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-Le même, traduit en allemand, avec des notes, par J. R. Forster et Math. Chr. Sprengel. Berlin, 1799; Leipsic, même année, 2 vol. in-8°.

-Le même, traduit en anglais. Londres, 1798, 2 vol. in-4°., et 3 vol. in-8°.

-Le même, abrégé et traduit en suédois par Samoedham. Stockholm, 1799, in-8°.

Avant de donner l'apperçu de ce voyage, j'observe que les plus foibles indices sur la destinée de cet intéressant navigateur, et sur celle de sa petite escadre, devoient être recueillis avec le plus vif empressement. Voici ce qu'on lisoit dans le n° 8 du journal intitulé le Nouvelliste des iles de France et de Bourbon,

Le capitaine Jugelautt, commandant du navire américain la Charlotte, arrivé de la Chine, dit avoir appris, dans son voyage de la mer du Sud aux fles Sandwich et à la côte du nord-ouest, qu'avant la révolution de France, sans pouvoir déterminer l'année, un vaisseau parti de Brest avoit, dans le mois d'avril, mouillé à la baie Comeherver, baie qui est à 53 degrés 15 minutes nord opposée à la baie Englefield, dans l'ile appelée la Reine-Charlotte; que ce vaisseau ayant une grande quantité de malades, fut attaqué par les insulaires, qui se rendirent à bord au moment où l'on étoit occupé à serrer les voiles; qu'ils massacrèrent le capitaine, qui étoit sur le pont, et tout l'équipage, à l'exception d'un jeune homme, dont on ignore la destinée. On ajoute que les insulaires détruisirent ce bâtiment. Il est à présumer, dit le journaliste, que ce bâtiment est celui de M. de la Peyrouse, ou sa conserve.

On trouve dans le Moniteur du 10 thermidor an x, des observations qui détruisent cette présomption,

La supposition que la Peyrouse a péri à 53 degrés de latitude septentrionale, est inconciliable, dit l'auteur de l'article, avec le contenu d'une lettre que cet infortuné navigateur écrivit au ministre de la marine le 27 février 1788,

pour l'informer de la route qu'il comptoit tenir en partant de Botany-Bay, où il se trouvoit alors. On y voit que de ce point de la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, il ne devoit étendre ses recherches que dans la partie méridionale de la zône torride, pour se rendre ensuite à l'île de France. Comment supposer dès lors qu'il ait été se perdre à 53 degrés de latitude septentrionale, sur une côte qu'il avoit déjà visitée, et où rien ne l'engageoit à retourner? S'il étoit permis, continue l'auteur de l'article, de hasarder une conjecture, on pourroit plutôt supposer que les bâtimens de la Peyrouse ont péri dans le grand passage qui sépare la Nouvelle-Guinée de la Nouvelle-Hollande. On sait que la Peyrouse tenoit à honneur d'ajouter aux découvertes des Français dans cette partie, de faire la reconnoissance d'un passage qui méritoit qu'on s'en occupát, et de traverser entre les deux terres par un autre canal que celui de l'Endeavour, par lequel le célèbre Cook s'étoit pour ainsi dire coulé entre les côtes de la Nouvelle-Hollande et la digue de récifs, qui borde cette grande île à l'est.

Je reviens à la relation dont j'ai transcrit la notice, et j'observe qu'elle a été rédigée sur les mémoires envoyés par la Peyrouse pendant le cours de son expédition; elle se termine à son arrivée à Botany-Bay : c'est la dernière relâche d'où l'on ait reçu de lui des nouvelles.

L'objet de son voyage étoit d'ajouter de nouvelles découvertes dans la mer du Sud et dans l'hémisphère austral, à celles qu'y avoient faites les précédens navigateurs. Le gouvernement d'alors attachoit la plus grande importance à cette expédition, et n'avoit rien négligé de ce qui pouvoit contribuer à son succès en tout genre.

L'expédition étoit composée de deux bâtimens, la Boussole et l'Astrolabe. La Peyrouse se réserva le commandement de la Boussole, et confia le commandement de l'AStrolabe à Delangle.

Le choix des chefs et des officiers, de l'astronome, de l'ingénieur, du minéralogiste, du naturaliste-classifica

teur, du jardinier-botaniste, du dessinateur, ne laissoit rien à desirer. Un mémoire de direction pour l'entreprise, des instructions générales et des notes particulières, une suite de questions à résoudre, données par l'académie des sciences et la société de médecine, à l'instar de celles de Michaëlis (1), enfin, une collection de cartes dressées par un des hommes de l'Europe les plus instruits dans toutes les parties de la marine, formoient la provision scientifique de l'escadre; on observa dans le choix des provisions ordinaires tout ce qui pouvoit contribuer à conserver la santé de l'équipage, et l'on y ajouta une quantité considérable de pepins et de graines, qu'on devoit semer dans les îles de la mer du Sud et ailleurs,

L'escadre mit à la voile de la rade de Brest le premier août 1785. Dans la traversée jusqu'au Brésil, on détermina soigneusement les degrés de latitude et de longitude des différens lieux qui furent en vue. Ce fut dans l'île de Sainte-Catherine au Brésil, de préférence à Rio-Janeiro, que l'escadre relâcha quelque temps; on y ajouta des orangers et des citronniers aux arbres dont on avoit fait une collection en France, pour en enrichir les îles de la mer du Sud, et qui, comme toutes les graines destinées au même objet, s'étoient parfaitement conservées dans des caisses faites sous les yeux du célèbre Thouin.

En longeant la côte des Patagons, en doublant le Cap des Vierges, en gagnant la terre de Feu, on reconnut l'exactitude des cartes dessinées par Anson et par Cook, et l'on arriva à la Conception dans le Chili, sur lequel on trouve, dans la relation, des détails d'autant plus intéressans, que ce beau pays avoit été peu visité et décrit par les précédens voyageurs.

Le climat du Chili est extrêmement sain. La fertilité de la terre y est telle, que le blé y donne soixante pour un; le produit de la vigne est tout aussi considérable. L'espèce

(1) On verra (partie IV, section iv) ce que c'est que ces quesdions de Michaëlis,

des chevaux, des boeufs, des moutons, est multipliée à un point qui étonne; mais l'influence du gouvernement contrarie sans cesse les avantages du climat. Le régime prohibitif borne le commerce des productions qui suffiroient pour alimenter la moitié de l'Europe, si l'agriculture étoit encouragée par la liberté de l'exportation. L'inertie à laquelle ce régime condamne les habitans du Chili, les met, pour tous les besoins de la vie, excepté le blé, dans la dépendance la plus absolue des peuples de l'Europe. Toute leur activité se borne à laver le sable des rivières, qui presque toutes sont aurifères.

Des côtes du Chili, l'escadre s'avança vers l'île de Pâques, assez anciennement découverte, perdue ensuite pendant long-temps, puis retrouvée par Roggevin. Les mœurs des habitans de cette île sont fort douces, mais ils sont très-enclins au vol, comme tous les insulaires de la mer du Sud. Après avoir relâché aux îles Sandwich, l'escadre s'approcha de l'Amérique septentrionale, et assez long-temps séjourna dans une baie qui fut nommée le port des Français. La description en est attachante pour les naturalistes de toutes les classes: les moralistes n'y trouveront qu'un peuple féroce, mais trèsavancé dans la civilisation, quant aux arts.

Après une navigation pénible, les deux vaisseaux arrivèrent à Monterey, où réside le gouverneur des deux Californies. Les détails que la relation donne sur ces deux provinces, qui ne nous étoient guère connues que par les récits prolixes et quelquefois infidèles des missionnaires, sont, par cela même, infiniment précieux. Ils roulent sur les moeurs et sur les usages des Indiens convertis et des Indiens indépendans; sur les productions du pays, sur les animaux qui le peuplent, sur la constitution militaire et sur le commerce, On fit à Monterey plusieurs observations astronomiques, et l'on y forma un vocabulaire de la langue des différentes peuplades des environs de la ville.

Dans la route que tint l'escadre, après avoir quitté

cette côte, elle reconnut une île composée d'un rocher de cinq cents toises de long sur soixante de large; on la nomma l'île Necker; elle paroît n'être que le sommet d'une île beaucoup plus considérable qu'avoit ruinée peu à peu la mer.

La véritable position de plusieurs îles, et particulièrement des îles Marianes, fut déterminée en latitude et en longitude. L'escadre mouilla ensuite à Macao, puis elle gagna les Philippines, sur lesquelles la relation fournit quelques observations nouvelles, relativement sur-tout à la constitution militaire.

L'entrée de l'escadre dans la mer du Japon, ses excursions dans la mer de la Tartarie, au Kamischatka, dans différens détroits et diverses baies, donnèrent lieu à beaucoup d'observations astronomiques, géographiques et nautiques, à des remarques intéressantes sur l'histoire naturelle et morale de ces pays.

Ce fut en s'éloignant de ces parages, ce fut en débarquant dans une île nommée Maouna, qui fait partie d'un Archipel découvert par Bougainville, et qui est peuplée d'une race d'Indiens d'une stature extraordinaire, que le commandant l'Astrolabe Delangle, le naturaliste Lamanon, et neuf marins, furent massacrés, parce que Delangle ayant donné des verroteries à quelques chefs, oublia de faire à d'autres le même présent.

L'escadre quitta brusquement cette ile fatale, gagna la Nouvelle-Hollande, et relâcha à Botany-Bay, où se termine la relation.

RELATION du Voyage à la recherche de la Peyrouse, fait par ordre de l'Assemblée constituante, pendant les années 1791 et 1792, et pendant la première et la seconde année de la République française, par le citoyen Labillardière. Paris, Jansen, an VIII, 2 vol. in-4°.

- Atlas, ibid. 1 vol. in-fol. format atlantique.

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