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Déclare :

Que dans sa pensée la peine de mort est abolic en matière politique, et qu'il présentera ce vœu à la ratification définitive de l'Assemblée nationale.

Le gouvernement provisoire a une si ferme conviction de la vérité qu'il proclame au nom du Peuple français, que si les hommes coupables qui viennent de faire couler le sang de la France, étaient dans les mains du peuple, il y aurait à ses yeux un châtiment plus éxemplaire à les dégrader qu'à les frapper.

Les membres du gouvernement provisoire :

DUPONT (de l'Eure), LAMARTINE, Garnier-Pagès, ARAGO,
MARIE, LEDRU-ROLLIN, CREMIEUX; secrétaires: Louis
BLANC, MARRAST, FLOCON, ALBERT, ouvrier.

11. Première circulaire du ministre provisoire des cultes aux archevêques el évêques.

Paris, le 11 mars 1848.

Monsieur l'archevêque (ou l'évêque),

Le Moniteur officiel de la République, du 29 février dernier, a porté à votre connaissance le décret par lequel le Gouvernement provisoire, fermement résolu à maintenir le libre exercice de tous les cultes, et voulant associer la consécration du sentiment religieux au grand acte de la liberté reconquise, invite les ministres de tous les cultes qui existent sur le territoire de la République à appeler la bénédiction divine sur l'œuvre du peuple, à invoquer à la fois sur lui l'esprit de fermeté et de règle qui fonde des institutions.

Spécialement, le décret invite M. l'archevêque de Paris et MM. les archevêques et évêques de la République de substituer à l'ancienne formule de prière les mots : Domine salvam fac Rempublicam '.

Je vous remets ci-joint une expédition officielle de ce décret.
Déjà, sans doute, M. l'archevêque (ou l'évêque), vous étiez allé au

Ce décret (voir ci-dessus, p. 132) avait d'abord décidé que l'on prierait pour le peuple. Nous préférons de beaucoup cette formule à celle de prier pour la République. Ceci est une théorie qui peut avoir des adversaires; tandis que les vœux pour le peuple réunissent tous les suffrages.

devant de ce désir, et comme le clergé de Paris, vous aviez pris l'initiative de prières publiques pour la consolidation de l'œuvre du peuple. Cependant, comme il convient d'établir une parfaite uniformité dans les prières de tous les diocéses, j'ai cru devoir appeler votre attention sur la nécessité de suivre la formule indiquée par le décret du Gouvernement provisoire, et qui se trouve également prescrite par l'art. 8 de la loi du 18 germinal an X

Si vous n'aviez pas encore donné d'instruction en ce sens, je vous prierai de ne pas tarder davantage à le faire.

L'accomplissement de ce devoir légal est en harmonie avec les sentiments hautement exprimés par le clergé français. Il n'a pas pu voir, sans être profondément ému, les conséquences d'un si grand événement, la République proclamer, après les avoir reconquis, les principes de liberté, d'égalité, de fraternité, trop longtems méconnus par les gouvernemens.

Ces principes, qui forment la base de la morale que la religion enseigne au monde, ont triomphé dans la victoire du peuple; ils entrent désormais dans le domaine des institutions de la France, et vont donner aux rapports des citoyens un caractère nouveau. Ils amèneront le règne de la justice, et, par une plus équitable répartition des droits et des avantages sociaux, ils feront succéder à la lutte des intérêts, un esprit de mutuelle bienveillance.

Le clergé, dans ses unanimes adhésions, a considéré ainsi l'avènement de la République. Son assentiment, j'en ai la confiance, n'est pas seulement cette vague soumission à toute forme de gouvernement établi, que l'Eglise a pu vouloir pratiquer, en présence de changemens qui ne faisaient que déplacer des couronnes et substituer des dynasties à des dynasties. Le clergé apporte à l'ordre nouveau une sympathie plus réelle. En s'empressant de proclamer, dans ses prières, la République que le peuple vient de fonder par l'énergie de sa volonté souveraine, le clergé a senti que l'inauguration du principe républicain ouvrait une ère nouvelle anx sentimens nobles et élevés que Dieu a mis au cœur de l'homme, et que la religion a mission de développer.

Il était bien inutile de rappeler cette loi; ce n'est pas cette loi qui doit nous régir, mais bien celles qui sont faites ou à faire pour le tems présent.

Dans cette reconstitution des droits et des intérêts de tous, le clergé, aux différens degrés de la hiérarchie, a dû comprendre que les droits et les intérêts de la religion, comme ceux de ses ministres, seraient protégés par les institutions, comme ils l'ont été par le respect du peuple dans les glorieuses journées. Ce ne sera pas cet appui vacillant et incertain que les princes ont souvent prêté à la religion dans l'espoir de l'associer aux mauvais desseins de leur politique : le clergé trouvera une protection plus solide et plus durable dans la conformité de ses sentimens avec ceux du peuple.

Que les ministres de la religion aient donc foi dans la République; qu'ils tournent les yeux avec confiance vers l'Assemblée nationale, appelée par les suffrages du peuple à régler les destinées du pays. De cette Assemblée découleront, comme d'une source féconde, pour les diverses conditions de la société, toutes les libertés qui sont de l'essence du Gouvernement républicain.

Aussi, M. l'archevêque (ou l'évêque), attachez-vous à bien faire apprécier à votre clergé l'importance de la manifestation solennelle à laquelle il va prendre part. Dans de si graves circonstances, la responsabilité est grande pour tout le monde. Ne laissez pas surtout oublier aux prêtres de votre diocèse que, citoyens par la participation à l'exercice de tous les droits politiques, ils sont les enfans de la grande famille française, et que, dans les assemblées électorales, sur les bancs de l'Assemblée nationale, où la confiance de leurs concitoyens pourrait les appeler, ils n'ont plus qu'un seul intérêt à défendre, celui de la patrie, intimement uni à celui de la religion.

Recevez, M. l'archevêque (ou l'évêque), l'assurance de ma haute considération.

«Le ministre provisoire de l'Instruction publique et

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Nous n'avons pas besoin de faire remarquer la convenance des paoles, émises dans cette circulaire ; il pourra être un jour utile de les rappeler, et voilà pourquoi nous les avons consignées ici.

A. B.

Propagande Evangélique.

LETTRE DE N. S. P. LE PAPE PIE IX,

AUX CHRÉTIENS DE L'ORIENT.

Le pape Pie IX aux Orientaux,

Placé, malgré Notre indignité, par la disposition divine, sur le siége suprême de l'apôtre Pierre, et chargé du poids de toutes les Eglises, Nous n'avons cessé, depuis le commencement de Notre Pontificat, de jeter les regards de Notre amour aux nations chrétiennes de l'Orient et des pays limitrophes, quel que soit leur rit, car pour bien des raisons, elles semblent réclamer de Nous une sollicitude toute particulière.

1. Eloges donnés aux Eglises orientales.

C'est dans l'Orient qu'est apparu l'unique FILS DE DIEU, fait homme pour nous autres hommes, et que par sa vie, sa mort et sa résurrection, il a daigné accomplir l'œuvre de la rédemption humaine. C'est dans l'Orient que l'Evangile de lumière et de paix a d'abord été prêché par le divin Sauveur lui-même et par ses disciples, et que fleurirent de nombreuses Eglises, illustres par le nom des Apôtres qui les ont fondées. Dans la suite des tems et pendant un long cours de siècles, des évêques et des martyrs fameux et beaucoup d'autres personnages célèbres par leur sainteté et par leur doctrine, ont surgi du sein des nations orientales; tout l'univers chante la gloire d'Ignace d'Antioche, de Polycarpe de Smyrne, des trois Grégoire de Néocésarée, de Nyssc et de Nazianze, d'Athanase d'Alexandrie, de Basile de Césarée, de Jean-Chrysostome, des deux Cyrille de Jérusalem et d'Alexandrie, de Grégoire l'Arménien, d'Ephrem de Syrie, de Jean Damascène, de Cyrille et Méthodius, apôtres des Slaves, sans parler de tant d'autres, presque innombrables, ou qui répandirent aussi leur sang pour le Christ, ou qui, par leurs savans écrits et leurs œuvres

Dans cette reconstitution des droits et des intérêts de tous, le clergé, aux différens degrés de la hiérarchie, a dû comprendre que les droits et les intérêts de la religion, comme ceux de ses ministres, seraient protégés par les institutions, comme ils l'ont été par le respect du peuple dans les glorieuses journées. Ce ne sera pas cet appui vacillant et incertain que les princes ont souvent prêté à la religion dans l'espoir de l'associer aux mauvais desseins de leur politique : le clergé trouvera une protection plus solide et plus durable dans la conformité de ses sentimens avec ceux du peuple.

Que les ministres de la religion aient donc foi dans la République; qu'ils tournent les yeux avec confiance vers l'Assemblée nationale, appelée par les suffrages du peuple à régler les destinées du pays. De cette Assemblée découleront, comme d'une source féconde, pour les diverses conditions de la société, toutes les libertés qui sont de l'essence du Gouvernement républicain.

Aussi, M. l'archevêque (ou l'évêque), attachez-vous à bien faire apprécier à votre clergé l'importance de la manifestation solennelle à laquelle il va prendre part. Dans de si graves circonstances, la responsabilité est grande pour tout le monde. Ne laissez pas surtout oublier aux prêtres de votre diocèse que, citoyens par la participation à l'exercice de tous les droits politiques, ils sont les enfans de la grande famille française, et que, dans les assemblées électorales, sur les bancs de l'Assemblée nationale, où la confiance de leurs concitoyens pourrait les appeler, ils n'ont plus qu'un seul intérêt à défendre, celui de la patrie, intimement uni à celui de la religion.

Recevez, M. l'archevêque (ou l'évêque), l'assurance de ma haute considération.

« Le ministre provisoire de l'Instruction publique et

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Nous n'avons pas besoin de faire remarquer la convenance des paoles, émises dans cette circulaire ; il pourra être un jour utile de les rappeler, et voilà pourquoi nous les avons consignées ici.

A. B.

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