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blanes! Quand les soldats viendront pour mor Marianne, coupez une boucle des miens pour Pauvre Charles!... C'est bien, qu'il

Charles.

soit parti. arbres.

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Je vois la guillotine derrière ces Ils y traînent un homme foible. Ils le lient à la planche... La planche s'incline. Ah! ciel.

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La douleur aiguë du jeune de M *., à la nouvelle du meurtre de son père, fut encore aggravée par les lettres qu'il reçut de Marianne, qui lui faisoit savoir la situation de sa chère Adélaïde. L'image d'Adélaïde étoit sans cesse présente à son esprit. Incapable de supporter l'amertume dont cette idée remplissoit tous ses momens, il trouva les moyens d'obtenir encore un congé pour quelques semaines, et il se rendit en hâte au vallon. Il trouva l'habitation déserte. Tout étoit sombre et silencieux, Il traverse les appartemens, répétant à grands cris le nom d'Adélaïde; aucune voix ne répond à la sienne.

Il sort de la maison; il parcourt la vallée à pas précipités; et comme il passoit devant une caverne creusée dans le roc, il entend les gémissemens d'Adélaïde. Il s'élance dans la caverne, —La pauvre créature étoit assise sur le sol pierreux: Marianne étoit à ses côtés, assise comme elle. Adélaïde, au moment qu'il entroit, leva A S

les yeux et le regarda d'un air sérieux. Il se mit à genoux devant elle; il pressa sa main contre son cœur. Je ne vous connois pas, dit Adélaïde.

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Vous ne me connoissez pas, s'écria-t-il..... Vous ne connoissez pas Charles! Si vous êtes Charles, reprit-elle d'un air sombre, vous êtes venu trop tard. - Tout est fini. Pauvre vieillard! continua-t-elle, en poussant des cris. En même tems elle se leva, joignit ses mains: Ah! ne voyez-vous pas son sang sur mes habits!

J'ai prié, j'ai supplié pour lui; je leur ai dit que je n'avois ni père, ni mère; que lui seul 'm'en tenoit lieu. -Si vous êtes Charles, allez

vous-en; partez!

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Ils viennent, ils sont en chemin. Je les vois sur le rocher. Ce couteau........ Ce couteau sanglant!.....

Tel étoit le délire de son imagination égarée. De longs silences l'interrompoient par intervalle; des flots de larmes venoient de tems en tems suffoquer sa voix. Son amant veilloit sur elle avec la plus tendre, avec la plus infatigable assiduité. Mais tous ses soins furent inutiles. La vie d'Adélaïde touchoit à sa fin. Les angoisses convulsives de son âme, les fatigues extraordinaires qu'elle avoit supportées dans ses courses, le manque de nourriture, car elle refusoit tout, à l'exception d'un peu de pain et d'eau, l'avoient réduire à un état incurable de foiblesse et dé destruction.

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Mais peu de tems avant que d'expirer, elle recouvra la raison; et les derniers restes de sa force furent employés à consoler son malheureux amant. Elle lui parla d'un monde plus heureux, où ils devoient se rejoindre, et où les tyrans n'opprimeroient plus. Elle saisit sa inain, fixa ses yeux sur lui, et rendit le dernier souffle.

Avec le sombre silence du désespoir, avec des sentimens qui ne pouvoient trouver le soulagement des larmes, et qui se refusoient à toute plainte, l'infortuné jeune homme prépara, de ses propres mains, la tombe de celle qu'il aimoit: il couvrit lui-même le corps de terre ; dernier devoir que l'humanité paie aux morts !...... Les, flambeaux, les draps mortuaires, l'appareil lugubre des funérailles n'existoient plus dès longtems dans la République désolée; et l'officier municipal rendoit la poussière à la poussière avec une insensible précipitation.

L'amant d'Adélaïde aima mieux remplir luimême cette triste fonction pour l'objet de sa tendresse.

Le jeune de M**. passa la nuit entière sur le tombeau d'Adélaïde. Marianne, qui l'avoit suivi, le supplia humblement de retourner à la maison: il lui montra la terre nouvellement remuée et lui fit un signe de la main, comme pour lui

dire qu'il desiroit qu'elle se retirât et le laissat livré sans distraction au cours de ses méditations et de ses sentimens,

Le lendemain, au point du jour, il revint à la maison, et il appella Marianne. Il la remercia de ses soins pour Adélaïde ; il l'assura de son éternelle reconnoissance Tandis qu'il lui parloit, l'émotion étouftoit sa voix; et toutà-coup un déluge de Jarmes, les premières qu'il eût versées depuis la mort d'Adelaïde, vint soulager son cœur oppressé. Quand il fut revenu à lui-même, il dit adieu à Marianne, et il sortit précipitamment de la maison, en répé tant plusieurs fois à voix båsse: Ceci sera vengé.

Il avoit dit à Marianne qu'il alloit rejoindre son bataillon; mais toutes les recherches qu'on a faites depuis pour savoir ce qu'il étoit devenu, ont été vaines; on n'a plus entendu parler de ce malheureux jeune homme: vraisemblablement le désespoir lui fit chercher et trouver la mort en combattant les ennemis de sa Patrie,

LES PRISONS

DE LYON,

Et des horreurs qui furent commises dans cette ville, pendant la tyrannie de 1792 et 1793; publiées par le cit. A. F. DELANDINE.

APRÈS un

PRÈS un siége mémorable, où l'on éprouva toutes les horreurs de la famine

toutes les

fureurs qui suivent les guerres, et sur tout celles de parti; après divers combats où le courage déploya toutes les vertus qui accompagnent le mépris de la vie, et le desir de se dévouer pour son pays; Lyon combattant pour le maintien des lois, pour l'intégralité de la représentation nationale, pour la défense des députés proscrits par la tyrannie, pour la conservation des intérêts légitimes du peuple, Lyon défendu long-tems par 5000 hommes exténués, fut forcé d'ouvrir ses portes à cent-mille. Une loi formidable et inouïe déclara suspects au gou. vernement tous ceux qui, par leur rang, leur fortune ou leurs talens, avoient acquis des

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