Le paisible échiquier, et le bruyant trictrac, Un cercle peu nombreux, moins brillant qu'amical; La foire du canton, la fête du village; Après avoir en chaire exercé sa faconde, Sait, en venant de l'autre monde, Avec le chocolat servis chaque matin; La lecture du soir, la douce causerie, Beaucoup de promenade, un peu de rêverie, Quelques écrits intéressants, Quelques billets à des amis absents, Les beaux-arts à Paris, aux champs le jardinage, Parfois un joyeux badinage, Vous sauvent de l'ennui, triste enfant du dégoût : Bénissez donc votre partage: L'homme heureux est celui qui sait l'être par-tout. ÉPITRE A LA CÉLÈBRE MADEMOISELLE ***. Lorsque du haut des voûtes éternelles Le roi des dieux venoit aux demeures mortelles N'alloit point, dédaignant le repos des cabanes, La pompeuse hospitalité. Hôte indulgent, à son banquet céleste Il préféroit d'un gîte agreste Là, dans l'incognito de la grandeur suprême, En attendant que des chaumières Le doux sommeil vînt fermer ses paupières, Jupiter dételoit les aigles de son char; Et sans projets, et sans tonnerre, T. I. POÉS. FUG. 12 Laissant aller le monde et rouler le Destin, Du pauvre laboureur partageoit le festin; Mais au départ (Baucis en offre un grand exemple), Et payoit son écot en dieu. Vous êtes plus puissante encore et plus modeste; Grace à vos traits divins, à votre voix céleste, Devient pour moi le paradis. ÉPITRE A M. DE BRULE. Perdreaux exquis, vers pleins de grace, Les fruits de votre veine et ceux de votre chasse Dans notre humble logis arrivent à-la-fois. Ainsi le dieu qui d'un heureux délire Poëte, vous touchez sa lyre; Chasseur, vous portez son carquois. Pour moi qui, sur les monts, dans les plaines riantes, Poursuis des vers, et non pas des perdrix; Mon portefeuille plein, ma gibecière vide, Inépuisables pourvoyeuses, |