Hélas! il le sait, Du dieu des pasteurs Toute sa parure, Jusqu'en ces climats sur la tête de ses filles. Tel est, traduit en vile prose, l'objet de toute cette bergerie. 1. Ses vers sont aisés, mais prosaïques, » a dit La Harpe, avec trop de raison, de Ma Des Houlières. 2. Une phrase ou périphrase aussi longue, et de cet accent, pour dire, de l'Orient à l'Occident, d'un bout du monde à l'autre, n'est pas dans le ton du reste de cette pièce cela tient du lyrique plus que du bucolique ou de l'élégiaque. Où, sans doute las Rallumer dans l'onde Ses feux amortis1. Les fleurs. Que votre éclat est peu durable, Ne vous laisse briller que deux ou trois matins. Ne gênent point l'innocente tendresse Que le printemps fait naître entre Zéphire et vous. Ne mêle d'amertume à vos plus doux plaisirs : Qui dévore les tendres cœurs, Lorsque, plein d'une ardeur extrême, Manquer d'empressement, ou s'engager ailleurs. Plus heureuses que nous, vous mourez pour renaître. 1. Image énigmatique : comment des feux peuvent-ils se rallumer dans l'onde? 2. Mème ici, se retrouve l'espèce de grâce subtile et fade où se complait cette muse. Tristes réflexions, inutiles souhaits! Quand une fois nous cessons d'être, Mais hélas! pour vouloir revivre, La vie est-elle un bien si doux? Quand nous l'aimons tant, songeons-nous Pour qui connaît les misères humaines, Par des liens honteux attachés à la vie, Elle fait seule tous nos soins, Et nous ne vous portons envie Pensées diverses. I Que l'homme connaît peu la mort qu'il appréhende, Quand il dit qu'elle le surprend! Elle naît avec lui, sans cesse lui demande Un tribut dont en vain son orgueil se défend. Il commence à mourir longtemps avant qu'il meure: Il périt en détail imperceptiblement; Le nom de mort qu'on donne à notre dernière heure, 1. L'être humain ne revit point sur cette terre, comme les fleurs repoussent sur leur tige. 2. ... Vivons-nous, Chrétiens, vivons-nous? Cette vie que nous comptons, et où tout ce que nous comptons n'est plus à nous, est-ce une vie? et pouvons-nous II Êtres inanimés, rebut de la nature, Le temps, loin de vous faire injure, On cherche avec ardeur une médaille antique : D'un cirque, d'un tombeau, d'un temple magnifique; III De ce sublime esprit dont ton orgueil se pique, Des plantes, des métaux tu connais la vertu, Et, sur tant de choses savant, Tu ne te connais pas toi-même. IV La pauvreté fait peur, mais elle a ses plaisirs. Dont les jeux, les festins remplissent les désirs. n'apercevoir pas ce que nous perdons sans cesse avec les années? Le repos et la nourriture ne sont-ils pas de faibles remèdes de la continuelle maladie qui nous travaille? et celle que nous appelons la dernière, qu'est-ce autre chose, à le bien entendre, qu'un redoublement et comme le dernier accès du mal que nous appor tons en naissant? » (BOSSUET, O. F. de Marie-Thérèse.) Au moins, dans leurs malheurs, ont-ils la certitude V Pourquoi s'applaudir d'être belle? Quelle erreur fait compter la beauté pour un bien? Qui cause tant de chagrin qu'elle. Je sais que sur les cœurs ses droits sont absolus, Des désirs, des transports, et des soins assidus: Et long temps à ne l'être plus. VI Misérable jouet de l'aveugle fortune, Homme, toi qui, par mille endroits, Dois trouver la vie importune, D'où vient que de la mort tu crains tant le pouvoir? Songe que, si c'est un outrage, C'est le dernier à recevoir1. VII Quel poison pour l'esprit sont les fausses louanges! 1. Se serait-on attendu avec ce poète de salon enrubanné, ce peintre de bergeries aux tons couleur de rose, se serait-on attendu à cette sévérité de pensées, à cette tristesse? La vie avait eu pour Me Des Houlières moins de fleurs qu'elle n'en répandait dans ses églogues et ses madrigaux. La trace de plus d'une épreuve vivement ressentie se retrouve dans l'esprit d'amer moraliste qui a dicté de tels vers. |