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d'une députation juive; fut nommé conseiller municipal à Nancy, et fut encore un des premiers Israélites français qui réalisèrent en propriétés foncières une fortune honorablement acquise. En 1807, il défendit contre quelques assertions de M. Grégoire plusieurs passages du Talmud; mais il sut garder ce ton de modération toujours commandé par la décence, et nécessaire surtout envers l'un des évêques les plus tolérans qui aient existé. Appelé à siéger dans l'assemblée des députés israélites convoqués par l'empereur en 1807, il acquit une grande influence dans cette assemblée, remarquable par la sévérité de ses opinions et de ses doctrines, et coopéra efficacement à la réorganisation du culte israélite. Depuis cette époque, il vit retiré dans une terre (Turique), dont une or donnance royale lui a permis d'ajouter le nom au sien. Ce respectable septuagénaire, heureux d'être né dans un siècle et dans un pays de tolérance et de lumières, jouit de la considération générale.

BERR (MICHEL), fils du précédent, est né à Nancy en 1784. Il fit ses études à l'école centrale de

cette ville, et le premier de ses coreligionnaires, se voua à la profession d'avocat. Ses débuts à la cour criminelle de Nancy furent brillans; mais bientôt il se livra tout entier à la littérature, et fut aussi le premier Israélite admis dans les sociétés savantes de France. Il est membre de la société royale des antiquaires, de la société philotechnique, de l'athénée des arts de Paris, des académies

de Nancy, Strasbourg, Nantes, Gottingue, etc. Il fut successivement membre de l'assemblée des Israélites convoquée à Paris en 1807, secrétaire du grand sanhédrin de France et d'Italie, chef de division au ministère de l'intérieur du royaume de Westphalic, chef de bureau à la préfecture de Nancy, etc. Il est membre du collége électoral de cette dernière ville; traducteur des Gazettes allemandes au ministère de l'intérieur, et l'un des rédacteurs de la Revue Encyclopédique. Parmi les nombreux articles qu'il a publiés dans divers journaux, on distingue l'Éloge de Charles Villers, les Notices sur le livre de Job, sur Bagosen, poète danois vivant, sur le philosophe juif Maimonide, sur Hartwigveselis, poète hébreu du 18e siècle, sur Schiller, Iffland, et plusieurs autres écrivains allemands. Il fit, en 1816, à l'athénée de Paris, un cours de littérature allemande qui eut beaucoup de succès, et qu'on regrette de ne pas voir imprimé. Son premier ouvrage intitulé: Appel à la justice des Nations et des Rois, ou Adresse d'un citoyen français au congrès de Lunéville, au nom de tous les habitans de l'Europe qui professent la religion juive (Strasbourg, 1801), fut dédié à M. Grégoire, ancien évêque de Blois, et traduit en plusieurs langues. Il a publié à Metz, en 1808, l'Appréciation du Monde, ouvrage traduit de l'hébreu, de Bedrachi, philosophe juif du 13me siècle, avec une préface et des notes; en 1814, une lettre à M. le comte Lanjuinais, son protecteur et son ami, lettre dans laquelle l'auteur

montre beaucoup de courage et de patriotisme; l'Éloge de M. Abraham Furtado; une Notice sur le baronde Riouf; un écrit intitulé: Du divorce chez les Israélites, en réponse à un discours de M. de Bonald, à la chambre des députés de 1815; quelques ouvrages polémiques, à l'occasion de l'israélite français, ouvrage auquel il refusa de coopérer; un pamphlet intitulé: Observations sur un passage des quatre concordats de M. de Pradt, énonçant que les Juifs n'ont jamais cru à l'immortalité de l'âme (ce qu'on pourrait induire du silence de la Bible sur cette matière, et des lois pénales de Moïse, qui sont toutes corporelles). Abrégé de la Bible, et choix de morceaux de piété et de morale, à l'usage des Israélites de France. Dans les Mémoires de l'académie de Nancy, se trouvent plusieurs morceaux intéressans du même écrivain, entre autres une Dissertation sur la musique et sur l'élégie des Hébreux; an Eloge de Bitaubé; des Notices sur plusieurs écrivains allemands, et sur d'illustres Lorrains. M. Michel Berr s'est constamment et fortement élevé confre la proscription impolitique attachée à sa secte, qui toutefois n'a pas encore rendu jusqu'à pré sent bien utile à la France, le juste bienfait de son émancipation. Plusieurs hommes distingués, tels que MM. Grégoire, Benjamin Constant, Aignan, et feu J. de Muller, le célèbre historiographe, l'ont cité avec éloge.

BERRIAT-SAINT-PRIX (JACQUES), né à Grenoble, en 1769, avocat, et professeur à l'école de

droit de Paris, membre des académies de Grenoble et de Dijon, et des sociétés royales des antiquaires et académique des sciences de Paris. Gradué dès 1787, il a été successivement chef de division à l'administration du district de Grenoble (1791); archiviste du département de l'Isère, et aide-commissaire des guerres (1792); capitaine dans les compagnies franches (1793), et quartier-maître dans le 10 bataillon du même département (1794); élève de l'école normale et administrateur du district de Grenoble (1795); professeur de législation à l'école centrale de l'Isère (1796); enfin, professeur de procédure civile et de droit criminel à l'école de droit de Grenoble, en 1805, d'où il a été appelé à celle de Paris, en 1819. Voici la notice de ses principaux ouvrages. 1° Plusieurs Opuscules dans divers journaux ou collections littéraires et scientifiques, savoir : dans le Magasin et les Annales encyclopédiques de Millin, 1797 (an 5); Mémoire sur la filature de la soie, 1799 (an 8); Notice sur le botaniste Liotard, 1801 (an 9); idem sur l'historien Valbonnais, 1802 (an 10); Description des repas d'Humbert II; Notice d'un manuscrit original d'Astezan, 1805 (ans 13 et 14); Observations sur les citations des auteurs profanes, et surtout d'Homère, dans les lois romaines; Re cherches sur la législation crimi nelle et de police, au temps des dauphins, 1806; Annibal à Car thage, après la bataille de Zama, 1809; Discours sur les vices du langage judiciaire; Recher

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ches sur les divers modes de publication des lois, 1811; Remarques sur Massillon, d'Alembert et La Harpe, 1814; Observation sur l'abus du divorce et de l'adoption à Rome; dans les Mémoires d'économie publique, 1800 (an 8), Discours d'ouverture d'un cours d'économie politique; dans les Annales d'agriculture, 1802 (an 10), Mémoires sur l'engrais tiré du plâtre, 180g; idem sur l'engrais tiré des immondices et la trines; dans la Bibliothéque com merciale, 1803, idem sur le sérançage du chanvre; dans les Annales de statistique, 1803, idem sur les Progrès de la population de la France; dans la Thémis jurisconsulte, 1820, idem sur le refus qu'essuya Cujas à Toulouse; dans les Mémoires de la société des antiquaires, 1821, Histoire de l'université de Grenoble; 2° Annuaires statistiques de l'Isère, des années 9 à 12 (1801) à 1804), 4 vol. in-16; 3° l'Amour et la philosophie, 1801, 5 vol. in-12; 4 Cours de législation, 2 vol. in-8°, 1803, 1804 (années 11 et 12). Dans le tome I est une Histoire du droit, dont on réimprime en ce moment une nouvelle édition; 5° Eloge historique de M. Mounier, 1806, in-8°; 6° Observa tions sur les traductions des lois romaines, 1807, in-8°; 7° Discours sur les jouissances des gens de lettres, 1807, in-8°; 8° Cours sur les préliminaires du droit, 1809, in8°; 9°Cours de procédure civile, 2 vol. in-8°, première édition, 1808 à 1810; deuxième, 1810 à 1811; troisième, 1815; la quatrième paraîtra cette année. 10° Cours de droit criminel, 1 vol. in-8°, 1817;

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la deuxième édition paraîtra également cette année. 11° Enfin, on dit M. Berriat-Saint-Prix auteur d'une Histoire ecclésiastique et politique de la ville de Grenoble; mais cet ouvrage est encore inédit.

BERRUYER (JEAN-FRANÇOIS), gouverneur de Invalides, naquit à Lyon, le 6 janvier 1737, d'une famille de négocians estimés. Son goût pour l'état militaire lui fit prendre du service dès l'année 1753. Il s'enrôla comme volontaire dans le régiment d'infanterie d'Aumont, reçut le grade de sergent en 1756, fit la campagne de Minorque, et se trouva au siége de Mahon. Une action d'éclat, pendant la guerre de sept ans, et qui est digne d'être rapportée, lui mérita, en 1761, le grade d'officier; il avait, avec 60 hommes seulement, arrêté une colonné ennemie dans un défilé, où il reçut six coups de sabre et un coup de feu.' Nommé lieutenant en 1762, un nouveau trait de bravoure lui valut le grade de capitaine en 1767. C'était à la retraite de Zigenheim, où il fit prisonnier le général Benevel, commandant de l'avant-garde prussienne, après un combat corps à corps, dans lequel il reçut quatre blessures. Berruyer fit ensuite les campagnes de Corse, et eut quelques relations dans cette île avec la famille Bonaparte. Lieutenant-colonel en 1787, il fut nommé colonel en 1791, et colonel général des carabiniers en 1792. La marche des troupes du roi de Prusse sur Paris donna lieu à la formation de l'armée de l'intérieur, dont le commandement fut confié à Ber

ruyer. Il s'en montra digne par son amour pour la patrie, par son zèle à remplir ses devoirs, et par la fermeté avec laquelle il reprocha au gouvernement l'état de dénûment dans lequel on laissait l'armée. La même année, il fut nommé commandant en second de Paris. Général en chef de l'armée de l'Ouest en 1793, il remporta sur les Vendéens une victoire signalée, et s'empara de Chemille. D'autres généraux étant moins heureux, on attribua les revers qu'ils éprouvèrent à la lenteur que Berruyer aurait mise à seconder leurs opérations; il fut mandé pour ce fait à la barre de la convention nationale, et accusé en même temps par le député Chasles de se montrer à l'armée avec un faste contraire aux principes républicains; mais Berruyer fut défendu par Choudieu et Goupilleau, et renvoyé à son poste. Blessé à l'affaire de Saumur, il revint à Paris, où il fut nommé inspecteur-général des armées des Alpes et d'Italie. Le 13 vendémiaire, il eut le commandement d'un corps formé spontanément en faveur de la convention, et mérita les éloges de l'assemblée pour les services qu'il lui rendit dans cette circonstance. Berruyer fut employé sous le gouvernement directorial, puis nommé gouverneur des Invalides, place qu'il occupa jusqu'à sa mort, arrivée le 17 avril 1804. Elevé au milieu des camps, Berruyer en avait conservé la franchise, la simplicité, et y avait fortifié son dévouement aux seuls intérêts de son pays.

royale de Paris, s'est fait particulièrement connaître dans la cause du maire d'Anvers, qu'il défendit contre le gouvernement impérial, et dans la malheureuse affaire du maréchal Ney. M. Dupin le secondait de tout son talent; mais souvent interrompus dans le cours de leurs plaidoiries, ils ne purent ni l'un ni l'autre aborder les hautes questions politiques qui étaient seules convenables à cette cause si tristement célèbre. Leurs discours se sont quelquefois ressentis de la gêne de leur situation. M. Berryer, si remarquable par sa présence d'esprit, fut tellement troublé, une fois entre autres, qu'il désigna M. Bellart, procureurgénéral, par la qualification d'accusateur public. M. Berryer a un fils, qui est aussi avocat. Ce qu'il a fait de mieux jusqu'ici, c'est d'avoir défendu les généraux Debelle et Cambronne, au mois d'avril 1816; et ce qui lui est arrivé de plus heureux, est d'avoir été dénoncé, à cette occasion, au conseil de discipline des avocats, par M. le procureur-général BelÎart.

BERTECHE (LOUIS-FRANÇOIS) est né à Sedan, le 14 octobre 1764. A 15 ans, il entra volontaire au service de la marine, y fut nommé soys - lieutenant, en 1781, et fit, en cette qualité, les campagnes d'Amérique et de la Martinique. En 1786, il entra dans la compagnie écossaise des gendarmes du roi, à Lunéville, puis en 1791, dans la gendarmerie nationale, où il devint successivement lieutenant et capitaine.

BERRYER, avocat à la cour En 1792, à la bataille de Jem

à Berthélemy la froideur, l'embarras des groupes, et l'ignorance des effets de la lumière. Si on adopte ce jugement qui n'est peut

artiste, on ne peut s'empêcher de reconnaître que Berthélemy réussissait assez souvent dans les plafonds. Il en a exécuté plusieurs, à Fontainebleau, au Muséum et au Luxembourg, qui étonnent l'œil plus souvent qu'ils ne le trompent. Né à Laon, le 5 mars 1743, il remporta le grand prix de peinture, et à son retour de Rome, il fut agrégé à l'académie de peinture. Le tableau qui lui mérita cet honneur, représentait le Siége de Calais. Il n'offrait pas cette énergie de conception dont un tel sujet avait besoin; mais le dessin en était pur et la disposition savante. Il fit pendant la révolution plusieurs tableaux de circonstance, et mourut à Paris, le 1 mars 1811, étant professeur à l'École spéciale de dessin. Son genre tient le milieu entre la grâce efféminée et les contours incertains de Boucher, et le style dur d'une école plus moderne, qui trop souvent jette des statues peintes dans ses compositions, et croit avoir imité l'antique.

mapes, où il se distingua de la manière la plus éclatante, le général Beurnonville se trouva en danger. Le capitaine Bertêche accourt, combat et le dégage. Bien-être pas celui qu'en porterait un tôt un peloton de dragons ennemis revient à la charge et les enveloppe tous deux. Le capitaine Bertêche ne voulut pas se rendre; mais prenant à deux mains son sabre, comme les vieux héros d'Homère, il tua douze dragons de sa propre main, et échappa aux autres, couvert de blessures. Il avait reçu quarante-un coups d'arme blanche et un coup de feu, qui, après l'avoir blessé au bras, avait tué son cheval. Il rentra au camp avec le général qu'il avait sauvé. Ce dernier, devenu ministre de la guerre, le présenta à la convention, qui lui décerna une couronne de chêne et lui donna un sabre-d'honneur. Lieutenant-colonel de gendarmerie, colonel du 10 régiment de chasseurs, enfin, commandant-général de l'école de Mars, il fut, après le 9 thermidor, accusé d'avoir servi le comité de salut blic dans ses mesures les plus violentes. On ne peut déterminer au juste quel degré de croyance il faut accorder à ces accusations. Il parut, en 1793, à la barre de la convention, pour se justifier, et se retira dans sa ville natale avec une pension de retraite. Napoléon l'avait nommé commandant du château de Sedan.

pu

BERTHÉLEMY (JEAN-SIMON), peintre habile dans la perspective, fut élève de Noël Hallé. Diderot lança plus d'une fois contre ces deux artistes ses plaisanteries désespérantes. Il reprochait

BERTHELOT (JULIEN, COMTE DE), né à Auray, avait servi dans la marine avant la révolution française. Cette révolution contrariant ses intérêts ou ses préjugés, il fut l'un des chefs les plus ardens de la Vendée. Lorsque tout espoir était perdu pour les royalistes, on

le vit ranimer dans ces contrées malheureuses les étincelles mourantes de la guerre civile, et continuer à fatiguer de son zèle dé

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