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vous du droit que vous avez eu de leur donner les graces qu'ils ont acceptées.

Qui plus que Louis et sa famille éprouvèrent la malveillance de ceux-là même qui leur devoient tout. On diroit que la justice divine a voulu apprendre à tous les Rois, par l'exemple du nôtre, que dans un siècle corrompu, les faveurs d'un monarque sont le germe des factions; et pourtant Louis a pardonné en mourant à ces premiers auteurs de sa mort. Il a dit pour eux ce que leur orgueil avoit empêché jusqu'ici à ces hommes. superbes de confesser; Louis déclare que dans des momens de trouble et d'effervescence, on n'est pas toujours maître de soi; et cet aveu dans sa bouche est un nouveau bienfait dont ceux-ci ont encore à rougir. Ainsi notre divin maître au milieu de ses tourmens, prioit pour ses bourreaux : Pardonnez-leur, mon pere, car ils ne savent ce qu'ils font.

dans

Louis a fini, comme il avoit vécu. Ses ennemis ni ses courtisans n'ont pu ces derniers momens calomnier sa conduite, outrager sa vertu, ni déguiser ses lumières. Il a paru devant le tribunal de ses contemporains, comme il a paru au tribunal de

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la divinité ; une ame élevée, un esprit orné, un cœur droit, des sentimens purs, candeur, magnanimité, ce courage que l'on ne puise que dans une conscience sans tache, voilà les traits sous lesquels l'histoire a déjà recueilli sa mémoire : ils ont cru le tuer, les barbares, ils lui ont donné l'immortalité. Ah! si l'un de ses bourraux eût occupé sa place dans une si longue et si douloureuse agonie, nous eussions vu quelle différence de langage la philosophie ou la religion inspirent à leurs enfans; nous eussions vu l'orgueil insultant à la divinité, tandis que Louis nous a présenté le spectacle touchant de la charité chrétienne, qui pardonne aux erreurs de l'humanité.

Et voilà les ressources, les consolations célestes de cette religion si déchirée et si sublime, de cette religion, asyle du malheur, qui lie le ciel à la terre, l'homme à la divinité et à ses semblables, qui lui enseigne que tous les biens de ce monde sont périssables, et qu'un seul ne peut nous être ravi, celui de la vertu, parce qu'il émane d'en haut, et que nous ne sommes que pas sagers au milieu de cette terre maudite, de cette vallée de larmes.

Il est frappé du glaive de l'iniquité, et il pardonne à tous ses bourreaux ; il prie pour eux, ils sont égarés, dit il; il ne veut pas que sa mort soit vengée; il offre son sang en expiation de leurs fautes. Le même jour, un de ses juges, un de ses assassins frappé par un serviteur fidele, qui ne peut contenir son indignation, meurt d'un supplice trop doux pour son crime, et soudain la Convention toute entière, pour retarder la punition qui l'attend, décrète des proscriptions de tout genre: ainsi elle commande le meurtre et la vengeance, lorsque son illustre victime succombe, prie, pardonne, et meurt.

Louis est frappé, et sa mort devient une calamité publique; un deuil général couvre les quatre parties du monde. Souverains de la terre, enfin coalisés pour le venger, ah! c'étoit sa douloureuse existence qui étoit. une calamité publique; c'étoit ce combat de quatre années du brigandage et de l'anarchie, contre la morale et la justice qu'il falloit prévenir avec lui; mais je ne veux point affliger vos cœurs, au moment où le ciel qui vous a remis ses foudres, appelle tous vos soins pour faire éclater ses vengeances.

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Oui, elle sera vengée cette mort si injuste, ce parricide si atroce. Ils seront punis, ces rafinemens de cruauté et d'opprobres exercés par des monstres sans pitié sur le pere et la fille; sur sa fille, cette jeune et céleste créature, parvenue à l'âge sacré, où la collision de l'enfance et de la puberté vient révéler à la pudeur le secret de la nature; sur cette infortunée, mourante dans les bras de sa mere. Sa beauté, ses malheurs, son innocence n'ont pu attendrir ses impurs satellites ; ils ne pouvoient la juger, mais ils pouvoient faire rougir son front, et elle aussi a subi son supplice.

Elle sera vengée cette Reine si infortunée dont le seul crime fut d'apprécier de bonne heure et de repousser avec horreur le perfide qui déshonoroit la race des Bourbons. Tout disoit à la fille de Marie-Thérese, qu'un aussi glorieux sang ne pouvoit battre dans les artères de ce scélérat ; elle prévenait par ses mépris l'aven que les furies ont arraché à ce monstre, lorsqu'il est convenu depuis publiquement, qu'il n'étoit point membre de la famille royale, et qu'il s'est fait un titre de gloire auprès de ses pareils de la dissolution

de sa mere.

Ainsi, il a forcé jusqu'à ses plus intimes

Il est frappé du glaive de l'iniquité, et il pardonne à tous ses bourreaux ; il prie pour eux, ils sont égarés, dit il; il ne veut pas que sa mort soit vengée; il offre son sang en expiation de leurs fautes. Le même jour, un de ses juges, un de ses assassins frappé par un serviteur fidele, qui ne peut contenir son indignation, meurt d'un supplice trop doux pour son crime, et soudain la Convention toute entière, pour retarder la punition qui l'attend, décrète des proscriptions de tout genre: ainsi elle commande le meurtre et la vengeance, lorsque son illustre victime succombe, prie, pardonne, et meurt.

Louis est frappé, et sa mort devient une calamité publique; un deuil général couvre les quatre parties du monde. Souverains de la terre enfin coalisés pour le venger,

ah! c'étoit sa douloureuse existence qui étoit une calamité publique; c'étoit ce combat de quatre années du brigandage et de l'anarchie, contre la morale et la justice qu'il falloit prévenir avec lui; mais je ne veux point affliger vos cœurs, au moment où le ciel qui vous a remis ses foudres, appelle tous vos soins pour faire éclater ses vengeances.

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