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et portement, et de vouloir faire tousjours estat à mon humble service, auquel vous me trouverés disposé pour toute ma vie.

Je vous advise que les habitans d'Agen se sont eslevés contre la reyne de Navarre, à son de tocqsain; et, après grande occision de ses gens et sur le conflit, elle, advertie que la victoire inclinoit pour les citoyens qui avoient forcé l'une de ses citadelles et maistrisé la ville, réservé la citadelle des Jacobins, où elle s'estoit retirée (quelques jours auparavant, mercredy dernier, que cela fut exécuté); et la porte de Saint-Anthoine n'eut remède que se sauver en trousse avec quarante ou cinquante chevaux, mon frère estant du nombre. Et le lendemain, suivie par mons le mareschal de Matignon avec trois ou quatre cornettes de cavalerie: mais il fust court, car elle avoit gagné Cahors ou Quercy d'une traite (1). Madame de Noailles, avec vos nièces, se retira dans le couvent de la Nonciade, où elle se porte très-bien, graces à Dieu; lequel je supplie, après vous avoir bien humblement baisé les mains, vous donner, Monsieur mon frère, en bonne santé heureuse et longue vie. De Birac, ce 29 septembre 1585. Votre humble et obéissant frère.

N° 164 du Catal.

BIRAC.

(1) Nous ne pouvons songer à rectifier ici les mille et une sornettes des biographes à propos des malencontreuses aventures de la reine Margot, en ces fâcheuses années de sa vie. Nous recommandons seulement de ne lire qu'avec une extrême réserve et défiance les récits des chroniqueurs et les accusations des libellistes du temps. Bayle, dont la critique est habituellement si éclairée, si judicieuse, semble réserver toute sa foi aux ignobles imputations du Divorce satyrique. C'est donner sa confiance à de bien invraisemblables monstruosités. - Ce qui doit quelque peu sauvegarder le renom de la pauvre reine, c'est que madame de Noailles étoit sa principale dame d'honneur, et qu'elle ne la quitta qu'au moment du dernier désastre d'Agen.

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M. DE NOAILLES HENRY AU S' BEDOULT, SON PROCUREUR.

Affaires de Monseigneur d'Acqs. La succession de l'évêché paroît as,

surée à l'oncle.

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De Larche, 12 octobre 1585.

Monsieur Bedoult, après avoir clos mon paquet, et comme on estoit prest à l'envoyer à la poste, j'en ay receu un de mons de l'Isle, où j'ay trouvé les copies de Dacqs et de Bordeaux, qui seront icy encloses, et lesquelles il m'a envoyées pour les faire aller incontinant à vous, ayant gardé les originaux, vous y verrés comme il est nécessaire de pourvoir promptement à cela pour s'oposer à la malice et méchanceté du lieutenant Lalane dudit d'Acqs, et recouvrer, à cet effet, des patentes bien amples du roy, interdisant ce poltron si plein de venin; et, s'il estoit besoin pour faciliter telles expéditions tant requises de mes lettres pour le roy, la royne sa mère, à mons de Joyeuse, à mons le mareschal de Biron et à MM. de Lansac et de Villeroy, vous en pourrés faire faire et prier M. Júye, qui pourra, s'il luy plaist, prandre ceste peine de les dresser là, et M. Dufaure avec luy: puisque la haste avecq laquelle je vous escris ne me donne loisir d'y mestre à ceste heure la main, et vous prie bien fort tous trois d'affectionner l'affaire, autant que vous jugerés par l'importance d'iceluy estre nécessaire. Je porte, au reste, peine que nous ne sachions l'evesché estre bien asseuré à l'autre oncle, bien que parce que nous en mandoit Laval et ledit Dufaure du 25° du passé, il semble que nous n'en devions rien craindre, puisque Sa Majesté avoit toujours continué en une mesme opinion, se ressouvenant des services de ceux de nostre maison, à laquelle on fera assés de tort de donner ailleurs l'abbaye, qui ne devoit estre nullement séparée de ledit evesché pour une infinité de considérations.

J'estime que vous tous n'avés rien oublié à remontrer là-dessus, ce qui vous a esté besoin pour obtenir le mieulx. Il me tarde que nous n'ayons de vos nouvelles pour estre esclercy de ce qui en aura succédé, et à tant je prieray Dieu, monsieur Bedoult, après m'estre très-affectionement recommandé aux bonnes grâces de

mons' Juye et aux vostres, sans oublier Dufaure, vous donner, en santé, longue vie. De Larche, ce 12 octobre 1585.

N° 10 du Catal.

83. M. D'AYNAC A M. H. DE NOAILLES.

Au sujet du serviteur de madame l'abbesse de Leyme. — Il s'excuse de ne pouvoir le suivre à l'armée.

D'Aynac, 5 décembre 1585.

Monsieur, j'ay veu ce qu'il vous a pleu m'escripre; et quant aux soldats qui ont pris le serviteur de madame de Leyme (1), je vous puis asseurer, Monsieur, qu'ils ne sont pas des miens. Il est vray qu'ils se retiroient dans ce lieu; mais, à votre prière, je les en ay fait sortir, et semble ay fait tout ce qu'il m'a esté possible pour le faire eslargir; mais ils ne l'ont voulu faire, parce qu'ils en veulent de l'argent.

Je vous supplie de m'excuser, Monsieur, si je ne puis aller avec vous, parce que j'ay promis à mons' de Témines, mon cousin, d'aller ensemble trouver l'armée. Vous suppliant très humblement de croire, Monsieur, que sans la promesse que j'ay faite audit s' de Temines, il n'y a seigneur au monde que je désirasse plus de lui faire service que à vous et le vous feray paroistre, lorsqu'il vous plaira m'honorer de vos commandemens. Et sur cette vérité vous baise très humblement les mains, priant Dieu, Monsieur, vous donner, en bonne santé, longue et heureuse vie. D'Aynac, ce x décembre 1585.

Votre humble serviteur,

N° 167 du Catal.

AYNAC.

(1) Leyme, dans le haut Quercy, de l'arrondissement de Figeac (Lot), avoit autrefois une abbaye de filles, de l'ordre de Citeaux, dont à cette époque étoit abbesse Françoise de Noailles, tante de Henri de Noailles.

FIN DES DOCUMENTS DU DIX-NEUVIÈME VOLUME.

XIII.

-

Bibliographie.

-

Louis XVI, Marie-Antoinette et Madame
Notice sur

le Cartulaire du comté de Rethel, par M. LÉOP. DELISLE. 157
De l'origine et du développement des Romans de la Table
ronde (suite et fin), par Paulin PARIS.....................

191

161

L'Impôt du sang ou la noblesse de France sur les champs
de bataille (suite). - BRÉCOURT-Byoux......

Papiers de Noailles. Lettres extraites du tome Ier du re-

cueil de la bibliothèque du Louvre................

D. Basile Fleureau et ses antiquités d'Etampes. — Étude
biographique et bibliographique, par E. BRAMARD..... 305
XVIII. Les Honneurs de la cour, par madame ALIÉNOR DE POIC-
TIERS (XVe siècle, suite et fin)......................

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-

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FIN DE LA TABLE DES DOCUMENTS INÉDITS.

Paris. Imprimerie de PILLET fils aîné, rue des Grands-Augustins, 3.

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