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pays, j'ai cru devoir donner les Notices des traductions qui ont été faites en anglais de presque tous nos bons Voyages. Assez souvent même je l'ai fait également pour les traductions de ces mêmes Voyages en allemand, parce que depuis quelques années cette langue a aussi de nombreux amateurs en France.

J'ai presque toujours observé de traduire en français les noms des villes où ont été publiés les Voyages et les Descriptions, parce que ces noms, le plus communément rendus en latin moderne, sont souvent d'une interprétation si difficile, que le lecteur, initié même à un certain point dans la connoissance de la langue latine, ne pourroit se procurer l'intelligence de ces noms de villes, qu'avec des recherches que j'ai voulu lui éviter.

De la traduction que j'ai toujours donnée du titre des Voyages et des Descriptions, écrits dans un idiôme étranger, et qui précède immédiatement la transcription de ce titre dans la langue originale, il résultera que la Bibliothèque universelle des Voyages sera d'une utilité générale pour toutes les nations de l'Europe. En effet, la langue française étant devenue, en quelque sorte, la langue universelle de cette partie du monde, du moins pour les classes de la société qui reçoivent une éducation soignée, ceux qui les composent, au moyen de la traduction en français du titre des Voyages et des Descriptions écrits dans des idiômes étrangers à leur langue

naturelle (1), pourront se procurer l'indication de ces Voyages et de ces Descriptions, sans être obligés d'avoir recours aux dictionnaires particuliers de chacune des langues de l'Europe.

Les extraits que j'ai donnés des Voyages les plus importans, ont communément plus d'étendue pour certaines contrées de l'Europe, que pour les autres parties du monde (2), parce que les Voyages en Europe n'étant pas entrés dans le plan de l'Abrégé des Voyages de La Harpe, ces extraits pourront, à un certain point, servir de supplément à cet Abrégé, relativement sur-tout aux contrées qui en sont particulièrement l'objet, telles que la Hongrie, l'Allemagne, la Suisse, la Hollande, l'Angleterre, le Portugal, l'Espagne et la Turquie européenne (5).

(1) Indépendamment des Voyages écrits en français et en latin, qui sont répandus dans mon Ouvrage, il y en circule d'écrits en onze autres langues, savoir: en anglais, en hollandais, en danois, en suédois, en russe, en polonais, en allemand, en hongrois, en italien, en espagnol et en portugais.

(2) Il faut en excepter le Japon et la Chine ; je donnerai dans un instant le motif de cette exception.

(3) Je ne tiens, comme on voit, aucun compte d'un Abrégé des Voyages en Europe, assez récemment publié, en douze volumes, parce que, sur chaque contrée, l'abréviateur s'est communément borné à copier un seul Voyageur; méthode très - propre à ne donner au lecteur que des notions imparfaites, el assez souvent partiales, sur les pays et les peuples.

Malgré le grand nombre de Relations qui, dans le dix-septième siècle et vers le commencement du dix-huitième, avoient paru sur cette dernière partie de l'Europe, c'étoit, avant les derniers Voyages qu'on y a faits, l'un des pays de l'Europe le plus mal connu, et celui peut-être qui méritoit davantage de l'être, comme ayant été le théâtre des événemens les plus remarquables de l'antiquité, la patrie de toutes les sciences, le sol où s'étoient élevés les plus magnifiques monumens des beaux-arts (1). On étoit loin aussi d'imaginer que les Turcs, si inférieurs aux Européens dans l'administration publique, l'art militaire, le commerce, l'industrie, les sciences et les arts, etc. les surpassoient peutêtre dans la pratique de certaines vertus morales; et l'on doit être curieux de connoître ce qui fonde le jugement qu'ont porté sur ce point presque tous les nouveaux Voyageurs, Par un autre motif, j'ai donné une étendue considérable aux extraits des Voyages faits en Espagne et en Portugal. Mon intention, à cet égard, a été de faire prendre une juste idée de deux peuples que trop légèrement on suppose plongés dans une ignorance qu'entretiennent des préjugés superstitieux, et chez qui, néanmoins, les lumières sur beaucoup de branches de l'histoire naturelle, sur plusieurs points d'économie politique, civile et

(1) Il suffit de se rappeler que la Turquie européenne embrasse la Grèce, l'Archipel, la Thrace et l'Asie mineure.

rurale, et même sur quelques parties des sciences exactes, sont plus répandues aujourd'hui qu'on n'est disposé à le croire.

Quelques Relations estimables nous ont fait connoître aussi, dans tout leur ensemble, la Hongrie, l'Allemagne, la Suisse, la Hollande, la Grande-Bretagne; mais elles ne sont ni aussi multipliées, ni aussi complètes que celles qui ont paru sur les trois Etats précédens : j'ai donné, néanmoins, des extraits, mais avec moins d'étendue que je ne l'ai fait sur ces trois Etats, de celles de ces Relations qui m'ont paru tout-à-lafois les plus instructives et les plus intéressantes. Quant aux Relations sur d'autres parties de l'Europe, telles que les royaumes du Nord, la France, la Russie, comme les meilleures ne renferment que des détails très-circonstanciés, sans offrir de grands apperçus (1), je n'aurois pas pu en donner des extraits satisfaisans, sans sortir des bornes que m'imposoit la nature de mon Ouvrage; mais pour ces pays-là même, j'ai toujours observé d'indiquer, par un rapide apperçu, ce que, sur ces contrées, renferment les Voyages et les Descriptions les plus estimables.

A l'égard des Voyages faits dans les autres parties. du monde, j'ai donné une certaine étendue à mes extraits, pour les meilleures Relations qui en ont été publiées, principalement vers la fin

(1) Le Voyage d'Acerbi fait exception au jugement que je porte ici aussi en ai-je donné un extrait assez étendu.

du dernier siècle. Telles sont particulièrement les Relations qui concernent la Chine et le Japon. Par son ancienneté, son étendue, sa population, et sur-tout par l'imperturbable tenacité de ses coutumes, le premier de ces deux Empires doit inspirer le plus grand intérêt : le second n'attache pas moins par sa situation au milieu d'une mer toujours orageuse, par son gouvernement à demithéocratique, par le caractère indomptable de ses habitans.

Une puissante considération m'a déterminé à m'étendre plus particulièrement sur les Relations les plus récentes ; c'est qu'en général elles offrent une critique plus saine que les anciennes, et qu'assez communément aussi on y trouve le véritable état des pays et des peuples dans leur état actuel. Je ne me suis permis, au reste, de jeter dans mes extraits des observations qui me sont propres, qu'autant que l'exigeoit la nécessité d'éclaircir ce que les Voyageurs avoient laissé d'obscur dans leurs narrations, et de combattre ou de redresser quelques-unes de leurs assertions, lorsqu'elles m'ont paru incorrectes ou hasardées. Ces extraits réunissent sur chaque objet observé par les Voyageurs, les notions qui trop souvent sont répandues avec confusion, avec incohérence même, dans la plupart de leurs Relations; ils forment de l'état physique et politique des divers pays, du caractère et des mœurs de leurs habitans, des tableaux soigneusement terminés, où l'attention n'est point détournée par des détails

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