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ward, every company a street, and new names were given in a moment by this transitory population to the places it occupied : such a spot was le quartier des dragons; la rue de telle compagnie; la maison du general; la place de la gran'garde; la place du rassemblement. Often on the walls of a convent might be read, written with charcoal, Cascerne de tel bataillon. From the cell of a deserted cloister, hung a sign with a French inscription, bearing the name of one of the first cooks in Paris; he was a victualler, who had hastened to set up his ambulatory tavern in that spot. This was termed se loger militairement, that is to say, wherever they could find room. We are happy to find by the following anecdote, that greater respect was paid to the unfortunate inhabitants of the convents, than to their peaceful cells.

"Some of our flank companies met some nuns, who had quitted Burgos during the battle the day before. These poor creatures, some of whom had never been without the precincts of their cloister, had walked, in their fright, as far as their limbs could bear them without stopping, and had tried to conceal themselves in the groves near the river. On first seeing us at a distance they dispersed, but on our nearer approach they gathered together, and remained on their knees, close to each other, with their heads hanging down and enveloped in their hoods. She who had preserved most presence of mind, placed herself upright before her companions. On her face was an air of candour and dignity, and that kind of calmness which is given by strong emotions in a moment of despair. The nun who stood up said, as she touched the beads of her rosary, to the soldiers who passed nearest, as if to implore their protection, the only three words she knew of our language, "Bon jour, Messieurs François." These poor nuns were left in peace." P. 27.

The following extract presents the faithful portrait of the soldier of every nation, and of the French soldier in particular, thoughtless and gay and spirited in success, but sunk and feeble and powerless in reverses.

"Soit que nous habitassions dans ces maisons, soit que nous fussions au bivouac dans les champs, notre genre d'existence étoit le même; seulement au lieu de nous transporter d'une maison dans une autre, nous quittions notre feu pour aller nous placer auprès de celui de nos camarades. Là nous passions les longues nuits à boire, et à parler des évênemens présents de la guerre, ou bien à entendre le récit des campagnes passées. Quelquefois un cheval, tourmenté par le froid de la rosée aux approches du point du jour, arrachoit le piquet auquel il étoit attaché, et venoit doucement avancer la tête auprès du feu, pour réchauffer ses naseaux,

VOL. IV. DEC. 1815.

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naseaux, comme si ce vieux serviteur ent rappeller qu'il étoit aussi présent à l'affaire qu'on racontoit.

"La vie tout à la fois simple et agitée que nous menions, avoit ses maux et ses charmes. Lorsqu'on étoit en présence de l'ennemi, on voyoit presqu'à toutes les heures du jour, des détachemens partir, et d'autres rentrer apportant des nouvelles, après de longues absences, de diverses parties de l'Espagne fort éloignées. Lorsqu'on recevoit l'ordre de se tenir prêt à monter à cheval, on pouvoit aussi bien être envoyé en France, en Allemagne, à l'extrémité de l'Europe enfin, qu'à une expédition de peu de durée; lorsqu'on se quittoit on ne savoit pas si l'on devoit jamais se revoir; lorsqu'on s'arrêtoit en quelque lieu, on ignoroit si Pon devoit y séjourner des mois entiers, ou bien y rester seulement quelques heures. L'attente même la plus longue et la plus monotone se passoit sans ennui parcequ'on couroit toujours la chance de voir arriver. quelque événement imprévu. Nous étions souvent dans un manque absolu des choses les plus nécessaires à la vie, mais nous nous consolions de la détresse par l'espérance d'un changement prochain. Quand on se retrouvoit dans l'abondance on se pressoit d'en jouir, on se hâtoit de vivre, on faisoit tout vîte, parcequ'on savoit que rien ne devoit durer. Lorsque le canon des batailles grondoit dans le lointain, annonçant une attaque prochaine sur un point de la ligne ennemie, lorsque les corps se portoient en hâte au lieu de l'action, on voyoit des frères, des amis servant dans divers corps, se reconnoître et s'arrêter pour s'embrasser et se dire un prompt adieu: leurs armes se heurtoient, leurs panaches se croisoient, et ils retournoient promptement reprendre leurs rangs.

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"L'habitude des dangers faisoit regarder la mort comme si c'eut été une des circonstances les plus ordinaires de la vie; on plaignoit ses camarades blessés, mais dès qu'ils avoient cessé de vivre on ne manifestoit plus pour eux qu'une indifference qui alloit souvent jusqu'à l'ironie. Lorsque des soldats reconnoissoient, en passant, un de leurs compagnons parmi les morts étendus sur la terre, ils disoient," Il n a plus besoin de rien, il ne maltraitera plus son cheval, il ne pourra plus s'enivrer," ou quelqu'autre propos de ce genre, qui montroient dans ceux qui les tenoient un stoïque dédain de l'existence; c'étoit la seule oraison funèbre des guerriers qui succomboient dans les combats.

"Les diverses armes qui composoient notre armée, la cavalerie et l'infanterie surtout, differoient beaucoup entr'elles par les inceurs et les habitudes. Les soldats de l'infanterie n'ayant chacun à s'occuper que d'eux-mêmes et de leur fusil, étoient égoïstes, grands parleurs et grands dormeurs. Condamnés en campagne par la crainte du déshonneur à marcher jusqu'à la mort, ils se montroient impitoyables à la guerre, et faisoient souffrir aux autres, quand ils le pouvoient, ce qu'ils avoient eux-mêmes souffert. Ils étoient raisonneurs, et quelquefois même insolens envers leurs officiers; mais au milieu des fatigues à outrance qu'ils sup

portoient,

portoient, souvent un bon mot les ramenoit à la raison, et les mettoit dans le parti du rieur. Ils oublioient tous leurs maux, dès que le premier coup de fusil de l'ennemi s'étoit fait entendre. "On accusoit généralement les hussards et les chasseurs à cheval d'être pillards, prodigues, d'aimer à boire, et de se croire tout permis en présence de l'ennemi. Accoutumés à ne donner, pour ainsi dires qu'un œil au sommeil, à tenir toujours une oreille ouverte aux sons de la trompette d'alarme, à éclairer la marche au loin en avant de l'armée, à pressentir les pièges de l'ennemi, à deviner les moindres traces de son passage, à fouiller les ravins; à voir comme l'aigle au loin dans la plaine;—ils avoient dû acquérir une intelligence supérieure, et des habitudes d'indépendance. Cependant ils étoient toujours silencieux et soumis en présence de leurs officiers, par la crainte d'être mis à pied.

"Fumant sans cesse pour endormir la vie, le soldat de la cavalerie légère bravoit, dans tous les pays, sous son large man teau, les rigueurs du climat. Le cavalier et son cheval, habitués à vivre ensemble, contractoient des caractères de ressemblance. Le cavalier s'animoit par son cheval, et le cheval par son maître. Lorqu'on hussard peu sobre poussoit son coursier rapide, dans les ravins, au milieu des précipices, le cheval reprenoit à lui tout seul l'empire que la raison donnoit auparavant à l'homme; il mesuroit sa hardiesse, redoubloit de prudence, évitoit les dangers, et revenoit toujours, après quelques détours, reprendre dans les rangs sa place, et celle son maître. Quelquefois aussi pendant la marche, le cheval ralentissoit doucement son allure, ou bien il s'inclinoit à propos, pour retenir sur sa selle le hussard enivré qui s'étoit endormi. Quand celui-ci réveilloit de ce sommeil involontaire, et qu'il voyoit son cheval haletant de fatigue, il juroit, pleuroit, et faisoit serment de ne plus boire. Pendant plusieurs jours il marchoit à pied et se prevoit de son pain pour en faire part à son compagnon.

"Lorsqu'un coup de carabine entendu du côté des vedettes, répandoit l'alarme dans un camp de cavalerie légère, en un clin d'œil les chevaux étoient bridés et l'on voyoit les cavaliers franchir, de toutes parts, les feux du bivouac, les hayes, les fossés et se porter avec la rapidité de l'éclair, au lieu du rassemblement pour repousser les premières attaques de l'ennemi. Le cheval du trompette restoit seul impassible au milieu du tumulte; mais dès que son maître avoit cessé de sonner, il santoit alors d'impati ence, et s'animoit pour aller rejoindre ses camarades." P. 117.

"Les grandes marches de notre armée se prolongeoient souvent dans la nuit, et l'on entendoit en passant auprès des escadrons, des Italiens, des Allemans, ou des Français, qui chantoient leurs airs nationaux, pour oublier leurs fatigues, et se donner, dans une terre lointaine et ennemie, le souvenir présent de la patrie absente. "L'armée s'arrêtoit le soir très tard, augrès de bourgs ou de viilages déserts, et nous nous trouvions lors de notre arrivée, dans un manque absolu de tout: mais on voyoit bientôt les soldats se répandre

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répandre de toutes parts pour aller fourrager, et dans moins d'une heure, ils transportoient dans leurs bivouacs tout ce qui restoit encore dans les bourgs voisins.

"L'on voyoit autour des grands feux allumés de distance en distance, tout l'appareil de la caísine militaire. Ici on constraisoit à la hâte des baraques en planches, recouvertes de feuillage à défaut de paille, ailleurs on faisoit des tentes en étendant sur quatre pieux des pièces d'étoffes qui avoient été prises dans des maisons abandonnées. Ca et là gissoient épars sur la terre les peaux des moutons qu'on venoit d'égorger, des gaittares, des cruches, des outres de vin, des frocs de moines, des vêtemens de toutes les formes, et de toutes les couleurs; ici des cavaliers dormoient tout armés à côté de leurs chevaux, plus loin des soldats d'infanterie déguisés en femmes dansoient grotesquement entre les faisceaux d'armes, au son d'une musique discordante." P. 52.

M. Rocca bears witness to the accuracy of Cervantes in his description of Toboso, which perfectly answers to his account of it in Don Quixote. If that imaginary hero was not of any great service to orphans and widows during his life time, his memory at least protected the supposed country of his Dulcinea from some of the horrors of war. As soon as the French soldiers saw a woman at a window, they cried out, laughingly, «Voila Dulcinée" Mutual and unexpected advantages resulted; the gaiety of the soldiers tranquillised the inhabitants, and far from flying, as usual, at the first sight of the advanced troops, they crowded to see them pass; and the French being well treated, received their hosts in return with civility.

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The usual method of travelling in Spain, is on horseback, and these animals are treated with much consideration. Spanish peasants followed the army with requisition horses and mules to carry the baggage and ammunition, and one day one of them, after a long speech to his horse, who could scarcely walk, whispered closely in his ear with great eagerness, and as if he wished to spare him an affront in the eyes of his fellows, "Prends rarde qu'ils ne te voient." At the same moment a child was saying to his ass, "Maudite soit la mère qui t'a engendré." Asses are treated much worse than horses, for they are not supposed capable of the same feelings of honour, the directing and predominating principle in the breast of a Spaniard. The great produce of the country is sleep, and their fleece, as is now well known, is chiefly improved by the constant care which is taken to change their pasturage. In the vast uncultivated plains between Bourdeaux and Bayonne, which are known by the name of les Landes, large forests of pine and cork trees bound the horizon at an immense distance; and at long intervals, single shepherds are seen, clad in black sheepskins, mounted-on stilts,

six or seven feet high, for the purpose of making their way through the soft sand, and leaning on a long pole; they remain motionless on the same spot, without ever losing sight of their flocks, which feed around them on the heath. When Napoléon crossed these wide plains in his way to the army, the poverty of the country did not permit it to furnish the usual horse guard of honour; and he was escorted by a detachment of these shepherds, who, with their tall stilts, kept pace through the sand with the horses at full trot. These shepherds, with their stilts, have given rise to one of the most amusing of the small pieces on the French stage, entitled Les Habitans des Landes. Throughout Spain there are extensive tracts left untilled for the travelling flocks. The king and the grandees have vast studs appropriated to the raising of choice breeds of horses and bulls. The royal stud of Aranjuez, on the banks of the Tagus, is fifteen or twen-ty leagues in circumference; and at the approach of the tra-veller, the wild horses, mingled with deer and faivns in herds of sixty or seventy head, are seen flying in all directions. Nothing was more horrible after the battle of Medellin, than the melancholy lowings of the oxen of La Mesta, which had come as usual to winter on the banks of the Guadiana. The long howls of the dogs which kept them added to the terror of the scene: and thousands of enormous vultures assembled on the vast field of death, and never left their human prey till the soldiers came within a few paces of them; when, as M. Rocca adds in the French style, les battemens de leurs ailes énormes retentissoient de loin en loin sur nos têtes comme des échos funébres. of the most striking features of Spain, are the enormous bridges, and the number and height of their arches, while the rivers beneath are scarcely flowing, and are in some places lost in the sand of their own bed. They are however necessary, because the smallest stream, increased by the sudden influx which is so common in mountainous countries, is sometimes instantaneously transformed into an impetuous torrent. The communication between the old and new town at Ronda is by a superb stone bridge of a single arch. Iron balconies project beyond the parapet on each side, and through the thin bars the river is suddenly discovered, two hundred and seventy-six feet below, like a single white thread running out of the gulf which the violence of the torrent must have formed ages back. The tops of the mountains which surround the town are entirely stripped of vegetation, and the dark and scaly rock, blackened and calcined by the heat of the sun, forms a striking contrast with the orchards and meadows at the bottom of the valley, and on the banks of the rivers. Near the sea, the vine spreads itself along the ground almost without culture, and from thence come the

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