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et ne se trouva compris alors dans aucune des lois et ordonnances ren. dues par suite de ces événemens.

PIOZZI (MISS ESTHER-LYNCHSALUSBURY, d'abord femme THRALE, et ensuite del SIGNOR), naquit en 1740 à Boswel, dans le pays de Galles, au comté de Caernarvon. Elle montra de si heureuses dispositions pour l'étude, que sa famille, qui jouissait d'une honorable aisance, consentit à lui faire donner une éducation bien au-dessus de son âge et de son sexe. En peu d'années, elle apprit à fond le latin, le grec, l'hébreu et plusieurs langues vivantes, Mariée à 24 ans à un riche brasseur, membre du parlement, miss Salusbury se faisait remarquer dans la société par le bon ton de ses manières et la solidité de son esprit. Le célèbre docteur Johnson, charmé du mérite de cette dame, accepta avec joie les relations amicales qu'Arthur Murphy (voy. ce nom), se plut à établir entre M. Thrale et le docteur Johnson. Ces relations devinrent même si fortes que les deux ménages furent bientôt com

et au

se

plus célèbre critique de l'Angleterre. Ces relations durèrent cependant 17 années, et ne furent interrompues qu'un an après la mort de Thrale, arrivée en 1781. par l'impossibilité où la veuve se trouva de continuer un genre vie qu'une plus grande suscepti bilité de Johnson lui avait rendue insupportable. Elle résolut de s séparer de son vieil ami, et elle prit pour prétexte la perte d'un proces et l'impossibilité où sa fortune la mettait de continuer à vivre à Lon dres. Elle se retira à Bath. Cette séparation fut vivement blàmée par leurs amis communs, point que mistries Thrale se vit dans la nécessité de prendre la plume pour donner des explications à cet égard. Comme la séparation s'était faite à l'amiable, une correspondance bienveillante eut lieu de part et d'autre pendant quelque temps. Le mariage que mistriss Thrale contracta, à l'âge de 44 ans, avec un maître de musique de Bath, Florentin d'origine, t mé Piozzi, fut désapprouvé de Johnson, et de ce moment toute correspondance cessa entre lui et Me Piozzi. « Au mois de septembre 1784, dit l'auteur d'oe Notice sur cette dame, elle tre versa la France avec son mari, et se rendit à Milan, où elle passa l'hiver. L'année suivante, elle parcourut le reste de l'Italie, et vint se fixer pour quelque temps Thrale et sa femme supportaient à Florence, où il se forma, sous le

muns, soit à la maison de Southwark, du docteur, soit à celle que Thrale occupait, à Streatham. La société de Johnson n'était cependant pas exempte de désagrémens. Le docteur était bizarre, jaloux, brusque jusqu'à la violence, et assez mauvais admi

nistrateur de sa fortune; mais

Dom.

titre della Crusca, une société de littérateurs anglais des deux sexes,

avec beaucoup de résignation ces fréquentes inégalités de caractère, et prenaient de la personne et des qui bientôt mirent au jour un vo

intérêts de leur ami un soin qui annonçait l'excellence de leurs cœurs et leur admiration pour le

intitulé:

lume de prose et de vers,
the Florence Miscellany, lequel
ne fut distribué d'abord qu'à un

petit nombre d'amis. Cette réunion littéraire a été vivement attaquée par un critique nommé Gifford, dans la préface d'un écrit intitulé Baviade et Mæviade. Au contraire, un journal intitulé le Monde se fit le prôneur, en Angleterre, de la réunion littéraire de Florence, et parvint à lui donner de la célébrité. Il publia, en les accompagnant de grands éloges, les productions poétiques de la nouvelle académie. Elles se faisaient remarquer surtout par le clinquant du style, et l'exagération des métaphores, empruntées à la Jangue et au génie de l'Italie. Suivant l'usage du même pays, tous ces vers étaient signés d'un nom poétique et emprunté. Le journal qui les prônait parvint à mettre ce genre à la mode, et ce fut bientôt une véritable fureur d'écrire dans ce goût. Telle est du moins l'idée que M. Gifford a essayé de donner de la réunion littéraire de Florence et des productions qui en sont émanées. Quoi qu'il en soit, MTM Piozzi a fait preuve d'un vrai mérite comme poète, et son conte intitulé les Trois Avis (the three Warnings), doit être distingué des bagatelles versifiées della Crusca. a Mãe Piozzi, après avoir visité les principales villes de l'Italie, de l'Allemagne et de la Hollande, retourna en Angleterre, où elle mourut en 1821, à l'âge de 83 ans. Elle était veuve de son second mari depuis 1801.» Elle avait si bien conservé ses forces physiques et ses facultés morales jusqu'au terme de sa carrière, qu'elle donna et ouvrit elle-même un bal, à l'âge de 82 ans. » On doit à cet

te dame 1° the Florence Miscellany (Miscellanées de Florence), in-8°, 1785, en société avec MM. Merry, Parsons, Greathead et autres; 2° Observations and Reflections, etc. (Observations et Réflexions,faites durant un voyage en France, en Italie, en Allemagne), 1786, 2 vol. in-8°, ouvrage frivo-le, qui néanmoins obtint beaucoup de succès; 3° Anecdotes of D'Samuel Johnson (Anecdotes sur le D' Samuel Johnson, durant les vingt dernières années de sa vie), 1786, in-8°; 4° Letters to and from D S. Johnson, Lettres du Dr S. Johnson ou à lui adressées, 1788, 2 vol. in-8°. Elles ont été écrites depuis l'année 1765 jusqu'à l'année 1784. Ces lettres et les anecdotes furent traitées avec une extrème partialité par Baretti;et Wolcott, dans une satire, sous le titre de Bozzi et Piozzi, ne les traita pas plus favorablement. 5° British Synonimy, etc. (Synonimie anglaise, ou Essai sur l'emploi régulier des mots, dans la conversation familière), Londres, 1794, 2 vol. in-8°. Critiqué avec une extrême sévérité, cet ouvrage, auquel on prétendit à tort que Johnson avait eu part, annonce dans l'auteur un jugement sain et un esprit observateur. 6° Retrospection, or à Review, etc. (Retrospection, ou Revue des événemens, des caractères, des circonstances les plus remarquables du genre humain pendant l'année 1800, avec leurs conséquences), 1801, 2 vol. in-4°. 7o Enfin les Trois Avis, conte imité de La Fontaine, une imitation de l'Epitre de Boileau à son jardinier, et différens autres

opuscules insérés dans des recueils périodiques.

PIPELET (Mm). Voy. SALMDYCK.

cats distingués, il est aussi hom ine de lettres, et a donné ave succès la traduction en vers français de l'Art de plaire, du Remède d'amour et des Amours d'Ovide, et un Voyage à Plombières.

PIRE (MARIE - GUILLAUME DE ROSUGVINEU, COMTE DE), lieutenantgénéral, commandeur de la légiond'honneur, chevalier de SaintLouis, et de l'ordre militaire de Wurtemberg, est né à Rennes, le 31 mars 1778, d'une ancienne famil

PIRAULT - DES CHAUMES (JEAN-BAPTISTE-VINCENT), avocat et littérateur, est né à Paris, le 27 septembre 1767. Fils d'un procureur au parlement, qui refusa son ministère pendant toute la durée de l'exil de 1771, il fit de bonnes études au collège de Montaigu. Au commencement de la révolution, dont il adopta avec modérale de la Bretagne, illustrée dans tion les principes, il fut persécuté les fastes de cette province. Son et se réfugia à l'armée de Du- grand-père, le marquis de Piré, mouriez; il revint à Paris, après présidait la noblesse à la tenue l'affaire de Jeinmapes. Successi des états de 1770. Dès le comvement avoué et avocat au tribu- mencement de la révolution en nal de la Seine, professeur de 1789, son père, qui s'était droit à l'académie de législation, voué à la cause contraire, se hâen l'an 8, il déplut par la liberté ta d'aller rejoindre les princes à de ses opinions politiques, et fut Coblentz, emmenant avec lui son supprimé, en 1808, de ses fonc- fils à peine sorti de l'enfance. Le tions d'avoné. Devenu maire de jeune Piré suivit long-temps les Nanterre, il fut obligé de donner mêmes drapeaux que son père, sa démission en 1816, pour s'être entra à l'âge de 14 ans dans les garsignalé dans les élections en fa- des-du-corps, compagnie de Gramveur des candidats libéraux con- mont, et fit les campagnes de tre ceux du ministère. Nanterre l'armée du prince de Condé. Adoit à M. Pirault-des-Chaumes, près le licenciement de cette arun plus grand revenu annuel mée, il entra en 1793 avec le grapour ses pauvres, et l'établisse- de de sous-lieutenant dans le rément d'un bel abattoir à porcs, giment d'infanterie que le prince qui rapporte 3 à 4000 fr. à la caisse de Rohan - Montbazon venait de communale, etc. Lors du procès lever à Gand, et qui fit partie de fait à l'occasion de la souscription l'armée anglaise que commandait nationale, il s'est empressé de le duc d'York sur le continent. Il s'associer aux souscripteurs, et a fit avec elle la campagne de Holoffert ses veilles, comme avocat, lande en 1794, et fut nommé à ceux qui pourraient être victi- lieutenant sur le champ de bataille mes de l'arbitraire; il est l'un des d'Appeldoorn, après que son régisignataires de la consultation en ment eut été en partie détruit par fiveur des auteurs de la souscrip- l'avant-garde française au passage tion. M. Pirault - des - Chaumes de la Meuse. En juin 1795, il s'emn'est pas seulement un de nos avo-barqua à Stade avec les cinq

régimens émigrés Rohan, Salm, Périgord, Beon et Damas, qui formaient la division Sombreuil, et qui vinrent débarquer dans la baie de Quiberon, M. de Piré fut griè vement blessé lors de l'attaque du fort Penthièvre par les troupes françaises, sous les ordres du général Hoche, et ne parvint à se rembarquer que par une espèce de miracle. Il se réfugia avec les débris de cette funeste expédition sur les rochers de l'île d'Houat. Le comte d'Artois lui donna des témoignages d'estime et de satisfaction: ce prince lui dit «que si jamais il rentrait en France, une des premières faveurs qu'il accorderait, serait pour M. de de Piré; »et ayant égard à sa blessure, il l'envoya de l'Ile- Dieu se rétablir en Angleterre, et le chargea de ses dépêches pour le ministère à Londres. Par suite de l'incorporation du régiment émigré de Rohan dans celui de La Châtre, M. de Piré fut réformé à l'âge de 17 ans, avec le grade de capitaine; mais l'ardeur de son zèle et cette soif de combats dont il paraissait altéré dès sa jeunesse. le portèrent à solliciter vivement sa reinise en activité, et à être employé dans la funeste guerre in térieure, qui déchirait le sein même de sa patrie. Il obtint ce triste avantage, et accompagna en mars 1796, MM. de Sérent que les princes envoyèrent dans la Vendée, avec MM. de Bourinont de Suzanette et autres chefs royalistes. Blessé de nouveau en débarquant la nuit sur les côtes de Bretagne près de Saint-Malo, il vit périr dès le lendemain la plupart de ses compagnons d'ar

mes; MM. de Sérent furent tués dans les marais de Dole, et M. de Piré, poursuivi par les troupes républicaines, ne parvint qu'après avoir couru les plus grands dangers, à s'échapper et à rejoindré enfin le chef royaliste de Puisaye, dans les environs de Fougères. Il servit avec ce général jusqu'à l'époque de la pacification de l'an 4, qui le fit rentrer dans le sein de la grande famille française. Le général Hoche, par considération particulière, et malgré ses instructions, ne comprit point M. de Piré parmi les émigrés qu'il fut obligé de renvoyer en Angleterre; mais ce dernier n'en resta pas moins, et long-temps, sous une sévère surveillance, fut souvent dénoncé comme émigré et royaliste, et ne recouvrit une entière liberté qu'à l'époque du consulat du général en chef Bonaparte. Une nouvelle carrière s'ouvrit alors devant lui, et toujours animé du désir de faire la guerre, il entra dans les rangs de la grande-armée française, où il n'eut plus le malheur d'avoir à combattre ses concitoyens. M. de Piré prit d'abord du service dans un régiment de hussards volontaires, avec le grade de capitaine, et fit honorablement la guerre d'Allemagne. Son corps ayant été réformé après la paix de Lunéville, il rentra pour quelque temps dans la vie privée, et se maria; mais il rejoignit en 1805 l'armée, et se distingua de nouveau pendant les glorieuses campagnes d'Austerlitz, d'Iéna et de Wagram. Successivement capitaine au 7° régiment de hussards, chef d'escadron au 10, colonel du régiment de chasseurs à cheval, aide

de-camp du prince de Neuchâtel, général de brigade, et bientôt général de division, il fit toutes ces campagnes à l'avant-garde de la grande-armée, en Allemagne, en Pologne, en Espagne et en Russie. Partout il fit preuve de talens militaires, et d'une haute valeur. Blessé plusieurs fois, ses grades et ses décorations lui furent décernés sur les champs de bataille, et ses états de service portent qu'il prit une part active à 30 batailles rangées, et à plus de 100 combats d'avant-garde. Élève et ami des généraux Lasalle et Montbrun, et distingué par l'empereur, il fut dans les derniers temps. chargé par lui du soin d'éclairer l'armée. La surprise de Léipzick avec 50 hussards derrière l'armée prussienne, 4 jours avant la bataille d'Iéna; la capitulation de la ville forte de Stettin, en 1806; sa conduite au combat de Somo-Sierra, en Espagne, où Napoléon lui avait donné par mission spéciale le commandement de l'escadron du service des lanciers polonais de la garde qui s'y couvrit de gloire; le combat d'Ostrowno en Russie, et d'autres affaires où les bulletins de la grande-armée ont fait du général Piré une mention honorable, l'ont placé aux premiers rangs des vieux guerriers de la France. A l'époque de la restauration en 1814, de fortes préventions politiques s'étant élevées contre lui, loin d'avoir part aux récompenses ou aux faveurs que ses antécédens semblaient devoir lui promettre, il fut envoyé en une espèce d'exil dans ses terres en Bretagne. La croix de Saint-Louis, donnée à tous les officiers-généraux, lui fut

refusée, et aucune de ses réclamations ne fut accueillie. Il se trouvait dans cette situation pénible, en 1815, quand le retour de l'île d'Elbe eut lieu. Il paraît que les sujets de mécontentement que le général Piré croyait avoir, joints à d'anciens souvenirs de gloire, lui firent embrasser de nouveau avec une grande chaleur la cause de Napoléon. Après avoir fait reconnaître son autorité en Bretagne, il fut envoyé dans le midi contre les troupes réunies sous les ordres de S. A. R. le duc d'Angoulême. Rappelé à Paris après les événemens de Valence et du pont Saint-Esprit, il fut nommé gouverneur des Tuileries, du Louvre, et chambellan de Napoléon. On l'envoya immédiatement à Laon prendre le commandement provisoire du 6 corps d'armée. A la suite du combat des QuatreBras et de la bataille de Waterloo, où il commandait la cavalerie légère de l'aile gauche sous les ordres du maréchal Ney, il revint sous les murs de Paris, et prit encore une part glorieuse au combat de Roquancour près Versailles, où, avec son ami le général Excelmans, il prit ou détruisit en entier deux régimens de hussards prussiens. Après le second retour du roi, le général Piré fut compris dans la seconde série de l'ordonnance du 24 juillet 1815. Arrêté le 1" août suivant, il ne sortit de prison que par l'intervention de l'empereur de Russie, qui lui offrit un asile à Pétersbourg, où il se rendit de suite, et passa tout le temps de son exil. Rappelé en France en 1819, et replacé sur le tableau de l'armée, il a aussi reçu du roi la

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