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ÉTUDES

LITTÉRAIRES

IMPRIMERIE DE CLAYE ET C

RUE SAINT-BENOIT, 7

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MARIE-JOSEPH DE CHÉNIER.'

En 1764, l'année même de la naissance de Chénier, Voltaire, alors dans la plénitude de sa gloire et de sa dictature, annonçait, par un de ces éclairs soudains que la passion fait éclater au sein du génie, l'imminence d'un grand bouleversement politique. La Révolution était prédite par lui en termes formels; il écrivait au marquis de Chauvelin : « Ce sera un beau tapage. Les jeunes gens sont bien heureux; ils verront de belles choses. » On comprend ce regret personnel de Voltaire, et on le partage. C'eût été, en effet, un curieux spectacle que celui de la littérature du XVIIIe siècle venant, dans la personne même de son représentant le plus illustre, assister à la fois aux funérailles sanglantes de cette société vieillie qu'elle avait tuée, et au tumultueux avénement de cette société nouvelle qu'elle avait prédite avec pompe. Voltaire devant l'Assemblée Constituante, la cause jugeant l'effet, la pensée ayant conscience qu'elle se fait acte, assurément il y aurait eu là un enseignement profitable. Mais tel n'est point le jeu de l'histoire. Au lieu de ce flambeau de tout à l'heure qui ne versait qu'une lumière éclatante, bientôt vous aurez une torche incendiaire; aussi devra-t-elle passer en d'autres mains :

(1) Voir Revue des Deux Mondes, 15 janvier 1844.

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