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reconnaitre ni le vrai langage des amours élégantes et des vives passions, ni les mœurs de l'Italie, que Roméo et Juliette devaient peindre.

Rien n'était plus difficile que de conserver la grâce ingénieuse, le caprice, la facilité de ce style, tel que Shakspeare l'a employé, et de ne pas tomber dans le ridicule. Il fallait marquer vivement la nuance italienne, sans préter à Roméo, à Mercutio, à Juliette, le jargon fleuri de Mascarille et de Bélise. Il fallait conserver l'ardeur passionnée et la naïveté qui respirent sous ce langage convenu, que Molière a rendu grotesque parmi nous, et dont Shakspeare lui-même s'est moqué dans plusieurs autres drames. C'était peut-être la tâche la plus ardue que jamais un traducteur ait essayée.

Je ne parle pas des vulgarités de la nourrice, des bévues et des niaiseries des laquais, et du babil empreint de sénilité, que l'auteur prête au vieux Capulet : dans l'original, tout cela est excellent, comme le radotage de M. Argant, les arguments de Sganarelle, et l'imbécilité de Pourceaugnac. Les compatriotes de Shakspeare, les seuls qui (sauf de bien rares exceptions), comprennent cet écrivain le plus national de tous leurs grands hommes, le plus intimement imprégné du génie anglais, me pardonneront l'imparfaite copie de ces merveilleuses nuances. La passion est universelle et se traduit dans toutes les langues. Le comique est intraduisible. Que dire de Mercutio, ce Figaro sans intrigue, pour qui la vie est un jeu et une suite de saillies, ce modèle des raffinés du XVIe siècle; pétillant d'esprit et de bons mots et mourant l'épigramme à la bouche? Si je lui ai conservé la plus légère étincelle de sa verve, je m'estimerai heureux.

Au lieu des formes extérieures, j'ai tâché de reproduire le sens intime de l'original: j'ai cherché, pour rendre ce rhythme cadencé, rapide, ïambique, une prose accentuée, vive et forte; j'ai voulu faire passer dans l'idiome populaire du XIXe siècle en France, la sève et l'esprit de Shakspeare, au XVIe siècle en Angleterre ; j'ai demandé au dialecte vulgaire la contre-épreuve des vulgarités plaisantes et caractéristiques de la nourrice et des valets; j'ai prié Mercutio et ses amis de m'inspirer ces vives et brillantes saillies, qui font de leurs dialogues une orgie d'esprit et une longue débauche d'épigrammes; j'ai même cherché à imiter, par les modulations

du langage, les transitions admirables de Shakspeare, qui passe de la prosé comique de Molière au rhythme rapide et satyrique d'Aristophane, et quelquefois, lorsque le père Laurent est en scène, à l'hexamètre majestueux et rimé.

Puissent, après une lutte si pénible, un travail consciencieux et une véritable étude d'artiste, quelques-uns des caractères de ce génie si varié et si vaste apparaître avec plus de netteté et d'énergie !

PHILARÈTE CHASLES.

ESCALUS, Prince of Verona.

PARIS, a young Nobleman, Kinsman to the Prince.

CAPULET,

Heads of two Houses, at variance with each other.

AN OLD MAN, Uncle to Capulet.

ROMEO, Son to Montague.

MERCUTIO, Kinsman to the Prince, and Friend to Romeo.
BENVOLIO, Nephew to Montague, and Friend to Romeo.

TYBALT, Nephew to Lady Capulet.

FRIAR LAURENCE, a Franciscan.
FRIAR JOHN, of the same order.

BALTHAZAR, Servant to Romeo.

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CITIZENS OF VERONA; SEVERAL MEN AND WOMEN, RELATIONS TO BOTH HOUSES; MASKERS, GUARDS, WATCHMEN, AND ATTENDANTS.

SCENE,-During the greater part of the Play, in VERONA; once, in the Fifth Act, at Mantua.

PERSONNAGES.

ESCALUS, Prince de Vérone.

PARIS, jeune Noble, parent du Prince.

MONTAGUE, }

CAPULET,

Chefs des deux Familles ennemies.

UN VIEILLARD, Oncle de Capulet.

ROMÉO, Fils de Montague.

MERCUTIO, Parent du Prince et Ami de Roméo.

BENVOLIO, Neveu de Montague et Ami de Roméo.
TYBALT, Neveu de Lady Capulet.

FRÈRE LAURENT, Moine Franciscain.
FRÈRE JEAN, Moine du même Ordre.

BALTHAZAR, Domestique de Roméo.

SAMSON,

GRÉGOIRE,

Domestiques de Capulet.

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ABRAHAM, Domestique de Montague.

UN VIEUX MARCHAND de drogues et de simples.

TROIS MUSICIENS.

CHOEUR.

UN ENFANT.

UN PAGE, attaché à Pâris.

PIERRE.

UN OFFICIER.

LADY MONTAGUE, Épouse de Montague.

LADY CAPULET, Épouse de Capulet.

JULIETTE, Fille de Capulet.

SA NOURRICE.

CITOYENS DE VÉRONE, PLUSIEURS HOMMES ET FEMMES ALLIÉS AUX FAMILLES CAPULET ET MONTAGUE; MASQUES, GARDES, OFFICIERS DE POLICE ET DOMESTIQUES, ETC.

Pendant la plus grande partie de ce Drame, la SCÈNE se passe à VÉRone; pendant une partie du cinquième Acte, à MANTQUE.

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PROLOGUE.

Two households, both alike in dignity,
In fair Verona, where we lay our scene,
From ancient grudge break to new mutiny,
Where civil blood makes civil hands unclean.
From forth the fatal loins of these two foes
A pair of star-cross'd lovers take their life;
Whose misadventur'd piteous overthrows
Do, with their death, bury their parents' strife.
The fearful passage of their death-mark'd love,
And the continuance of their parents' rage,
Which, but their children's end, nought could remove,
Is now the two hours' traffick of our stage;
The which, if you with patient ears attend,
What here shall miss, our toil shall strive to mend.

ACT I.

SCENE I.-A PUBLIC PLACE.

Enter SAMPSON and GREGORY,armed with swords and bucklers.

Sam. Gregory, o'my word, we'll not carry coals.

Gre. No, for then we should be colliers.

Sam. I mean, an we be in choler, we'll draw.

Gre. Ay, while you live, draw your neck out of the collar.

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