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ves de sa valeur à la mémorable bataille d'Austerlitz, et ayant refusé le grade de général de brigade, il reçut de l'empereur le commandement des dragons de sa garde, le 19 mai 1806. Nommé général de brigade sur fe champ de bataille de Friedland, et peu de temps après duc de Padoue, il fit la campagne de 180g en Autriche, et à la bataille d'Esling, fut élevé au grade de général de division, en remplacement du général Espagne, tué dans cette affaire à la tête de la troisième division de cuirassiers. En février 1812, le général Arrighi épousa la fille du comte Henri de Montesquiou, alors chambellan de l'empereur. Pendant la campagne de Russie, Napoléon lui confia le commandement en chef de toutes les cohortes, qui, l'année suivante, montrèrent tant de valeur dans la campagne de Saxe. Il fut encore chargé de l'inspection et de l'armement de toutes les places des côtes du Nord, depuis l'Eure jusqu'à la Somme, et il sut rendre inutiles toutes les tentatives des Anglais sur les côtes de la Hollande, principalement sur l'île de Walcheren. Pendant que l'on traitait de l'armistice qui suivit les batailles de Lutzen et de Bautzen, le général Arrighi fut attaqué, à Leipsick, par les comtes Woronzow et Czernichef. Ces généraux, dans l'intention de couper les communications de l'armée française, et de s'emparer des magasins et des convois qui devaient la compléter et l'alimenter, s'étaient portés en poste sur cette ville, avec 15,000 hommes d'élite des armées russe et prussienne.

Le général Arrighi, sans artillerie, et n'ayant que quelques bataillons et quelques escadrons, sut, par sa contenance et son adresse, imposer à un tel point au général Woronzow, qu'il vit aux avant-postes, que celui-ci, après quelques escarmouches, se retira à Potsdam, position qu'il occupait auparavant. La ville de Leipsick envoya au général Arrighi' une députation pour le remercier de cet important service, et lui offrir tous les secours dont ses troupes pouvaient avoir besoin. Il eut ensuite, pendant le reste de cette campagne, le commandement du 3me corps de cavalerie, et s'acquit beaucoup de gloire, pendant la journée du 18 octobre, à la défense des faubourgs de Leipsick. En 1814, il fut mis à la tête d'un corps d'infanterie qui combattit jusque sous les murs de Paris. Dans cette campagne, il protégea la retraite des corps des ducs de Raguse et de Trévise, dans les plaines de la Champagne; et malgré plusieurs charges successives faites par le grand-due Constantin à la tête de toute la cavalerie, et d'une artillerie légère, nombreuse et bien servie, ses bataillons, formés en carrés, ne furent jamais entamés. Au retour de Napoléon de l'île d'Elbe, il entra à la chambre des pairs, et partit pour la Corse, dans les premiers jours de mai, en quali→ té de commissaire extraordinaire. Dès son arrivée, le duc de Padoue établit son quartier-général dans la place de Calvi, qu'il fortifia, et il annonça, par de grands préparatifs, qu'il était déterminé à la plus vigoureuse résistance si on ve

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nait l'attaquer. La bataille de Waterloo ne changea rien à ses dispositions, mais le but seulement en fut différent; il tenta de rendre la Corse indépendante. Le général Arrighi n'eut, dans cette circonstance, que le mérite d'avoir fait une entreprise généreuse; il put à peine lever quelque argent et un petit nombre d'hommes. Compris dans l'ordonnance du roi, du 24 jaillet 1815, et dans celle du 16 janvier 1816, il se retira à Trieste. Il a été rappelé par l'ordonnance du 19 novembre 1820. C'est par erreur que l'on a dit que le duc de Padoue avait reçu la croix de Saint-Louis.

ARRIGHI (HYACINTHE), père du précédent, et cousin-germain par alliance de la mère de Napoléon. Il était avocat-général du roi en Corse, et fut, au commencement du règne de Louis XVI, du nombre des commissaires envoyés en France par cette île. Commissaire de la république près l'administration centrale de son pays, il fut exilé avec le reste de sa famille, comme partisan du gouvernement français, lorsque Paoli livra la Corse aux Anglais. Après le 18 brumaire, M. Arrighi entra au corps-législatif, fut ensuite nommé préfet du Liamone, et enfin de toute la Corse, lorsque cette île ne forma plus qu'un département. Il avait perdu cette place, lors que Napoléon revint de l'île d'Elbe. M. Arrighi fut alors nommé président de la junte qui avait été créée jusqu'à l'arrivée de son commissaire extraordinaire. Il est baron et officier de la légion-d'hon

neur.

ARRIGHI (ANTOINE LOUIS), frère du précédent; était vicairegénéral de l'île d'Elbe, lors de sa réunion à la France; il fut ensuite nommé évêque d'Acqui. M. Arrighi est un homme distingué. par son esprit et son patriotisme. L'empereur, qui avait pour lui beaucoup d'estime et d'affection, le fit baron de l'empire et officier de la légion-d'honneur.

ARRIGHI (JOSEPH - PHILIPPE), frère du précédent, chanoine honoraire de la cathédrale de Pise, et de l'église métropolitaine de Florence. Lorsque Napoléon quitta la France, après les événemens de 1814, M. Arrighi était vicaire général d'Ajaccio, et de la principauté de Piombino. La conduite qu'il tint dans cette circonstance, prouva qu'il était moins attaché à la fortune de l'empereur qu'à sa personne. Trois jours après l'arrivée de ce prince à l'île d'Elbe, il publia un mandement remarquable, dans lequel il félicitait les habitans de lui donner asile. Après la seconde abdication, M. Arrighi quitta" ** l'île d'Elbe et se retira en Corse Il est membre de la légion-d'hon

neur.

ARRIGHI (JEAN), cousin des précédens, a été député suppléant de l'île de Corse à la convention' nationale, où il ne prit séance que le 18 vendémiaire an 3. Il sollicita des secours en faveur des Corses réfugiés sur le continent, et obtint un décret qui les leur accordait, Dans la même année, il fut nommé membre de la commission chargée d'examiner la conduite de Joseph Lebon. Après la dissolution de la con

vention, en l'an 4, il entra au conseil des cinq-cents, où, l'année suivante, il s'éleva contre le projet d'annuler les élections de la Corse, qui avaient eu lieu avant la promulgation de la cons

titution. Après la révolution du 18 brumaire, il entra au corpslégislatif, et fit partie de la commission chargée de proposer un travail pour la radiation des émigrés.

FIN DU SUPPLÉMENT.

DU SECOND VOLUME.

BACHEVILLE (LES FRÈRES) ne se sont pas moins rendus recommandables par leur amitié fraternelle que par leur bravoure, leur dévouement à la patrie, et les persécutions dont ils ont été l'objet. Issus d'une famille estimable de Trévoux, département de l'Ain, ces deux frères, entrés fort jeunes dans la carrière des armes, parvinrent l'un et l'autre au grade de capitaine dans le corps de héros qu'on appelle aujourd'hui l'ex-garde. Leur courage et leur intrépidité leur méritèrent de bonne heure la décoration des braves. Tous deux ils avaient fait les campagnes glorieuses qui ont illustré les armes françaises, depuis l'an 12 (1804) jusqu'en 18:4. A la première abdication de l'empereur, l'aîné seul, Barthélemy, né en 1784, obtint l'honneur de l'accompagner dans son exil. De retour avec lui de l'île d'Elbe, il le suivit encore au jour du dernier combat; et après la funeste bataille de Waterloo, il se retira avec son frère dans leur ville natale, au sein de leur famille. Mais le génie proscripteur de 1815 vint bientôt troubler leur tranquillité, et sous le prétexte qu'ils sortaient du département, en allant voir leurs parens dans une ville voisine, on voulut les arrêter. S'é

SUPP. 2o vol.

tant soustraits à cette mesure arbitraire, les deux frères furent forcés de se cacher, et bientôt de se dérober par la fuite aux persécutions qu'on leur préparait. En effet, pour avoir, dit-on, résisté à la gendarmerie, leur tête fut mise à prix, et la cour prevôtale du département du Rhône, séant à Lyon, s'empressa, le 9 juillet 1816, de condamner les frères Bacheville, savoir: l'aîné à la peine de mort, et le second à deux ans d'emprisonnement, pour prétendue rébellion à la force armée. Cependant les deux frères s'étaient réfugiés en Suisse; mais bientôt informés que le signalement de Barthélemy était affiché à Lausanne et dans tout le canton de Vaud, ils vécurent retirés au fond d'un bois : là un ministre protestant, homme véritablement religieux, car il était humain et secourable, leur apportait, chaque jour, dans leur solitude les objets nécessaires à leur subsistance, et enfin il leur procura les moyens de partir pour la Pologne, comme ouvriers genevois. De là, ils passèrent en Valachie. Barthélemy seul se rendit à Bucharest, puis à Constantinople, parcourut les îles de l'Archipel, visita Athènes et Corinthe, et pour éviter la peste qui ravageait ces bel

les contrées, il se réfugia à Janina, avec des lettres d'introduction pour Ali-pacha, qui lui fit un accueil bienveillant, non pas à cause de ces lettres, mais d'après une recommandation bien plus puissante à ses yeux, une action de bravoure. Barthélemy avait voyagé dans l'Albanie avec une caravane de 50 hommes, qui fut attaquée par 200 janissaires licenciés, devenus brigands: il prit le commandement de la caravane, et mit en fuite les janissaires, dont il tua lui-même le chef. Cependant le frère de Barthélemy, Antoine, ayant voulu le rejoindre, s'était rendu à Constantinople, où il demanda un passe-port à l'ambassadeur français. M. le marquis de Rivière ne le refusa point, mais, par une singulière prévoyance, ily fit transcrire le jugement des deux frères, avec ordre, à la gendarmerie de France, de le faire conduire de brigade en brigade jusqu'à Lyon. A Paris on n'eût pas agi avec plus de rigueur. Antoine partit pour la Perse, d'où il se rendit successivement à Alep, à Bagdad, à Bassora, et à Mascate, dans l'Arabie-Heureuse, où succombant enfin aux longues fatigues du désert,et au chagrin de son exil forcé, il mourut dans le mois de juin 1820. Quoique Ali-pácha admit Barthélemy à sa table, à boire dans sa coupe, à fumer dans sa pipe, et à d'autres honneurs

dont les Orientaux sont si jaloux et si peu prodigues, Barthélemy ne put se familiariser avec les horreurs dont le cruel pacha le rendait témoin chaque jour, souvent pour l'étonner, plus souvent pour lui plaire; car Ali-pacha l'avait pris en amitié. Il aima mieux revoir sa patrie, dût-il lui sacrifier sa tête. Après avoir obtenu un passe-port du consul anglais, il ar-, riva sur les frontières de la France, et se constitua prisonnier afin de purger sa contumace. La cour royale de Lyon prononça qu'il n'y avait pas lieu à le poursuivre, et qu'il serait sur-le-champ mis en liberté, justice d'autant plus remarquable qu'elle fut rendue d'après les mêmes pièces qui avaient fait condamner Barthélemy à mort trois ans plus tôt. Profondément affligé de la perte de son frère, mort dans l'exil volontaire qu'il avait dû s'imposer, Barthélemy Bacheville, privé de sa demi-solde après tant de persécutions et de malheurs, a présenté une pétition à la chambre des députés, au mois de juillet 1821. Cette réclamation, vivement appuyée par l'un des plus zélés défenseurs de nos libertés constitutionnelles, M. de Corcelles, qui a prononcé à cette occasion un discours plein d'énergie, a oblenu de l'assemblée une recommandation auprès du ministre de la guerre.

FIN DU SUPPLÉMENT.

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