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était devenue extrêmement rare. Que faire? ils avisèrent au moyen suivant: « Donnons-nous, se dirent-ils les uns aux autres, de mu»tuelles louanges, alors nous aurons des thsoun en abondance ». Cela dit, ils commencèrent à publier partout qu'ils étaient arrivés à tel et tel état de perfection. Les habitans de la contrée, pénétrés d'un religieux respect: « Quoi! dirent-ils, les Rahans ont obtenu tous » quelques-unes des grandes perfections de l'âme ! » et, immédiatement, ils leur envoyèrent d'abondantes aumônes. Gaudama, informé de ce qui s'était passé, déclara coupable de paradzika tout Rahan qui, après avoir été promu padzing, se rendrait coupable d'une telle offense. »

4. Béatitudes tirées des livres boudhistes.

» Voici les différentes béatitudes, telles que le grand Kassaba me les a énumérées, à moi Mathe Ananda, après les avoir entendues de la bouche mème du Dieu très-excellent.

» Un jour le Dieu très-excellent étant au Quiaong Tsétawoung, où il réjouissait le cœur et enchantait l'âme du riche Anata-phein, un fils de Nat s'approcha sans être apperçu. C'était vers le milieu de la nuit et les rayons qui s'échappaient de la personne du Dieu, laissaient apercevoir la merveilleuse et élégante forme du Quiaong Tselawoung. Oh! sans doute, Dieu est en ce lieu, se dit-il. » Là dessus, il s'élança, jusqu'au lieu où reposait le Dieu, et se prosterna avec la plus profonde vénération. Comme il était exempt des 6 fautes, il s'arrêta et se plaça dans un lieu distingué, d'où il s'adressa au Dieu Dieu, prince de la justice, infiniment glo

en récitant une stance de vers:

rieux, saint et pur, qui soupire ardemment après le repos du Neïban; quoique les hommes et les Nats unis ensemble aient médité pendant plus » de 12 ans sur les béatitudes ou excellences de ta loi, ils n'ont pu parvenir à les connaitre : vous, ô Dieu, seigneur très-excellent, veuillez bien nous » faire connaitre, nous annoncer ces béatitudes ou perfections de la loi. »

» O fils de Nat : ne point s'attacher aux insensés, ni écouter leurs conseils ; s'attacher aux sages, et prendre leurs avis; offrir des hommages et des respects à ceux qui sont dignes de les recevoir; ces trois principes sont aussi une excellente perfection. Toi, fils de Nat, remarque bien cela.

» O fils de Nat: demeurer dans un lieu apparent, propre et convenable, l'état, la condition de celui qui a fait de bonnes œuvres dans un état et une condition qui a précédé; veiller sur soi et se maintenir fidèlement dans la pratique du bien. Ces trois principes se nomment excellente perfection. Toi, fils de Nat, ne l'oublie pas.

O fils de Nat: Ecouter et remarquer beaucoup; apprendre et connaitre

les scicnees et les arts qui ne sont pas mauvais (qui ne sont pas défendus); s'instruire au fond de la divine loi de Oui-ni, ne prononcer que des paroles qui sont bonnes et très convenables; ces quatre points sont aussi une perfection de la loi. Toi, fils de Nat, retiens-le bien.

» O fils de Nal: entretenir et nourrir son père et sa mère, maintenir et aider sa femme et ses enfans, faire des œuvres qui ne causent aucune injure à personne. Ces trois principes appartiennent aussi à la perfection. Toi, fils de Nat, remarque-le bien.

» O fils de Nat: faire l'aumône (aux Ponghis), pratiquer la loi, donner justement aide et assistance à sa parenté, faire des œuvres exemptes de blåme. Ces quatre points se nomment excellente perfection. Toi, fils de Nat, ne les oublie jamais.

» O fils de Nat: se tenir toujours à une très grande distance du mal, éviter par-dessus tout, (l'orthographe étant imparfaite, on peut aussi traduire, pratiquer ce qu'il y a de plus excellent), éviter de boire aucune liqueur, s'appliquer sans relâche à la loi des mérites. Ces quatre points se nomment trés-excellente perfection. Toi, fils de Nat, remarque-le bien.

>> O fils de Nat: honorer et respecter ceux à qui le respect et l'honneur sont dûs; s'humilier soi-même; se contenter aisément de peu; reconnaitre les bienfaits: écouter la prédication de la loi dans le tems convenable. Ces cinq points se nomment excellente perfection. Toi, fils de Nat, remarque bien ceci. » O fils de Nat: Être patient, avoir l'habitude de ne prononcer que de bonnes paroles; aller visiter les Rahans (Ponghis); discuter de tems en tems les points de la loi, et interroger ceux qui en sont bien instruits. Ces quatre choses se nomment perfection. Toi, fils de Nat, remarque-le bien.

» O fils de Nal: se mortifier et pratiquer les austérités; pratiquer les œuvres les plus parfaites; contempler et désirer la justice et la perfection d'un Aryiah; rendre comme présent le repos du Neiban et en jouir en cette vie. Ces quatre points se nomment perfection. Toi, fils de Nat, remarque-le bien.

» O fils de Nal: avoir l'âme d'un Rahandat qui a remonté tous les accidents de la vie humaine; être exempt de peines, d'inquiétudes, de la puissance excessive des passions, des maux et des misères. Ces quatre points se nomment aussi perfection. Toi, fils de Nat, remarque bien tout cela.

» O fils de Nat: Ceux dont le cœur fixe s'attache à la pratique de ces 38 points de perfection, sont semblables aux Aryiahs qui sont exempts des vicissitudes humaines; ils n'ont rien à craindre de la part de leurs ennemis; et comme les Aryiahs ils sont arrivés à une paix parfaite; ces 18 points de perfection sont nommés béatitudes des Nats: Toi, fils de Nat, garde bien tout cela dans ton cœur. »>

L'abbé BIGANdet.

Missionnaire des missions étrangères, à
Tavai et Merguy, presqu'île Malaise.

Polémique Philosophique.

NOUVEAUX ÉCLAIRCISSEMENS

SUR

L'INFLUENCE DES LIVRES DE PHILOSOPHIE NATURELLE PAR RAPPORT A L'ENSEIGNEMENT.

Nous recevons de M. l'abbé Espitalier une nouvelle lettre qui renferme encore quelques difficultés par rapport au rôle que les livres de philosophie naturelle ont joué dans l'enseignement catholique, malgré la défense des papes et des conciles. Nous la publions avec d'autant plus de plaisir que l'on va voir que la plupart des assertions qui avaient d'abord effrayé notre honorable correspondant, sont maintenant concédées et acceptées par lui. Il est agréable de discuter avec une personne qui met avant tout, la vérité et la sincérité. Nous espérons que son exemple sera bientôt imité par les autres personnes qui ont eu à discuter avec nous sur de semblables questions. Voici sa lettre :

Grand-Séminaire de Marseille, ce 24 mai 1848.

Monsieur le directeur,

Je vous remercie de l'attention que vous avez donnée à mes paroles et de l'honneur que vous m'avez fait d'y répondre. C'est par la discussion franche et loyale que la vérité se fait jour; un examen contradictoire, mais amical, est un choc qui fait sortir la lumière; et j'espère que nous ne sommes pas loin de nous entendre sur le sujet qui nous occupe. Je puis vous assurer d'ailleurs que je suis résolu d'apporter toujours, dans cette discussion, la même loyauté que vous avez daigné reconnaître dans ma précédente lettre. Votre amour pour la vérité, votre zèle pour la foi, me font attendre les mêmes sentimens de votre part. Entre nous, monsieur, il ne s'agit pas de savoir qui l'emportera, il ne peut y avoir ni vaincu ni vainqueur, il ne peut et il ne doit y avoir que le ,riomphe de la vérité et de notre sainte foi. C'est dans ces sentimens que je reprends la discussion et que je dépose de nouveau tout esprit de contention et d'amour propre pour ne m'occuper que de la vérité.

' Voir la première au no 99 ci-dessus, p. 172.

Je me sens obligé d'abord, monsieur le directeur, de répondre au reproche que vous me faites de ne m'étre pas placé au vrai point de la question Si vous pensez que je me porte en défenseur des idées d'intuition et illumination interne, d'émanation divine de la raison humaine etc., enfin si vous me croyez le continuateur de la polémique soutenue si long-tems par M. Maret et dom Gardereau, j'avoue que je ne suis pas à la question. Mais il me semble que la question soulevée par ma lettre est bien éloignée de là. Je respecte les convictions de ces messieurs, je loue leur zèle pour la foi, j'admire leurs travaux pour la défense de la religion, ce qui ne m'empêche pas de croire que quelques-unes des expressions dont ils se servent sont fauses ou du moins dangereuses pour notre siècle. Il est vrai que quelques docteurs catholiques s'en sont servis, mais, comme vous, je pense que ces docteurs, dont je vénère la science et la sainteté, rendus peut-être, plus vigilans sur ce point par les combats que la foi est obligée de soutenir aujourd'hui contre l'erreur, rejetteraient certaines expressions et certains principes, s'ils vivaient dans nos lems. Vous voyez donc, monsieur, que nous ne sommes pas aussi loin de nous entendre que vous semblez le croire. Entre nous la question n'est donc pas sur ces principes; et il me semble qu'il n'y a rien dans ma lettre précédente qui ait pu vous induire en erreur là-dessus. La question entre nous est purement et simplement une question historique.

Ce que dit ici M. Espitalier est parfaitement juste. Aussi avonsnous toujours mis une grande différence entre sa polémique et celle de M. l'abbé Maret et de dom Gardereau. Ceux-ci soutenaient directement ces principes que nous croyons, comme M. l'abbé Espitalier, faux et dangereux. Mais il nous avait semblé que toute la lettre de M. l'abbé Espitalier avait pour but de justifier ce même enseignement. Nous avons cru qu'en citant les brefs des papes pour l'Université, en amoindrissant ces erreurs, en leur donnant une origine purement manichéenne, et non platonicienne ou aristotélicienne, il n'allait à rien moins qu'à remettre en honneur ou à défendre ces livres de philosophie naturelle que les papes condamnaient, et qui selon nous, contenaient tout le panthéisme et le rationalisme. La question selon nous est toute dans ces paroles: « Au 13° siècle a-t-on commencé à » admettre dans l'enseignement les livres de philosophie naturelle? » Ces livres renfermaient-ils en germe le rationalisme et le pan» théisme? » Voilà la question directe, que nous aurions voulu que M. l'abbé Espitaliers abordât directement aussi.

Il m'avait paru, en effet, dans l'article des Annales qui a été l'occasion de cette discussion, que vous faisiez peser sur le 13° siècle un reproche que je ne

croyais pas mérité de rationalisme ou au moins de tendance au rationalisme. Vous aviez dit que « les scholastiques du siècle de saint Bonaventure ensei» gnaient une doctrine pleine de dangers et grosse de ralionalisme, » et pour prouver cette thèse vous aviez apporté un certain nombre d'erreurs ralionalisles, illuminatives et pantheïstes, qui s'étaient reproduites quelquefois durant le cours du 13° siècle et dans les siècles suivans. Fermement persuadé que le 13° siècle était un des siècles les plus catholiques, même dans l'enseignement, je mis de côté les suivans, parceque mon objet était de ne considérer que le 13o, et après avoir examiné les faits que vous apportiez, je ne crus pas votre thèse suffisamment prouvée. Je voyais dans la Bulle de Grégoire IX:. Nous avons » été rempli d'amertume parce que quelques-uns d'entre vous etc.; » dans la lettre de condamnation de l'évèque Tempier en 1277 : « Des rapports fréquens >> nous ont averti que quelques étudiants de la faculté des arts ont la préten>>tion etc.; » dans le serment imposé par l'Université qu'on n'ordonnait pas à tout le monde de ne pas toucher aux questions théologiques et de passer sous silence les questions difficiles, et en apparence contraires à la foi, qu'on pourrait rencontrer dans les livres d'enseignement, mais seulement aux professeurs de la faculté ès-arls; et je me demandai si de ces fails considérés en eux mêmes il était possible de conclure que, la doctrine de la scholastique était pleine de dangers et grosse de rationalisme, surtout en voyant les éloges que les papes donnaient à l'Université et les soins de cette Université elle méme pour empêcher les abus et condamner les erreurs dès leur apparition.

A mes yeux de telles erreurs considérées en elles-mêmes comme faits étaient des exceptions qui ne pouvaient conduire à des conclusions semblables à celles que vous avez tirées sans restriction aucune: « Le caractère fondamental de » la philosophie scholastique n'était pas tant la recherche de la vérité que l'art » de subtiliser et de disputer à l'infini '; » la lettre de Grégoire IX « va nous » dire ce qu'était l'enseignement de la scholastique à l'époque même de saint » Thomas (Ann. t. xvi. 361). Tels étaient les enseignements de ce 13° siècle etc.;>> Les scholastiques du siècle de saint Bonaventure enseignaient une doctrine » pleine de dangers et grosse de rationalisme (365); «Tel était donc l'état » de l'enseignement philosophique et théologique aux 13 et 14° siècles. » Il me semblait que des conclusions semblables posées sans aucune restriction retombaient, non seulement sur les philosophes et les docteurs qui se laissèrent aller dans l'erreur, mais encore sur l'enseignement universel de la scholastique;

1

' Quoique cette phrase ne soit pas de vous, cependant il me semble que je puis vous l'attribuer. Quand on cite un auteur et qu'on observe que tout ce qu'il dit est très juste, il me semble qu'on en porte la responsabilité.

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