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autre fois, par des tracasseries de coulisse; la veille même du jour qu'elle devait être donnée, par un accident arrivé à l'un des principaux acteurs, Larive, qui, dans la répétition du combat, avait été blessé assez grièvement à la main, grace à la maladresse du prince qu'il devait tuer; enfin, par des ordres surpris à la religion de M. le garde-des-sceaux, la malignité de quelques amis de l'auteur ayant prévenu le chef de la magistrature que cette pièce offrait le spectacle indécent d'un souverain s'oubliant assez pour se battre contre un de ses sujets, et d'une reine jugée et détrônée par une assemblée des états-généraux. Enfin, après avoir triomphé de tant d'obstacles, Jeanne de Naples a paru le 21 décembre...

Les beautés de détail qui distinguent cet ouvrage peuvent-elles suppléer à ce qui lui manque, et surtout au défaut d'intérêt? Moins que jamais, sans doute, dans un moment où l'on ne va chercher au spectacle que des émotions vives et passagères, où l'on pardonne volontiers les fautes d'art même les plus grossières, pourvu qu'il en résulte une marche plus rapide, un spectacle plus pompeux. Quel que soit le sort de Jeanne de Naples, il est malheureux d'avoir à dire que nous ne connaissons personne aujourd'hui capable de composer une pièce de théâtre avec plus de goût, mais encore de l'écrire avec plus d'élégance et de correction. Ce n'est pourtant, diton, que l'ouvrage d'un mois; mais ici, plus que jamais, le temps ne fait rien à l'affaire.

Impromptu de M. Rulhière, sur les bruits du retour de M. le duc de Choiseul et de M. Necker au ministère.

Le Necker, le Choiseul, malgré les envieux,
Vont faire encor le bonheur dè la France.
Notre bon roi veut avoir sous les yeux

Et la recette et la dépense.

Histoire de la maison de Bourbon, in-4°, tome 3, par M. Desormeaux. Le troisième volume commence à l'an 1527, et finit en 1562. Il contient plus d'événemens intéressans que les deux premiers volumes; ces événemens sont aussi plus connus. Cet ouvrage suppose beaucoup de connaissances et une critique fort judicieuse; mais, sans être dépourvue d'intérêt et de clarté, la narration de M. Desormeaux devient souvent pénible par une recherche de style qui ne produit que de longues phrases chargées d'épithètes, n'ajoute rien à la force de l'expression, et manque souvent de justesse et de goût.

L'Ami des Enfans, par M. Berquin. Il en paraît un volume in-16 tous les mois; on en a fait déjà deux éditions.

Il y a si peu de livres dont on puisse occuper utilement le premier âge, qu'il faut bien savoir quelque gré aux écrivains qui, sans s'approcher du but, s'en éloignent moins que les autres : M. Berquin a paru être de ce nombre. Son Ami des Enfans est un recueil de fables, de contes, de dialogues, de petits drames traduits ou imités en grande partie de l'allemand. La morale que renferment tous ces petits ouvrages est en général assez raisonnable; mais l'idée en est presque toujours trop

vague, trop superficielle; la forme un peu niaise, un peu monotone. Il n'est pas vrai, comme l'a dit Fontenelle, que le naïf ne soit qu'une nuance du bas et du niais; il est au moins très-sûr qu'il n'y a le plus souvent qu'une nuance très-légère qui les sépare : il n'appartient qu'au tact le plus fin et le plus exercé de ne jamais les confondre.

FIN DU TOME DIXIÈME.

MARS.

I

Vers de M. de Saint-Marc à ce

6

ΙΟ

II

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Voltaire directeur de l'Académie; son zèle pour la composition du Dic-
tionnaire.

34

Romance de Desdémona, par J.-J. Rousseau.

36

Nouvelle administration de l'Opéra. M. de Vismes, directeur.
Première représentation des Trois áges de l'Opéra, de M. de Saint-

37

Alphonse et Grétry; et de la Fête du Village, intermède de Desfon-
taines et Gossec.

38

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