Page images
PDF
EPUB

temps historiques avec une complaisance ou des ménagemens calculés sur des liaisons récentes.

et

J'aurais même gardé tout-à-fait le silence, si je n'avais craint qu'on ne voulût le faire considérer comme une concession de ma part: mais je déclare que, satisfait d'avoir déposé mon témoignage, appuyé d'autres non moins dignes de foi, parmi les documens qui doivent éclaircir ce fait trop mémorable, d'avoir mis chacun à même de comparer la relation de M. de Choiseul avec la mienne; je ne me donnerai plus la peine de répondre à rien de ce que celui-ci voudra publier de nouveau sur cette matière, ni ne le suivrai dans les chemins détournés où il pourrait vouloir se jeter encore. Je laisserai même à M. de Choiseul, sans le lui envier, le caractère d'homme public qu'il s'attribue, et je n'examinerai point si la substitution de feu M. le duc de Choiseul, son oncle, en sa faveur comprend aussi l'application d'une réflexion de mon père, qui s'adresse très-convenablement à ce ministre si justement célèbre. Le public jugera si elle peut convenir dans une discussion élevée par un subordonné contre son chef, à un simple colonel envers son général qui l'a accusé ; et il est probable que l'homme public sera effacé par le caractère, j'ose dire imposant, de celui qu'une confiance méritée avait appelé seul à la direction d'une si grande entreprise.

J'attends de la justice et de l'impartialité qui caractérisent l'ouvrage auquel vous consacrez vos soins et vos lumières, que vous voudrez bien placer ma déclaration à la suite de la lettre de M. de Choiseul, si vous l'insérez, comme il vous le demande, dans une livraison de la Collection. C'est la dernière fois que je réclamerai pour ce débat ane place que vous pouvez beaucoup mieux employer, et je vous prie d'être persuadés de toute ma reconnaissance, ainsi que de la considération très-distinguée avec laquelle j'ai l'honneur d'être,

Messieurs,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

Marquis DE BOUILLÉ.

[graphic]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Gravé par Ambroise Tardieu, Graveur de la Marine, du Dépôt des Fortifications, de l'Administration des Forêts et du Journal des Savants, Membre de la Société Asiatique et de la Société de Géographie.

RELATION

DE L'ÉVÉNEMENT ARRIVÉ A VARENNES,

LE 21 JUIN 1791,

PAR M. DESLON, CAPITAINE AU RÉGIMENT DE LAUZUN

(HUSSARDS) (1).

Dispositions de M. le marquis de Bouillé, pour faciliter l'arrivée du roi à Montmédy.

Le roi avait envoyé à M. le marquis de Bouillé M. de Goguelat, maréchal-des-logis de l'armée, pour prendre ses ordres, et reconnaître les différens postes où il avait placé des troupes à cheval, afin que, comme il devait précéder la voiture de Sa Majesté en partant de Pont-de-Sommevelle (où il avait ordre de l'attendre), il pût avertir les commandans des détachemens, du moment où il devait les faire monter à cheval pour l'accompagner.

M. de Goguelat partit de Varennes, le 20 juin 1791, avec quarante hussards du régiment de Lauzun, sous prétexte d'aller à Pont-de-Sommevelle attendre un trésor qui devait y arriver. Ce détachement, commandé par M. Boudet, sous-lieutenant, fut coucher le même jour à Sainte-Menehould. Il arriva le 21 à dix heures du matin à Pont-de-Sommevelle, où il fut rejoint par M. le duc de Choiseul.

(1) Il paraît d'autant plus important de faire connaître en entier ce rapport d'un officier qui s'est fait remarquer par son zèle et son intelligence dans la part active qu'il a eue à cet événement, que M. de Choiseul, en n'en publiant qu'un extrait dans sa Relation, a eu soin d'en omettre ce qui lui est personnel.

Ce détachement de quarante hussards formait un premier poste à Pont-de-Sommevelle, et il y avait outre cela sur toute la route que devait tenir le roi :

A Sainte-Menehould: Un second poste de trente dragons du régiment Royal, commandé par M. Dandoins, capitaine, et arrivé le 21.

A Clermont: Un troisième poste de cent dragons du régiment de Monsieur et de cinquante du régiment Royal, arrivés le 20, et commandés par M. le comte Charles de Damas, colonel.

A Varennes Un quatrième poste de soixante bussards du régiment de Lauzun, commandés par M. Rohrig, sous-lieu

tenant.

A Dun: Un cinquième poste de cent hussards du même régiment, commandés par M. Deslon, chef d'escadron.

[ocr errors]

A Mouza Un sixième poste de cinquante cavaliers du régiment royal-allemand, commandés par M. de Guntzer, chef d'escadron. Ce détachement, suivi de tous les autres qui devaient escorter la voiture du roi, aurait eu ordre de le conduire à Montmédy.

Comme les commandans de ces différens détachemens étaient avertis de l'arrivée du roi ou d'un trésor de conséquence, ils devaient être prêts à faire monter leurs troupes à cheval au moment où ils en seraient prévenus par M. de Goguelat, ou, à son défaut, par M. le duc de Choiseul, qui devaient lui servir de courriers dès le moment qu'ils l'auraient rejoint, l'un et l'autre ayant ordre d'attendre Sa Majesté à Pont-de-Sommevelle, et de partir de-là pour précéder sa voiture d'une heure à peu près, afin que tout fút prét sur la route, de manière à n'éprouver aucun obstacle ni retard.

Les ordres de M. le marquis de Bouillé étaient tels, que, si le roi eût voulu se faire reconnaître de ses troupes, les détachemens qui l'auraient escorté se seraient à chaque nouveau poste repliés derrière sa voiture pour y former une arrièregarde, et faire place au détachement frais qu'il y trouvait et

« PreviousContinue »