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actuels, l'histoire ne voudra pas en recueillir les noms; il faudroit descendre dans la boue; il faudroit aller les chercher dans les égouts et les immondices de la capitale la plus corrompue de l'univers.

Tel fut l'homme qui s'éleva depuis le commencement de la révolution contre le chef de sa famille, contre son Souverain légitime. Objet du mépris général, lors de la première, assemblée où l'avoit envoyé la noblesse du Valois, dont il trahit les intérêts, il avoit reparu à cette convention porté par les plus exécrables de tous les électeurs. Dernier député d'une ville, où les choix commencèrent le 2 Septembre, au bruit des massacres des prisons; rebut des assassins, nommé après nommé après Robespierre, Marat et Legendre, lorsque l'infamie épuisoit ses listes.

Tel fut l'homme qui avoit annoncé depuis long-tems qu'il ne faisoit aucun cas de l'opinion publique, et que son unique passion étoit d'assouvir sa vengeance sur la famille Royale.. En horreur aux Marseillois, à Barbaroux leur représentant, insulté ouvertement par Manuel, conspué par Merlin, il est obligé d'acheter à prix d'argent

la protection de Marat: cette protection. est encore insuffisante; un décret menace de le chasser hors du royaume, sa présence y est un fardeau dont la France cherche à se débarrasser ; il obtient, non sans peine, que son sort soit décidé, après celui du Roi, et pour se rendre populaire, il achève de devenir régicide. Il se présente trois fois consécutives à la fatale tribune, et trois fois il émet son vou sacrilège. On craint sa lâcheté; sa famille est dans la galerie, en sa présence, elle l'encourage de l'œil et du geste; les assassins soudoyés entourent la salle; tous les membres effrayés votent avec lui ou d'après lui. Ce n'est pas tout; ce général si inconcevable, qui nous a retracé à la fin de 1792 les exploits et le bonheur de César. Dumouriez arrive comme un trait de la Belgique à Paris, 20 mille soldats de son armée qui lui sont dévoués, sont arrivés avec lui, et Paris est conquis, sans se douter qu'il ait un maître. Dumouriez, incertain s'il remplira les promesses qu'il faisoit au mois de Mai aux pieds de son Roi, de sauver la monarchie, ou s'il travaillera à sa propre fortune, en écrasant tous les partis, balance un moment

sa destinée, abandonne la monarchie aux hasards des événemens, caresse le parti d'Orléans, lui fait demander la mort du Roi, et en rejette tout l'odieux sur le vil Bourbon qu'il ne quitte pas un moment protège l'exécution de l'assassinat, et bien sûr d'en chasser l'auteur quand il voudra, il s'apprête à jouir des fruits du crime qu'il a fait commettre, et voit déjà sur sa tête le laurier impératorial qu'il attend de ses troupes.

Ainsi le plus vil des hommes, le plus pervers et le plus immoral des criminels qui ayent désolé la terre, se trouve chargé d'un forfait qui est plus grand encore que la bonté des Dieux; et le prix de ce crime, il n'en jouira pas; son fils, toute sa race est écartée; un nouveau conspirateur est là, et ce conspirateur au défaut de la justice divine, au défaut des puissances voisines, sera lui même l'instrument qui vengera l'humanité, la nature, et la monarchie, pour présenter ensuite lui-même l'image de l'ambition foudroyée voilà les hommes dont la France a préféré les passions au gouvernement équitable et paternel du meilleur, du plus honnête des humains, du plus juste et du plus

bienfaisant des Rois. Ah! s'il avoit eu un, seul des vices dont il a subi la punition, s'il eût été perfide, s'il eût été tyran, il régneroit encore, et nous bénirions encore sa vie, comme on bénit déjà de toutes parts sa mémoire. On se la redit cette vie toute entière; on la joint au récit de cette mort si héroïque et si touchante; on recueille ces traits caractéristiques qui peignent l'homme simple et droit, calme au faite des grandeurs, calme dans l'abyme des misères, calme sous l'instrument de la mort. On lit, on apprend par cœur, ce testament, ouvrage d'une ame céleste; monument où repose le dépôt de la charité chrétienne et de la morale publique, dernier bienfait qu'il a accordé à son peuple, pour se venger des tourmens qu'on lui a fait éprouver; bienfait plus grand encore, car son influence sera de tous les tems et de tous les pays; ce sera l'Oriflamme sous lequel se ralliera tôt ou tard la morale uni verselle; ce sera un évangile mis en action, et les principes des philosophes s'évanouiront devant lui, comme les vapeurs du matin devant les feux du midi.

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L'histoire redit déjà à toutes les nations. ce que fut Louis XVI, ce qu'il voulut

et ce qu'il souffrit; elle nous apprend que, monté sur le Trône à l'âge de 20 ans, un respect religieux pour les vertus et les conseils de son pere est déjà le gage du bonheur que la France attend de lui. Les peres se réjouissent, ils citent à leurs enfans l'exemple de leur Roi; et l'éclat de la piété filiale joint à celui de sa jeunesse et de son rang, fait ressortir encore davantage le beau jour dont on apperçoit l'aurore. Bien différent de ces philosophes constituans, qui ont cru fonder des loix sans avoir besoin des mœurs il s'attache aux leçons de l'antiquité, il y cherche des modèles de la vénération due aux vieillards et du respect dû aux pères, tandis qu'on a vu le corps législatif briser tous les liens moraux, diviser les familles, isoler les individus, et détruire les devoirs des parens en détruisant leurs droits; tandis que Philippe conduisoit au tombeau l'auteur de ses jours, par le spectacle douloureux de ses vices; c'est que Philippe essayoit alors sur son père, ce qu'il devoit consommer sur son Roi.

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Louis trouve dans les instructions que lui a laissé le Dauphin, le nom des hommes

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