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commercial à l'école de droit de Paris, place qu'il occupait encore à l'époque de la première restauration, en 1814. Alors M. Pardessus se voua tout entier au gouvernement royal. Nommé député à la chambre de 1815 par le département de Loir-et-Cher, il prit place au côté droit, et développa ses principes dans une profession de foi qui est devenue historique, et qui finissait par çes mots remarquables : « Nous voulons la charte que le roi nous a donnée; >> nous voulons toutes les garanties »que cette charte nous assure; >nous voulons surtout, et bien plus que ceux qui tenteraient de > nous calomnier, la liberté individuelle, la liberté de la presse, la » liberté des consciences, l'égalité » des citoyens devant la loi. » Il fut ensuite appelé à toutes les commissions importantes de cette assemblée, et notainment à celles qui avaient pour objet l'examen des projets de loi sur l'amnistie et sur le budget. Il concourut au projet de la commission qui modifiait la clémence offerte par le gouvernement; il soutint fortement son opinion dans la discussion qui eut lieu à la séance du 3 janvier 1816; il n'appuya pas avec moins de force le système du renouvellement intégral de la chambre tous les cinq ans, et répondit à ceux qui voulaient un renouvellement par cinquième, comme plus favorable à l'influence ministérielle, par ces paroles énergiques: «Les électeurs de mon département m'ont dit : » Servez le roi; ils ne m'en ont #pas dit autant sur le ministère. » Al'occasion d'une pétition présen

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tée, le 25 avril de la même année, sur le jugement qui venait de condamner à mort le général Travot, l'honorable député, M. Colomb, après avoir parlé des succès militaires de ce général et de la réputation d'humanité dont il jouissait parini ses ennemis mêmes, ayant laissé entrevoir quelques soupçons sur la justice de la sentence prononcée contre lui, M. Pardessus, qui entrait dans le moment, et qui avait entendu les derniers mots, s'élance aussitôt à la tribune, et réfute vivement l'orateur. Son zèle fut récompensé le 8 mai 1816, par la place de membre de la commission de surveillance des caisses d'amortissement et de consignation. Il ne fut point réélu après la dissolution de la chambre par l'ordonnance da 5 septembre (1816), et ent de plus la douleur, bien grande sans doute pour cet ancien professeur, de réclamer en 1819, lors des troubles de l'école de droit, le secours de l'autorité contre ces mêmes élèves, qu'il prétendait avait rendus si dociles en 1814. I reparut enfin à la chambre des députés; mais alors il avait oublié les principes qu'il avait hautement professés en 1815: il vota en faveur des lois d'exception, de la nouvelle loi des élections, et contre la liberté de la presse; il fit aussi un humble aveu de la faiblesse qu'il avait eue de prêter serment à Napoléon pendant les cent jours, et cette espèce de pénitence publique qu'il s'imposait luimême a dû effacer aux yeux de ses honorables amnis la mobilité momentanée de sa conduite politique. Réélu à la nouvelle chambre

de 1824, ses improvisations, des les premières séances, l'ont déjà signalé comme un des plus zélés défenseurs des projets ministériels. M. Pardessus s'occupe d'un ouvrage sur le droit commercial universel, et sur les lois des divers états de l'Europe, comparées avec celles de la France. Outre les deux ouvrages que nous avons cités plus haut, il a encore publié : Élémens de jurisprudence commerciale, in8°, 1811; Cours de droit commercial, 4 vol. in-8°, 1814, 1815 et 1816.

PARDIEU (LE COMTE N. DE), ancien officier, député par la noblesse dubailliage de Saint-Quentin aux états-généraux en 1789, fut un des vingt-sept membres de la chambre de la noblesse qui protestèrent, le 19 juin, contre la majorité, et qui se réunirent au tiersétat. Il prononça à cette occasion un discours très - remarquable. Nommé, dans le courant de la session, commandant de la garde nationale de Saint-Quentin, il demanda et obtint un congé pour aller l'organiser. De retour à son poste, il s'y fit remarquer par son zèle à concourir à toutes les réformes. Il parut une fois entre autres à la tribune pour se plaindre des motions sans cesse renaissantes sur les finances; il demanda et fit arrêter qu'il n'en serait plus entendu de nouvelles. Après la session, il rentra dans la vie privée.

PARÉ (N.), premier clerc de Danton, lorsque celui-ci était avocat aux conseils du roi, adopta ses principes politiques, mais avec beaucoup plus de modération. Il lut d'abord employé en qualité de commissaire dans le département

de la Seine. Danton devint ministre de la justice en août 1792, et presque aussitôt, Paré fut nommé secrétaire du conseil exécutif provisoire. Il passa, l'année suivante, au ministère de l'intérieur, en remplacement de M. Garat. Cette place était audessus de ses forces; il fut peu de temps après obligé de l'abandonner. En 1794, Hébert et Vincent, qui l'appelaient le nouveau Rolland, le dénoncèrent aux Cordeliers, mais cette dénonciation n'eut pas de suites. Après la mort de Danton, de nouveaux dangers vinrent le menacer : il fut poursuivi aux Jacobins par Couthon, qui accusa Rousselin de colporter ses écrits pour relever le parti abattu. Il devint en 1799, commissaire du directoire-exécutif près du département de la Seine, et ensuite administrateur des hôpitaux militaires. Paré, retiré depuis dans une campagne aux environs de Paris, y vécut tout-à-fait étranger aux affaires publiques.

PARENT (MARIE-BARBE), jeune fille née à Valenciennes, partagea l'enthousiasme qui enflammait tous les cœurs aux premiers symptômes de guerre au commencement de la révolution : elle déguisa son sexe, prit les armes, et servit avec une grande bravoure pendant quinze mois, comme volontaire à l'armée de la Moselle. Ayant été blessée au siège de Mayence, elle fut alors reconnue pour femme. Elle obtint son congé, et reçut une gratification de 600 francs, avec lesquels elle retourna dans sa ville natale.

PARENT (FRANÇOIS-NICOLAS). ancien curé de Boissy-la-Bertrand près de Melun, département de

Seine-et-Marne, naquit à Melun, en 1752, ei n'entra dans la carrière ecclésiastique que par l'ordre formel de son père. Engagé malgré lui dans un état qui ne convenait ni à son esprit ni à ses goûts, il adopta avec exaltation les nouveaux principes, et renonça solennellement à ses fonctions ecclésiastiques. En 1793 il se maria, et à cette époque fut le rédacteur du Journal des campagnes, feuille qui, malgré les désordres du temps, renfermait généralement des articles sages et modérés. On lui attribue le Courrier français, in-4°, qui parut égale ment pendant la révolution. Sous le gouvernement impérial, Parent occupa un faible emploi dans les bureaux de la police; il en fut privé lors de la première restauration en 1814. Réduit à corriger des épreuves dans une imprimerie, il vécut dans la plus grande gêne, et mourut, à l'âge de 70 ans, le 20 janvier 1822. On rapporte qu'il disait à ses derniers momens : « Mon Dieu, vous savez » que ce que j'ai fait était dans »l'intimité de ma conscience; je »ne m'en repens pas. » Il a publié, en 1799, in-8°: Recueil d'Hymnes philosophiques, civiques et moraux, augmenté de la note en plain-chant; d'après la musique des meilleurs auteurs, pour faciliter dans les campagnes la célébration des fêtes républicaines. Son extrême pauvreté ne lui a pas permis de mettre au jour différens opuscules dont il a fait circuler des copies. Ce sont: 1° l'Ennemi du sang; 2° Raisonnons tous, raisonnons tout; 5° Mon épitaphe et mes confessions, ou Ma profession de foi.

PARENT-DE-CHASSY (NICOLAS), était avocat du roi au conseil et au présidial de Troyes, lorsqu'il fut élu, en 1789, député du tiers-état du bailliage du Nivernais aux états-généraux, où il se fit peu remarquer. Il retourna dans son département après la session, et avait renoncé aux affaires publiques, lorsque des papiers trouvés dans l'armoire de fer aux Tuileries, l'ayant fortement compromis, il fut décrété d'accusation par la convention nationale; conduit à Paris et livré au tribunal révolutionnaire, il fut condamné à mort comme conspirateur. et exécuté le 2 février 1796; il était à peine âgé de 37 ans.

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PARENT-REAL (N. J. M.), avocat à la cour royale de Paris, est né à Ardres, arrondissement de Saint-Omer, au mois d'avril 1768. Son père, qui avait servi dans la gendarmerie, le destinait à entrer dans ce corps dont la suppression le força à changer ses projets. Il dirigear vers la profession du barreau la vocation encore incertaine de son fils. Envoyé au collège de Saint-Omer, le jeune Parent y fit de bonnes études, qu'il acheva chez les oratoriens, à Boulogne, et au collège de Sainte-Barbe, à Paris, où il fut le condisciple de l'abbé Nicole, ex-recteur de l'académie de Paris; de M. Lemaire, professeur de la faculté des lettres; de M. Planche, professeur de rhétorique, et de plusieurs autres élèves, qui se sont depuis distingués dans diverses carrières. Décidé à suivre la carrière du barreau, il fit son droit, et fut reçu avocat au parlement de Paris, le 6 février 1790, durant les vacances extraordinai

res qui précédèrent la suppression des parlemens. Il exerçait la profession d'avocat au tribunal de district de Saint-Omer, lorsqu'il fut nommé, par dispense d'âge, secrétaire en chef de l'administration du district de Calais, du directoire duquel il devint bientôt l'un des membres. La loi du 17 frimaire an 3, portant que les parens et alliés jusqu'au degré de cousins-germains ne pouvaient être en même temps, l'un receveur de district, et l'autre administrateur du directoire du même district, M. Parent-Réal, qui était le beaufrère du receveur, se démit de ses fonctions, et fut nominé à celles de juge-de-paix du canton d'Ardres, qu'il exerça jusqu'à la mise en activité de la constitution de l'an 3. A l'installation du directoire-exécutif, il devint successivement son commissaire près de l'administration municipale de Saint-Omer et près de l'administration centrale du département du Pas-de-Calais. Après le coup d'état du 18 fructidor an 5, l'ancien commissaire près de cette administration ayant été rappelé à ces mêmes fonctions, M. ParentRéal fut nommé administrateur du département, et il en était le président, lorsqu'il fut élu l'un des députés du département du Pas-de-Calais au conseil des cinqcents. Une circonstance remarquable dans les élections de ce département, en l'an, c'est que sur buit députés à élire, la petite ville d'Ardres, dont la population s'élève à peine à 600 âmes, avait fourni trois députés, dont l'un pour le conseil des anciens, M. Garnier, et deux pour le conseil des cinqcents, MM. Parent-Réal et Saint

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Amour. Duraut son commissariat à Saint-Omer, l'on avait tenté. en prairial an 10, d'organiser dans cette ville des compagnies d'égorgeurs, pour y répéter les désordres d'Aix et de Marseille; mais il réprima ces mouvemens séditieux, et prévint les crimes en annonçant, dans une proclamation énergique, « qu'il sévirait égale>>ment contre le disciple de Marat et contre le compagnon de Jésus, » et que le gouvernement, qui avait »brisé les échafauds, empêcherait » les hécatombes. » M. Parent-Réal proposa au conseil des cinq-cents de consacrer, d'une manière spéciale, la publicité des lois, portant la déclaration qu'une armée « a bien mérité de la patrie » par l'inscription en entier du décret sur un drapeau porté dans l'armée, alternativement à la tête de chaque compagnie. Il parla sur le projet de résolution relatif aux tribunaux de commerce; et fit la proposition nouvelle d'établir près de ces tribunaux un commissaire du gouvernement, pour y surveiller et assurer l'exécution des lois, ainsi que le ministère public le fait près des autres juridictions. Il prononça plusieurs autres discours, et s'était fait remarquer dans cette assemblée, où il ne siégea que quelques mois, parla sagesse de ses opinions et de ses votes. Après le 18 brumaire an 8, M. Parent-Réal fut élu membre du tribunat. Il y demanda, par motion d'ordre, que les présentations à faire par le tribunat de candidat pour le sénat-conservateur fassent motivées; il parla contre l'application du principe des cautionnemens aux fonctionnaires et employés non comptables; il com

battit le projet de loi portant établissement de tribunaux criminels spéciaux; il s'éleva aussi contre la recherche de la paternité non avouée, et il prononça devant le corps-législatif, comme orateur du tribunat, un discours sur le projet de loi tendant à déclarer que l'armée d'Orient, les administrateurs, les savans et les artistes de l'expédition d'Egypte, avaient également bien mérité de la patrie. Il fut compris, en l'an 10, dans le premier cinquième sortant, par voie d'élimination, et ne quitta plus depuis cette époque la vie privée, que pour exercer successivement le ministè re d'avocat à la cour de cassation, au conseil- d'état et aux conseils du roi. Lors de la condamnation du général Moreau, par le tribunal du département criminel de la Seine, il offrit d'être son défenseur devant la cour de casssation; mais le général refusa de tenter aucune espèce de recours. Parmi les travaux et les succès judiciaires de M. Parent-Réal, l'on a pu distinguer une demande en prise à partie pour M. de Boileau, avocat à Abbeville, et plusieurs mémoires sur la question de validité de paiemens effectués en rescriptions de la trésorerie et en mandats faisant office de rescriptions, pour solde d'acquisitions de bois nationaux. Cette contestation, soutenue pour la négative, opiniâtrément par le fisc, intéressait pour une somme de plusieurs millions, valeur métallique, le plus grand nombre des acquéreurs de bois nationaux dans le département du Pas-de-Calais, ainsi que dans plusieurs autres. Nous devons aussi mentionner un

T. XVI.

plaidoyer prononcé dans une cause capitale, pour un cultivateur, accusé d'avoir assassiné sa femme, dont M. Parent-Réal prit la défense, étant commissaire près l'administration municipale de SaintOmer, et qu'il fit acquitter. C'est ainsi que durant ses fonctions administratives, il voulut reprendre l'exercice de sa profession pour servir l'humanité, comme il aima toujours aussi à cultiver les sciences morales et philosophiques, au milieu même de ses devoirs publics. Sa carrière s'est divisée entre le barreau, l'administration et les lettres. Aujourd'hui avocat à la cour royale de Paris, il se dévoue particulièrement à ceux des travaux de sa profession qui conviennent le mieux à la retraite du cabinet, et qui s'accordent le plus avec le goût des études littéraires. M. Parent-Réal a publié une Petite Revue des institutions oratoires de M. Delamalle, et il est l'un des collaborateurs de la Revue encyclopédique. C'est un de, ces hommes si précieux, si honorables qui, en joignant le talent et le goût à un noble caractère et à de vastes et solides connaissances, contribuent, avec plus de services que d'éclat, aux continuels progrès du bon esprit dans leur siècle. Il a dû recevoir comme un gage de l'estime de tous les bons juges dans notre philosophie et dans notre littérature actuelle, la inention distinguée que M. Lacretelle aîné a faite de lui dans la revue des écrivains qui ont servi la science judiciaire (1" partie de la collection de ses œuvres, récemment publiée). C'est la justice de l'amitié entre des hommes dignes de ne connaître entre eux

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