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HISTOIRE

DES PRISONS.

HISTOIRE

TRAGIQUE.

Arrivée au pied du Mont Ventoux.

HELENE-MARIE WILLIAMS, femme Anglaise pleine de talent, de philantropie et d'amour pour la liberté, et que ses compatriotes regardent comme un de leurs premiers poétes vivans, s'étant déterminée à quitter l'Angleterre à cause de son attachement à la révolution française failli: périr dans la nouvelle patrie que son cœur avoit adoptée, tous le glaive assassin des raonstres qui, si long-ténis,” “onc dévasté la République naissante, Elle vient de publiquer à Londres un ouvrage anglais en plusieurs volumes, intitulé: Lettres contenant une esquisse des scères qui ont eu lieu en France, dans divers départemens, pendant la tyrannie de Robespierre, et des évènemens iles ont remplacé après le 10 thermidor (1).

C'est à cette citoyenne estimable qu'est dédié un de la maison d'arrêt de Talaru, rue de la Loi, oyez notre Tome III, page 87 et suiv.

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Entr'autres récits extrêmement touchans, on y trouve celui-ci :

M. de M**, ci-devant noble, vivoit avec son fils unique à Marseille, où il étoit généralement respecté, et où, pendant tout le cours de la révolution, il a rempli le rôle d'un patriote ferme et plein de lumières. Après les funestes évènemens du 31 mai, il devint suspect de ce qu'on appelloit fédéralisme dans le parti Jacobin. Ce parti s'étant emparé de la ville, y punissoit, par la mort ou l'emprisonnement, tous ceux qui avoient honorablement protesté contre la tyrannie de la montagne. M. de M**, averti par un ami du danger qu'il couroit, eut le tems de fuir avec une vieille servante qui voulut ab. solument partager le sort de ce maître chéri. Sa femme étoit trotte' quelques années avant la révolution; et son fils, jeune homme de 24 ans, aimable et accompli de tour point, avoit, peu de semaines avant la faité de son père, joint l'armée des Pyrénées, au signal de la loi sur la première réquisition, qui venoit d'appeller aux armes toute la jeunesse française.

M. de M**, après avoir erré d'asyle en asyle, aussi long-tems que ses infirmités le lui permirent (car quoiqu'il n'eut pas plus de 63 ans, un état valétudinaire prolongé avoit affoibli sa constitution), se choisit un dernier refurge dans

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une habitation solitaire, à quelques lieues d'Avignon, et dans la partie la plus sauvage de cette contrée romantique. Les montagnes sembloient fermer le paysage devant le voyageur, jusqu'à ce qu'un étroit sentier, une espèce de fente entre des rochers, l'ouvre à ses yeux de nouveau, et lui montre un petit vallon où se trouve placé cet hermitage; car tel est le nom que la maison mérite: Ce vallon infréquenté est riche en pâturages; de hautes montagnes le bornent de toutes parts.

Tel étoit le lieu que M. de M** choisit pour asyle, en se derobant à la rage de ses féroces persécuteurs. Bientôt il eut la douleur d'apprendre que son frère, administrateur de l'un des départemens du Midi, avoit péri sur l'échafaud, pour avoir pris parti en faveur de la Gironde. M. de M** trouva le moyen de faire connoître à sa belle-sœur le lieu de sa retraite, et il la conjura de venir en hâte, avec sa fille partager le peu qu'il avoit sauvé des débris de sa fortune. Sa vieille servante, Marianne, porteuse du message, revint avec la nièce : la mère n'étoit déjà plus; elle n'avoit survécu de semaines à son mari. L'entrevue moiselle Adélaïde et de M. M** fu gnée de ces émotions accablantes qu nous l'aspect des objets qui nous sone

peu

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