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NOTES DU PREMIER CHAN T.

d'une voix plus aspre et plus rude que de coustume, et le secouant par plusieurs secousses en l'air au dehors de la fenestre : Promets - nous donc, ou je te jetteray à bas. Ce que Caton endura, et longuement, sans monstrer de s'effroyer ni s'estonner de rien.

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Sarpedon menoit ordinairement Caton au logis de Sylla, pour lui faire la cour: mais son logis en «< ce tems-là ressembloit proprement à voir un enfer «< ou une geole, pour le grand nombre de prisonniers qu'on y menoit, et qu'on y gehennoit ordinairement. Caton estoit desia au quatorziesme an de son aage, et « voyant qu'on aportoit leans des testes qu'on disoit «<estre de personnages notables, de sorte que les assistans souspiroyent et gemissoyent de les voir, il demanda « à son maistre, comment il estoit possible qu'il ne se << trouvast quelque homme qui tuast ce tyran-là : Pour «< ce, luy respondit Sarpedon, que tous le craignent encore plus qu'ils ne le haïssent. Que ne m'as-tu doncques, repliqua-t-il, bailé une espee, afin que je le tuasse, pour delivrer nostre pays d'une si cruelle servitude?

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PLUTARQUE, VIE DE CATON, trad. d'AMYOT.

DU SECOND CHANT.

(1) Les prés alors si beaux de sa chère Mantoue.

«Er qualem infelix amisit Mantua campum,

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Pascentem niveos herboso flumine cycnos; etc. »

Dans ces prés, ravis à ma chère Mantoue,
Où le cygne argenté sur les ondes se joue, etc. »
VIRGILE, GEORG. L. II.
(Note de l'auteur.)

(2) Créé des prés nouveaux, et les riches sainfoins.

Le nombre extrêmement varié des plantes que l'on trouve dans les prairies naturelles ; la végétation vigoureuse des unes; la longue durée des autres, et l'avidité remarquable des animaux pour plusieurs d'entre elles, semblent avoir fait naître l'idée d'en cultiver quelquesunes séparément, et produit ce que l'on nomme prairies artificielles, qui mettent le cultivateur à portée de nourrir pendant toute l'année ses bestiaux à l'étable, où ils deviennent constamment plus beaux, et fournissent une plus grande quantité de lait.

Ces avantages étoient connus des anciens, et des Romains sur tout, le premier de tous les peuples agriculteurs. Ils cultivoient, pour leurs troupeaux, la

luzerne, la vesce, les mélanges d'orge et d'avoine, le fénugrec, l'ers, les pois, etc.

C'est par l'adoption d'une pratique aussi avantageuse que les Flamands, les Brabançons, les Suisses, les Alsaciens, les Anglois sur tout, ont élevé leur agriculture à un degré de perfection inconnu au reste de l'Europe; qu'ils sont parvenus à faire succéder, sur le même sol, et toujours avec succès, un grand nombre de végétaux d'espèce et de nature différentes, et qu'ils ont établi comme la base la plus précieuse de l'économie rurale la méthode d'alterner.

De tous les végétaux propres à former des prairies artificielles, ceux qu'on estime le plus généralement, et avec raison, sont la luzerne, le sainfoin, le trèfle, et leurs différentes espèces.

Les Romains mettoient la luzerne au premier rang des plantes fourrageuses. Ils en avoient un soin extrême. Pline assure qu'on prolongeoit sa durée jusqu'à trente ans. Olivier de Serres, dans son langage énergique, appelle la luzerne la merveille du ménage. On la coupe, dans nos contrées méridionales, jusqu'à cinq fois, et Duhamel affirme qu'un arpent de terre médiocre, employé en luzerne, après avoir été bien préparé, lui a donné jusqu'à vingt mille livres de fourrage sec. Ce produit est sans doute excessif et sort de la proportion ordinaire; mais on peut établir comme règle générale, que la luzerne se coupe trois fois, que ces trois coupes réunies donnent environ cinq à six mille livres de

fourrage, et que la durée moyenne de cette plante est de neuf à dix ans. La luzerne se plaît dans les terrains légers, substantiels, profonds; elle craint également et l'excès de sécheresse et l'excès d'humidité; elle redoute une petite chenille noire qui dévore ses feuilles, et le ver à hanneton qui attaque ses racines. Lorsqu'on la donne en vert aux bestiaux, elle leur cause des tranchées dangereuses, surtout quand elle est chargée de rosée; mais cet inconvénient est racheté par tant d'avantages, qu'on peut juger assez sûrement de la culture d'un pays par la quantité de luzerne qu'on y voit.

C'est au seizième siècle que l'on a commencé à cultiver le sainfoin. Cette plante inconnue aux anciens, transportée du sommet des montagnes dans les plaines, y a conservé cette sorte de rusticité qui la fait résister aux intempéries capables de détruire beaucoup d'autres végétaux. Lès sables qui gardent quelque fraîcheur, les graviers, les craies, les marnes, et surtout les terres rougies par la chaux de fer, lui conviennent trèsbien; ses racines s'y enfoncent jusqu'à quinze ou vingt pieds. Le sainfoin est recherché avec avidité par toutes les espèces de bestiaux ; il les échauffé, et peut, jusqu'à un certain point, suppléer l'avoine pour les chevaux, L'époque de la fleuraison du sainfoin est celle qu'il faut choisir pour le récolter: plus tôt, il fond au point de rendre la récolte presque nulle; plus tard, ses tiges, deviennent dures et ligneuses, et les bestiaux les rejettent,

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On cultive en prairies artificielles plusieurs espèces de trèfle: mais le grand trèfle rouge ou triolet est celui qui est le plus généralement connu et qui mérite le plus de l'être. Aucune plante fourrageuse ne croît aussi rapidement. Quelques mois après qu'il est semé, il offre déjà au cultivateur une coupe qui le dédommage de ses peines et de ses avances. C'est la seconde année surtout que son produit est réellement prodigieux. Lorsqu'il se trouve dans un terrain convenable et qu'on le couvre de chaux ou de plâtre en poudre, celui de tous les engrais qui favorise le plus puissamment sa végétation, elle est telle qu'on le coupe jusqu'à quatre fois, et qu'il donne, dans ces coupes réunies, six à sept mille livres de fourrage sec par arpent. Tout est gain dans la culture du trèfle, parce que c'est sur les terres destinées à rester en jachères qu'on l'établit. Le trèfle se consomme surtout en vert. Il procure à toutes les femelles un lait très - abondant et de bonne qualité; il est recherché par toutes les espèces : il engraisse les cochons; mais il a l'inconvénient de faire avorter les truies pleines! Si, lorsqu'on le donne en vert, on n'a pas le soin de le laisser essorer, il est sujet à produire des météorisations plus dangereuses encore que celles que cause la luzerne.

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Les résultats de la culture du mélilot, font désirer qu'elle s'étende: les animaux le mangent avec plaisir; il vient plus facilement que la luzerne dans différens sols. Semé dans celui qui lui convient le mieux, il

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