Page images
PDF
EPUB

tice? La chose est doúteuse. On remarque aussi les noms des deux Sarazin, l'un poète, et l'autre peintre et sculpteur; du célèbre architecte Philibert Delorme; du fameux avocat Loyseau de Mauléon; du poète Racan, et de Charles Dumoulin, grand orateur et fougueux calviniste. Les Notices et Eloges de Beaucousin contiennent, sur ces hommes et sur plusieurs autres, des renseigne mens qu'on ne trouverait pas ailleurs. Il ne s'est occupé que de personnages nés dans la province du Noyonnais, où il était né lui-même, et a composé ses diverses Notices pour les faire entrer dans une Histoire générale de Noyon et du Noyonnais. Il a encore fait l'Éloge de sa mère, ou vrage dont on ne connaît que le titre. La révolution vint lui enlever ses moyens d'existence, au moment où il allait publier, en seize volumes in-8°, le résultat de ses recherches, sous ce titre : Délassemens d'un jurisconsulte. Il languit pendant quelques années dans l'obscurité et la misère. Le gouvernement jeta cependant les yeux sur lui; et Beaucousin allait être nommé bibliothécaire du directoire-exécutif, quand il mourut, en 1798. Son nom est une autorité en bibliographie, et si puissante, qu'un ouvrage médiocre acquiert de la valeur, dès que le nom de Beaucousin et quelques mots tracés par lui se trouvent sur le premier feuillet ou sur les marges.

BEAUFFREMONT (ALEXANDRE-EMMANUEL, PRINCE DE), fils du prince de Listenais, vice-amiral de France, descendant de l'une

des plus anciennes maisons de France, naquit à Paris, en 1773. En 1787, il épousa à Madrid la fille aînée de M. le duc de la Vauguyon, ambassadeur de France près de la cour d'Espagne. Ayant pris parti contre la révolution, il alla, en 1793, rejoindre les princes en Allemagne, et les accompagna dans leurinvasion en Champagne. Revenu en Espagne après le mauvais succès de cette tentative, il y prit du service, et fit dans les Pyrénées, contre les Français, les campagnes de 1793 et de 1794. En 1795, ayant obtenu sa radiation de la liste des émigrés, il revint à Paris, et se retira bientôt en Franche-Comté, dans l'une des terres dont il avait hérité du

prince de Beauffremont, son oncle, mort à Paris peu de temps avant son retour en France. Son goût pour la retraite le tint éloigné de la capitale jusqu'à l'époque où Napoléon, qui lui avait déjà donné le titre de comte, l'ayant nommé aux fonctions de président du collége électoral de la Haute-Saône, il lui fut présenté en cette qualité, le 12 avril 1812. Il prononça devant l'empereur un discours dans lequel il exprimait, avec autant d'éloquence que de talent, les sentimens et les vœux du département dont il était l'organe. Au mois de juin 1815, il fut nommé pair de France par Napoléon; mais il refusa, en alléguant la faiblesse de sa santé. Ce refus, que l'on pouvait interpréter d'une autre manière, le fit encore nommer pair après le second retour du roi. Cette fois, M. de Beauffremont ne refusa paş la pairie, néanmoins il a

[ocr errors]

continué à résider à Scey-surSaône.

BEAUFFREMONT (ALPHONSE, DUC DE), fils du précédent. Il fit les campagnes de Russie et de Saxe (la première comme aidede-camp de Joachim Murat, roi de Naples), se distingua à la bataille de la Moskowa, et se trouva à celle de Dresde, le 27 août 1813. Après la première restauration, en 1814, il fut nommé chevalier de Saint-Louis et commandant de la garde-d'honneur de Vesoul. Dans le mois de février 1815, Joachim le manda à Naples, et le chargea, le mois suivant, de se rendre auprès de Napoléon, pour l'assurer qu'il se conderait ses opérations militaires. Au retour de cette mission, M. de Beauffremont fut arrêté à Turin, et n'obtint sa liberté qu'après neuf jours de détention, et avec l'injonction de rentrer en France. Il prit ensuite du service en Russie; mais, après quelque temps de séjour dans ce pays, il revint en France, et se retira dans sa famille.

BEAUFFREMONT (THÉODORE), second fils du prince de Beauffremont, chevalier des ordres de la légion-d'honneur et de Saint-Louis, chef d'escadron. Il était aide-de-camp du duc de Berri.

BEAUFORT (JEAN-BAPTISTE), né le 18 octobre 1761, à Paris. Dès l'âge de 14 ans, il prit le parti des armes, et néanmoins il n'était encore qu'adjudant-sous-officier au commencement de la révolution. Il s'enrôla alors dans la 31 division de gendarmerie, et devint bientôt adjudant - major.

Il fit la première campagne de l'armée du Nord, et obtint, le 23 octobre 1792, le grade d'adjudantgénéral. Nommé colonel après la bataille de Nerwinde, qui eut lieu le 18 mars 1793, il montra le plus grand courage à la prise de Bréda, au siége de Gertruidenberg. Dans cette campagne, parvenu au grade de général de division, dès le 13 frimaire an 2 (4 décembre 1793), il prouva qu'il était digne de l'avancement rapide qu'il avait obtenu, quand il exerça le commandement en chef par interim, de l'armée des côtes de Cherbourg. Peu de temps après, il remporta sur les Vendéens, près de Granville, une victoire, à l'occasion de laquelle la convention déclara qu'il avait bien mérité de la patrie. A l'époque du 9 thermidor, il lui fut ordonné de venir à Paris. Dans cette journée, il prit la défense de la convention contre la commune; il soutint encore le parti de la convention aux journées des 1** prairial et 13 vendémiaire; et de l'armée du Nord, où il servait sous les ordres du général Beurnonville, il vint prendre part à la révolution du 18 fructidor. En l'an 6, il eut le commandement de la me division de l'armée d'Angleterre, et fut, peu après, employé dans le département de la Charente - Inférieure. Réformé lors de la création du gouvernement consulaire, le général Beaufort remplit, dans le département du Cantal, une place d'inspecteur des droits-réunis. Il revint à Paris å l'époque du rétablissement du gouvernement royal.

BEAUFORT (LOUIS DE), histo

rien dont les ouvrages lui méritèrent l'honneur d'être reçu membre de la société royale de Londres il avait été quelque temps gouverneur du prince de HesseHombourg. Beaufort a donné: 1° Dissertation sur l'incertitude des cinq premiers siècles de l'histoire romaine, in-8°, 1738, ouvrage qui fut assez estimé pour être réimprimé en 1750, 2 vol. in - 12. 2° Histoire de César Germanicus, in-12, 1741; 3o la République romaine, ou Plan général de l'ancien gouvernement de Rome, 1766, 2 vol. in - 4°, imprimé de nouveau, en 1767, 6 vol. in-12. Bien qu'on possède sur l'histoire romaine au temps de la république, de nombreux ouvrages, dont plusieurs sont très-remarquables, celui de Beaufort offre des recherches judicieuses et fort exactes, sur l'administration civile, religieuse, judiciaire et militaire; sur le sénat; sur le peuple; enfin sur tout ce qui concourait à l'existence et à l'illustration de la république; et l'auteur a su joindre au mérite de l'historien exact et judicieux, celui de l'écrivain élégant et correct. On a remarqué généralement que l'ouvrage de M. de Texier (du Gouvernement de la république romaine, publié à Hambourg, en 1796, 3 vol. in-8°), quoiqu'il ait paru près de trente ans après celui de Beaufort, ne l'a fait oublier, ni pour les recherches, ni pour l'ordre et la méthode, ni pour le style. Beaufort mourut à Maestricht, en 1795.

BEAUFORT (LEDUC DE), naquit à Namur, en 1751, d'une des plus anciennes familles de la Belgi

que. Il quitta son pays à l'époque de la révolution, et se retira à Vienne. En 1801 il rentra dans sa patrie, et resta néanmoins étranger aux affaires publiques jusqu'en 1814. Alors il devint gouverneurgénéral civil, fonction que sa faiblesse et son peu de capacité dans les affaires ne le rendaient pas propre à remplir. Dans le mois de juillet de la même année, il fut nommé président du conseil privé de Guillaume I, roi des Pays-Bas; il donna sa démission, après le débarquement de Napoléon, en mars 1815. Le duc de Beaufort conserva cependant la place de grand-maréchal de la cour. Il mourut dans le mois de mai 1817.

BEAUFORT (DANIEL-AUGUSTE DE), savant topographe et dessinateur, a fait une carte d'Irlande qui, par l'exactitude du travail géographique, était considérée comme la meilleure avant celle d'Arrowsmith. La carte de M. de Beaufort, en deux feuilles, publiée par souscription, est accompagnée d'un Mémoire historique, in-4°, 1792. L'auteur était à cette époque recteur de Navan, dans le comté de Méath.

BEAUFORT D'HAUTPOUL (Mme DE), née Marsollier, comtesse de Beaufort, puis comtesse d'Hautpoul, s'est fait connaître dans la littérature par des romans pleins d'intérêt et par des poésies charmantes et faciles. Ses principaux ouvrages sont: 1° Zilia, roman pastoral, 1796, in-12; on y trouve diverses romances qui sont des modèles dans le genre. 2° Childéric, roi des Francs, 1806, 2 vol. in-12, roman historique, qui

dant la terreur, par suite de l'émigration du comte de Beaufort, colonel du régiment du Roi infanterie, alors 105m, il partagea volontairement sa captivité, et fut 6 mois prisonnier à l'âge de 11 ans. Le comte de Beaufort périt à Quiberon. M. d'Hautpoul, qui servait dans le génie, ayant épousé M. de Beaufort et adopté son fils, détermina la vocation de ce jeune homme pour cette arme, dans laquelle il a constamment servi depuis l'âge de 16 ans. Chef d'état-major du génie du corps d'armée dans le royaume de Naples, commandé alors par le général Gouvion-Saint-Cyr (en 1803, 1804 et 1805), M. de Beau

a mérité les honneurs de deux éditions; 3° Sévérine, 1808, 6 vol. in-12, roman accueilli avec un égal empressement; 4° Clémentine, ou l'Évélina française, 1809, 4 vol. in-12; Arindal, ou le jeune Peintre, 1809, 2 vol. in-12; 6° les Habitans de l'Ukraine, ou Alexis et Constantin, 1820, 3 vol. in-12; 7° l'Athénée des dames, journal de format in-18, dont il paraissait un cahier chaque mois; 8° Cours de littérature ancienne et moderne, à l'usage des jeunes demoiselles, 1815, in-12. L'auteur en prépare une seconde édition. 9° Plusieurs morceaux de Poésies légères, insérés dans la Décade philosophique, dans l'Almanach des Muses, et dans d'au-fort d'Hautpoul fut attaqué dans tres recueils poétiques. Un doux abandon caractérise ces vers qui auraient fait honneur à nos meilleurs poètes, et le recueil vient d'en être confié à la presse : c'est la première fois que Mme de Beaufort d'Hautpoul réunit tous les vers échappés d'une lyre parée des fleurs de Clémence Isaure; 10° enfin quelques Articles dans la Bibliothéque française. Tous ces ouvrages se font lire avec plaisir, et surtout les romans, qui offrent une foule de situations attachantes, décrites avec une correction et une élégance qu'on trouve bien rarement dans ce genre de composition.

BEAUFORT D'HAUTPOUL (ÉDOUARD, MARQUIS DE), lieutenant-colonel du génie, officier de la légion-d'honneur, chevalier de Saint-Louis, né à Paris, le 16 octobre 1782. Il fut destiné à l'état militaire dès sa naissance. Sa mère ayant été emprisonnée pen

T. II.

une reconnaissance de nuit, et reçut plusieurs blessures. Commandant le génie à la division Molitor, qui forma l'avant-garde de l'armée d'Italie en 1805, il répara, sous le feu de l'ennemi, les ponts de presque toutes les rivières que l'armée eut à franchir. Honoré de la confiance du général Molitor, cité honorablement dans le bulletin de la bataille de Caldiero, il commanda plus d'une fois avec succès de forts détachemens dans des affaires d'avantpostes. Dans cette campagne, où il se fit distinguer par le maréchal Masséna, il obtint, à 23 ans, la décoration de la légion d'honneur, qu'on ne prodiguait point encore. Lors de la conquête du royaume de Naples, il dirigea tous les travaux de fortification des îles et du golfe. Il fit ensuite partie de l'expédition de Calabre, commandée par le maréchal Masséna, dont le nom seul suffit pour

16

chasser les Anglais de ce pays. Appelé à la grande-armée dans la campagne de Prusse, il fut blessé deux fois grièvement au siége de Colberg, et fut employé ensuite à celui de Stralsund. Après la prise de cette ville, il commanda le génie dans l'expédition de nuit qui enleva l'île de Danholm aux Suédois. Les blessures qu'il avait reçues au siége de Colberg ne lui permirent pas de faire la campagne de Wagram. Mais il fut employé en Zélande et dans le Brabant hollandais, après la prise de Flessingue par les Anglais. Le maréchal Masséna ayant été nommé au commandement de l'armée de Portugal, M. de Beaufort d'Hautpoul demanda et obtint l'honneur de servir de nouveau sous les ordres du maréchal. I fit le siége d'Alméida, et y fut deux fois blessé. Attaché à l'étatmajor particulier du maréchal, il eut un cheval tué sous lui à la bataille de Bussaco, et fit toute cette campagne, où le succès ne couronna pas toujours les combinaisons du maréchal, mais où cet illustre guerrier montra la ferme té et la persévérance qui ont constamment distingué son caractère. M. de Beaufort d'Hautpoul obtint, dans cette campagne, le grade de chef de bataillon, et en reçut le brevet des mains de ce même guerrier, de qui, cinq ans auparavant, il avait reçu la croix de la légion-d'honneur. Lorsque le maréchal Masséna eut été remplacé par M. le maréchal duc de Raguse, l'armée de Portugal recut une nouvelle organisation. M. de Beaufort d'Hautpoul fut nom, mé chef d'état-major du génie de

cette armée, où il fit les campagnes si actives de 1811, de 1812 et de 1813. Il dirigea particulièrement la construction des forts de Salamanque, qui soutinrent 12 jours de tranchée ouverte. Le 18 juillet 1812, dans une reconnaissance, en sauvant l'aide-decamp du général Clauzel des mains des hussards anglais, il tomba lui-même en leur pouvoir, et n'en fut dégagé qu'après un combat corps à corps, dans lequel il fut grièvement blessé d'un coup de sabre sur la tête. Il ne quitta pas pour cela le champ de bataille. A la nouvelle réorganisation de l'armée d'Espagne, au mois de juillet 1813, M. de Beaufort d'Hautpoul, qui avait passé 3 ans dans le pays, et qui était atteint de fièvres tenaces, obtint un congé pour venir se rétablir à Paris. Mais à peine y était-il arrivé, que l'invasion dont la France était menacée lui fit oublier la faiblesse de sa santé. Il accepta avec empressement l'emploi de chef d'état-major du génie à l'armée d'Italie, commandée par le prin¬ ce Eugène. A son arrivée, il vit l'armée en retraite sur ce même terrain où, 8 ans auparavant, il avait marché à l'avant-garde d'une armée victorieuse. Il fut obligé de rompre et de brûler les mêmes ponts qu'il avait refaits précédemment. Mais il vit, et ce fut du moins une consolation, une armée animée du meilleur esprit, bien organisée, bien disciplinée, pleine de confiance dans son général en chef, et ce général déployer, dans ces momens critiques, le plus beau caractère et la plus noble fidélité. M. de Beaufort

« PreviousContinue »