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soit. Souvent on y lit des lettres particulières des voyageurs qui sont encore en route.

Un semblable journal a paru en hollandais, à Harlem ; il porte le titre: Hollands Magazin vorzein van Aardryckskundige.

L'Italie, l'Angleterre, le Danemarck, possèdent des journaux qui s'occupent principalement à publier en détail les résultats des voyages. Le seul journal français qui puise largement à cette source d'instruction, c'est la Bibliothèque britannique; mais son titre la borne aux voyages anglais,

SECTION VI

Voyages autour du Monde.

CETTE dénomination qu'on a donnée à un grand nombre de Voyages pourroit égarer quelques lecteurs : ils seroient disposés à croire que tous les Voyageurs dont on a publié les relations sous ce titre, ont réellement parcouru toutes les parties du monde sans exception.

Ce qu'on entend le plus communément par Voyages autour du Monde, ce sont ceux où de hardis navigateurs, après avoir dirigé leur route par l'Océan atlantique, ou par la mer des Indes, ont pénétré dans l'Océan pacifique, autrement la mer du Sud, par divers détroits, visité les îles de cette vaste mer, et poussé leurs excursions jusqu'aux mers australes. On peut dire que leurs navigations s'étant étendues dans l'intervalle immense qui sépare les deux tropiques, sur toute la ligne qui, sous le nom d'Equateur, enveloppe la circonférence du globe, ils ont réellement fait le tour du monde.

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Quelques-uns aussi des Voyages autour du monde se sont non-seulement prolongés vers le pôle antarctique, mais ont encore embrassé l'Afrique, l'Asie, l'Amérique,

c'est-à-dire la plus grande partie de l'ancien continent et du nouveau monde. Ces Voyages sont ceux auxquels on peut appliquer avec le plus de justesse la dénomination de Voyages autour du monde.

On a donné enfin cette dénomination aux Voyages qui embrassent les quatre parties du globe, quoique les Voyageurs ne se soient pas élevés par la mer du Sud jusqu'aux Terres australes. Leurs relations forment une troisième classe de Voyages autour du monde. Je comprendrai ces trois classes dans deux paragraphes: dans l'un, je donnerai la notice des anciens Voyages faits autour du monde; et dans l'autre, ceux qui ont été entrepris par des Voyageurs. plus modernes.

S. I. Anciens Voyages autour du Monde.

VOYAGE des Espagnols autour du Monde : (en italien) Il Viaggio fatto dagli Spanuoli attorno it Mondo. 1536, in-4°.

C'est la première édition du Voyage d'Antoine Pigafetta sans nom d'auteur; mais ce n'est que la traduction d'un extrait informe, fait par Charles Fabre, de ce Voyage.

M. Amoretti, dans la préface de sa traduction, dont je parlerai tout-à-l'heure, nous indique cet extrait de Fabre, mais sans nous en donner la date.

Itinéraire, ou véritable Voyage de Marc-Antoine Pigafetta autour du Monde : (en italien) Pigafetta (Marc-Ant.) Itinerarium, ovvero Viaggio intorno il Mondo. Londres, 1585, in-4°.

M. Amoretti ne nous a point appris quel peut être le mérite de cette édition.

PREMIER VOYAGE autour du Monde, ou Relation de la navigation aux Indes orientales par la route de l'ouest, faite par le chevalier Antoine Pigafetta, sur l'escadre du capitaine Fernand Ma

gellan, pendant les années 1519 à 1522, publié aujourd'hui pour la première fois, tiré d'un manuscrit de la Bibliothèque Ambroisienne de Milan, et augmenté de notes par le docteur Amoretti, avec figures: (en italien) Primo Viaggio intorno al Globo terraqueo, ossia Ragguaglio della navigazione alle Indie orientali per la via d'occidente, fatto dal cavagliere Ant. Pigafetta, etc, Milan, Galeazzi, 1800, gr. in-4°.

-Le même, ibid. aux frais de la Bibliothèque, 1800, 4 vol. in-fol.

Charles Amoretti a donné une traduction en français de ce Voyage, et il en a retranché le luxe de la grande édition italienne : en voici la notice.

Premier Voyage autour du Monde, par le chevalier Pigafetta, sur l'escadre de Magellan, pendant les années 1519, 20, 21 et 22, suivi de l'extrait de la Navigation du même auteur, et d'une notice sur le chevalier Martin Behaim, avec la description de son Globe terrestre: ouvrage enrichi de cartes et de figures. Paris, Jansen, an Ix-1801, in-8°.

Il y en a aussi une traduction allemande faite sur la traduction française. Elle a paru sous le titre suivant:

DESCRIPTION du premier Voyage de Magellan autour du Monde, par Antoine Pigafetta, etc....: (en allemand) Beschreibung der von Magellan unternommenen ersten Reise um die Welt von. Ant. Pigafetta, etc.... Gotha, Perthes, 1803, in-8°.

Ce Voyage est d'un grand intérêt sous deux rapports: c'est l'époque de la découverte du détroit de Magellan ; c'est celle du premier passage qui ait été exécuté avec succès de l'Océan atlantique dans la mer du Sud.

Le traducteur reconnoît que dans la relation de Pigafetta, il s'est glissé beaucoup d'erreurs sur les objets de physique et d'histoire naturelle, et qu'on y trouve même assez fréquemment des choses inutiles et même ineptes; mais il croit pouvoir dire avec le savant auteur de l’Histoire des Navigations australes (le président de Brosses) :

« Qu'on est sur-tout curieux de savoir comment les >> choses ont été vues par le premier de tous ceux qui les » ont vues, et qu'il faut respecter les opinions des plus » anciens Voyageurs, quoiqu'elles manquent souvent d'une » juste étendue »>.>

Ces observations s'appliquent plus particulièrement aux cartes qui se trouvent dans le manuscrit au nombre de vingt, et dont Charles Amoretti n'en a publié dans sa traduction que quatre réduites même à moitié, en réunissant néanmoins, dans l'une de ces quatre cartes, celles où Pigafetta a représenté l'archipel des Molucques, et celui des Philippines depuis les îles Mariannes jusqu'à Timor.

Malgré les erreurs qui se trouvent dans les cartes de Pigafetta, on n'en reconnoît pas moins, dit le traducteur, qu'avec une exactitude portée au-delà de ce qu'on pouvoit attendre de son temps, puisqu'il a soigneusement conservé aux îles qu'il indique, les noms que leur donnoient les indigènes, il a le premier fourni des matériaux pour la géographie des mers qu'a parcourues Magellan.

Ce célèbre navigateur Portugais avoit sous son comman. dement une escadre composée de cinq navires, dont quatre avoient pour capitaines des Espagnols que la rivalité de nations à nations avoit rendu en quelque sorte ses ennemis.

Lors de l'arrivée de l'escadre au Brésil, dans le port connu aujourd'hui sous le nom de Rio-Janéiro, Pigafetta décrit l'ananas et les cannes à sucre comme des productions alors inconnues : il trace assez bien les moeurs, les usages des Brasiliens. L'escadre hiverna dans le port de Saint-Julien, vers l'entrée du détroit qui porte aujourd'hui le nom de Magellan.

C'est pendant ce séjour qu'il a communiqué avec ces fameux Patagons, dont la taille extraordinaire a depuis été mise en doute (1), et que Pigafetta représente véritablement comme des géans. C'est encore là que les quatre capi taines espagnols formèrent contre la vie de Magellan, un complot qu'il découvrit heureusement, que l'un des quatre vaisseaux échoua, et que néanmoins l'équipage se sauva presque miraculeusement.

Toute l'escadre, dit Pigafetta, étoit persuadée que le détroit n'avoit pas d'issue à l'ouest; mais Magellan savoit qué celte issue existoit, l'ayant vue tracée, dit-on, sur une carte dressée par Martin Behaim (2). Dans la tentative que fit Magellan pour la traverser, un de ses vaisseaux l'abandonna; mais avec les trois vaisseaux qui lui restoient, il entra dans la mer Pacifique, qui reçut de lui ce nom, parce que pendant plus de trois mois qu'il parcourut àpeu-près quatre mille lieues de cette mer, il n'essuya jamais de tempête.

En s'approchant du pole antarctique, Pigafetta observa la nouvelle constellation dont le Dante avoit osé annoncer la découverte, et il en donne l'indication : il décrit ensuite les îles des Larrons et les moeurs des habitans. Suit, dans son récit, la découverte de l'archipel de Saint-Lazare, aujourd'hui connu sous le nom des îles Philippines. Après en avoir pris possession, Magellan forma des liaisons de commerce avec les naturels du pays; il convertit même, ou crut avoir converti le Roi de l'une de ces îles, nommé Zerbu, et il se laissa engager par ce Prince dans une guerre civile où il trouva la mort.

Après ce triste événement, on prit le parti de brûler l'un des trois vaisseaux pour en retirer l'équipage, et le transporter sur les deux autres qui n'avoient plus assez de

(1) Voyez les Recherches sur les Américains, par de Paw. (2) La Notice qu'a donnée M. de Murr sur ce célèbre cosmographe, et dont M. Jansen a donné la traduction à la suite du Voyage, est très-curieuse,

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