ne sera plus: et quand je ne serai plus moi, je suis jaloux qu'on ne me reproche pas d'avoir donné d'éloges excessifs à personne."Vol. ii. pp. 35, 36.

"J'ai une confession à vous faire: j'ai parlé de lui dans l'Encyclopédie, non pas à Chronologie, car cela est pour Newton, Petau et Scaliger, mais à Chronologique. J'y dis que nous avons, en notre langue, plusieurs bons abrégés chronologiques: le sien, un autre qui vaut pour le moins autant, et un Troisième qui vaut mieux. Cela n'est pas dit si crûment, ainsi ne vous fâchez pas. Il trouvera la louange bien mince, surtout la partageant avec d'autres; mais Dieu et vous, et même vous toute seule, ne me feroient pas changer de langage." Il fera sur l'Académie tout ce qui lui plaira, ma conduite prouve que je ne désire point d'en être, et en vérité je le serois sans lui, si j'en avois bien envie; mais le plaisir de dire la vérite librement quand on n'outrage ni n'attaque personne, vaut mieux que toutes les Académies du monde, depuis Puisque la Françoise, jusqu'à celle de Dugast.' je suis déjà d'une Académie, c'est un petit agrément de plus que d'être des autres; mais si j'avois mon expérience, et quinze ans de moins, je vous réponds que je ne serois d'aucune."-Vol. ii. pp.

56-64.

We may now take a peep at the female correspondents,-in the first rank of whom we must place Madame de Staal, so well known to most of our readers by her charming Memoirs. This lady was attached to the court of the Duchess of Maine; and her letters, independent of the wit and penetration they display, are exceedingly interesting, from the near and humiliating view they afford of the miserable ennui, the selfishness and paltry jealousies which brood in the atmosphere of a court, and abundantly avenge the lowly for the outward superiority that is assumed by its inhabitants. There are few things more instructive, or more compassionable, than the picture which Madame de Staal has drawn, in the following passages, of her poor princess dragging herself about in the rain and the burning sun, in the vain hope of escaping from the load of her own inanity,-seeking relief, in the multitude of her visitors, from the sad vacuity of friendship and animation around her, and poorly trying to revenge herself for her own unhappiness, by making every body near her uncomfortable.

"Je lus avant-hier votre lettre, ma reine, à S. A. Elle était dans un accès de frayeur du tonnerre, qui ne fit pas valoir vos galanteries. J'aurai soin une autre fois de ne vous pas exposer à l'orage. Nous nageons ces jours passés dans la joie; nous nageons à présent dans la pluie. Nos idées, devenues douces et agréables, vont reprendre toute leur noirceur. Pardessus cela est arrivé, depuis deux jours, à notre princesse un rhume, avec de la fièvre: ce nonobstant et malgré le temps diabolique, la promenade va toujours son train. Il semble que la Providence prenne soin de construire pour les princes des corps à l'usage de leurs fantaisies, sans quoi ils ne pour raient attraper âge d'homme."-Vol. i. pp. 161, 162. En dépit d'un troisième orage plus violent que les deux précédens, nous arrivons d'une chasse: nous avons essuyé la bordée au beau milieu de la forêt. J'espérais éviter comme à l'ordinaire cette belle partie; mais on a adroitement tiré parti des raisons que j'avais alléguées pour m'en dispenser; ce qui m'a mis hors d'état de reculer. C'est dommage qu'un art si ingénieux soit employé à désoler les gens."-Vol. i. p. 164.

"Je suis très fâchée que vous manquiez d'amuse

[ocr errors]

mens: c'est un médicament nécessaire à la santé,
notre princesse le pense bien; car étant véritable.
ment malade, elle va sans fin, sans cesse, quelque
temps qu'il fasse."-Vol. i. p. 168.

[ocr errors]

Nous faisons, nous disons toujours les mêmes choses: les promenades, les observations sur le vent, le cavagnole, les remarques sur la perte et le gain, les mesures pour tenir les portes fermées quelque chaud qu'il fasse, la désolation de ce qu'on appelle les étouffés, au nombre desquels je suis, et dont vous n'êtes pas, qualité qui redouble le désir de votre société."-Vol. i. p. 197.

"Rien n'est égal à la surprise et au chagrin où l'on est, ma reine, d'avoir appris que vous avez été chez Madame la Duchesse de Modène. Un amant bien passionné et bien jaloux supporte plus tranquillement les démarches les plus suspectes, qu'on quoi n'endure celle-ci de votre part. Vous allez vous dévouer là, abandonner tout le reste; voilà on étoit réservé: c'est une destinée bien cruelle !' &c. J'ai dit ce qu'il y avait à dire pour ramener le calme; on n'a voulu rien entendre. Quoique je ne doive plus m'étonner, cette scène a encore trouvé moyen de me surprendre. Venez, je vous conjure, ma reine, nous rassurer contre cette alarme: ne louez point la personne dont il s'agit, et surtout ne parlez pas de son affliction; car cela serait pris pour un reproche."-Vol. ii. pp. 22, 23.

All this is miserable: but such are the necessary consequences of being bred up among flatterers and dependants. A prince has more chance to escape this heartlessness and insignificance; because he has high and active duties to discharge, which necessarily occupy his time, and exercise his understanding; but the education of a princess is a work of as great difficulty as it may come to be of importance. We must make another, extract or two from Madame de Staal, before taking leave of her.

Voltaire s'est

"Madame du Châtelet et Voltaire, qui s'étaient annoncés pour aujourd'hui et qu'on avait perdus de vue, parurent hier, sur le minuit, comme deux spectres, avec une odeur de corps embaumés qu'ils semblaient avoir apportée de leurs tombeaux. On sortait de table. C'étaient pourtant des spectres lits, qui n'étaient pas préparés. La concierge, déjà affamés: il leur fallut un souper, et qui plus est, des couchée, se leva à grande hâte. Gaya, qui avait offert son logement pour les cas pressans, fut forcé de le céder dans celui-ci, déménagea avec autant de précipitation et de déplaisir qu'une armée surprise dans son camp, laissant une partie de son bagage au pouvoir de l'ennemi. bien trouvé du gîte: cela n'a point du tout consolé Gaya. Pour la dame, son lit ne s'est pas trouvé bien fait: il a fallu la déloger aujourd'hui, Notez que ce lit elle l'avait fait elle-même, faute de gens, et avait trouvé un défaut de .... dans les matelas, "Nos revenans ne se ce qui, je crois, a plus blessé son esprit exact que son corps peu délicat.". montrent point de jour, ils apparurent hier à dix heures du soir : je ne pense pas qu'on les voie guère plus tôt aujourd'hui; l'un est à décrire de hauts fairs, l'autre à commenter Newton; ils ne veulent ni jouer ni se promener: ce sont bien des non-valeurs dans une société, où leurs doctes écrits ne sont d'aucun rapport."-" Madame du Châtelet est d'hier à son troisième logement: elle ne pouvait plus supporter celui qu'elle avait choisi; il y avait du bruit, de la fumée sans feu (il me semble que c'est son emblême). Le bruit, ce n'est pas la nuit qu'il l'incommode, à ce qu'elle m'a dit, mais le jour, au fort de son travail: cela dérange ses idées. Elle fait actuellement la revue de ses principes! c'est un exercice qu'elle réitère chaque année, sans quoi ils pourraient s'échapper, et peut-être s'en aller si loin qu'elle n'en retrouverait pas un seul. Je crois bien que sa tête est pour eux une maison de

force, et non pas le lieu de leur naissance: c'est le | ficile d'avoir moins de sensibilité, et plus cas de veiller soigneusement à leur garde. Elle d'égoïsme." With all this, she was greatly préfère le bon air de cette occupation à tout amuse-given to gallantry in her youth; though her inent, et persiste à ne se montrer qu'à la nuit close. Voltaire a fait des vers galans, qui réparent un peu le mauvais effet de leur conduite inusitée."-Vol. i. pp. 178, 179. 182. 185, 186.

After all this experience of the follies of the great and the learned, this lively little woman concludes in the true tone of French practical philosophy.

“O ma reine! que les hommes et leurs femelles sont de plaisans animaux ! Je ris de leurs mancu. vres, le jour que j'ai bien dormi; quand le sommeil me manque, je suis prête à les assommer. Cette variété de mes dispositions me fait voir que je ne dégénère pas de mon espèce. Moquons-nous des autres, et qu'ils se moquent de nous; c'est bien fait de toute part!"-Vol. i. p. 181.

Among the lady writers in these volumes, we do not know if there be any entitled to take precedence of la Duchesse de Choiseul, who writes thus learnedly on the subject of ennui to Madame du Deffand.

attachments, it would seem, were of a kind not very likely to interfere with her peace of mind. The very evening her first lover died, after an intimacy of twenty years, La Harpe assures us, "Qu'elle vint souper en grande Compagnie chez Madame de Marchais, où j'étais; et on lui parla de la perte qu'elle venait de faire. Hélas! il est mort ce soir à six heures; sans cela, vous ne me verriez pas ici Ce furent ses propres paroles; et elle soupa comme à son ordinaire, c'est-à-dire fort bien; car elle était très-gourmande." (Pref. p. xvi.) She is also recorded to have frequently declared, that she could never bring herself to love any thing,-though, in order to take every possible chance, she had several times attempted to become devote-with no great success. This, we have no doubt, is the secret of her ennui; and a fine example it is of the utter worthlessness of all talent, accomplishment, and glory, when disconnected from those feelings of kindness and generosity, which are of themselves sufficient for happiness. Madame du Deffand, however, must have been delightful to those who sought only for amusement. Her tone is admirable; her wit flowing and natural; and though a little Je m'aperçois, ma chère enfant, que je vous given to detraction, and not a little importudis des choses bien communes; mais accoutumez-nate and exigeante towards those on whose vous à les supporter, 1°, parce que je ne suis pas en état de vous en dire d'autres; 2°, parce qu'en morale elles sont toujours les plus vraies, parce qu'elles tiennent à la nature. Après avoir bien exercé son esprit, le philosophe le plus éclairé sera obligé d'en revenir, à cet égard, à l'axiome du plus grand sot, de même qu'il partage avec lui l'air qu'il Almost all the letters of her writing which respire."-" Les préjuges se multiplient, les arts s'accroissent, les sciences s'approfondissent: mais been written in the month of July 1742, are published in these volumes, seem to have la morale est toujours la même, parce que la nature ne change pas; elle est toujours réduite à ces deux when she spent a few weeks at the waters of points: être juste pour être bon, être sage pour Forges, and wrote almost daily to the Presiêtre heureux Sadi, poëte Persan, dit que la sa-dent Henault at Paris. This close corresgesse est de jouir, la bonté de faire jouir: j'y ajoute la justice."

"Savez-vous pourquoi vous vous ennuyez tant, ma chère enfant ? C'est justement par la peine que vous prenez d'éviter, de prévoir, de combattre l'ennui. Vivez au jour la journée; prenez le temps comme il vient; profitez de tous les momens, et avec cela vous verrez que vous ne vous ennuierez pas: si les circonstances vous sont contraires, cédez au torrent et ne prétendez pas y résister."

Il y a trois choses dont vous dites que les femmes ne conviennent jamais: l'une d'entre elles est de s'ennuyer. Je n'en conviens pas non plus ici: malgré vos soupçons, je vois mes ouvriers, je crois conduire leurs ouvrages. A ma toilette, j'ai cette petite Corbie qui est laide, mais fraîche comme une pêche, folle comme un jeune chien; qui chante, qui rit, qui joue du clavecin, qui danse, qui saute au lieu de marcher, qui ne sait ce qu'elle fait, et fait tout avec grâce, qui ne sait ce qu'elle dit, et dit tout avec esprit, et surtout une naïveté charmante. La nuit je dors. le jour je rêve, et ces plaisirs si doux, si passifs, si bêtes, sont précisément ceux qui me conviennent le mieux."-Vol. ii. pp. 134, 135. It is time now that we should come to Madame du Deffand herself:-the wittiest, the most selfish, and the most ennuyé of the whole party. Her wit, to be sure, is very enviable and very entertaining; but it is really consolatory to common mortals, to find how little it could amuse its possessor. This did not proceed in her, however, from the fastidiousness which is sometimes supposed to arise from a long familiarity with excellence, so much as from a long habit of selfishness, or rather from a radical want of heart or affection. La Harpe says of her, "Qu'il étoit dif

complaisance she had claims, there is always knowledge of the world in her murmurs, that an air of politeness in her raillery, and of prevents them from being either wearisome or offensive.

pondence of theirs fills one of these volumes; with which both parties must have written, and, considering the rapidity and carelessness must give, we should think, a very correct, and certainly a very favourable idea of the style of their ordinary conversation. We shall give a few extracts very much at random. She had made the journey along with a Madame de Péquigni, of whom she gives the following account.

"Mais venons à un article bien plus intéressant, c'est ma compagne. O mon Dieu! qu'elle me déplaît! Elle est radicalement folle; elle ne connoit point d'heure pour ses repas; elle a déjeuné à Gisors à huit heures du matin, avec du veau froid; à Gournay, elle a mangé du pain trempé dans le pot, pour nourrir un Limousin, ensuite un morceau de brioche, et puis trois assez grands biscuits. Nous arrivons, il n'est que deux heures et demie, et elle veut du riz et une capilotade; elle mange comme un singe; ses mains ressemblent à leurs pattes; elle ne cesse de bavarder. Sa prétention est d'avoir de l'imagination, et de voir toutes choses sous des faces singulières, et comme la nouveauté des idées lui manque, elle y supplée par la bizarrerie de l'expression, sous prétexte qu'elle est naturelle. Elle me déclare toutes ses fantaisies, en m'assurant qu'elle ne veut que ce qui me convient; mais je crains c'être forcé à être sa complaisante; cepen

dant je compte bien que cela ne s'étendra pas sur ce qui intéressera mon régime. Elle comptoit tout à l'heure s'établir dans ma chambre pour y faire ses repas, mais je lui ai dit que j'allois écrire : je l'ai priée de faire dire à Madame Laroche les heures où elle vouloit manger et ce qu'elle voudroit manger, et où elle vouloit manger; et que, pour moi, je comptois avoir la même liberté en conséquence je mangerai du riz et un poulet à huit heures du soir."Vol. ii. pp. 191, 192.

suis ravie, je vois la fin de la journée avec délices. Si je n'avais pas mon lit et mon fauteuil, je serais cent fois plus malheureuse."-Vol. iii. pp. 96-98.

The following, though short, is a good specimen of the tone in which she treats her lover.

"Je crois que vous me regrettez, c'est-à-dire, que vous pensez beaucoup à moi. Mais (comme de raison) vous vous divertissez fort bien: vous êtes

After a few days she returns again to this comme les quiétistes, vous faites tout en moi, pour unfortunate companion.

"La Péquigni n'est d'aucune ressource, et son esprit est comme l'espace : il y a étendue, profondeur, et peut-être toutes les autres dimensions que je ne saurais dire, parce que je ne les sais pas; mais cela n'est que du vide pour l'usage. Elle a tout senti, tout jugé, tout éprouvé, tout choisi, tout rejeté; elle est, dit-elle, d'une difficulté singulière en compagnie, et cependant elle est toute la journée avec toutes nos petites madames à jaboter comme une pie. Mais, ce n'est pas cela qui me déplaît en elle: cela m'est commode dès aujourd'hui, et cela me sera très agréable sitôt que Formont sera arrivé. Ce qui m'est insupportable, c'est le dîner; elle a l'air d'une folle en mangeant; elle dépèce une poularde dans le plat où on la sert, ensuite elle la met dans un autre, se fait rapporter du bouillon pour mettre dessus, tout semblable à celui qu'elle rend, et puis elle prend un haut d'aile, ensuite le corps dont elle ne mange que la moitié; et puis elle ne veut pas que l'on retourne le veau pour couper un os, de peur qu'on n'amollisse la peau; elle coupe un os avec toute la peine possible, elle le ronge à demi, puis retourne à sa poularde; après elle pèle tout le dessus du veau, ensuite elle revient à ronger sa poularde cela dure deux heures. Elle a sur son assiette des morceaux d'os rongées, du peaux sucées, et pendant ce temps, ou je m'ennuie, à la mort, ou je mange plus qu'il ne faudrait. C'est une curiosité de lui voir manger un biscuit; cela dure une demi-heure, et le total, c'est qu'elle mange comme un loup: il est vrai qu'elle fait un exercice enragé. Je suis fachée que vous ayez de commun avec elle l'impossibilité de rester une minute en repos."-Vol. iii. pp. 39-41.

:

The rest of her company do not come any better off. The lady she praises most, seems to come near to the English character.

"Madame de Bancour a trente ans; elle n'est pas vilaine; elle est très douce et très polie, et ce n'est pas sa faute de n'être pas plus amusante; c'est faute d'avoir rien vu: car elle a du bon sens, n'a nulle prétention, et est fort naturelle; son_ton de voix est doux, naïf et même un peu niais, dans le goût de Jeliot; si elle avait vécu dans le monde, elle serait aimable: je lui fais conter sa vie; elle est occupée de ses devoirs, sans austérité ni ostentation; si elle ne m'ennuyait pas, elle me plairait assez."-Vol. iii. p. 26.

The following are some of her wailings

over her banishment.

"Il me prend des étonnemens funestes d'être ici: c'est comme la pensée de la mort; si je ne m'en distrayais, j'en mourrais réellement. Vous ne sauriez vous figurer la tristesse de ce séjour; mais si fait, puisque vous êtes à Plombières: mais non; c'est que ce n'est point le lieu, c'est la compagnie dont il est impossible de faire aucun usage. Heu. reusement depuis que je suis ici, j'ai un certain hébêtement qui ferait que je n'entendrais pas le plus petit raisonnement: je végète."-"Je ne crois pas qu'aucun remède puisse être bon lorsqu'on s'ennuie autant que je fais: ce n'est pas que je supporte mon mal patiemment; mais jamais je ne suis bien-aise, et ce n'est que parce que je végète que je suis tranquille: quand dix heures arrivent je

moi et par moi; mais le fait est que vous faites tout sans moi et que vos journées se passent gaiement, que vous jouissez d'une certaine liberté qui vous plaît, et vous êtes fort aise que pendant ce temps-là je travaille à me bien porter. Mes nuits ne sont pas trop bonnes, et je crois que c'est que je mange un peu trop: hier je me suis retranché le bœuf, aujourd'hui je compte réformer la quantité de pain." N'allez point vous corriger sur rien, j'aime que vous me parliez ormeaux, ruisseaux, moineaux, etc., et ce m'est une occasion très-agréable de vous donner des démentis, de vous confondre, de vous tourmenter, c'est je crois ce qui contribue le plus à me faire passer mes eaux."-Vol. iii. pp. 126, 127. 129.

We have scarcely left ourselves room to give any of the gentleman's part of this correspondence. It is very pleasingly and gaily sustained by him,-though he deals mostly in the tittle-tattle of Paris, and appears a little vain of his own currency and distinction. We extract the following paragraphs, just as they turn up to us.

"Je ne crois pas que l'on puisse être heureux en province quand on a passé sa vie à Paris; mais heureux qui n'a jamais connu Paris, et qui n'ajoute pas nécessairement à cette vie les maux chinériques, qui sont les plus grands! car on peut guérir un seigneur qui gémit de ce qu'il a été grêlé, en lui faisant voir qu'il se trompe, et que sa vigne est couverte de raisin; mais la grêlé métaphysique ne peut être combattue. La nature, ou la providence n'est pas si injuste qu'on le veut dire; n'y mettons rien du nôtre, et nous serons moins à plaindre; et puis regardons le terme qui approche, le marteau qui va frapper l'heure, et pensons que tout cela va disparaître.

"Ah! l'inconcevable Pont de Veyle! il vient de donner une parade chez M. le duc d'Orléans : cette scène que vous connaissez du vendeur d'orviétan. Au lieu du Forcalquier, c'était le petit Gauffin qui faisait le Giles; et Pont de Veyle a distribué au moins deux cents boîtes avec un couplet pour tout le monde: il est plus jeune que quand vous l'avez vu la première fois; il s'amuse de tout; n'aime rien; et n'a conservé de la mémoire de la défunte que la haine pour la musique française."-Vol. i. pp. 110, 111.

At the end of the letters, there are placed a variety of portraits, or characters of the most distinguished persons in Madame du Deffand's society, written by each other-sometimes with great freedom, and sometimes with much flattery-but almost always with wit and penetration. We give the following by Madame du Deffand as a specimen, chiefly because it is shorter than most of the

others.

"Madame la Duchesse d'Aiguillon a la bouche enfoncé, le nez de travers, le regard fol et hardi.— et malgré cela elle est belle. L'éclat de son teint l'emporte sur l'irregularité de ces traits.

Sa taille est grossière, sa gorge, ses bras sont énormes; cependant elle n'a point l'air pesant ni épais: la force supplée en elle à la légèreté.

"Son esprit a beaucoup de rapport à sa figure : il est pour ainsi dire aussi mal dessiné que son visage,

et aussi éclatant: l'abondance, l'activi.é, l'impetu- | who did not make jests at their friends' caosité en sont les qualités dominantes. Sans goût, lamities, were glad, at any rate, to forget them sans grace, et sans justesse, elle étonne, elle sur in the society of those who did. When we prend, mais elle ne plaît ni n'interesse. "On pourrait comparer Madame la Duchesse recollect, too, that the desertion of all the high d'Aiguillon à ces statues faites pour le cintre, et qui duties of patriots and statesmen, and the inparaissent monstrueuses étant dans le parvis. Sa sulting and systematic degradation of the great figure ni son esprit ne veulent point être vus ni ex- body of the people were necessary conditions aminés de trop près; une certaine distance est néces- of the excellence of this society, we cannot saire à sa beauté des juges peu éclairés et peu hesitate in saying, that its brilliancy was delicats sont les seuls qui puissent être favorables à maintained at far too great a cost, and that son esprit. the fuel which was wasted in its support, would have been infinitely better applied in diffusing a gentler light, and a more genial heat, through the private dwellings of the land.

"Semblable à la trompette du jugement, elle est faite pour resusciter les morts: ce sont les impuissans qui doivent l'aimer, ce sont les sourds qui doivent l'entendre."-Vol. iii. pp. 154-156.

There are three characters of Madame du Deffand herself, all very flattering. That by the President Henault is the least so. It ends as follows.

[ocr errors]

We have occupied ourselves so long with Madame du Deffand and her associates, that we can afford but a small portion of our attention for Mademoiselle de Lespinasse. A very Cependant, pour ne pas marquer trop de pré-extraordinary person we will allow her to have vention et obtenir plus de croyance, j'ajouterai que l'âge, sans lui ôter ses talens, l'avait rendue jalouse et méfiante, cédant à ses premiers mouvemens, maladroite pour conduire les hommes dont elle disposait naturellement; enfin de l'humeur inégale, injuste, ne cessant d'être aimable qu'aux yeux des personnes auxquelles il lui importait de plaire, et, pour finir, la personne par laquelle j'ai été le plus heureux et le plus malheureux, parce qu'elle est ce que j'ai le plus aimé.”—Vol. iii. p. 188. He is infinitely more partial to a Madame de Flamarens, whose character he begins with great elegance as follows.

"Madame de Flamarens a le visage le plus touchant et le plus modeste qui fut jamais; c'est un genre de beauté que la nature n'a attrapé qu'une fois: il y a dans ses traits quelque chose de rare et de mystérieux, qui aurait fait dire, dans les temps fabuleux, qu'une immortelle, sous cette forme, ne s'était pas assez déguisée!"-Vol. iii. p. 196.

been; and a most extraordinary publication she has left us to consider. On a former occasion, we took some notice of the account which Marmontel had given of her character and conduct, and expressed our surprise that any one, who had acted the unprincipled and · selfish part which he imputes to her, should be thought worthy, either of the admiration he expresses, or of the friendship and patronof the devoted attachment of such a man as age of so many distinguished characters, or D'Alembert. After reading these letters, we see much reason to doubt of the accuracy of Marmontel's representation; but, at the same time, find great difficulty in settling our own opinion of the author. Marmontel describes her as having first made a vain attempt upon the heart of M. de Guibert, the celebrated We take our leave now of these volumes: author of the Tactics,-and then endeavoured and of the brilliant circle and brilliant days to indemnify herself by making a conquest of of Madame du Deffand. Such a society pro- M. de Mora, the son of the Spanish ambassabably never will exist again in the world;- dor, upon whose death she is stated to have nor can we say we are very sorry for it. died of mortification; and, in both cases, she It was not very moral, we are afraid; and we is represented as having been actuated more have seen, that the most distinguished mem- by a selfish and paltry ambition, than by any bers of it were not very happy. When we feeling of affection. The dates, and the tenor say that it must have been in the highest de- of the letters before us, enable us to detect gree delightful to those who sought only for many inaccuracies in this statement; while amusement, we wish it to be understood, not they throw us into new perplexity as to the only that amusement does not constitute hap-true character of the writer. They begin in piness, but that it can afford very little plea- 1773, after M. de Mora had been recalled to sure to those who have not other sources of Spain by his relations, and when her whole happiness. The great extent of the accom- soul seems to be occupied with anguish for plished society of Paris, and the familiarity this separation; and they are all addressed to of its intercourse, seems to have gradually M. de Guibert, who had then recently recombrought almost all its members to spend their mended himself to her, by the tender interest whole lives in public. They had no notion, he took in her affliction. From the very betherefore, of domestic enjoyments; and their ginning, however, there is more of love in affections being dissipated among so many them, than we can well reconcile with the competitors, and distracted by such an inces- subsistence of her first engrossing passion; sant variety of small occupations, came natur- and, long before the death of M. Mora, she ally to be weakened and exhausted; and a expresses the most vehement, unequivocal, certain heartless gaiety to be extended indis- and passionate attachment to M. Guibert. criminately to the follies and the misfortunes Sometimes she has fits of remorse for this; of their associates. Bating some little fits of but, for the most part, she seems quite uncongallantry, therefore, there could be no devo-scious, either of inconsistency or impropriety; tedness of attachment; and no profound sym- and M. Guibert is, in the same letter, adpathy for the sufferings of the most intimate dressed in terms of the most passionate adofriends. Every thing, we find accordingly, ration, and made the confident of her unwas made a subject for epigrams; and those speakable, devoted, and unalterable love for

[ocr errors]

102

M. Mora. So she goes on,-most furiously and
outrageously in love with them both at the
same time, till the death of M. Mora, in
1774. This event, however, makes no differ-
ence in her feelings or expressions; she con-
tinues to love his memory, just as ardently as
his living successor in her affection; and her
letters are divided, as before, between ex-
pressions of heart-rending grief and unbounded
attachment-between her besoin de mourir for
M. Mora, and her delight in living for M.
Guibert. There are still more inexplicable
things in those letters. None of Guibert's
letters are given,-so that we cannot see how
he responded to all these raptures; but, from
the very first, or almost from the first, she
complains bitterly of his coldness and dissipa-
tion; laments that he has a heart incapable
of tenderness; and that he feels nothing but
gratitude or compassion for a being whom he
had fascinated, exalted, and possessed with
the most ardent and unbounded passion. We
cannot say that we see any clear traces of her
ever having hoped, or even wished that he
should marry her. On the contrary, she re-
commends several wives to him; and at last
he takes one, with her approbation and con-
sent, while the correspondence goes on in the
same tone as before. The vehemence and
excess of her passion continue to the last of
the letters here published, which come down
to within a few weeks of her death, in 1776.
The account which we have here given ap-
pears ridiculous: and there are people, and
wise people, who, even after looking into the
book, will think Mademoiselle de Lespinasse
deserving of nothing but ridicule, and consign
her and her ravings to immeasurable con-
tempt. Gentle spirits, however, will judge
more gently; and there are few, we believe,
who feel interest enough in the work to read
it through, who will not lay it down with
emotions of admiration and profound com-
passion. Even if we did not know that she
was the chosen companion of D'Alembert,
and the respected friend of Turgot, Condillac,
Condorcet, and the first characters in France,
there are, in the strange book before us, such
traces of a powerful, generous, and ardent
mind, as necessarily to command the respect
even of those who may be provoked with her
inconsistencies, and wearied out with the ve-
There is something
hemence of her sorrow.
so natural too, so eloquent, and so pathetic in
her expression-a tone of ardour and enthusi-
asm so infectious, and so much of the true
and agonizing voice of heart-struck wretched-
ness, that it burdens us with something of the
weight of a real sorrow; and we are glad to
make ourselves angry at her unaccountable-
ness, in order to get rid of the oppression. It
ought to be recollected also, that during the
whole course of the correspondence, this poor
young woman was dying of a painful and ir-
ritating disease. Tortured with sickness, or
agitated with opium, her blood never seems
in all that time to have flowed peaceably in
her veins, and her nerves and her passions
seem to have reacted upon each other in a
series of cruel agitations. Why she is so very

and

wretched, and so very angry, we do not in
deed always understand; but there is no înis.
taking the language and real emotion,
while there is something wearisome, perhaps,
in the uniformity of a vehemence of which we
do not clearly see the cause, there is some-
thing truly déchirant in the natural and pite-
ous iteration of her eloquent complainings,
and something captivating and noble in the
fire and rapidity with which she pours out her
emotions. The style is as original and extra-
ordinary as the character of its author. It is
quite natural, and even negligent-altogether
without gaiety or assumed dignity-and yet
full of elegance and spirit, and burning with
the flames of a heart abandoned to passion,
and an imagination exalted by enthusiasm.
It is not easy to fall into the measure of such
a composer, in running over a miscellany of
amusement; but we cannot avoid adding a
few extracts, if it were only to make what
we have been saying intelligible, to some at
least of our readers.

nager.

"Je me sentois une répugnance mortelle à ouvrir votre lettre si je n'avois craint de vous offenser, j'allois vous la renvoyer. Quelque chose me disoit La souffrance continuelle de mon corps qu'elle irrieroit mes maux, et je voulois me méaffaisse mon ame: j'ai encore eu la fièvre; je n'ai pas fermé l'œil; je n'en puis plus. De grace, par pitié, ne tourmentez plus une vie qui s'éteint, et dont tous les instans sont dévoués à la douleur et aux regrets. Je ne vous accuse point, je n'exige rien, vous ne me devez rien: car, en effet, je n'ai pas eu senti; et quand j'ai eu le malheur d'y céder, j'ai un mouvement, pas un sentiment auquel j'ai contoujours détesté la force, ou la foiblesse, qui m'entrainoit. Vous voyez que vous ne me devez aucune reconnaissance, et que je n'ai le droit de vous faire aucun reproche. Soyez donc libre, retournez à ce vous ne croyez peut-être. Laissez-moi à ma douque vous aimez, et à ce qui vous convient plus que leur; laissez-moi m'occuper sans distraction du seul objet que j'ai adoré, et dont le souvenir m'est plus cher que tout ce qui reste dans la nature. Mon Dieu! je ne devrois pas le pleurer; j'aurois dû le suivre: c'est vous qui me faites vivre, qui faites le tourment d'une créature que la douleur consume, et qui emploie ce qui lui reste de forces à invoquer la mort. Ah! vous en faites trop, et pas assez pour moi. Je vous le disois bien il y a huit jours, vous me rendez difficile, exigeante en donnant tout, on veut obtenir quelque chose. Mais, encore une fois, je vous pardonne, et je ne vous hais point: ce n'est pas par bonté que je ne vous hais pas; c'est que pas par générosité que je vous pardonne, ce n'est mon ame est lasse, qu'elle meurt de fatigue. Ah! mon ami, laissez-moi, ne me dites plus que vous Oh! que vous m'aimez: ce baume devient du poison; vous calmez et déchirez ma plaie tour à tour. me faites mal! que la vie me pèse! que je vous aime pourtant, et que je serois désolée de mettre de la tristesse dans votre ame! Mon ami, elle est trop partagée, trop dissipée, pour que le vrai plaisir y puisse pénétrer. Vous voulez que je vous voie ce soir; et bien, venez done!"-Vol. ii. pp. 206-208.

Combien de fois aurois-je pu me plaindre; comle vois trop bien: on ne sauroit ni retenir, ni rabien de fois vous ai-je caché mes larmes! Ah! je mener un cœur qui est entraîné par un autre penchant; je me le dis sans cesse, quelquefois je me crois guérie; vous paroissez, et tout est détruit. La réflexion, mes résolutions, le malheur, tout perd sa force au premier mot que vous prononcez. Je ne vois plus d'asile que la mort, et jamais aucun malheureux ne l'a invoquée avec plus d'ardeur. Je retiens la moitié de mon ame: sa chaleur, son mouvement vous importuneroit, et vous éteindrot

« PreviousContinue »