alliances et sur le crédit de ses amis; et aussitôt que nous arrivions à l'hôtellerie, il m'obligeoit même de jouer avec lui, comme se possédant parfaitement et étant maître de soi. ་ Cependant il courut un bruit que M. le duc d'Orléans avoit mis en campagne sept ott huit cents chevaux pour nous venir enlever M. de Bouteville. On en avertit le Roi, qui nous envoya un secours de cinq cents hommes à une lieue par-delà Lagny, avec ordre exprès de nous bien défendre si l'on venoit nous attaquer. Je remarquai que M. de Bouteville demeura un peu surpris de voir arriver cette grande escorte; et dans le premier étonnement, il me dit en confidence: « Que signifie donc ce grand << monde ? Que craint-on ? Ne vous ai-je pas donné ma parole? Et après vous l'avoir donnée, croit-on que << je voulusse y manquer? » Mais pour moi, qui croyois pouvoir aisément dégager de sa parole une personne si bien escortée, et qui d'ailleurs ne voyois guère de lieu de bien espérer de cette affaire, je lui dis avec la même confidence qu'il me faisoit l'honneur de me témoigner: «< Voyez-vous, monsieur, il n'est point << temps de se piquer de générosité et de point d'hon«< neur. Je vous dégage de votre parole; et si vous « pouvez vous sauver, ne craignez point de le faire. » Je l'aurois bien souhaité en effet, pourvu que c'eût été sans notre faute. Il commença à entrer dans quelque appréhension lorsqu'il approcha de Paris, me disant qu'il étoit perdu si on le menoit à la Conciergerie. Mais lorsqu'il se vit mener à la Bastille il en témoigna une grande joie, s'assurant en quelque sorte qu'il n'en mourroit pas. Cependant l'on sait qu'il fut trompé dans ses espérances (1), que le Roi voulut faire un exemple en sa personne, surtout à cause des saints jours qu'il avoit profanés par des combats si sanglans, et que, n'ayant pu jamais être fléchi par les prières des premières personnes du royaume, il apprit à toute sa noblesse, par la sévérité qu'il fit paroître en cette rencontre, qu'elle doit réserver son courage et sa valeur pour son service et pour les intérêts de son Etat. (1) Il fut trompé dans ses espérances: François de Montmorency, comte de Bouteville, périt sur l'échafaud le 21 juin 1627. T. 31. 29 NOTICE Sur Pontis et sur ses Mémoires. AVERTISSEMENT de l'Editeur de la première édition. Avis placé en tête de l'édition de 1715. LIVRE PREMIER. Récit de ce qui se passa dans le temps que le sieur de Pontis fut cadet au régiment des Gardes. Il est obligé de se retirer en Hollande, d'où il revient après avoir couru grand risque de sa vie. Il lève une compagnie et la mène au service du duc de Savoie. Il retourne en France, et soutient un siége dans le château de Savigny. LIVRE II. Le sieur de Pontis entre dans le régiment campagne, avec deux cents hommes de pied, à six cents chevaux conduits par le cardinal de Guise. Il va au siége de Saint-Jean-d'Angely. LIVRE III. Ce qui se passa au siége de Montauban. LIVRE IV. Le sieur de Pontis défend la ville de Mon- tech qui est attaquée par les ennemis. Sa conduite à l'égard d'un officier de la Colonelle et de M. le duc d'Epernon, dans un grand différend qu'il eut pour les intérêts de sa charge. Siége de la ville de Ton- neins; grande blessure que reçoit le sieur de Pontis, et qui le réduit à l'extrémité. Saccagement de la ville de Negrepelisse. Le sieur de Pontis se rend maître d'un fort occupé par les huguenots, et le rase, ce qui lui cause une grande affaire. LIVRE V. Diverses circonstances du siége de Montpel- lier. M. Zamet, maréchal de camp, est blessé à mort. Excellent discours qu'il fait au sieur de Pontis sur les misères de cette vie, et sur un excès qu'il avoit commis pour l'amour de lui à l'égard des ennemis. Le sieur de Pontis est lui-même blessé et en danger de mourir. Ce qui se passa entre lui, les chirurgiens, et quelques religieux qui le vinrent assister. Le Roi le fait lieutenant dans ses Gardes, et se sert de lui pour rétablir la discipline dans le régiment. LIVRE VI. Conduite du sieur de Pontis à l'égard d'un jeune gentilhomme libertin nommé du Buisson, et 1 lui, il obtint lui-même sa grâce du Roi. Są sévérité à l'égard d'un autre cadet tout-à-fait déterminé, qu'il oblige de rentrer dans son devoir. Jalousie des officiers des Gardes, qui s'efforcent inutilement de le desservir auprès du Roi. Il est envoyé par ce prince au fort Louis, pour y apprendre les exercices et la discipline militaires qui s'y pratiquoient sous la con- duite du sieur Arnauld. Excellentes qualités de ce gouverneur. Grand procès qu'eut le sieur de Pontis FIN DU TOME TRENTE-UNIÈME. |