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vière, frère de l'abbé Bexon, l'un des collaborateurs de Buffon à 'Histoire naturelle, est né à Remiremont, en Lorraine, vers 1753. Dès l'âge de 22 ans, en 1775, il fut reçu avocat; en 1784, nommé officier du ministère public à Remiremont; en 1787, conseiller intime de la princesse Louise-Adélaïde de Bourbon; en 1789, procureur de la commune et commissaire du roi : il exerça ces dernières fonctions jusqu'en 1792. En 1793 et 1794, il fut successivement accusateur militaire, accusateur public, et président d'un comité de bienfaisance à Caen. En 1796, il fut appelé à la présidence du tribunal criminel de Paris, qu'il remplit jusqu'au commencement de 1799, époque de son remplacement par M. Hémart. Électeur de Paris, en 1798, il avait fait partie de l'assemblée scissionnaire, séante à l'Oratoi re, dont les nominations furent annulées. En 1800, il devint vice-président du tribunal de première instance, et présida, en cette qualité, la chambre de police correctionnelle, qui ordonna la mise en liberté des individus déjà acquittés de la participation directe aux faits de l'accusation portée contre le général Moreau.

M. Bexon conserva ses fonctions de vice-président, jusqu'au 24 mars 1808, qu'il fut révoqué par un décret qui ordonnait l'épuration des tribunaux. M. Bexon ne

dut cette révocation qu'à l'esprit d'opposition qu'il manifestait au gouvernement impérial. Il n'en a point pour cela été indemnisé sous le gouvernement du roi. Depuis 1808, il a repris son an

cienne profession d'avocat, qu'il exerce toujours avec autant de talent que de succès. Dans l'affaire dite des Patriotes de 1816, il défendit Desbaunes, ancien garde-du-corps de Monsieur; mais il ne put le sauver. Il a publié plusieurs ouvrages sur la jurisprudence, et particulièrement sur la législation criminelle. Nous allons citer les principaux: 1° Jour. nal de la justice civile, criminelle, commerciale etmilitaire, 1796; 2° Mémoire adressé au gouvernement français, sur la forme de la procédure par jurés, et sur l'utilité d'un tribunal de correction paternelle, 1799; 3° Parallèle des lois pénales de l'Angleterre et de la France, et Considérations sur les moyens de rendre celles - ci plus utiles, 1800, in-8°; 4° Développement de la théorie des lois criminelles, par la comparaison de plusieurs législations anciennes et modernes, 1802, 2 vol. in8°. Cet ouvrage important, dont l'auteur fit hommage au corpslégislatif, lui valut la grande médaille d'or de l'académie de Berlin. Quatre ans plus tard, M. Besson fut chargé de rédiger le code criminel du royaume de Bavière, et, bientôt après, celui du royaume d'Italie. 5° Application de la théorie de la législation pénale, ou Code de la sûreté publique et particulière, 1807, in-f°; 6° du Pouvoir judiciaire en France, et de son inamovibilité, 1814, in-8°; 7o de la Liberté de la presse, et des Moyens d'en prévenir et d'en réprimer les abus, 1814, in-8°. Tous les ouvrages de M. Bexon annoncent, dans leur auteur, une grande connaissance de la théo

rie des lois, des vues sages, beaucoup de méthode, et un talent remarquable pour exposer ses idées.

BEYERAND (N.) Reconnu par le premier consul pour un des plus braves de l'armée, il fut envoyé dans les Pyrénées en qualité de général de brigade. Le 14 août 1795, à l'affaire de la Fluvia, ses troupes et lui se firent particulièrement remarquer. En 1796, il força avec Joubert les retranchemens du fameux camp de Céva, en Piémont, et perdit la vie à la bataille de Lonado, au mois

d'août de la même année.

BEYERLÉ (B. P. L.), ancien conseiller au parlement de Nancy. On a de lui: Traduction en français d'une lettre allemande de M. Granmann, sur la proportion entre l'or et l'argent, sur les monnaies de France, etc., in8°, 1788; Essais préliminaires ou observations sur les monnaies, pour servir de supplément à la première partie de l'Encyclopé die méthodique, in-4°, 1788; Projet contre la vente de l'argent, in-8°, 1791; Almanach des femmes célèbres, 2 vol. in-8°, 1788. De concert avec M. d'Arbigny, il a aussi composé: Notice sur le nouveau système des poids et mesures, en ce qui concerne l'orfévrerie, in-4o, 1799.

BEYME (N.), né en Prusse, d'abord jurisconsulte, et aujourd'hui ministre. Il est fils d'un chirurgien des armées. Né en 1770, Beyme a fait ses études au collége des Orphelins de Halle, où il s'est distingué. Devenu, par son seul mérite, conseiller de la chambre de justice, c'est parmi

les membres de cette chambre que Frédéric-Guillaume III le choisit pour successeur de Mencken, conseiller du cabinet. Les préjugés de la noblesse allemande plièrent devant le savoir et le crédit de Beyme; mais les courtisans se liguèrent contre l'élévation d'un parvenu. Ils ourdirent d'obscures intrigues dont il triompha par sa fermeté. Beyme gagna de plus en plus la confiance du roi; et chaque jour voyait s'affaiblir l'influence des ministres, dont la haine cessa de s'imposer des bornes. Alors il supplia le roi d'apaiser cette fureur, en créant un second conseiller du cabinet. Lombard fut choisi; mais celui-ci était encore un roturier. La cour s'indigna, et l'on ne peut prévoir ce qui serait arrivé, si l'armée française ne s'était emparée de Berlin. Beyme, devenu ministre de la justice, parut dès lors n'avoir plus aucune part aux affaires; mais il continuait à donner des conseils, que le gouvernement mettait à profit. Cependant on le pressait d'accepter des titres de noblesse. qu'il refusa constamment jusqu'en janvier 1816, où il se montra moins fier. En 1815, il avait été nommé grand-chancelier, et président de la commission chargée de rédiger un plan de constitution. Depuis ce temps, il a rempli différentes missions. Beyme a une fermeté calme, et des vues libérales et généreuses; malheureusement il a rarement eu le courage de les développer et de les suivre.

BEYSSER (JEAN-MICHEL), ne se battit point en aventurier dans les Indes-Orientales, comme le

prétendent les auteurs d'une biographie; mais il y servit dans des corps français de troupes réglées. Né à Ribauvillers, en Alsace, il devint chirurgien-major dans l'Inde, passa ensuite, comme capitaine, au service de Hollande, et ne rentra en France qu'au commencement de la révolution, dont il embrassa la cause. Devenu major des dragons de Lorient, il dissipa, en 1791, les premiers rassemblemens d'insurgés dans ce département. Général de brigade, il repoussa les Vendéens devant Nantes, et remporta plusieurs autres avantages notables. Maisayant désapprouvé le 31 mai, il fut dénoncé par Héraut-de-Séchelles, et mis hors la loi. Rendu ensuite à ses fonctions, il battit l'ennemi, fut battu lui-même, blessé dangereusement, et arrêté, sous prétexte qu'il s'était laissé battre exprès. Condamné à mort dans l'affaire d'Hébert et Ronsin, à laquelle on rattacha la sienne, il marcha au supplice comme il avait marché à l'ennemi, et chanta, avant de monter sur l'échafaud, des couplets qu'il avait composés en prison. On a remarqué que le général Beysser, qui n'avait pas 40 ans, et son accusateur, Héraut-de-Séchelles, étaient deux des plus beaux hommes qu'il y eût en France.

BEYTZ (JOSEPH-FRANÇOIS DE), est né à Bruges. Substitut du procureur-général du conseil de la Flandre autrichienne, et greffier en chef du magistrat de la ville de Bruges, il fut, après la réunion de la Belgique, député par le département de la Lys, au conseil des cinq-cents, où il

prit une part assez active aux délibérations de ce corps. Il proposa l'exclusion des anciens nobles de toute fonction publique; plaida avec énergie la cause des rentiers de l'état, que l'on voulait dépouiller; et demanda que le corps-législatif s'entourât de satellites, et le directoire de grenadiers. Dans la même séance où il avait fait, et sans succès, cette proposition un peu turque, il accusa le ministre Duval d'une foule d'arrestations injustes, bien qu'elles fussent légales, et que la forme des mandats d'arrêt fût alors inattaquable. On doit sans doute attribuer cette diversité de votes et de propositions à une impartialité qui gardait un exact équilibre entre tous les partis. Proscrit après le 18 brumaire, auquel il s'était opposé, il fut quelque temps sous la surveillance de la police, et ne sortit de cette situation pénible que pour être nommé préfet de Loir-et-Cher. Bientôt il sollicita, en place de cette préfecture, les fonctions de commissaire du gouvernement près du tribunal d'appel de Bruxelles, et les obtint. Après la nouvelle organisation judiciaire, il devint procureur-général-impérial; recut, en1804, la croix de la légiond'honneur; fut nommé, dans la même année, inspecteur-général des études de droit à Bruxelles; puis, en 1810, procureur-général près la cour impériale de La Haie, et enfin premier président' de celle de Bruxelles. Les événemens de 1814 l'ont rendu à la vie privée.

BEZARD (FRANÇOIS SIMON), fut d'abord avocat. Mais au commen

cement de la révolution il quitta le barreau; de 1789 à 1792, il remplit différentes fonctions publiques, et fut député par le département de l'Oise à la convention nationale, dès la formation de cette assemblée. Le 20 novembre 1793, il demanda que les prêtres mariés ne fussent ni déportés ni détenus. Dans le procès du roi il vota la mort et l'exécution dans les vingt-quatre heures. Ce fut, au rapport des diverses biographies, sur sa proposition, le 11 février 1794, que la convention réhabilita la mémoire de Calas, et réintégra sa famille dans ses biens : réhabilitation que Voltaire avait le premier provoquée et obtenue. Elu membre du comité de législation, et nommé secrétaire de ce comité, le 6 mars de la même année, il fit rendre un décret portant que les ecclésiastiques réfractaires ne pourraient appeler de leurs jugemens; et peu de jours après fit ordonner la confiscation des biens de ceux qui seraient bannis, déportés ou reclus. A l'époque du 9 thermidor, il reçut une mission pour la Vendée, et la remplit avec une grande modération. Compris dans les deux tiers des conventionnels qui firent partie des deux conseils, il devint membre du conseil des cinq-cents. Là il osa demander que le directoire fût investi du pouvoir de remplacer les juges. Nommé secrétaire, il proposa de rayer de la liste des émigrés, les noms des députés qui y avaient été inscrits à la suite des événemens du 31 mai. Le 21 janvier 1796, il demanda et obtint l'impression et l'envoi dans les départemens, du discours que Treilhard avait pro

T. II.

noncé comme président, à l'occasion de l'anniversaire de la mort du roi. Le 3 avril suivant, il s'éleva contre les loteries. Peu de jours après, il appuya le projet d'Audouin contre les parens des émigrés, assurant que ce projet était le seul capable de sauver la république. Il voulut, mais inu- ~ tilement, que le papier-monnaie, jusqu'alors reçu en paiement, ne fût regardé que comme un simple à-compte. Le 2 mai de la même année, il appuya un nouveau projet de loi concernant les prêtres insermentés. Le 24, il fut chargé, par une commission spéciale, de proposer une résolution favorable aux héritiers des Chouans et des Vendéens. A la fin de la session, qui n'était pas éloignée, il sortit du conseil, et devint substitut du commissaire du directoire près le tribunal de cassation. En 1798, il fut réélu au conseil des cinqcents, et en 1800, il passa au tribunat, qui dès ses premières séances le nomma l'un de ses secrétaires. Compris dans le premier cinquième des membres éliminés, il sortit du tribunat, le 16 ventôse an 10 (7 mars 1802), et devint, quelque temps après, procureur impé rial près le tribunal civil de Fontainebleau. En 1811, il fut nommé conseiller à la cour impériale d'Amiens. En 1814, il perdit cette place; en 1816, compris dans la catégorie des conventionnels votans, il fut forcé de s'expatrier.

BEZBORODKO (ALEXANDRE, PRINCE), naquit en 1742, dans une terre de son père, située dans la petite Russie. Il fit d'excellentes études à l'université de Kief, et entra immédiatement après au ser

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vice, comme officier dans un régiment d'infanterie. Dans la guerre avec la Turquie, il fut attaché au maréchal comte Romantzof, en qualité de secrétaire pour les affaires de la Valachie et de la Moldavie. Aux fêtes de la paix avec les Turcs, en 1775, l'impératrice Catherine II le nomma secrétaire d'état avec le titre de colonel; puis il fut nommé successivement conseiller privé, maître de la cour, et enfin, membre du collège des affaires étrangères. Il dut un avancement si rapide au talent qu'il avait de rédiger avec une promp

titude et une correction extraordinaires. Un jour que l'impératrice l'avait chargé de la rédaction d'un ukase, il perdit de vue cet objet, et revint auprès d'elle sans s'en être occupé. La princesse demanda aussitôt à voir le projet, et Bezhorodko, sans se déconcerter, tire de sa poche une feuille de papier, où il paraît lire, sans la moindre hésitation, l'ukase projeté. Catherine en approuve la rédaction, et prend la feuille pour la signer; mais s'apercevant alors seulement que le papier sur lequel son secrétaire a semblé lire l'ukase, ne contient qu'un écrit insignifiant, loin de blâmer sa ruse, elle le complimenta sur son extrême facilité, et ce fut là, dit-on, l'origine de sa fortune. La haute faveur dont il jouissait ne l'empêcha pas toutefois d'éprouver une mortification à laquelle il ne dut pas être insensible. On prétend qu'il persécutait une jolie danseuse, parce qu'elle avait refasé sa protection. L'impératrice reprocha hautement à Bezborodko son injustice, et lui imposa

même l'obligation de fournir une dot pour marier cette jeune fille. En 1791, après la mort du maréchal prince Potemkin, il fut envoyé à Jassy, avec le titre de grand plénipotentiaire, pour trai ter avec la porte Ottomane, de la paix qu'il signa. A son retour à Saint-Pétersbourg, il fut récompensé par l'ordre de Saint-André, et obtint alors un immense crédit; mais il ne tarda pas à être supplanté par le favori Platon Zou. boff, qui ne lui laissa presque plus d'influence. Cependant, au couronnement de l'empereur Paul, en 1797, il fut créé prince, avec le titre d'altesse, et promu au grade de chancelier. Il occupa cette place jusqu'au mois de mars 1799, qu'il mourut, à SaintPétersbourg, à la suite de plusieurs attaques de paralysie. Cet homme distingué était doué d'un esprit vif et profond; ses connaissances étaient aussi variées qu'étendues, et sa mémoire tenait du prodige. Ses amis, dans sa jeunesse, l'ont mise plusieurs fois à une épreuve bien singulière. On le réveillait dans son premier someil, et on lui faisait des questions sur les époques précises des événemens les plus reculés : à moitié endormi, il répondait toujours avec une exactitude imperturbable. Voyageant un jour avec plusieurs personnes, la conversation tomba par hasard sur un vieux militaire nommé commandant dans une petite forteresse au pied du Caucase; le prince Bezborodko fit aussitôt l'histoire de tous les commandans de cette forteresse, en les désignant l'un après l'autre, par leur nom, leur rang, et

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