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méritaient ses qualités éminentes et sa haute naissance. La paix ayant été conclue, en 1748, ce prince revint à Paris, où il contribua beaucoup au rétablissement du duc de Modène, son beau - père, qui, s'étant déclaré contre la France, avait perdu ses états par les chances de la guerre. La mort de son épouse, arrivée en 1754, lui causa une vive affliction, et dès ce moment la bienfaisance fut presque exclusivement l'occupation du reste de sa vie. Ce noble exemple devint celui que se plut à suivre son illustre fille, M la duchesse douairière d'Orléans. A la suite d'un voyage dans ses domaines d'Eu, en 1776, il fit construire à ses frais une écluse de chasse au Tréport, afin de faciliter dans le port de ce bourg, situé à quelques lieues de Dieppe, l'arrivage et le départ des navires. Le duc de Penthièvre mourut le 4 mars 1793.

PÉPÉ (FLORESTAN), lientenantgénéral napolitain, grand'croix de l'ordre de Saint-Georges de la réunion, grand-cordon de celui de Saint-Ferdinand, chevalier de la légion-d'honneur, etc., naquit en 1780, d'une bonne famille de Squillace, ville de la Calabre ulté. rieure. S'étant décidé pour la carrière des armes, il alla, à l'âge de 17 ans, achever ses études à Naples, dans le collége militaire. Nommé Sous lieu tenant dans un régiment d'infanterie peu avant la campagne de 1798, il fut témoin de la dissolution de l'armée napolitaine, et de la chute de son gouvernement. Il passa dans les rangs de ia nouvelle république, dont il fut un zélé partisan. Blessé dans

un dernier combat livré aux por tes de la capitale contre les bandes du cardinal Ruffo, il se jeta dans un fort, et profitant de la capitulation accordée à la garnison française, il vint en France, et s'enrôla en qualité de simple volontaire dans la légion italienne, avec laquelle il fit les campagnes de 1800 et de 1801. Après le traité de Florence, il rentra dans sa patrie, où il vécut dans la retraite jusqu'à l'année 1806, que les Français firent de nouveau la conquête du royaume de Naples. Promu au grade de major des gardes provinciales en Calabre, il ne put se rendre à son poste, à cause de l'insurrection qui s'était manifestée dans ces provinces. Il demanda et obtint d'assister, comme volontaire, au siège de Gaëte, sous les ordres du maréchal Masséna, qu'il suivit aussi en Calabre. Ce général fut rappelé en France, et Pépé, nommé d'abord commandant d'armes à Gaëte, prit ensuite le commandement militaire de la province de Molise, où il rendit des services importans lors de l'insurrection de 1809. L'année suivante il fut attaché en qualité de chef d'état-major à la division napolitaine envoyée en Espagne, et fit les campagnes de 1810 et 1811, en Catalogne,sous les ordres des maréchaux Macdonald et Suchet. Ce dernier voulant récompenser la bravoure montrée par cet officier à la prise de Tarragone, échangea, d'après sa demande, les prisonniers napolitains, et lui obtint la croix de la légiond'honneur: il le chargea de conduire en France le général es

pagnol Blake, fait prisonnier au siége de Valence. Après s'être acquitté de cette commission, Pépé revint à Naples, où le roi Joachim (voy. MURAT) l'éleva au grade de général de brigade, et le nomma chef de l'état-major de la division napoli taine, qui devait faire partie de la grande-armée. Il la rejoignit à Véronne, et la conduisit à Dantzick,où il arrivaen octobre 1812. Étant venu à Wilna poury attendreJoachim,il y prit le commandement de la brigade de cavalerie napolitaine, attachée à la division Loison, chargée d'ouvrir les communications de la grande-armée. C'est avec les débris de ces régimens qu'il escorta l'empereur Napoléon d'Osmiana jusqu'à Wilna: le général Pépé perdit dans ce court trajet plus de la moitié de ses soldats, et eut luimême un de ses pieds gelé. Malgré son état, il ne voulut pas se séparer de ses camarades, préférant de s'enfermer avec eux à Dantzick, plutôt que de regagner ses foyers. A peine ses plaies furent-elles fermées, qu'il reprit son service, et fit plusieurs sorties, dans une desquelles (celle du 27 septembre) il osa pénétrer à la tête d'un régiment napolitain jusqu'au centre du quartier-général russe, à Pitzkendorff. Avant la capitulation de Dantzick, il fut de l'avis de ceux qui proposaient de s'ouvrir un chemin l'épée à la main; mais l'opinion contraire prévalut. Lorsque le général russe viola la convention qu'il venait de signer avec le gouverneur de la place, le général Pépé se rendait prisonnier en Russie; bientôt de nouveaux rapports entre Joachim et l'empereur Alexandre décidèrent

autrement de son sort. Il alla á Bologne auprès du roi de Naples, qui lui ordonna de partir immédiatement pour les Abruzzes,

où venait d'éclater une forte insurrection, qui menaçait d'embraser tout le royaume. Le général Pépé, n'ayant que 2,000 hommes de troupes, et 2 pièces d'artilrie, sut par sa prudence et sa fermeté, intimider les factieux, et soumettre sans violence les villes insurgées. Ses services furent payés d'une disgrâce, et il resta inaperçu jusqu'au commencement de la campagne de 1815. On lui offrit alors le commandement d'une expédition maritime, qui fut contremandée, et celui de la 4me division militaire, qu'il ne voulut pas accepter. Il se rendit auprès de Joachim, à côté duquel il combattit à la bataille de Tolenti no. Il en reçut le brevet de lieutenant-général, et l'ordre d'aller à Pescara, pour y rassembler, s'il était possible, les fuyards de l'armée. Il passa ensuite à Naples. dont il fut nommé gouverneur, et où il parvint à entretenir l'ordre et la tranquillité jusqu'à l'arrivée de l'armée autrichienne. 1 conserva son grade après la restauration, et resta en disponibilité de service jusqu'aux événemens de juillet 1820. La nuit du 6 de ce mois, le général Guillaume Pépé (voy. son article plus bas), quitta Naples, pour se mettre à la tête de l'insurrection qui s'était déclarée dans les provinces d'Avellino, Salerne et Foggia. Il avait caché ses projets à son frère, qui, chargé par le roi d'annoncer au général Carascosa la promesse d'une constitution, et de

faire suspendre les négociations entamées avec les chefs des révoltés, remplaça ce général, et ramena dans la capitale l'armée qui devait agir contre celle de son frère. Appelé à faire partie de la Junte provisoire de gouvernement, il n'y resta que jusqu'au moment où la révolution de Palerme éclata. Envoyé en Sicile, pour reconnaître l'état de cette île, il s'acquitta de cette commission, et revint à Naples prendre le commandement de l'expédition ordonnée contre les insurgés de Palerme. Les instructions qu'il reçut de la junte et du ministère, portaient qu'il devait occuper la Sicile, pour y garantir l'ordre public. Les moyens mis à sa disposition pouvaient à peine atteindre ce but; mais ils auraient été insuffisans pour des opérations militaires, car il n'avait que 6,000 hommes, les garnisons disséminées dans les places, et une flottille, composée en grande partie de barques canonnières. Le général Pépé débarqua le 10 septeinbre à Messine, où il fit ses dispositions pour marcher sur Palerme. Deux régimens étaient déjà en route, lorsque le prince de VillaFranca, seigneursicilien, qui avait fait partie d'une députation envoyée à Naples, pour y demander l'indépendance de la Sicile, et promettre en attendant un bon accueil à l'armée napolitaine, se presenta au quartier-général de Pépé, pour le prévenir que l'exaltation de la populace à Palerme é tait à son comble, et qu'elle laissait peu d'espoir à la junte de cette capitale de pouvoir tenir les engagemens pris avec le gou

vernement de Naples. Cette communication mit le général Pépé dans la position la plus difficile, car il se trouvait forcé d'attaquer une ville qu'il venait défendre: regar dant néanmoins comme un grand bienfait pour elle de l'aider à sortir de l'anarchie où elle était tombée; et se confiant moins dans le nombre que dans l'esprit et la discipline de ses soldats, il hâta son mouvement sur Palerme, où il devança de quelques jours la flotte et l'artillerie de siége. Il fit une attaque vigoureuse, et pénétra dans une partie de la ville, jusqu'à la casine de la Cattolica; mais le petit nombre de ses troupes, et la nature des obstacles qu'il rencontra, lui firent sentir la nécessité d'attendre l'escadre et le parc d'artillerie. Il prit une position avantageuse aux environs de la ville, et de là il repoussa les sorties faites contre lui, et chassa les insurgés des bauteurs de la vallée de Palerme. Le 2 et le 3 octobre, les sorties furent plus fréquentes; et les Palermitains, battus à plusieurs reprises par les soldats de Pépé, perdirent 50 pièces de canon. Ce général crut le moment favorable pour offrir une capitulation à la ville plusieurs propositions furent faites, et divers officiers envoyes; mais tous les moyens de conciliation parurent épuisés, lorsque l'on vit que les parlementaires étaient retenus ou repoussés. Dans cette extrémité le major Cianciulli, jeune officier de la plus haute distinction, et d'une bravoure à toute épreuve. n'ayant en vue que le bien public, eut la généreuse audace de se jeter au milieu

d'une populace effrénée pour lui porter les dernières paroles de paix. Tombé dans les mains de ces furieux, sa vie courut le plus grand danger; mais les subjugnant par son intrépidité et par ses discours, il les fit consentir à le relâcher, et même à traiter avec l'armée napolitaine. Le prince de Paterno, jouissant de la confiance publique, fut le plénipotentiaire sicilien, et les généraux Campana et Fardella négocièrent au nom du gouvernement constitationnel de Naples. A défaut d'un terrain neutre, on fut obligé d'ouTrir les conferences sur un brick an glais mouillé dans la rade. On signa une convention militaire, portant que la ville de Palerme avec ses forts, serait occupée par les troupes du général Pépé, à condition que les rapports politiques de la Sicile avec Naples fussent à l'avenir établis sur les bases annoncées par la deputation dont on a parlé plus haut. Il n'était certaine ment pas dans les pouvoirs d'un genéral de changer la nature des rapports réciproques entre deux pays; mais ses instructions, où le cas de cette prétention n'avait pas été prévu, ne s'y opposaient pas explicitement. Un refus de la part de Pépé allait faire retomber Palerme dans l'anarchie, et compromettait la sûreté de son armée, affaiblie par les pertes qu'elle avait éprouvées; enfin, il était hors d'état de lutter plus long-temps contre une vilie peuplée alors d'environ 200,000 habitans, ayant deux châteaux, une enceinte bastionnée, et protégée par 200 pièces d'artillerie. De sa décision dépendait en grande partie le sort du gou

7. XVI.

vernement napolitain, qui avait déjà plusieurs autres ennemis à combattre. Les circonstances étaient trop graves pour s'enfermer timidement dans le cercle étroit des formalités et des devoirs. Legénéral Pépé le franchit, ratifia la capitulation, et le 6 octobre, il put annoncer au gouvernement de Naples que Palerme était occupée, et l'anarchie éteinte. La douceur de son caractère, la discipline de ses soldats, firent que le général Pépé fut aimé et estimé des Sicilens qui ordinairement n'ont pas l'habitude d'estimer et d'aimer les Napolitains. La nouvelle de la fin de cette funeste guerre civile, se répandit rapidement dans tous les quartiers de la ville de Naples, et fut partout reçue avec les marques les plus éclatantes de joie et de satisfaction. Mais le 10 novembre, le député Gabriel Pépé (voy. son article ci-après), dans le seindu parlement dont il était membre, fit une motion violente contre Florestan Pépé, qui avait reconnu aux Siciliens des droits qu'il n'était pas dans ses attributions d'accorder, tandis qu'il aurait dû ne les considérer que comme des sujets rebelles, et leur réserver le même châtiment que la conven tion avait fait éprouver à Lyon. Ce discours, plein de chaleur et de mouvement, et dans lequel la question était présentée sous un seul aspect, qui était celui du droit, entraîna toute l'assemblée, en y réveillant les anciennes préventions contre les Siciliens. Le général Pépé fut rappelé et accusé d'avoir dépassé ses pouvoirs : sa convention fut aunulée par

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le parlement, et sa conduite ap prouvée par tout le monde; le roi même le décora du grandcordon de Saint-Ferdinand, qu'il ne voulut point accepter,sa capitulation n'ayant pas été maintenue. Son procès fut abandonné, et à l'approche des troupes autrichiennes, il fut de nouveau rappelé à l'armée, et revêtu des fonctions de chef de l'état-major-général. Au retour du roi dans ses états, Florestan Pépé fut destitué de son grade, et dépouillé de ses décorations; on ne lui conserva que celle de Saint-Ferdinand, qu'il n'a jamais portée.

PEPE (GUILLAUME), frère du précédent, ex-lieutenant-général, grand'croix de l'ordre de SaintGeorges de la Réunion, etc., est né à Squillace, dans la Calabre ultérieure, en 1782. A l'âge de 15 ans il fut placé au collège militaire de Naples, où il se trouvait encore lorsque la révolution de 1799 éclata. Quoiqu'il n'y eût pris d'autre part que de s'enrôler dans un corps de volontaires calabrais, il n'en fut pas moins obligé de quitter son pays, et de chercher un asile en France contre la réaction. Il alla rejoindre la légion italienne, qui avait déjà repassé les Alpes; et la paix de Florence lui ouvrit plus tard les portes de Naples, où quelques étourderies de jeunesse attirèrent sur lui l'attention de la police il fut arrêté, et jeté dans les prisons de Maretimo (c'est une île dépendante de la Sicile, et où le gouvernement de Naples envoie les prévenus pour cause d'opinion ou d'état; il y a un châtean, et l'on a converti en prison une ancienne citerne creusée

de

dans le flanc d'un rocher), où il resta enfermé jusqu'à l'été de 1806, époque de la seconde inva sion française dans le royaume de Naples. Comme il ne prit aucune part à la tentative faite par ses compagnons d'infortune pour se soustraire au traitement barbare de leurs geoliers, cette conduite lui valut un rapport favorable, sa mise en liberté, et la permission de rentrer au sein de sa famille en Calabre. Il pen y arriva temps après la perte de la bataille de Maïda, dont les suites furent si funestes pour la tranquillité de ces provinces; l'insurrection s'y était manifestée sur tous les points, et Pépé, bloqué à Scigliano par une bande de brigands, aurait péri sous leurs coups, sans la protection qui lui fut accordée par leur chef. Il se rendit à Naples pour y briguer une place dans l'armée. Nommé major des gardes nationales en Calabre, il partit pour sa nouvelle déstination. Envoyé en garnison aux Sept-Iles, il y resta toute l'année 1808, et revint à Naples l'année suivante. Le roi Joachim (voyez MURAT) le choisit pour son officier d'ordonnance. Après plusieurs voyages en Calabre pour y apporter les ordres du roi au général Partouneaux, obtint le grade de colonel, et pen après le commandement du 8o de ligne napolitain, qu'il alla rejoindre en Espagne. Dans les deux campagnes qu'il y fit, il n'eut pas d'occasion de se distinguer militairement; mais il en chercha pour montrer un esprit d'opposition contre les Français, qu'un sentiment de patriotisme et d'indépendance mal placé le portait

il

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